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Fin de partie

Le 06.08.2020 par PandevantArnaud

Fin virtuelle des dernières chances de Coupe d’Europe pour une équipe lyonnaise qui n’a pas été au niveau cette saison. Après un baroud d’honneur en Ligue des Champions, l’OL se recentrera probablement sur le championnat. Des joueurs en échec ou en fin de cycle doivent partir, pour que le renouveau, à l’image d’un Maxence Caqueret survolté vendredi soir, puisse prendre leur place dans l’équipe. L’entraîneur est plus fragilisé que jamais, alors que des questions importantes de gouvernance se posent. L’avenir est incertain, mais les plus optimistes verront la promesse d’une nouvelle aube pour l’OL.

C’est fini. Les tribunes du Stade de France sont encore plus vides que pendant le match, et les supporters lyonnais demeurent prostrés, à l’endroit même où ils sont tombés. L’OL restera probablement au moins neuf ans sans titre national, une éternité. Dans la chaleur d’un 31 juillet, le club s’est incliné après avoir tenu tête au PSG jusqu’au bout. Logiquement, au vu de la qualité individuelle délirante de joueurs comme Verratti, auteur d’un match superbe. Mais in fine, on est tout de même déçu d’avoir raté - pour si peu - cette dernière chance (en excluant un miracle en C1) de jouer une Coupe d’Europe l’année prochaine et de renouer avec la victoire.

Fin de cycle pour l’effectif

Pour une équipe dont on a si souvent noté la jeunesse et l’inexpérience, les joueurs de ce vendredi soir semblent pourtant en fin de cycle. Et quoique certains d’entre eux aient été au niveau, difficile de voir un avenir sérieux à l’OL pour Fernando Marçal (31 ans), Marcelo Guedes (33 ans), ou même Rafael (30 ans), tous à un an de leur fin de contrat et qui prennent deux places d’extra-communautaires. On devrait également assister à des départs parmi Kenny Tete (espoir de bientôt 25 ans, même pas dans le groupe), Ciprian Tatarusanu (34 ans), dont on ne saura jamais s’il aurait fait mieux, ou Bertrand Traoré (24 ans), qui a encore été trop prévisible, cette fois sur un tir au but, et devrait se trouver un autre contexte pour prendre un nouveau départ. On peut également mentionner Lucas Tousart, déjà parti, dans cette catégorie de joueurs qu’on aurait aimé voir finir sur un trophée, même si on ne les a jamais considérés pour des cracks en puissance. Il y a bien sûr une déception à ce que ces joueurs aient souvent pris la préséance sur des jeunes formés au club, dans son identité de jeu, d’autant que leur vente future ne devrait pas renflouer considérablement les caisses.

La défaite apporte toutefois un danger : des joueurs plus ambitieux, comme le capitaine Memphis Depay, le buteur Moussa Dembélé, voire le grand espoir Houssem Aouar, sont plus proches que jamais d’un départ. Si une grosse vente sera probablement nécessaire, perdre tous les leaders du groupe aurait certainement un effet délétère sur les performances et la cohésion. Pire encore, plus l’OL perdra de bons joueurs et de jeunes prometteurs (Melvin Bard, Caqueret, Anthony Raccioppi, pourraient avoir des envies d’ailleurs, tandis que Oumar Solet et Amine Gouiri sont déjà partis), plus il risque de devoir retenir ses boulets. Double-peine, alors que le club aura besoin d’enthousiasme pour repartir l’année prochaine, autour de joueurs comme Bruno Guimaraes, jeunes et arrivés récemment.

Constat d’échec pour l’entraîneur

Rudi Garcia a remplacé Sylvinho avec une mission simple : ramener Lyon en Coupe d’Europe. Les semaines avançant, on est passés de l’objectif « le podium à la trêve hivernale » à « une place en C3 » à « faire ce qu’on peut en finale de Coupe ». Bien que les circonstances n’aient pas joué en sa faveur, un seul fait peu mis en lumière peut résumer l’échec du coach. Si lors de la 28ème et dernière (!) journée, face à Lille, l’OL n’avait pas perdu, il serait en C3. Son inaptitude à rivaliser dans des matches à enjeu aura empêché le club de prendre sa place logique. Tous les choix contestés, tous les départs de jeunes, auraient pu être pardonnés avec une qualification en Europe, ce ne sera pas le cas. Le parcours en C1 ne doit pas être un trompe-l’œil : 4 points en 4 matchs de poule, dont un contre Leipzig qui ne perdait rien à faire nul, ne sont pas une performance digne de ce que le club veut construire. La victoire face à la Juventus semble plutôt souligner les qualités de l'effectif qu'un projet collectif durable. Ainsi, Rudi Garcia est à un an de sa fin de contrat, sans avoir convaincu, détesté de beaucoup de fans et alors que le reste du staff devrait être changé en 2021. On a connu des positions moins précaires.

