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Et si les médias avaient une influence sur le cas Bruno Genesio ?

Le 22.01.2019 par joh

L’Olympique Lyonnais a remporté son deuxième derby de la saison dimanche soir, dans un scénario totalement improbable en arrachant les 3 points dans les dernières secondes. Et une fois n’est pas coutume, c’est Bruno Genesio qui écope (entre autres) du crédit de la sphère médiatique du football, ce qui provoque un agacement général chez les supporters lyonnais. Au point de diviser davantage ?

Les hommes de Jean-Michel Aulas ont créé la sensation à Geoffroy Guichard sur les antennes Canal +, une performance qui a répandu la joie entre Rhône et Saône. Alors que le capitaine lyonnais Nabil Fekir redonnait espoir aux siens sur pénalty à la 65ème minute, c’est dans le « money time » que Moussa Dembele « The Supersub » s’est offert le scalpe des stéphanois sur un centre (probablement breveté par David Beckham) de Léo Dubois, lui aussi entré en jeu en fin de match. 90+5… Un déroulement qui fait naturellement échos à une performance historique des rouges et bleus en terres ennemies, le fameux « 90+3 », un succès sur le même score, mais cette fois Jimmy Briand en était la vedette.

Bruno Genesio, l'impopulaire chez les fan !

C’est un secret de polichinelle si je vous dis que Bruno Genesio n’a pas la cote auprès des supporters lyonnais. En 3 ans d’activité au poste d’entraîneur principal, cela fait sans doute plus de deux ans qu’il subit de nombreuses critiques, généralement sur l’absence de fond de jeu et son incapacité à trouver des solutions aux problèmes identifiés. En fin de saison dernière, à la 38ème journée dans leur jardin, les groupes de supporters l’avaient ainsi invité – de la façon la plus classe possible – à passer la main. Finalement, l’homme fort de l’OL depuis 1987 l’avait maintenu dans la perspective d’aller au bout de son contrat, le 30 juin 2019.

Quand l’OL triomphe, Bruno Genesio obtient le renfort médiatique !

Paradoxalement, sa popularité auprès des journalistes, consultants et plus globalement des médias nationaux, est pour le moins… différente ! Aujourd’hui, rares sont ceux qui ont eu le cran de remettre en question le travail de Bruno Genesio. Daniel Riolo, Didier Roustan et puis… et puis… on commence à être à court d’idées.

Quelques heures après le succès des gones, France Football proposait déjà un sondage tout juste orienté « Genesio a-t-il définitivement mis tout le monde d'accord ? » dans un contexte dans lequel l’Olympique Lyonnais vit l’un de ses plus mauvais parcours en Ligue 1 au cours du XXIe siècle et surtout à l’issu d’un match très poussif dans le contenu pour les lyonnais, qui auraient pu sombrer sans un Anthony Lopes de gala…

Et du coté de L’Équipe, c’est devenu monnaie courante de porter secours à Bruno Genesio. Hervé Penot est probablement l’un de ses plus fidèles soutiens, en atteste sa sortie après le match :

Un reporter de RMC est encore plus direct, pour lui c’est le coach lyonnais qui permet à son club de remporter le derby :

Alors « pourquoi pas ? » me direz-vous. Il est légitime qu’il y ait des critiques positives au bénéfice de Bruno Genesio lorsque le dernier but implique directement deux joueurs entrés en jeu en 2ème MT. Intuitivement le « coaching payant » nous vient en tête. Mais est-ce suffisant ? La prestation des lyonnais sur 90 minutes est-t-elle suffisamment complète pour qu’on accorde autant de crédits à l’ancien technicien de Villefranche ? Non. Le constat est simple, une fois de plus, l’OL est en réaction, l’OL s’offre 25 bonnes dernières minutes alors que les verts sont passés tout près du break un peu plus tôt dans le match. Ce qui est reproché à l’OL, c’est son manque de maîtrise, son incapacité à remporter ses matchs sans trembler, être au niveau du talent de ses joueurs et jusqu’à preuve du contraire, Genesio n’a pas encore trouvé la parade. Depuis 3 ans déjà…

Les supporters incompris

Les supporters de l’Olympique Lyonnais vivent ainsi une période particulière sur le plan émotionnel, des exploits et des performances parsemés dans un parcours global très perfectible. Le dernier titre remonte à 2012, une des périodes les plus difficiles sportivement pour le club au XXIe siècle. Pourtant actuellement, on note quatre ou cinq joueurs qui ont une valeur marchande supérieure à 50M€. Seul le PSG peut se targuer de faire mieux. Le budget de l’OL (289M€) est lui aussi nettement au-dessus de la concurrence. Bruno Genesio a visiblement tout en main pour réaliser de grandes choses à l’OL, mais pourtant, les supporters s’ennuient, ils s’agacent devant l’irrégularité des résultats.

Face à cette frustration, l’institution a toujours soutenu Bruno Genesio : jamais un seul reproche n’a été filtré à l’encontre de l’entraîneur lyonnais. Mais ce qui tend davantage la situation, c’est la position des médias nationaux. Ces entités ont à priori pour vocation d’informer, de transmettre un savoir à leur audience, d’analyser le plus objectivement possible pour éventuellement dénoncer. Et pour des raisons parfois difficiles à comprendre, Bruno Genesio fait quasiment l’unanimité dans les médias. Comment expliquer un tel écart d’opinion entre ces derniers et l’avis des supporters sur la question ?

En réalité, il y a probablement plusieurs explications. On sait que dans le milieu du football, le tacticien passé par Besançon a un important capital sympathie. Il rechigne rarement de répondre aux questions des journalistes, il s’exprime bien et comme le rappelle souvent Jean-Michel Aulas, il a sans doute des « valeurs morales » qui font de lui un personnage attachant. Accessoirement, les consultants développent surement une forme d’empathie pour lui, on sait qu’il est plus facile d’obtenir ce type de soutien lorsqu’on est français et qu’on ne possède pas une personnalité clivante. Unai Emery et Marcelo Bielsa par exemple, n’ont pas bénéficié de cette patience malheureusement… Et enfin, Bruno Genesio a à son tableau de chasse quelques performances historiques qui ont redoré son image par moment sans pour autant fournir un bilan positif à son club de cœur. En accumulant tous ces détails, la lecture est plus claire : Genesio n’a rien d’une personnalité à abattre publiquement, bien au contraire.

Des conséquences ?

C’est ainsi que les passionnés de l’OL souffrent d’une absence de retranscription de leur opinion, de leur vérité. Des contre-performances banalisées, des victoires scandées pour rehausser la cote du coach des gones. Une souffrance d’un manque de cohérence sur la position à adopter lorsqu’il s’agit d’analyser l’OL. Les médias, pour la majorité, ont définitivement choisi de faire le jeu de la politique du club, d’apporter une protection contre vents et marées à l’entraîneur rhodanien. Quitte à essuyer de nombreuses critiques sur les réseaux sociaux des fans lyonnais.

Une interrogation en découle : si Bruno Genesio n’était pas rentré dans les critères d’affections des médias, tel Marcelo Bielsa, Jean-Michel Aulas aurait-il maintenu son entraîneur aussi longtemps ? Lui qui est tant soucieux de ce qu’il se dit dans les médias, en raison de la cotation en bourse de son club. Les supporters auraient-il développé une telle amertume envers l’entraîneur de leur équipe fanion ? À méditer…

À propos de l'auteur

Cet article a été rédigé par joh, membre du Café du Commerce OL.