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Faut-il laisser du temps au temps ?

Le 05.12.2021 par NSOL31

Laisser du temps au temps, l'expression semble s'appliquer dans tous les domaines. Tous, sauf celui du football, ou l'immédiateté est semble-t-il la seule raison d'être. Pourtant, l'OL semble avoir besoin de temps. Alors, faut-il laisser du temps au temps ?

L'été indien

L'Olympique lyonnais n'a jamais aimé vivre dans la précipitation. Depuis l'arrivée de Jean-Michel Aulas au club en 1987, l'institution a toujours laissé maturer les principales décisions, de sorte à ne pas précipiter ce qui n'a pas lieu d'être. Quelques exemples, en vrac : les entraîneurs, presque jamais limogés en cours de saison ; les recrutements, avec de nombreux ajustements en fin de mercato, après le début de la saison ; et même la gestion des joueurs, où la mise au placard n'intervient jamais après un seul incident mais à la suite de plusieurs écarts - sportifs ou de comportement.

Alors quand Peter Bosz est arrivé à la tête du club de la Capitale des Gaules cet été, tout le monde a compris que le changement n'allait pas être immédiat. Bien sûr, après les années de plomb sous Rudi Garcia et le climat tendu avec Bruno Genesio, les attentes des supporters étaient grandes. Mais tout le monde savait que les attentes n'allaient pas se régler à coups de millions d'euros, de recrutements clinquants et d'annonces en grande pompe. Cependant, de véritables changements étaient à prévoir, ou au moins à attendre avec l'arrivée du technicien batave.

Pourtant, des beaux noms, il y en a eu. Pas tout de suite, bien sûr, mais Jérôme Boateng ou Emerson ne sont pas n'importe qui. Mais cela ne paraît pas suffisant à faire démarrer la machine lyonnaise. De trop nombreuses défaites – Rennes et Reims en dernier exemple – remettent en question le virage qu'est en train de prendre l'Olympique lyonnais. Au point de susciter des questionnements parmi les supporters : Peter Bosz est-il compatible avec l'Olympique lyonnais ?

Enterrement

Car d'aucuns assurent que Peter Bosz est la clef du problème. Son plan de jeu ne serait pas adapté, ses changements trop tardifs, ses choix de joueurs douteux. Pour d'autres, ce sont les joueurs eux-mêmes : pas assez motivés, pas assez bons. Pour certains, enfin, cela se jouerait un cran plus haut : la direction serait comme partagée entre une vision à long terme, une autre à plus court terme, une vision humaine face à une vision purement mathématique. Mais toutes ces hypothèses s'appuient sur un postulat qui n'a pourtant pas été démontré : ce postulat, c'est qu'il y a un problème à l'Olympique lyonnais.

Un problème, cela signifie que les choses ne se passent pas comme elles devraient se passer. Mais reprenons l'idée à l'envers. Comment les choses devraient-elles se passer ?

En Europa League, d'abord : quels devraient-êtres les performances de l'équipe ? Exactement comme elles le sont actuellement – voire même moins bonnes ! L'OL, favori pour la victoire finale, réalise un sans-faute et fait plus que tenir son rang.

En Ligue 1, ensuite : à quelle place devrait se situer le club ? Il est à peu près évident que l'Olympique lyonnais n'a pas un effectif taillé pour le titre : seul le Paris Saint-Germain a cet effectif-là. Reste donc la bataille pour le podium. L'Olympique lyonnais, à l'heure où ces mots sont couchés sur le papier, a glané vingt-deux points en quinze matchs. Une moyenne famélique, 1,47 points par match ? Pas vraiment : le Stade rennais, troisième, affiche 1,75 points par match. L'OL est donc légèrement sous-performant : -16 % de points marqués par rapport à un objectif podium.

Nombre

Moins seize pourcent. C'est sensiblement important, étant donné que les variations de points communément admises pour indiquer simplement une mauvaise - ou une bonne - série se situent aux alentours de 10%. Par exemple, le LOSC de l'an passé a été sacré avec environ 9% d'écarts de points par rapport au PSG deux ans plus tôt. On ne peut donc pas simplement parler de mauvaise série, d'autant que les écarts entre expected goals et buts réels ne sont pas incroyablement favorables à l'Olympique lyonnais. Mais faut-il pourtant réellement s'inquiéter ? Il semble que non.

L'Olympique lyonnais entame une révolution identitaire. Les jeunes joueurs semblent à nouveau avoir de la place pour s'affirmer. Par rapport aux saisons précédentes, ils semblent de plus en plus intégrés à l'effectif, à la façon Rémi Garde plus qu'à la manière Rudi Garcia. On a pu voir ainsi les belles promesses incarnées par Habib Keita, Castello Jr., Malo Gusto, et même plus anecdotiquement le jeune Hugo Vogel. En plus d'eux, Rayan Cherki et Sinaly Diomandé continuent leur progression. Et forcément, même si les promesses sont grandes et les performances excellentes, des jeunes joueurs rapportent moins de points que des joueurs expérimentés. Car même s'ils ne font pas d'erreurs et sont parfois parmi les meilleurs, ils obligent l'équipe à s'adapter légèrement à eux, et cela peut se ressentir. L'OL a donc pris – et l'auteur de cet article est largement favorable à cela – le parti de sacrifier quelques points aujourd'hui au profit de l'avenir.

En parallèle, l'OL tente de modifier la manière dont il entend faire vivre le groupe. Peter Bosz professionnalise les comportements de l'effectif, inculque une culture tactique différente et fait vivre le groupe différemment de ses prédécesseurs. C'est tout autant chronophage, et forcément, les points ne suivent pas toujours. Un découragement peut même poindre, quand les efforts sont faits mais les résultats ne suivent pas.

Une révolution ne se fait donc pas en un jour. Entre la prise de la Bastille, le mardi 14 juillet 1789 et la Première République, il aura fallu trois ans : les mentalités prennent du temps à changer, les institutions bougent lentement. Si l'OL n'est aujourd'hui pas exactement au rang qu'il doit prétendre, il ne faut donc pas pour autant arrêter de vouloir changer les choses, il ne faut pas blâmer ceux qui tentent de faire évoluer l'institution. Au contraire, il faut leur laisser du temps, pour travailler sereinement. Et tant pis si cela coûte quelques points, si les résultats, pendant une saison, ne sont pas au niveau de ceux que l'on pourrait espérer : il faut laisser du temps au temps.

À propos de l'auteur

Cet article a été rédigé par NSOL31, membre du Café du Commerce OL.