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Au bord de la crise de nerfs

Le 08.11.2018 par NSOL31

OL - Hoffenheim. Quatrième journée de la phase de poules de Ligue des Champions. Un match que je ne pouvais manquer sous aucun prétexte.

Objectif match

Un match de Ligue des Champions, même quand l'équipe n'est pas au mieux collectivement, c'est quelque chose que j'attends avec impatience. Il est à peu près 15 heures quand je commence à m'en préoccuper. Je fais mes courses, et je réfléchis à ce que je vais manger ce soir. Devant un match, pas question de faire quelque chose de trop compliqué ou de pas facile à manger. Un passage dans le rayon « pains » du Carrefour local - promis, ce n'est pas un placement de produit - me fait vaciller vers des pains à burger. Pour 0,80€, je m'en offre quatre. J'achète des tomates, des oignons, de la moutarde, des falafels et de la sauce Sriracha, et me voila parti pour me faire des falafels burgers devant le match.

Je rentre chez moi sous la pluie, pousse la porte de mon appartement, et j'aère un peu. Bon, encore cinq heures avant le match, le temps de bosser, c'est-à-dire d'écrire quelques centaines de mots sur les liens entre le football et le KGB en Union Soviétique. Beaucoup de recherches, tout ça me détourne un peu du match. Après un passage sur le Wikipedia russe pour trouver des compléments d'information sur les conditions de la mort de Félix Djerzinski, j'atterris sur Twitter. Tiens, la Youth League, ça a fait quoi ? 3-3. Pas fabuleux, mais ça laisse des chances de qualification. Il est déjà 19h45, et la composition de l'OL commence à fuiter.

3-5-2

Un 3-5-2, donc, concocté par Bruno Genesio. Ou plutôt un 5-3-2 vu le profil des joueurs de côté. Sur Mon Petit Gazon, cinq défenseurs rapportent un « +1 » à la note. J'espère secrètement que ce n'est pas la raison de l'alignement de ce système. Je suis un peu rassuré par le fait que le système ait été annoncé déjà par le coach lyonnais il y a quelques semaines. Sans doutes l'avons-nous travaillé à l'entraînement. Je finis d'écrire mon paragraphe, et je me mets aux fourneaux. Avec mes plaques de cuisson au fonctionnement aléatoire, je parviens malgré tout, en un temps record, à me cuisiner mes burgers.

Pendant ce temps-là, mon enceinte Bluetooth Boulanger à 20€ joue le dernier album de Demi Portion. L'occasion pour moi de me faire une petite réflexion sur le manque de rappeurs lyonnais célèbres au niveau national. C'est vrai qu'écouter un rappeur de Sète avant match de l'OL... Je me rassure en me disant qu'il est le beau frère d'Adrien Regattin, ancien du TFC et qui joue présentement en Turquie. Or, dans l'effectif, deux des défenseurs centraux sont passés par la Turquie. Je ne trahis donc pas complètement l'OL.

Le match va bientôt commencer. Comme j'ai des petits problèmes avec mon banquier, je pars à la recherche d'un streaming. J'échoue sur un anglais à la qualité douteuse, avant de passer jusqu'à la dixième minute sur RMC Sport. L'image n'est pas excellente, le fond de jeu lyonnais laisse lui aussi à désirer. Mon stream n'arrête pas de couper, ce qui ne m'empêche pas de voir que l'OL peine à relancer.

Entre langue bizarre et joie

Je décide donc de changer de diffuseur de vidéo, parce que quand même, je fraude, mais autant frauder proprement. C'est un lien turc qui finit par me procurer le Graal tant attendu. Une image propre, pas déformée, fluide, et très très peu de coupures. On joue la fin des vingt premières minutes, et soudain, tout s'emballe. Mon commentateur turc s'excite, Ferland Mendy, du pied droit, envoie une frappe fabuleuse sur la barre. Un juron sort de ma bouche quand Houssem Aouar et Tanguy Ndombélé se gênent pour la reprendre. Mais quand Nabil Fekir, bien aidé par la faute de main de Baumann, la met au fond, c'est un cri qui vient troubler la quiétude du dernier étage de mon immeuble.

