Coupe de France : on veut ou on veut pas ? – L’Édito du lundi #3
Le 13.02.2023 par MartinTAu bout du bout d’un match pas forcément brillant (Mathis Rayan, ce constat ne te concerne pas, NDLR) mais marqué par un état d’esprit individuel et collectif bien différent de ce à quoi les supporters lyonnais sont désormais habitués, l’OL s’est qualifié pour les quarts de finale de la Coupe de France. Le club y sera opposé au quatrième de la Ligue 2, le Grenoble Foot 38. Forcément, entre Rhône et Saône, l’espoir d’atteindre le Stade de France, voire de rafler le trophée, commence à délicatement caresser les esprits. Mais il est accompagné de son lot de doutes.
Malgré la série en cours de matches sans défaite, ponctuée par une encourageante victoire contre l'ogre lensois, l’ambiance entourant l’institution « Olympique Lyonnais » aura rarement été aussi délétère que ces derniers temps. De l'avis de nombreux suiveurs du club - et désormais également des groupes de supporters -, l’objet de la discorde est une question de personnes : celles à la tête de notre club mais aussi certaines présentes sur le terrain, accusées de ne pas avoir la mentalité requise pour représenter nos couleurs. Une partie de ces dernières a, temporairement ou non, posé bagage ailleurs, à l’image de Karl Toko Ekambi, dont les chevauchées endiablées font désormais la joie des tribunes rennaises. Mais d'autres sont toujours là et même le Président Jean-Michel Aulas, pourtant bâtisseur de l’autrefois puissant et redouté Olympique Lyonnais, est désormais décrié et pointé comme le principal responsable de l’indéniable dégringolade sportive dont nous sommes depuis quelques années les infortunés témoins.
La possibilité d'une Coupe
Dans ce décor aux allures de Far West ou plutôt de paysage pré-apocalyptique (une descente, ça n’arrive pas qu’aux autres !), les amoureux désespérément sevrés de titres que nous sommes se prennent évidemment timidement à rêver de l’embryon de possibilité d’une victoire en Coupe de France. Seules trois petites rencontres nous séparent encore du triomphe. La perspective de voir Alexandre Lacazette et les siens titrés le 29 avril prochain représente indubitablement un fantasme, et un fantasme inespéré au vu des onze longues années qui viennent de s'écouler. Depuis 2012, seule la prestigieuse Eusebio Cup est venue perturber le pesant silence régnant sur la salle des trophées lyonnaise - les records de qualifications successives en Coupe d’Europe ou de solde positif de l’activité « trading de joueurs » n’amenant malheureusement pas de médailles.
Toutefois, n’étant nés ni de la dernière, ni de l’avant-dernière pluie, nous connaissons tous parfaitement notre club et la manière de fonctionner de ceux qui, pour le moment encore, le dirigent. Une hypothétique victoire en Coupe de France serait un (très heureux) accident et non le résultat d'un travail acharné et d'une stratégie sportive claire et judicieuse. Mais la remise en question et le doute n'étant pas les points forts des têtes pensantes de l'Olympique Lyonnais, nous savons pertinemment que le miracle que représenteraient un trophée et la qualification européenne associée serait interprété et utilisé comme une confirmation totale que la voie choisie est la bonne. Et que ceux qui osent s’interroger sur la pertinence de cette voie et qui, par extension, s'en prennent aux têtes pensantes précédemment citées, sont mûs par des intentions malveillantes envers l’institution que lesdites têtes conduisent brillamment vers des horizons ensoleillés.
Un titre et un retour de bâton ?
Ainsi, et sans trop s’avancer (on sait trop bien que l’OL est capable de se rater spectaculairement à domicile face aux Grenoblois), il faut malgré tout s’accommoder du prix que nous, supporters de l’Olympique Lyonnais luttant pour qu’il redevienne en premier lieu un club de football et qu’il reprenne goût à l’excellence, aurions très probablement à payer en échange du bonheur que procurerait un titre après une si longue et frustrante privation. Les hommes dont nous réclamons le départ seraient de toute évidence renforcés si d’aventure notre club allait au bout. Par ailleurs, il paraît difficile d’imaginer que cela favoriserait de leur part une quelconque remise en question ou une soudaine lucidité quant à la situation réelle de l’OL et à leurs apports respectifs. Une éventuelle victoire en Coupe de France (soulignons, à tout hasard, que nous parlons ici bien d'une éventualité, il n'est pas question de s'enflammer et de se voir moins laids que nous ne le sommes) amènerait donc logiquement un retour de bâton sous la forme d'une inéluctable continuation de cette politique économico-sportive tant décriée. Les médias, déjà bien prompts à ne pas saisir les raisons de la fronde des supporters lyonnais et à défendre ceux dont ils réclament le départ, sauteront eux aussi sans doute aucun sur l'occasion pour décrédibiliser un peu plus la légitimité des revendications.
L’excitation d’une aventure possiblement couronnée de succès cohabite donc déjà dans les têtes lyonnaises avec l’inquiétude de la gueule de bois du lendemain. Souhaitons-nous par conséquent réellement voir le général Lacazette soulever ce trophée en avril prochain, même en connaissant les potentielles implications ? La réponse est évidemment oui. Parce que nous autres, supporters lyonnais, avons beau être masochistes aguerris et experts de la souffrance en silence, nous n’en sommes pas moins fondus de ce club et nostalgiques de ses heures de gloire. Malgré ce qu'il nous fait subir, nous aimons l'Olympique Lyonnais. Nous sommes l'Olympique Lyonnais. Et quoi qu'on en dise, l’amour est parfois bien ingrat.