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Faut-il boycotter les matchs de l’OL ?

Le 17.09.2017 par P-P

Face à la situation au mieux incertaine et au pire très décevante de l’OL, et aux protestations aussi insuffisantes que vaines, la question de ne plus se rendre au stade se pose. Est-ce la bonne solution pour autant ?

Pour

Plusieurs raisons peuvent pousser vers le boycott du Groupama Stadium et la première concerne évidemment le nerf de la guerre : les sous. Qui n’a pas été agacé après des prestations ou des résultats non conformes aux ambitions de voir le président Jean-Michel Aulas se gargariser des excellentes recettes « matchday » ? Exemple après la phase aller de C1 décevante de la saison passée : « Nous sommes au-delà de nos objectifs. Sur les deux matchs de Ligue des Champions contre la Juve et Séville, ainsi que pour le derby, nous avons dépassé les 3M€ de recettes. […] Le panier moyen par spectateur a été multiplié par cinq par rapport à Gerland où il était à 2 euros ». Une belle jambe pour les supporters…

Alors oui, ce stade a été construit pour ça et il va participer au développement du club, mais le décalage entre ce que l’on voit sur le terrain et cette communication destinée aux actionnaires a de quoi faire enrager, surtout lorsqu’elle est accompagnée d’innombrables déclarations de soutien au staff en place. Du coup, ne plus acheter de billet pourrait pousser le club à réagir puisqu’il n’aurait même plus cet élément pour se consoler.

L’autre pouvoir du boycott se trouve en termes d’image et de communication. La protestation contre Nancy la saison dernière, avec notamment un virage sud déserté pour laisser place à des banderoles explicites et une grève d’encouragements, en est le plus bel exemple. Personne au club ne souhaite voir le stade ainsi, d’autant que ce type de configuration est clairement un désavantage pour les joueurs en raison de l’atmosphère délétère qu’elle génère – un peu à l’image de ce qui se passe au Vélodrome.

Lyon/Nancy messages du virage sud

De manière plus générale, continuer à aller au stade pourrait aussi être interprété par les dirigeants comme un signe d’approbation de ce qui se passe et donc les conforter dans leurs choix techniques et stratégiques. C’est probablement le cas à Arsenal dont l’équipe ne cesse de décevoir ses fans saison après saison mais dont le stade est toujours plein à ras-bord avec, qui plus est, des listes d’attente pour s’abonner ! On imagine ainsi aisément le board des Gunners se demander à quoi bon changer quoi que ce soit puisque que les gens continuent de venir, et donc de payer. Et en dépit de la bonne santé du club d’Arsène Wenger, peu de supporters de l’OL souhaitent avoir le même destin de « loser riche ».

Pour autant, la situation n’est pas aussi simple et boycotter le stade pourrait être plus contre-productif qu’autre chose.

Contre

En effet, si les joueurs (y compris adverses) ont maintes fois vanté l’ambiance du stade et ses vertus précieuses de « douzième homme » lorsqu’il est plein, l’inverse est aussi vrai. Comme évoqué plus haut, un stade vide joue en défaveur des acteurs sur le terrain et rien n’est plus désagréable que d’être chambré, hué voire insulté par son propre public (sauf si on a un mental à la Mathieu Valbuena, ce qui est peu répandu). Par conséquent, même si certains supporters veulent faire bouger les lignes, rares sont ceux qui souhaitent la défaite de leur équipe. Il serait donc malvenu de mettre davantage de bâtons dans les roues de l’OL.

Ambiance au Parc OL lors d'un derby

De même, on expliquait plus haut que se vanter des recettes était certes agaçant, mais si les revenus venaient à baisser en même temps que les résultats, nous pourrions nous retrouver dans une situation de blocage potentiellement très néfaste pour le club à l’heure où il faut encore payer le stade (et le salaire de Clément Grenier...).

Enfin, même si l’OL veut faire de ses spectateurs des consommateurs, le public se déplace majoritairement par passion. Or, le propre du passionné, c’est d’aimer de manière inconditionnelle. Celui qui va au stade n’y va pas tant pour voir du beau jeu et du grand football (même si c’est bien entendu le souhait de tous) mais pour aller soutenir son équipe, quoi qu’il arrive et quel que soit l’adversaire. C’est une vision un peu romantique du foot mais un public de fidèles aura plus de pouvoir et de légitimité qu’un public d’opportunistes capricieux.

Que faire ?

La conclusion de tout ça, c’est que boycotter les matchs ne semble pas être la solution idéale dans l’immédiat. Il existe cependant des paliers intermédiaires. On pense par exemple au fait de ne pas consommer dans le stade, ce qui est une première « mesure de rétorsion » contre les records de recettes dont Jean-Michel Aulas se gargarise régulièrement. De même, il faudrait focaliser l’achat de billets sur les places les moins chères afin de faire entendre sa voix mais sans cautionner l’aspect mercantiliste de la billetterie, au moins tant que les choses ne changent pas.

Pour terminer, la réponse la plus adéquate serait certainement une réelle contestation contre le staff en place pendant les matchs, exactement comme lors de la période Puel (« comment ne pas perdre la tête… »), en allant plus loin que la risible grève du Ahou. La mansuétude actuelle des groupes de supporters est aussi interminable qu’inexplicable. Enfin si, il est facile de comprendre les intérêts politiques et financiers derrière le silence des virages (rappelons que l’abonnement en KVN a baissé de 5€ cette année, contre des augmentations bien plus significatives ailleurs dans le stade), mais il est temps que les langues se délient car les membres de ces tribunes sont eux aussi excédés par ce qui se passe mais ils n’ont pas le droit de l’exprimer. C’est ce qui permet au président de mépriser les mécontents qui s’expriment sur Twitter ou ailleurs et de faire croire qu’il ne s’agit que d’une minorité :

Mais le Café du Commerce est là pour démontrer le contraire.

À propos de l'auteur

Cet article a été rédigé par P-P, membre du Café du Commerce OL.