Comment l'OL s'est-il rassuré face à Monaco ? Les clefs tactiques
Le 12.08.2019 par MA_OL23En dépit d’une pré-saison compliquée (14 buts encaissés en 5 matches), l’Olympique Lyonnais s’est imposé sans encaisser le moindre but contre Monaco, ce vendredi, lors du match d’ouverture de la Ligue 1 (0-3). Jamais vraiment mis en danger, jamais vraiment dangereux, les hommes de Sylvinho ont fait preuve d’une rigueur défensive sans faille pour préserver la cage d’Anthony Lopes inviolée. Décryptage tactique.
Contre le Servette Genève pour son premier match de préparation, l’Olympique Lyonnais avait montré une volonté de s’organiser avec le ballon, notamment à la relance. Mais face à la porosité de sa défense, Sylvinho a dû revoir ses priorités. Le coach brésilien s’est depuis évertué à mettre en place un système défensif, qui a porté ses fruits pour la première fois au stade Louis II ce vendredi. Dès les premiers instants du match, l’ambition affichée était claire : ne pas encaisser de but. Pour y parvenir, l’OL s’est appuyé sur un bloc compact et imperméable en toute circonstance ; sur un pressing à la perte du ballon ; sur une prise de risque minimale. Pari réussi puisque Monaco affiche un total de 0.35 expected goals pour 7 tirs en fin de partie.
Un bloc imperméable
Pour avoir le rendu le plus authentique possible sur la manière dont Sylvinho voulait organiser son bloc, nous verrons majoritairement comment celui-ci s’organisait avant le carton rouge de Cesc Fabregas. L’Olympique Lyonnais a déployé le 4-5-1 défensif dont on avait aperçu les prémices pendant la préparation.
L'objectif commun de tous les joueurs Lyonnais était d'empêcher les Monégasques de pénétrer dans le bloc avec le ballon, tout simplement pour les éloigner du chemin le plus direct vers le but : le centre.
Pour y parvenir, les mouvements des joueurs rhodaniens étaient coordonnés :
- Les milieux relayeurs lyonnais (Houssem Aouar et Thiago Mendes) couvraient les lignes de passes vers les relayeurs monégasques (Henrichs et Fabregas) ; ils se plaçaient entre le ballon et leur homologue adverse
- Le milieu récupérateur lyonnais (Lucas Tousart) balayait le terrain pour venir serrer le relayeur situé côté ballon, offrant ainsi une double protection
- S'ils voyaient que le relayeur qu'ils couvraient était serré par Tousart, Aouar ou Mendes sortaient presser le porteur de balle
- Les ailiers lyonnais (Memphis Depay ou Bertrand Traoré) serraient les latéraux monégasques en leur fermant l'axe
Ainsi, non seulement le bloc était sécurisé et le jeu poussé en périphérie, mais si le ballon parvenait quand même à toucher un des joueurs à l'intérieur, le pressing était facilité par la compacité et la densité de joueurs autour (Tousart + ailier + relayeur).
Exemple :
En résumé, le bloc était très compact horizontalement, les joueurs se déplaçaient ensemble côté ballon, ce qui permettait de bloquer les solutions intérieures et de presser si le ballon pénétrait le bloc.
La compacité était aussi verticale. Pour maintenir une certaine densité de joueurs dans l'axe, il était courant de voir les ailiers lyonnais descendre défendre à la hauteur des défenseurs. Memphis et Traoré ont tous deux fait les efforts nécessaires pour permettre aux arrières rhodaniens de resserrer leurs intervalles.
Autre situation, celle où les milieux relayeurs monégasques décrochaient. Il était fréquent de voir une permutation entre le latéral, l'ailier et le 8 côté Monaco.
Dans ce cas, le bloc lyonnais défendait de la même manière en zone :
- Pour un simple décrochage, le relayeur lyonnais pressait sur celui qui décrochait : il pouvait le faire sereinement puisqu'il n'y avait plus personne derrière lui, étant donné que le 8 monégasque avait décroché ; il enclenchait donc son pressing en zone
- Pour une permutation où l'ailier devenait relayeur, le relayeur - latéral et le latéral - ailier, les lyonnais défendaient toujours en zone. Memphis ou Traoré prenaient le relayeur (en position de latéral) ; Aouar ou Mendes couvraient la passe vers l'ailier (en position de relayeur) ; Tousart venait serrer au marquage l'ailier (en position de relayeur)
Chacun défendait sa zone, peu importe le joueur à l'intérieur de celle-ci, dans l'objectif de laisser le bloc imperméable.
Vidéo explicative :
Le contre-pressing
L'une des nouveautés depuis l'arrivée de Sylvinho est de voir les joueurs lyonnais presser ensemble à la perte du ballon. Attaché à la notion de bloc-équipe, le coach brésilien veut à tout prix empêcher les adversaires de partir au contre et d'exploiter ainsi les espaces laissés par la structure offensive de l'OL. Ainsi, dans les 4 secondes qui suivaient la perte du ballon, les joueurs avaient pour consigne de presser ensemble les Monégasques pour le récupérer, ou à défaut faire faute ou sortir le ballon du terrain. Lucas Tousart après le match : « Quand on perd le ballon, on a quatre secondes pour presser et le récupérer. Et si on n'y arrive pas, on se remet en bloc »
En voici un exemple :
Ce pressing est facilité par la compacité des joueurs aux côtés du ballon.
Prise de risque minimale
Sylvinho voulait avant tout se rassurer. Et rassurer ses joueurs. En cela aucune prise de risque n'était autorisée dans le jeu, toujours dans l'objectif de ne pas encaisser de but. Les quatre lyonnais qui ont touché le plus de ballon sont les quatre défenseurs, et les latéraux restaient à hauteur des centraux pour assurer une assise défensive. Anthony Lopes allongeait sur les six mètres pour essayer de toucher Moussa Dembélé, il n'y avait pas de volonté de relancer court. Au moindre pressing monégasque, Léo Dubois faisait de même, bien que Tousart lui proposait souvent une solution dans l'axe. Youssouf Koné tentait de trouver Memphis sur l'aile ou Aouar dans le demi-espace plus haut, mais les Lyonnais passaient peu par l'axe. En ce sens, la carte de chaleur de l'OL est assez symptomatique.
On observe que le jeu des Lyonnais, qui ont fini avec 66% de possession, se résumait majoritairement à faire tourner le ballon derrière. Malgré tout, quelques bons enchaînements (comme la relation Traoré-Mendes), une boulette de Lecomte et un Dembélé de gala ont permis à l'OL de marquer trois buts sans jamais se découvrir derrière.
Certes, le score est flatteur tant l’Olympique lyonnais a semblé manquer d’imagination offensive. En revanche, les rhodaniens ont parfaitement protégé leur but pendant 90 minutes. Et ça, ils ne le doivent qu’à leur travail. Monaco était certainement diminué mais la concentration défensive n’est pas tributaire de l’adversaire. L’OL se rassure, engrange de la confiance, soulage ses supporters et comprend qu’il est capable de tenir un score. Une étape essentielle pour que Sylvinho et ses hommes puissent recommencer à travailler dans le calme les intentions vues face au Servette Genève. Parce que les faits de jeu ne tourneront pas toujours à son avantage, le vrai test, c’est Angers !