Navigation

Études statistiques des offensives de l’OL

Le 03.03.2020 par Peter

Avant la victoire de dimanche lors du derby, l’OL comptait 10 victoires pour 9 défaites et 7 nuls en Ligue 1. Des performances controversées pour une équipe encore en lice sur tous les tableaux. Qu'en disent les chiffres ?

Si aujourd’hui, la domination lyonnaise face au rival et le coup de force face à la Juve donnent de l’espoir sur la suite de la saison, notamment grâce à l’arrivée du prodige Bruno Guimarães. Nous pouvons revenir sur les 26 premières journées de Ligue 1 afin de voir, peut être, comment l’OL en est arrivé à ce bilan de 40% de victoires et surtout 1 tiers de défaites en Ligue 1. 

Voyons comment se caractérisent les maux de l’OL en Ligue 1 par l’intermédiaire des statistiques et apprécions si les constats visuels sont retranscrits dans les chiffres.

La possession lyonnaise

L’Olympique Lyonnais est le deuxième club de Ligue 1 au niveau de la possession avec 55%. Mais cela traduit-il vraiment une maîtrise ou une dangerosité balle au pied ? Regardons d’abord dans quelle zone du terrain s’exerce cette possession du ballon. 

Hauteurs des possession en Ligue 1

Le graphique ci-dessus l’illustre bien, Lyon à beau mettre davantage le pied sur la balle que ses concurrents, son bloc n’en est pas plus haut pour autant.

Si on regarde en détail la hauteur du bloc lyonnais, on trouve déjà un début de caractérisation des difficultés lyonnaises en championnat.

En effet, quand on observe le temps passé dans le tiers du terrain adverse pour chaque équipe de Ligue 1, on retrouve une possible corrélation avec le classement de la Ligue 1. L’Olympique Lyonnais n’échappe pas à la règle puisque 6 équipes utilisent davantage la balle dans les derniers mètres que l’OL lorsqu’ils ont la possession. 

Possessions des clubs de Ligue 1 dans les 30 derniers mètres

Les difficultés à jouer et à s’installer dans le camp adverse sont amplifiées à domicile où l’équipe de Rudi Garcia peine avec seulement 26% de sa possession dans les 30 derniers mètres. Ce qui place le club à la 15ème place en Ligue 1 dans ce domaine.

Le graphique suivant nous renseigne sur l’utilisation du ballon l’OL et des autres clubs de Ligue 1 et nous donne une idée du style de jeu des équipes.

On peut voir qu’une passe sur dix de l’OL est un long ballon, c’est à l'interprétation de chacun de dire si c’est satisfaisant ou non pour une équipe comme l’OL en championnat ou si l’équipe est à sa place. Néanmoins on peut remarquer qu’une équipe qui domine ses matchs comme le PSG, et qui utilise autant de passes entre chaque tir que l’OL, privilégie bien plus les passes courtes. Cela donne une indication sur le style de l’OL.

Les passes et tirs en Ligue 1

Dans ce domaine, l’OL est dans la norme. Pour ce qui est de l’utilisation des longs ballons, Lyon est en dessous de la moyenne du championnat tandis que pour le nombre de passes par tir, les joueurs de Rudi Garcia sont dans la moyenne également, avec un jeu légèrement  moins direct que les autres équipes en général.

Les dernières passes

Après avoir vu quelques aspects de l’utilisation lyonnaise du ballon, il est intéressant d'analyser un paramètre crucial offensivement, les dernières passes. 

Tout d’abord les centres. L’OL est une équipe qui centre peu, avec le 11eme rang de ligue 1 en nombre de centres. Si cela pouvait être une marque de fabrique ou un style avec Lacazette en pointe et la préférence donnée aux passes courtes dans la surface sous fournier par exemple, on peut trouver dommage de ne pas exploiter les talents de Moussa Dembélé en usant plus fréquemment de ce genre de passes. De plus l’OL centre mal puisque possède le 14 ème rang de Ligue 1 en termes d'efficacité des centres dans le jeu comme le prouve le graphique ci-dessous.

Efficacité des centre en Ligue 1

On remarque là encore que l’OL est dans la moyenne aussi bien en termes de centre tentés qu’en réussite des centres (centres qui trouvent preneur).

Sur corner, le bilan est plus inquiétant puisque Lyon a inscrit un seul but sur corner pour 138 corners tirés et 43 qui ont donné suite à un tir. Aucune équipe ne marque moins sur coup de pieds arrêtés indirects que l’OL en Ligue 1 (2 buts). 

Sur le graphique qui suit, nous pouvons voir combien de fois l’OL est amené à faire une passe dans les 18 derniers mètres adverses et combien d’expected goals (buts attendus en français) sont virtuellement inscrits par match (en savoir plus sur les expected goals). Le graphique traduit globalement la dangerosité du jeu de chaque équipe.

