Alexandre qui... ? – L'Édito du lundi #10
Le 30.05.2023 par MartinTDe la saison 2022-23 ne reste plus qu’une ultime journée, qui, pour l’Olympique Lyonnais, fera office de match amical de fin de saison. Il n’y a plus rien à jouer pour l’ex-club de Jean-Michel Aulas (❤️). Les supporters lyonnais sortent de ces 10 derniers mois avec énormément de frustrations – encore -, beaucoup de déceptions – toujours -, mais également des motifs d’espoir et de rares satisfactions. Parmi celles-ci, l’indiscutable succès qu’a été le retour d’Alexandre Laco… Loca… Leca… Alexandre qui, déjà ?
Pour débuter cet édito, rien de mieux qu'un petit rappel statistique, avec ce tweet :
Oui, Alexandre L. a été décisif ce soir-là, et il l’a de nouveau été le weekend suivant, portant son total de buts et passes décisives en Ligue 1 2022-2023 à 27 + 5. Il entre donc dans l’histoire comme le troisième joueur à réaliser la prouesse évoquée, derrière les deux monstres que sont Zlatan et Kylian. Et il ne s’agit là ni du seul, ni du plus marquant des records battus par celui que tout le monde surnomme désormais « le Général ».
Alexandre L. est aujourd'hui le deuxième meilleur buteur de la saison de Ligue 1, à une seule petite unité du phénomène Mbappé, et sans être entouré d’une pléiade de mégastars comme peut l'être le gamin de Bondy.
Il est celui qui a marqué lors du plus grand nombre de rencontres de la saison, tous clubs confondus.
Il est celui qui se classe désormais deuxième meilleur buteur de l’histoire de son club formateur, derrière le légendaire et irrattrapable (?) Fleury Di Nallo.
Il est celui qui occupe la 4eme place au classement du Soulier d’Or européen de la saison en cours, derrière les monuments que sont Haaland, Kane et Mbappé.
Il est celui qui mène au classement des buteurs des cinq championnats européens majeurs en 2023, totalisant 17 unités, autant que Harry Kane et plus que Osimhen, Haaland ou Mbappé, et prouvant par là qu’il est un joueur clutch qui sait prendre ses responsabilités dans les moments clés.
Il est celui qui a converti 7 offrandes du nouveau joyau de la Formidable Académie, Bradley Barcola, en buts sonnants et trébuchants, participant ainsi activement et statistiquement à l’éclosion spectaculaire du jeune ailier.
Il est celui qui, avec un extraordinaire quadruplé et une hargne hors du commun, a mené ses coéquipiers vers une épique remontée lors de la 34eme journée, contre Montpellier, à Décines.
Mais il est également celui qui n’a pas été nommé (par ses pairs, est-il important de le rappeler) parmi les cinq prétendants au titre officieux de meilleur joueur de la saison, récompense remise lors de la cérémonie des Trophées UNFP. Pis, il est le premier joueur depuis Djibril Cissé en 2003-2004 à ne pas avoir été sélectionné dans l’équipe-type de la saison lors de ces mêmes Trophées UNFP, malgré un total de buts scorés égal ou supérieur à 25. Ces deux exemples, parmi d'autres, illustrent de manière assez claire le désamour difficilement compréhensible du microcosme footballistico-journalistico-supportero-Deschampesque envers Alexandre L.
"Je suis le mal aimé"
Comment expliquer le dédain, voire le mépris quasi général de l’opinion envers le natif de Lyon ? Il y a des pistes de réflexion mais aucune n’est réellement concluante.
Il ne serait qu’un attaquant moyen dont les performances sont gonflées par un nombre peu commun de pénalties convertis. Mais avec un ratio de l’ordre de 17%, la part de ses buts marqués depuis les 11 mètres est parfaitement dans la moyenne des attaquants prolifiques sur le continent européen. De plus, le Monégasque Wissam Ben Yedder propose un ratio en carrière supérieur, sans se voir affublé à ce titre d’un surnom moqueur ni avoir été brutalement et durablement écarté de la sélection dirigée par Didier D.
Il ne serait pas un joueur d’équipe, de l’avis unanime de ceux qui ne regardent pas les matches de l’Olympique Lyonnais. Les mêmes qui d’ailleurs ne regardaient pas non plus les rencontres d’Arsenal, club au sein duquel Alexandre L. a évolué lors d’une période certes peu faste pour les Gunners mais dont il a été l’un des leaders, capitaines et le chouchou indiscutable du public de l’Emirates Stadium. Évident, pour un joueur qui, au-delà de l’apport mental et technique, peut se prévaloir d’un total plus que respectable de 71 buts et 29 assists en 203 matches sous le maillot des Canonniers.
Ajoutons, à tout hasard, qu’Alexandre L. n’a jamais fait l’objet de rumeurs assassines sur son attitude, que ce soit sur le terrain ou en dehors. Il n’a jamais manqué de respect à ses adversaires, à ses coéquipiers, aux supporters. Il n'a jamais montré de comportement violent ou agressif sur le pré vert. Il n’a jamais abdiqué malgré les performances en dents de scie des collectifs dans lesquels il a pu évoluer. Il a répondu présent lors de son seul match titulaire en bleu, réussissant un doublé contre les Champions du Monde Allemands, à Köln en novembre 2017 – rencontre qui se révéla être sa dernière en sélection, de manière incompréhensible et pour des raisons opaques connues du seul Didier D.
Alexandre L. est donc assez clairement et sans aucune raison précise l'un des grands mal-aimés du football français. Heureusement, il n'est pas rancunier et nous gratifie, chaque weekend, de performances fantastiques sans lesquelles l’OL aurait probablement lutté cette saison pour le maintien. La reconnaissance des pairs et des « spécialistes » viendra peut-être récompenser a posteriori la belle carrière du capitaine de l'OL, et quand bien même ce ne serait pas le cas, l’essentiel est ailleurs : il bénéficie auprès du peuple lyonnais d’une aura et d’un amour indiscutables et éternels. Nous, nous connaissons votre valeur, Monsieur Alexandre Lacazette.