Des statistiques alarmantes
Le 28.09.2019 par OL_ympiqueAprès deux belles victoires dès l'entame du championnat, la prudence et le recul se retrouvaient rangés au placard. Six matchs plus tard, les supporters lyonnais ont de quoi avoir la gueule de bois. L'inquiétude a de quoi régner à l'image des expected goals peu rassurants concernant la productivité des hommes de Sylvinho.
Les xGoals (expected goals) sont devenus des statistiques extrêmement utilisées dans le football moderne. Elles sont bien moins déconnectées de la réalité que certains chiffres que chacun utilise à sa guise. Au contraire même, ces statistiques permettent d'évaluer la qualité de l'ensemble des tirs d'un(e) équipe/joueur sur un match. Autrement dit, c'est un moyen de savoir si les tirs sont effectués dans des zones et contextes dits « propices » pour marquer ou non, et ainsi de se faire une idée de la qualité de l'animation offensive proposée ou du moins de la réalité cachée derrière un score final. À l'OL, une analyse de ces statistiques en ce début de saison n'a rien de très rassurante.
Deux premiers matchs trompeurs
L'apothéose, dès le début. C'était beau, trop pour être vrai. Après une victoire inaugurale à Monaco (3-0), l'OL a balayé Angers pour sa rentrée à domicile (6-0). Dans le jeu, les préceptes de Sylvinho semblaient clairs, du counter-pressing aux latéraux bas, tandis que les offensifs lyonnais ont marché sur l'eau. Sauf qu'en grattant un peu, on pouvait déjà trouver anguille sous roche. Face au club du Rocher, justement, l'Olympique Lyonnais s'est montré trop peu dangereux, totalisant 0.83 « expected goals ». Puis, malgré la pluie de buts contre les Angevins, les gones n'ont totalisé que 1.50 expected goal. Bref, le spectacle n'était que mirage, et le vent devait finir par tourner : on n'a que ce qu'on mérite, à un moment ou à un autre.
Enquête de beau-jeu ?
Sylvinho est-il plus en quête de beau-jeu que nous en pleine enquête pour en voir les prémisses ? Les statistiques lyonnaises n'ont pas belle allure pour le moment, offensivement parlant. Et elles ont bien du sens, puisqu'elles reflètent ce que l'on observe très nettement depuis que le mirage s'est dissipé pour laisser entrevoir un désert. Lors du match contre le PSG (0-1), on a ainsi pu contempler un OL défensif, très peu ambitieux, et cela s'est traduit par 0.36 xG... Un but aurait relevé du braquage.
Plus globalement, l'OL n'a pas encore dépassé 1.80 xG en Ligue 1 cette saison. Ce maximum bien trop faible a été atteint contre Amiens (score final 2-2). Parmi les équipes de l'hexagone qui ont d'ores et déjà fait mieux, on trouve Paris mais aussi Nice, Brest, Dijon, Metz, Saint-Etienne, Angers, Monaco, Nantes, Nimes, Montpellier, Lille, Reims, Toulouse, Strasbourg. La question de l'efficacité se pose pour plusieurs de ces formations, mais celle qui se pose à Lyon reste purement et simplement celle de la création.
Un problème de pauvre, en fait : il y a tellement peu de jeu au milieu et devant que les offensifs et notamment Moussa Dembélé n'ont rien de bon à se mettre sous la dent : les situations propices pour marquer sont rares. Ou alors, il faut un miracle, comme lors du tout dernier match contre Brest lorsque le buteur a inscrit son 6ème but de la saison complètement contre le cours du jeu.
Ces chiffres montrent que Sylvinho n'a pas encore trouvé la solution pour huiler et lustrer le jeu offensif lyonnais. Le jeu de passes, le positionnement des latéraux, le mouvement, la hauteur du bloc ne sont pas encore optimisés, et d'éventuels progrès sont pour l'instant peu (si ce n'est pas) visibles. Il est notamment plus que dommageable de voir Lucas Tousart enchaîner les prestations très décevantes, celui-ci n'apportant rien à la création, au contraire (et ce même s'il est décisif sur le second but lyonnais contre Brest). Bien relancer permettrait aux attaquants de se retrouver dans de biens meilleures situations (et les xG augmenteraient, bien-sûr). Quant au pressing, on se demande encore à quoi il sert, quand les joueurs l'appliquent correctement.