Production offensive des clubs de Ligue 1

L’évidence (ou non) d’une corrélation entre les passes dans les derniers mètres et les occasions est bien démontrée sur le graphique, mais surtout on voit combien l’OL à du travail pour s’élever au niveau de Monaco ou du PSG dans ce domaine. 


Production offensive de l'OL

Pour mieux observer les différences entre chaque club, j’ai enlevé Paris du graphique. On voit qu’en termes de passes dans la zone de décision, l’OL est dans le haut du panier de la Ligue 1, bien que 5 passes dans les 18 derniers mètres par match reste un chiffre faible et insuffisant pour un club à l’ambition de l’Olympique Lyonnais (en 2015/16 par exemple, Lyon était proche des 8 par matchs). Pour les expected Goals (xG ou xGoals) par match en revanche, Lyon est trop bas. C’est ce que nous allons voir dans la dernière partie.

Le dernier geste

Pour finir, analysons les chiffres dont nous disposons sur les tirs lyonnais et essayons d’apprécier si le problème offensif de Lyon se situe dans la réussite de ses attaquants. 

Comme nous avons pu le voir sur le graphique précédent, Lyon se procure seulement 1,2 xGoals par matchs. En d’autres termes, Lyon se procure 1,2 opportunités de marquer en moyenne par match. Quand Lille se rapproche plus des 1,5 xG par matchs et Paris des 2,75 xG par matchs. 

Ainsi Lyon est seulement la 7ème attaque de Ligue 1 sur le plan des xGoals procurés, c’est là encore très faible pour une équipe de ce calibre car cela signifie que 6 équipes une meilleure production offensive que l’OL. C’est dommage pour une équipe qui possède certains joueurs de talents au-dessus de la moyenne de Ligue 1 de se retrouver en milieu de tableau en terme d’occasions créées. Heureusement d’ailleurs, que certains offensifs Lyonnais ont du talent. En effet, le Graphique ci-dessous montre que les joueurs lyonnais sont en réussite face aux buts, puisqu’ils ont marqués cette saison 8 buts de plus qu’attendus par le modèle des xGoals. C’est le deuxième meilleur résultat pour une équipe. 

Efficacité devant le but des clubs de Ligue 1

Rudi Garcia peut remercierMoussa Dembele et Memphis Depay qui avec chacun 4.43 buts marqués de plus que de xGoals sont les deux joueurs les plus cliniques face au but en Ligue 1. 

Le graphique suivant illustre la dangerosité des tirs lyonnais et leur fréquence d’apparition, le tout encore en comparaison avec les autres équipes de Ligue 1.

Dangerosité et fréquence de tirs des clubs de Ligue 1

Un réel problème apparaît ici, puisque non seulement les Gones se procurent un nombre de tirs à peine au-dessus de la moyenne (4ème place de Ligue 1 tout de même), mais surtout l’OL affiche une dangerosité moyenne des tirs en dessous de la moyenne du championnat français et en dessous des 10% de chances de marquer. Or, c’est la capacité à se procurer des frappes plus dangereuses que la moyenne qui prouve la qualité du jeu offensif d’une équipe.

Un des paramètres qui explique assez intuitivement la faible dangerosité des frappes lyonnaises, c’est leur position.

Pourcentage de tirs dans la surface adverse

Sur ce graphique, on peut voir que seulement 56% des tirs lyonnais sont effectués à l’intérieur de la surface adverse. Cela place l’OL dans les pires équipes de Ligue 1 dans ce domaine et cela révèle une difficulté certaine à se procurer des tirs dangereux, d’où les chiffres précédents sur les xGoals.

Mais au moins, l’OL tire un peu plus que les autres puisque seulement trois équipes tirs davantage en Ligue 1. Peut-être que grâce à cela les 56% de tirs lyonnais dans la surface sont finalement assez nombreux et satisfaisants. Pour vérifier cela, j’ai créé le graphique qui suit.

Zones de tir

Et malheureusement, comme vous pouvez le voir, Lyon à un nombre de tirs dans la surface pile dans la moyenne du championnat. C’est peu. En revanche, l’OL tente beaucoup sa chance de loin avec le 4ème total de tir de Ligue 1 hors de la surface de réparation. C’était donc ces tirs lointains qui faussent l’interprétation possible qui dirait que l’OL est dangereux puisque seulement 3 équipes frappent plus aux buts. 

Les joueurs lyonnais dans tout ça ?

Pour finir, penchons-nous sur le rôle qu’ont les joueurs dans les offensives lyonnaises.

Le graphique ci-dessous peint la participation des joueurs aux xGoals (qui n’ont maintenant plus de secrets pour vous) de l’OL cette saison. Afin d’avoir un échantillon satisfaisant, seuls les joueurs qui ont participé à un minimum de 1000 minutes en championnat sont présents sur le graphique.

