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Après l'ivresse vient la migraine

Le 07.02.2018 par NathanM

Après un excellent début de saison sur le plan comptable, les Gones perdent - peu à peu - de leur superbe. Les multiples lacunes perçues dans le jeu depuis le début de saison ne sont désormais plus contre-balancées par des résultats positifs. À Bordeaux puis à Monaco, le collectif lyonnais s'est effrité et l'équipe de Bruno Génésio a révélé ses plus lourdes fêlures à ses adversaires dans la perspective de la conquête du podium...

La débâcle Bordelaise, la désillusion Monégasque

En l'espace de deux semaines, et suite à "l'exploit" parisien, l'Olympique Lyonnais se devait d'assumer trois déplacements périlleux. Deux matchs en principauté entre lesquels se situait une rencontre au Matmut-Atlantique des Girondins de Bordeaux. À cette occasion, les lyonnais ont démontré, une fois de plus, leur aptitude à ne pas profiter des confrontations directes adverses (OM-ASM) ou pire, à relancer ses adversaires directs (Monaco dimanche soir). Les deux rencontres de Ligue 1 Conforama ont eu comme point commun ; l'incapacité criante des lyonnais à produire du jeu, avec, de surcroît, le sentiment qu'à chacune des pertes de balles, les lyonnais pouvaient offrir une balle de but à leurs adversaires. La défense n'est effectivement pas exempt de tous reproches sur ces rencontres puisqu'elle fût extrêmement friable comme l'atteste les trois penalty concédés en deux matchs (8 sur les 10 derniers). De surcroît, le manque d'entrain offensif a également été favorisé par la défaillance des centraux lyonnais ces dernières semaines. Les défenseurs semblèrent incapables d'effectuer la première relance si importante pour la progression rapide et dangereuse de la balle sur le terrain. D'ailleurs, celui qu'on aime parfois confondre avec Bruno Génésio (ou l'inverse) s'était exprimé à ce sujet sur SFR Sport, attestant du rôle prépondérant des défenseurs dans le style de jeu d'une équipe.

Tout compte fait, vous l'aurez compris, l'Olympique Lyonnais replonge depuis la remontada de dimanche soir, dans l'incertitude profonde. L'ivresse du match contre le PSG est presque regrettée tant les maux de têtes sont douloureux ces lendemains de fêtes. Alors quelles sont les causes des difficultés lyonnaises ? Qui est responsable ? Comment envisager la suite de la saison ? C'est autant de questions qui avaient été occultées par l'euphorie générale qui ré-émergent à présent.

Une inefficacité endogène

Des victoires en trompe-l'œil et un classement satisfaisant sont deux variables qui ont permis de taire les critiques autour du jeu lyonnais. Cependant, il est à noter que les victoires lyonnaises s'effectuent principalement dans des contextes singuliers : notamment à l'extérieur. En effet, avant ses deux dernières défaites, l'OL était la 1ère équipe à l'extérieur et seulement la 5ème à domicile. Ce classement est lourd de sens car pour les Gones, il fût plus aisé de se déplacer et d'affronter des équipes joueuses plutôt que de recevoir et de rencontrer des équipes venant chercher un résultat, ne se livrant que très peu, laissant la possession, à la limite du refus de jeu (Cf: Montpelier, Angers). Les récents faux pas lyonnais à l'extérieur témoignent de l'intelligence tactique des coachs (Gustavo Poyet et Leonardo Jardim) qui abandonnèrent leur projet de jeu pour piéger l'équipe de Bruno Génésio, sans ressources, sans arme, lorsqu'il est nécessaire de dominer un adversaire. Pour renforcer ce point et convaincre les indécis, nous pouvons noter que l'Olympique Lyonnais s'est retrouvé en supériorité numérique lors des trois derniers matchs de championnat et que ni contre Paris, ni contre Bordeaux et encore moins contre Monaco, l'OL n'a dominé. Il semble encore plus difficile pour Lyon de jouer en supériorité numérique tant son style de jeu est stérile. L'identité de jeu lyonnaise est difficilement identifiable et l'ennui est le sentiment le plus souvent partagé par les supporters si l'on exclue les moments d'émotions (Cf: les 30 dernières minutes contre le PSG et le but de Memphis). Il n'est pas certain que l'émotion passe éternellement les analyses objectives sous silence. En effet, devant le potentiel de l'OL, il est difficile d'accepter cette stagnation dans le jeu. Il est certain que les lyonnais aiment par dessus-tout leur équipe, cependant, ils aiment le football, le connaissent, et leur amour passionnel les rend naturellement exigeants. Ainsi, nombreux sont les supporters qui ravivent les critiques quant au style de l'équipe. Celles-ci oscillent entre résignation, virulence ou ironie mais toutes attestent d'une chose : le rendement et le spectacle escomptés ne sont pas atteints.