Bref, on est encore loin, très loin du beau-jeu qu'on aurait aimé voir se mettre en place sous la houlette d'un coach brésilien. Alors que la défense semble s'être solidifiée, ce dernier doit faire du chantier offensif sa nouvelle priorité.
La défense tient bon, vraiment ?
S'il y a un secteur qui satisfait bien plus à Lyon, c'est le défensif. Pourtant, on est forcé de se demander si les manques dans la création ne sont pas intimement liés aux points forts défensifs visibles depuis 6 journées. Surtout que Sylvinho a clairement priorisé ce chantier. Pire : il n'est pas illégitime de se poser des questions quant à la valeur réelle de la défense lyonnaise.
Sur le papier, il est assez évident que la défense n'est pas à blâmer, avec 7 buts encaissés en 7 matchs contre 14 buts marqués en autant de rencontre de Ligue 1. Pourtant, certains aspects prêtent à confusion.
D'abord, est-ce que l'OL n'aurait pas pu - si ce n'est du - encaisser encore moins de buts ? Lors de la dernière rencontre de championnat face aux Brestois, 2 buts ont été encaissés, alors que les Bretons ont fini le match avec 0.51 xG. Idem face aux Amienois qui ont inscrit 2 buts mais fini la partie avec 0.38 xG. La chance, le réalisme ont eu un rôle certes, mais il ne faut pas s'arrêter à cette analyse fataliste sous prétexte que la défense n'encaisse qu'un but par match en moyenne. Car lors de ces deux rencontres faisant office de cas particuliers, Lyon n'aura pris qu'un petit point à chaque fois, sur 6 possibles.
Ensuite, le récent match à Paris n'a pas fait parler de lui pour rien. Qui n'aura pas remarqué que les Lyonnais ont failli s'offrir le point d'un match nul sans but encaissé ? Le reproche de l'ambition est légitime, mais au moins la défense a très bien tenue le coup, non ? Il est difficile de répondre sans réfléchir à cette dernière question, car l'OL a joué avec 3 centraux, 2 latéraux bas, et un bloc entièrement regroupé dans sa partie de terrain. C'est un peu trop, ou pas assez. Dans tous les cas, le secteur offensif a été impacté. Le défensif aussi d'ailleurs, car le constat du dernier paragraphe ne tient pas en compte un aspect fondamental : quand on subit, le risque de prendre des buts est plus fort, même avec une défense solide.
Toujours pas d'équilibre, et une situation alarmante
Les xG et les XGA, c'est bien beau, ou plutôt pas vraiment pour le moment si on prend le point de vue du supporter revendiquant du beau-jeu. Ce qui n'est pas rassurant, c'est que l'écart actuel entre les buts que doit pouvoir marquer l'OL et ceux qui devraient être encaissés est faible : cette équipe est faites, au mieux, pour des matchs nuls. Si et seulement si l'OL joue plus et marque plus tout en continuant de garder fermement ses arrières, alors l'OL sera une machine de guerre. Tout le travail de Sylvinho est là, mais le fait est qu'il a déjà imposé des idées bien précises et que celles-ci ont eu un effet sur le jeu lyonnais. Des effets qui ont mené l'OL à seulement 2 succès en 8 matchs TCC, sans parler de la pré-saison qui prend désormais - avec du recul - des allures de signe prémonitoire.
La situation reste tenable, mais les solutions n'ont pas l'air d'être en vue, et plusieurs mauvais résultats d'affilée pourraient compliquer sérieusement les chances lyonnaises de réaliser leurs objectifs 2019-20.
Trouver un meilleur équilibre entre une bonne défense et l'attaque doit être plus aisé que chercher un équilibre avec une défense à la rue. Certains regrettent peut-être déjà Genesio et son jeu offensif, mais il faut rappeler que celui-ci était loin d'être bien huilé et que l'équilibre défensif n'a jamais été atteint sous la houlette du prédécesseur de Sylvio. L'irrégularité avait ses causes et l'une des solutions était de trouver un équilibre tactique. Sylvinho en a le potentiel, son travail devra payer. Le souci, c'est que la patience dont on devait faire preuve pour les débuts du nouveau coach s'use désormais de plus en plus vite. L'OL n'a pas le droit de toucher le fond pour rebondir.
Photos : Le Progrès / Statistiques : https://understat.com