Navigation

John Carew, géant économe

Le 17.12.2017 par NSOL31

Le passage de John Carew à l'OL n'a pas été digne de celui de Karim Benzema, Lisandro Lopez ou autre Alexandre Lacazette. Mais il était un avant-centre atypique. Prenons des nouvelles de ce jötnar norrois.

Dur comme le roc

Quand John Carew débarque à l'Olympique lyonnais à l'été 2005, il a déjà un peu baroudé à travers le monde. Formé à Valerenga, en Norvège, celui qui se distingue déjà par un physique hors norme - au point d'avoir hésité à se lancer dans l'athlétisme - inscrit 19 buts en 39 rencontres sous le maillot du club d'Oslo. Des performances qui attirent les regards de clubs de plus grand standing, dont en France le Racing Club de Strasbourg et le Racing Club de Lens ou en Italie le Pérugia Calcio. Mais, dans un choix de carrière raisonné, il décide de grimper lentement les échelons en rejoignant le Rosenborg Trondheim. Et quand on parle de géant, c'est réellement une appellation qui convient aussi bien pour John Carew que pour Rosenborg. Car le Ballklub avait été titré en championnat à quatorze reprises lors de l'arrivée de John Carew, dont neuf fois entre 1988 et 1998. Ce transfert de géant représente alors le plus gros montant dépensé pour un joueur par un club norvégien. Et logiquement la greffe va prendre. Il remportera à deux reprises le championnat. Pas mal en deux saisons. Surtout, John Carew va asseoir sa place en sélection norvégienne.

John Carew face à Samuel Kuffour

Et c'est tout à fait logiquement que de très gros clubs s'intéressent à ce profil atypique. C'est le Valencia CF qui récupérera les services du pivot norvégien. Sous le maillot des Murcièlagos, il disputera notamment une finale de Ligue des Champions - perdue en 2001 - et remportera un championnat d'Espagne l'année suivante. Ses saisons seront faites de hauts et de bas, puisqu'il marquera 17, puis 4 et enfin 14 buts lors de ses trois saisons. En 2003, il signera à l'AS Roma, où il n'impressionnera pas (8 buts en 29 apparitions). Afin de relancer sa carrière, il part donc en Turquie, dans un club désormais bien connu des lyonnais, le Besiktas JK. Son aventure turque sera couronnée de succès, puisqu'il marquera à 14 reprises en seulement 27 apparitions. Et l'Olympique lyonnais prendra le pari John Carew.

Ballon d'or et ballon de plomb

Sous le maillot lyonnais, John Carew aura été avant tout frustrant. Frustrant parce que son style de jeu n'était pas adapté à la Ligue 1. Frustrant parce que des qualités techniques étaient visibles mais bien souvent très mal exploitées. Et surtout frustrant parce qu'il était capable du pire comme du meilleur. C'est ce que confirme un proche de John Carew :

« John était avant tout un joueur qui voulait jouer au football pour s'amuser. Quand il en avait envie, il était capable de devenir un des meilleurs joueurs du monde. Et puis il faisait rêver tous les norvégiens, un peu comme "Ibra" avec la Suède. D'ailleurs ce n'est pas pour rien si ils sont souvent comparés

Et l'apogée de la carrière lyonnaise arrivera lorsque l'on s'y attendait le moins. Face à l'immense Real de Madrid, titularisé en pointe par la suite des blessures de Govou, Wiltord, Benzema et Fred, il réalise une prestation de grande classe, marchant littéralement sur le futur ballon d'or Fabio Cannavaro.

Mais ce match là n'était pas dû qu'à une extraordinaire prestation au desuss de la moyenne de John Carew, mais aussi à un ensemble de facteurs. Ainsi, son ami de confirmer :

« Je me souviens que John, avant le match, était extrêmement confiant. On avait quelques jours avant fait un apéritif, et John avait dit en plaisantant "vous verrez, je vais marquer face au Real". Et ce soir-là, John Carew avait envie. »

Cela sera le dernier coup d'éclat de Carew à Lyon, notamment à cause de l'arrivée de Milan Baros à l'Olympique lyonnais au cours de l'hiver. Barré par le tchèque, Carew partira à Aston Villa où il jouera quatre saisons, avant de terminer par quelques piges à Stoke City et West Ham. En sélection norvégienne, il bouclera sa carrière sur un total de 91 sélections et 24 réalisations.

Sans vices ni vicissitudes

Et l'après-carrière de John Carew sera un modèle de gestion et d'intelligence. En s'éloignant lentement du milieu du football et en devenant un acteur « entre Will Smith et Dwayne Johnson » selon ses mots, sa côte de popularité en Norvège est toujours aussi haute. Mais cette reconversion n'est pas due à des problèmes financiers que connaissent habituellement les footballeurs à la retraite. Car John Carew mettra très vite de l'argent de côté, afin de prévoir l'avenir pour sa famille de manière tout à fait honnête. Menant un train de vie sans excès durant sa carrière, John Carew à dépensé la majorité de ses salaires dans des placements immobiliers fructueux et dans des plans d'assurance-vie. Notre témoin en est sur, John Carew aurait pu devenir un businessman.

« John est un des footballeurs les plus intelligents que je connaisse. Bon, c'est vrai que je n'en connaît pas beaucoup (rires), mais quand même ! Honnêtement, je me souviens que vers 29 ans (Il était alors à Aston Villa, ndlr), on avait regardé ses comptes ensemble et j'avais été impressionné : il aurait pu arrêter de jouer et vivre sur un train de vie de pacha pendant quarante ans ! »

John Carew, outre le cinéma, se consacre désormais à une autre de ses passions : le tatouage. Souvent accompagné de modèles aux dessins féeriques sur le corps, celui qui avait fait rêver Lyon un soir de novembre 2006 en devenant artiste du ballon est aujourd'hui artiste des corps.

À propos de l'auteur

Cet article a été rédigé par NSOL31, membre du Café du Commerce OL.