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Et l’OL éteignit la Maison Blanche (Real Madrid - Olympique Lyonnais – 2010)

Le 17.03.2020 par MatthiasT

Cinquième jour de devoir citoyen. Cinquième jour à rester à la maison sans voir rouler notre beau ballon rond ni jouer notre chère institution. Alors je rêve. Je rêve d’un déplacement au Santiago Bernabéu, d’un duel où David avait pris un ascendant inattendu sur Goliath, d’un match de sueur et de prestige…

Match de gala(ctiques)

Souvenez-vous. L’Olympique lyonnais, décrié de tous et tombé de son trône de champion de France, avait eu le malheur de tirer le Real Madrid pour les huitièmes de finale de la Ligue des Champions. Sur la scène européenne, la Casa Blanca effrayait de nouveau. Il faut dire que les Merengues avaient fait chauffer leur carnet de chèques au mercato estival. Xabi Alonso, Kaka et Cristiano Ronaldo étaient arrivés dans la capitale espagnole, lieu qui, en plus, recevra la finale de la Ligue des Champions. Plus que jamais, celle-ci leur semblait à nouveau promise. Plus que jamais, le temps où l’OL infligeait des victoires nettes au Real – 3-0 en en 2005 et 2-0 en 2006 – semblait révolu.

Pourtant, l’effectif encore en construction de la Maison Blanche pointe à Gerland avec une approche prudente. On attendait l’OL dans ce registre – la position très basse de Toulalan, rappelant presque une défense à cinq, en était un indicateur fort – mais voir les favoris se déplacer pour jouer le contre et les exploits individuels avait de quoi surprendre. Peut-être avaient-ils peur de se heurter à nouveau, comme depuis six ans, au mur des huitièmes de finale et voulaient-ils se garantir un match sans blagues à l’aller ? Quoiqu’il en soit, ce sont les Gones qui emballent le match dans les couloirs.

Le match de maître réalisé par la paire César Delgado - Sidney Govou contraste avec les arabesques inutiles et ratées de Cristiano Ronaldo. Tactiquement, le Real, qui s’acharne à passer par un axe verrouillé, passe très nettement à côté de son match. Seul le poteau d'Iker Casillas repousse une magistrale volée de Chelito et permet aux Merengues de rejoindre les vestiaires sur un score nul et vierge. Mais dès le retour sur la pelouse, le missile de Makoun termine sa course dans la lucarne madrilène, rappelant bien que le Real n’était qu’en sursis, 1-0. Si le reste de la mi-temps nous rapproche plus du 2-0 que de l’égalisation, Lloris et Casillas sortent tous deux le grand jeu. Le score n’évoluera pas. Tout reste à faire au retour.

Stress et paillettes

Compositions : Real Madrid (4-2-3-1) – Casillas / Arbeloa, Garay, Albiol, Ramos / Diarra, Guti / Ronaldo, Kaka, Granero / Higuain.
OL (4-1-4-1) – Lloris / Cissokho, Boumsong, Cris, Réveillère / Toulalan / Delgado, Pjanić, Makoun, Govou / Lisandro.

Nous voilà au Santiago Bernabéu. Et en ballotage favorable, s’il vous plait. Les Gones, après avoir gagné 1-0 à l’aller, se déplacent chez un des favoris de la compétition pour tenter d’arracher sa place en quart. Un peu comme… dix ans plus tard, face à la Juve. Mais on s’égare. Car 2010 est une époque où l’on dispute encore les huitièmes de finale retour, et une bonne partie des supporters est probablement déjà en nage alors que Lisandro et Pjanić donnent le coup d’envoi. Et ceux qui ne le sont pas encore finiront de le devenir avec la première occasion de Kaka, qui sollicite Lloris dès la quatorzième seconde après s’être engouffré dans un intervalle. Si l’entrée en matière de l’ancien Niçois est réussie, tout indique que la soirée va être très longue.