Peu de temps après, c'est davantage de la frayeur que je ressens sur un corner d'Hoffenheim où Anthony Lopes réalise un arrêt incroyable. La libération arrive avec Tanguy Ndombele, et mon voisin aussi, mais ça n'a rien à voir - il n'avait plus de mouchoirs. Si Tanguy se met à marquer en Ligue des Champions, le record de transfert de Neymar Jr. ne tiendra pas très longtemps.

La fin de première période s'écoule plus tranquillement, avec un écart de deux buts, même si quelques frayeurs défensives lyonnaises, sont, bien sûr, au rendez-vous. Une tête défensive d'Anthony Lopes en fin de première me fait frissonner.

Ouf.

Ouf. C'est mon exclamation quand nous arrivons à la pause sur ce score de 2-0, ni mérité, ni complètement volé. J'ouvre mon navigateur, et je commence à écrire les lignes que vous êtes en train de lire. La seconde période reprend sur des grosses occasions allemandes pas forcément rassurantes pour mon petit muscle cardiaque si fragile. Mais le salut vient encore de Nabil Fekir à la cinquante-et-unième, après une grosse occasion ratée d'Aouar sur un énorme travail de Ndombele. Fekir vient provoquer Adams, déjà averti, qui se fait sortir par l'arbitre. À dix, ça devrait être moins compliqué.

Et c'est vrai que les minutes suivantes sont un peu plus tranquilles pour Lyon. Sur le coup-franc du carton rouge, je crois au troisième but, mais une position de hors-jeu de Jason Denayer (et d'une bonne part des lyonnais) est signalée. Quelques dizaines de secondes plus tard, c'est au tour de Fekir de rater une grosse occasion. Personne n'est parfait.

Cinquante-septième minute de jeu, et premier changement d'Hoffenheim, avec l'entrée de la petite pépite offensive Reiss Nelson. Un joueur à suivre. Mon stream est toujours solide, même si je trouve toujours la langue aussi barbare. Un rapide regard à mon téléphone qui me sert aussi de point d'accès Wi-Fi me force à quitter le match des yeux quelques secondes pour aller le brancher. Normalement, dans ce genre de situation, on se prend toujours un but, ou alors on en marque un. Visiblement, le tableau d'affichage n'a pas changé quand je reviens m'asseoir sur mon fauteuil.

Jason et la toison d'or

Aux alentours de l'heure de jeu, mon commentateur, qui commence à devenir mon pote, s'enthousiasme sur un ballon qui passe à un mètre de la tête de Jason Denayer sur un coup-franc offensif lyonnais. Visiblement, Jason a laissé de bons souvenirs en Turquie. Je ne comprends toujours pas ce que mon commentateur raconte, mais vu la fréquence à laquelle il prononce le nom du défenseur belge, il doit en dire du bien. Sur le terrain, l'exclusion d'Adams a fait du bien à l'OL, qui se procure quelques occasions, et, surtout, souffre un peu moins sur le terrain.

Je me fais exactement cette réflexion, quand, alors que Tanguy Ndombele est à terre après une petite faute de Nico Schulz, Kramaric frappe de loin et trompe un Anthony Lopes jusque-là impeccable. Le portier portugais n'y peut rien, et revoilà Hoffenheim à une longueur seulement de nous. Il reste vingt-cinq minutes à jouer, et, connaissant l'OL, tout peut arriver. En tout cas, si un troisième but arrive pour Lyon, je le verrais bien déclenché par un Ferland Mendy excellent offensivement.