Création d'occasions des joueurs de l'OL

Le graphique est à lire de la manière suivante : 

Joueurs les plus à droite : Joueurs qui participent le plus aux xG de l’équipe (tirs ou passes)
Joueurs les plus hauts : Joueurs qui participent le plus aux xG de l’équipe par la passe uniquement

Ici, on peut voir que Houssem Aouar et Thiago Mendes s’illustrent dans la création parmi les joueurs qui ont le plus de temps de jeu. Le rôle de Aouar par ailleurs va au-delà de la passe puisqu’il est aussi parfois à la finition comme en témoigne sa place excentrée vers la droite.

Pour mieux comprendre le graphique voici des exemples parlants d’équipes connues de tous, avec des données que j’ai récolté fin 2018. 

Création d'occasions

Vous pouvez ainsi comprendre que la zone en bas à droite est la zone des buteurs, non pas au sens numéro 9 comme on l’entend parfois, mais dans le sens propre du terme, le joueur qui est à la finition, qui a pour rôle presque unique de marquer. Globalement, ce sont les numéro 9 qu’on retrouve en effet dans cette zone, cependant, on peut aussi retrouver des ailiers comme Salah ou Thauvin (joueurs les plus en bas à droite de leur équipe) par exemple, qui ont sont ceux qui ont pour rôle d’être à la finition et laissent le gros de la création aux autres. 

Cependant, on retrouve les numéro 9 plus complets, qui jouent par exemple beaucoup en pivot ou qui portent une attention particulière à faire les efforts et utiliser le ballon pour les autres également, comme Lacazette ou Firmino que l’on retrouve en haut à droite du graphique.

Mais revenons au cas de Lyon et comparons le graphique de cette saison avec celui de la mi-saison dernière.

Statistiques saison 2018-2019 arrêtées à janvier 2019.

Création d'occasions des lyonnais saison 2019-2020

Les saisons précédentes, Lyon avait la chance d’avoir Memphis Depay et Nabil Fekir pour accompagner Aouar dans la meilleure zone du graphique (en haut à droite du graphe). Ainsi, l’OL s'appuyait sur davantage de joueurs dans la création et les joueurs créatifs pouvaient trouver des relais entre eux. Avec la blessure de Memphis et le départ de Fekir, seul Houssem Aouar reste un élément clé de la création d’occasion. On peut néanmoins remarquer que parmi les joueurs avec un petit peu moins de temps de jeu Bertrand Traoré trouve sa place en haut à droite du graphique, un contraste flagrant et une progression par rapport à la saison dernière où le burkinabé trouvait place tout en bas du graphique avec une participation par la passe beaucoup trop faible. Les quelques centres et passes qu’il a pu délivrer et qu’il ne faisait pas la saison dernière ont contribués à ce changement drastique de position. 

Moussa Dembele quant à lui est dans la position typique de l’avant-centre, aussi bas que la saison dernière, mais encore moins vers la droite. L’ancien joueur du Celtic a une participation globale plus faible que l’an passé. Cela peut être dû tant à lui qu’à ses coéquipiers. Bien qu’il soit dans une position peu surprenante pour son poste, nous pouvons tout de même déceler des axes de progression puisque par la passe, il contribue moins aux occasions que les défenseurs centraux. Il semble qu’il ait une grande marge de progression dans ce domaine et pourrait rendre service en améliorant son jeu de passe sans pour autant dénaturer son style de jeu et faire du Karim Benzema ou du Alexandre Lacazette.

On le sait Tousart vit une saison difficile avec le ballon et ne parvient pas à être la rampe de lancement du jeu lyonnais comme souhaité. Le désormais joueur du Herta Berlin ne contribue pas plus aux occasions que les défenseurs centraux, c’est dommage. À l’inverse, Kenny Tete quand il joue semble amener des passes assez dangereuses.

Et maintenant ? 

S’il faut finalement tirer un bilan de tous ces chiffres, il semblerait que l’OL ne soit pas si mal classé en Ligue 1 à cause d’un manque de réussite mais à cause d’un manque de jeu offensif. En effet dans les différents domaines explorés dans cet article, l’OL se retrouve plongé dans la masse de la ligue 1, avec un niveau moyen. Aussi bien dans la présence dans la présence dans la surface, la hauteur générale du bloc collectif et dans la création d’occasions, l’OL n’est pas au niveau des attentes placées sur un club qui visait au début de saison une deuxième place de Ligue 1. 

La récente forme pourra-t-elle perdurer ? L’arrivée seule de Bruno Guimarães va-t-elle régler tout ces problèmes dans un calendrier indéniablement chargé et permettre à l’OL de rectifier le tir et de rentrer dans les objectifs qui sont les siens en termes de résultats comme de jeu ? Les prochaines échéances nous donneront rapidement une tendance !

À propos de l'auteur

Cet article a été rédigé par Peter, membre du Café du Commerce OL.