L'inévitable redondance Bruno Génésio

Lorsque l'on parle de style de jeu, d'animation offensive comme défensive, il faut nécessairement parler de l'entraineur dont la responsabilité lui incombe. Parfois chahuté de manière excessive aux yeux de certains, la plupart des médias sportifs français - paradoxalement - soutiennent Génésio. La majorité, l'a d'ailleurs encensé lors des dernières semaines lorsque les Gones multiplièrent les bons résultats à défaut d'excellentes prestations en lui dressant un portrait flatteur. Peut être trop...

À mon sens se pose une question prépondérante quant à l'avenir footbalistique de notre Olympique Lyonnais : sous couvert de résultats convenables et d'une riche histoire au club, Bruno Génésio doit-il être exonéré de critiques (lorsque celles-ci sont constructives) ? A priori, le coach de l'Olympique Lyonnais apprécie évoluer en "contre-attaques" ou en "attaques rapides" permettant à nos attaquants de profiter de leur vitesse. En revanche, Bruno Génésio a dévoilé des signes inquiétants d'impuissance lors de la nécessité d'animer des attaques placées et/ou de mettre en mouvement les blocs défensifs adverses. En effet, des indices nous laissent à penser que Bruno Génésio présente des limites tactiques. Tout d'abord l'interview de Bertrand Traoré dans L'Equipe le 3 février 2018 : "Il (Bruno Génésio) nous laisse une certaine liberté devant avec des consignes précises sur les replacements. Il veut que je prenne des risques mais, dans certaines zones, je dois jouer plus simple"Cette déclaration laisse à penser que l'emprise du coach lyonnais - sur ces joueurs - se restreint aux efforts défensifs en laissant la responsabilité des offensives à des leaders techniques (expliquant peut-être une trop grande dépendance aux performances individuelles de Nabil Fekir, d'Houssem Aouar ou encore de Tanguy Ndombele). Ensuite, la défiance assumée envers le 4-4-2 en losange atteste de la frigidité d'un coach qui semble oublier le passé récent, qui, en terme de jeu, avait fier allure (Le 4-4-2 fût le système instauré par Rémi Garde puis conservé par Hubert Fournier lors de la saison 2014-15 où les lyonnais tinrent tête au PSG).

Un avènement par le jeu, sinon rien...

Pour demeurer compétitifs cette année, et répondre aux objectifs élevés fixés par le Président Jean-Michel Aulas dans les différentes compétitions (Europa, Championnat et Coupe de France), les Gones devront élever leur niveau de jeu. Le style de Bruno Génésio doit s'affirmer pour que ce dernier se pérennise à la tête de l'équipe professionnelle rhodanienne. Sans cela, l'Olympique Lyonnais devra encore retarder sa progression financière comme sportive d'une saison. Le club devra observer un OM en construction et un ASM, plate-forme d'achat-revente s'émanciper seuls et rejoindre le PSG dans une sphère plus ambitieuse. L'OL ne peut pas se permettre un tel scénario. En effet, il est venu temps de prendre des risques, c'est le moment de dire les choses comme elles sont, celui de bousculer notre habitus lyonnais et de sortir de notre zone de confort. Cessons de chercher l'avènement médiatique mais souhaitons l'avènement sportif. Devenir un grand club nécessite du temps, alors n'en perdons plus ! 

À propos de l'auteur

Cet article a été rédigé par NathanM, membre du Café du Commerce OL.