Deuxième changement pour Hoffenheim, avec l'entrée du hongrois Adam Szalai à la place de l'ancien lyonnais Ishak Belfodil, qui, contrairement au théorème du « un-ancien-de-la-maison-marque-toujours-contre-Lyon » n'a pas marqué sur la double confrontation. Tant mieux, parce que ça aurait quand même été douloureux. Pendant ce temps, l'OL, sans surprise, recule de plus en plus et Lopes doit s'employer sur une belle tête.

Vingt minutes de pression

Il reste vingt minutes à tenir, et je ne suis pas vraiment serein. Je bois - de l'eau, évidemment - pour me tenir tranquille. L'OL, tel un roseau, plie et tente de repartir en contre. Des attaques à deux, pas l'idéal, mais ça permet de relâcher un peu la pression sur la défense quand ça marche. Cela permet aussi de relâcher la pression dans mon appartement. Premier changement pour Lyon. Fekir, qui vient de voir une de ses frappes stoppées par Baumann, et plus tranchant que contre Bordeaux, sort sous les ovations du public. Lyon passe à deux vraies pointes, visiblement, avec l'entrée de l'ancien du Celtic Moussa Dembélé. Plus qu'un quart d'heure à tenir.

Lyon reprend un peu le contrôle du jeu, et deux ou trois situations chaudes se succèdent sans que l'on ne subisse trop. Plus que douze minutes à tenir. Håvard Nordtveit, le milieu norvégien, remplace Demirbay, le créateur allemand. Tiens, mon streaming connaît sa première vraie interruption de la seconde mi-temps. L'occasion pour moi d'aller me délester des quelques litres d'eau que j'ai bu au cours de ses quatre-vingt premières minutes.

Dix minutes d'enfer

Les dernières minutes pour moi sont éprouvantes psychologiquement. J'ai trop souvent vu Lyon craquer pour être serein. Quand Dembélé bute sur Baumann, mes nerfs sont sur le point de rompre. L'entrée de Bertrand Traoré à la place du remuant Memphis ne change rien à ce sentiment. Trois minutes à tenir. Pape Cheikh Diop remplace Ndombélé, très intéressant ce soir. Traoré se procure une grosse occasion, qui me fait espérer un troisième but libérateur. Mais il ne vient toujours pas. J'admire les supporters dans les tribunes qui chantent malgré la pression démentielle. Je peux à peine respirer quand Lopes sauve une balle dans la profondeur sur Szalai, visiblement hors jeu.

Cinq minutes de temps additionnel. L'arbitre veut sans doute mon décès sur un arrêt cardiaque. Mendy bute sur un Baumann solide, et Hoffenheim part en contre. J'entends le nom de Joelington, et je me mets à transpirer. Malheureusement, le malgache Jérémy Morel fait une faute tactique qui se retourne contre lui. Sur le coup-franc, les allemands égalisent par Kaderabek. Comme à l'aller, Hoffenheim revient au score dans le temps additionnel. Lyon marque un autre but hors-jeu. J'ai peur sur un centre de Nelson repris de la tête par Joelington, heureusement au-dessus.

Je n'en peux plus. Je suis complètement épuisé par ce match. Je suis aussi un peu énervé. Beaucoup, même. J'ai l'impression de vivre toujours la même chose, comme dans un film de science-fiction. Centre trop long de Tousart. Lyon concède le nul 2 à 2 contre Hoffenheim, en menant 2-0 à la mi-temps et en ayant joué quarante-cinq minutes à dix contre onze. Même mon commentateur turc semble atterré par la faiblesse de cet OL quand il est en position de force. Seul point positif, Lyon reste invaincu en Ligue des Champions. Mais à quel prix.

Il est 22h54. Je dis adieu à mon stream turc qui m'aura servi de compagnon pendant la soirée. Je gueule un bon coup. La pression retombe. Jusqu'à dimanche, 17h.

À propos de l'auteur

Cet article a été rédigé par NSOL31, membre du Café du Commerce OL.