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Houssem Aouar, douceur absolue

Le 21.10.2017 par NSOL31

Lors de la victoire des gones face à Everton jeudi à Liverpool, Houssem Aouar a décidément prouvé qu’il avait tout pour faire partie dans les années à venir des très grands. Et que le numéro huit avait de nouveau trouvé un bon héritier.

Héritage

Lorsque l’on est milieu de terrain à l’Olympique lyonnais et que l’on porte le numéro huit, sans doute qu’une certaine pression s’exerce. Car ce numéro huit à Lyon a une symbolique presque aussi forte que le numéro sept de Manchester United. Nul Eric Cantona ou David Beckham comme précédents possesseurs, mais simplement le plus grand joueur de l’histoire du club, Juninho. Et même si le Miralem Pjanic de l’OL n’avait pas le même impact sur le jeu que celui de la Juve, même s’il y a eu l’échec industriel Yoann Gourcuff et même si Corentin Tolisso est parti trop vite pour devenir une légende du club, ce numéro reste celui d’un très lourd héritage. Et pour le jeune Houssem Aouar, pas même dix matchs en professionnels au début de la saison, recevoir à l’intersaison le numéro huit a été un fort symbole. Surtout quand on se souvient que le numéro neuf avait été refusé à Yassine Benzia après le départ de Lisandro de l’Olympique lyonnais.

Mais le début de saison n’a pas été aussi flamboyant que l’on aurait pu l’espérer pour Houssem Aouar. Une petite entrée à Nantes quelques minutes, et pas grand-chose d’autre jusqu’à cette titularisation sur l’aile gauche en lieu et place de Memphis Depay. Sa première titularisation avec l’équipe première, et déjà son deuxième but, qui conclut une prestation de haut niveau face au Dijon FCO. Et si la victoire a échappé aux gones contre le club bourguignon, son entente sur le couloir gauche avec Ferland Mendy a rappelé aux plus nostalgiques le magnifique couloir gauche « Maloudabidal », celle-là même qui a permis aux gones de pratiquer le football flamboyant qui a été le leur durant les sept titres. Houssem Aouar a aussi montré que l’OL avait des alternatives sur l’aile gauche à Memphis Depay, parfois critiqué sur le fait qu’il ne se donne pas à fond en raison du manque de concurrence.

Au-dessus

Surtout, Houssem Aouar a semblé au-dessus de lot dans chacune de ses apparitions sous le maillot des gones. D’abord par sa faculté à jouer de l’avant : il réalise ainsi en moyenne plus de 25 passes vers l’avant par match, un chiffre bien supérieur aux 15 passes vers l’avant de Memphis ou aux 21 de Bertrand Traoré. Et cela n’affecte pas la qualité de ses passes : en effet, Houssem Aouar réussit de 80% de ses passes, contre 81% pour Bertrand Traoré ou 79% pour Memphis. Ce ne sont certes pas les statistiques de Neymar avec le Paris Saint-Germain (38 passes vers l’avant, 78% de réussite), mais Houssem Aouar n’a que 19 ans, et n’a pas coûté plus de deux cents millions d’euros à l’Olympique lyonnais. Et l’on ne peut bien évidemment pas attendre la même chose d’un jeune à quinze matchs en pro que d’un international confirmé.

Cependant, il faut rappeler qu’Houssem Aouar est encore perfectible : par rapport aux deux autres ailiers de l’Olympique lyonnais, il n’est pas le plus offensif, au sens où ce n’est pas lui qui crée le plus d’occasions. On peut ainsi lui attribuer la création de 1.5 action par match, quand Memphis est à 2.15, mais Bertrand Traoré à seulement 2.15. Bien loin des 4.9 actions créées par match par l’ailier brésilien du PSG, Neymar. La différence d’occasions créées par match entre Memphis et Houssem Aouar peut cependant s’expliquer par une différence de positionnement. Houssem Aouar a plutôt tendance à évoluer dans une position de deuxième meneur de jeu excentré – un peu comme le faisait Yoann Gourcuff dans le 4-3-3 de Rémi Garde mis en place en fin de saison 2012-2013 – tandis que Memphis évolue plus en attaquant. Ainsi, les statistiques de Gourcuff il y a désormais plus de quatre ans sont comparables à celles d’Aouar : 1.3 occasion créée par match, 80% de passes réussies, 24 passes vers l’avant. Mêmes postes, mêmes numéros, mêmes stats.

Aouar, mais où ?

Il est donc indéniable qu’Houssem Aouar est un diamant brut pour l’OL. Seulement, dans le onze de Bruno Génésio, il faut lui trouver une place. Petite revue des postes que le milieu français peut occuper.

D’abord, les postes du milieu de terrain sont ceux où il serait le plus naturel de voir Houssem Aouar. Dans un 4-3-3, il pourrait parfaitement évoluer en milieu relayeur. Et il a montré contre Everton sa capacité à évoluer dans la paire défensive du 4-2-3-1. Sa capacité de passes (1.44 passes clé par match) peut faire des merveilles comme rampe de lancement reculée. Mais il faudrait alors mettre soit Tanguy Ndombélé, soit Lucas Tousart sur le banc. Problématique, tant on connaît l’importance du milieu formé à Valenciennes et le potentiel de celui formé à Amiens.

Mais Houssem peut également constituer une doublure à Nabil Fékir. Seulement, Houssem Aouar est la doublure du capitaine et du meilleur joueur des gones, ce qui l’empêche de s’affirmer, malgré tout son talent, comme titulaire à ce poste. Mais Nabil Fékir ne restera probablement pas de nombreuses saisons à l’OL, tant son talent est patent.

C’est pour le moment sur les côtés que l’on pourra retrouver Houssem Aouar. En effet, si Memphis Depay ne retrouve pas une certaine constance, et si Bertrand Traoré continue à enchaîner les titularisations et à tirer la langue, là aussi, Houssem peut constituer une alternative.

Ainsi, Houssem Aouar aura sans doute du mal à s’affirmer, au moins dans un premier temps, en tant que titulaire indiscutable à un poste précis du onze de Bruno Génésio. Mais comme Corentin Tolisso l’a fait avant lui, sa polyvalence peut lui permettre de s’imposer dans le « douze » de Bruno Génésio, c’est-à-dire en premier remplaçant. Et si Houssem Aouar continue de réaliser des prestations de ce niveau, ce n’est plus Bruno Génésio qui aura des casse-têtes à résoudre, mais bien Didier Deschamps !

À propos de l'auteur

Cet article a été rédigé par NSOL31, membre du Café du Commerce OL.