Signalons toutefois un point positif : l’OL a été compétitif en Coupes nationales. Deux défaites face au PSG (en demie et finale) devraient être l’objectif minimal chaque année, et donneraient de belles chances de titre comme on l’a vu lors de cette rencontre. Au lieu de cela, les années Genesio ont habitué à la sous-performance (1 demi-finale sur 8 coupes, perdue contre Rennes), avec un matériau brut extrêmement talentueux. Dommage, quand on se dit que presque tous ces joueurs termineront leur aventure à Lyon sans trophée, et que Guingamp, Strasbourg, Rennes… ont pu gagner des coupes nationales depuis 2012.

Vers un retrait de Jean-Michel Aulas ?

L’année prochaine, on n’entendra plus la musique rassurante de l’OL « européen depuis *** ans sans discontinuer », symbole de régularité et d’assurance. On tentera peut-être « en Europe toutes les saisons qui se sont terminées normalement », mais enfin cela n’aura pas la même saveur. L’OL hors d’Europe, un événement si imprévisible qu’il remet en cause beaucoup de ce qu’on croyait savoir. Cette marotte de Jean-Michel Aulas lui fait faux bond alors qu’il semblait déjà s’être mis en retrait du sportif depuis l’arrivée de Juninho.

Le poste de Directeur Général du Football a échu tout récemment à Vincent Ponsot, Juninho devrait garder la main sur le sportif avec une forte influence sur le recrutement, Tony Parker se fait toujours plus présent. L'ensemble du staff est en fin de contrat en 2021, et les nouveaux devraient être choisis par Juninho. Plus que jamais, après l’échec inédit au XXIème siècle de son club, JMA semble proche de passer la main. Une fin de cycle qui laissera bien sûr un souvenir impérissable, avec l’installation d’un club de D2 parmi les premiers en Europe. Cependant, les dernières années assombrissent le bilan. 

Vers l’OL d’après : points de suspension

Quelle place pourra avoir l’OL dans la Ligue 1 des années futures ? Le PSG semble plus que jamais intouchable sur une saison. Lille montre un projet solide financièrement et qui tient la route sur le sportif. Rennes progresse année après année. Nice signe un recrutement de grande classe avec INEOS. Marseille a un très bon entraîneur et un effectif qui restera correct. Des clubs comme Monaco, Montpellier, Reims… ne seront pas forcément à négliger, surtout si l’entraîneur conserve ses difficultés face aux bons clubs. Si on a parfois eu l’impression que le podium était garanti à l’OL, cela ne sera clairement pas le cas la saison prochaine. On aura un regret de n’avoir pas distancé tous ces rivaux ces cinq dernières années, si le sportif avait suivi la stratégie économique.

Quel avenir pour l’OL sur la scène européenne ? Alors que le club semblait aller dans le Top16 à l’indice UEFA, et donc un confortable chapeau 2 en Ligue des Champions, un zéro pointé sur la saison 2020-21 devrait l’handicaper pendant des années. Si l’on renoue avec l’Europe, ce sera peut-être plutôt en C3 si les tirages de C1 sont moins bons de temps à autres, ou si le podium se refuse à nouveau. 

Quels joueurs seront à l’OL la saison prochaine, et à quel niveau ? Youssouf Koné, Joachim Andersen, Thiago Mendes, Jean Lucas, Tino Kadewere, Karl Toko Ekambi, restent des joueurs sur qui on n’a pas de certitudes, sans parler des jeunes, rarement au coeur du projet ces derniers temps. Quelle place pour Rayan Cherki et les autres pépites de l’académie ? La saison à venir rappellera-t-elle 2014-15, où, malgré une élimination précoce face à l’Astra Giurgiu, l’OL avait signé une des plus belles saisons de ces dernières années, avec un plan de jeu identifié et des jeunes talentueux, au point de titiller le PSG ? Plus que jamais, l’avenir s’écrit en points de suspension.

À propos de l'auteur

Cet article a été rédigé par PandevantArnaud, membre du Café du Commerce OL.