Cette première impression se confirme, hélas, bien vite quand Cristiano Ronaldo converti un long ballon en frappe à ras de terre entre les deux jambes de Lloris. À peine cinq minutes et les deux formations sont à égalité en cumulé. On repense amèrement aux occasions du 2-0 à Gerland. Ronaldo et Kaka, bien décidés à faire oublier leur match aller insipide, ne veulent pas en rester là et continuent d’accélérer le jeu dans les minutes qui suivent. Nos Lyonnais semblent quant à eux quelque peu sonnés. Si quelques phases de possession les rassurent, les deux lignes de quatre ont beaucoup de mal à contenir les offensives madrilènes et sont trop statiques en attaque.

Néanmoins, vers le quart d’heure de jeu, l’OL se stabilise enfin et on observe le round d’observation qui aurait dû prendre place au début au lieu de ce but prématuré. Le 4-5-1 mis en place par Claude Puel retrouve des couleurs. Un des cinq milieux décroche accompagner Lisandro pour presser sur le porteur et couper ses lignes de passes quand le reste s’organise en deux lignes de quatre de moins en moins dérangées par les hommes de Pellegrini. Offensivement, on observe même un mini temps fort, durant lequel Toulalan alerte une première fois Casillas. Cependant, on reste loin d’une égalisation synonyme de qualification. Higuain trouve même le poteau face à une cage vide après s’être défait de Lloris. L’Argentin suscite de nouveaux frissons sur un coup de tête qui frôle le poteau. Peu inspirés, les Lyonnais sont toutefois encore dans le match au moment de regagner les vestiaires.

Coup tactique

Suite à la pâle copie rendue par ses hommes lors du premier acte, Claude Puel doit réagir et les faire réagir en seconde période. Ainsi, ce sont deux changements qui sont effectués dès le retour des vestiaires. L’un est forcé, puisque Boumsong, blessé, laisse sa place à Gonalons (Toulalan descend en défense centrale), mais l’autre est un véritable coup : Källström remplace Makoun. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ces changements transfigurent l’OL. Alors que le Real a manqué d’enfoncer le club rhodanien en première mi-temps, il s’enfonce six pieds sous terre en seconde.

Dès les premières minutes du retour des vestiaires, on comprend l’importance que vont avoir Maxime Gonalons et Kim Källström. Très vite, le premier manque une tête bien placée et le second offre un caviar à Govou, qui dévisse. Ce sont alors, en cinq minutes, les occasions lyonnaises les plus franches de la rencontre. Et de loin. Mais c’est tout l’OL qui est globalement transformé. Le bloc équipe est bien plus haut qu’en première, l’agressivité est réhaussée, les projections vers l’avant sont plus incisives. Logiquement, les occasions se multiplient. En outre, les Gones sont aussi revigorés défensivement et se montrent beaucoup plus solides, le policier Cris en chef de file. La Maison Blanche, de son côté, est méconnaissable. Hormis quelques illuminations peu dangereuses, le Real s’éteint complètement dans le second acte alors que la maîtrise tactique et technique change définitivement de camp.

Le petit prince de Tuzla

Mais encore faudrait-il concrétiser cette domination. La perspective d’une prolongation voire plus encore en terre adverse n’enchante personne à Lyon, et c’est pourtant ce vers quoi on se dirige à l’entame du dernier quart d’heure. C’est justement le moment que choisissent Källström et Delgado pour combiner en une-deux afin de s’infiltrer dans le dernier tiers. À l’entrée de la surface, ce dernier sollicite Lisandro dos au but, qui remise tant bien que mal vers Pjanić. Le Bosnien, en véritable renard des surfaces, fusille alors le portier espagnol malgré l’angle relativement fermé. 1-1, Lyon exulte. Miralem Pjanić accomplit la légende du numéro 8.

Les Merengues auront beau faire semblant d’y croire pour embraser ce public assommé, ils ne marqueront pas les deux buts nécessaires à leur qualification. L’OL ne relâche pas le vis et fait s’écouler le temps. En fait, c’est même Lisandro qui est le plus proche de marquer en cette fin de match. Mais rien ne bougera. 1-1, score final, 2-1 au cumulé, les Lyonnais concluent calmement, comme les cadors qu’ils n’étaient pas censés être, un match de légende face à un favori de la compétition.

 

Le match complet est disponible à cette adresse

À propos de l'auteur

Cet article a été rédigé par MatthiasT, membre du Café du Commerce OL.