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Il y avait penalty sur Nilmar

Le 23.02.2018 par NSOL31

13 avril 2005 – L'Olympique lyonnais se déplace à Eindhoven pour y affronter le PSV. Aux alentours de 23:20, Nilmar part au but et Gomes le fauche violemment. Monsieur Nielsen, l'arbitre de la rencontre, désigne non pas le point de penalty mais un renvoi aux cinq mètres cinquante. Plus de dix ans après, l'injustice reste gravée dans toutes les têtes lyonnaises.

L'injustice

À chaque fois que je visionne ce PSV - OL, j'ai un pincement au cœur. J'espère toujours voir monsieur Nielsen désigner le point de pénalty. Je suis à chaque fois persuadé que ce n'est pas possible, que c'est un cauchemar, que Juninho va prendre le ballon, le poser lentement sur le point de pénalty, fixer le but, et envoyer l'Olympique lyonnais en demi-finales de Ligue des Champions 2004-05. Et pourtant, le sort a fait désigner à Kim Milton Nielsen la sortie de but. Ah, quelle injustice pour cet Olympique lyonnais si fringant. Personne ne s'y trompe à ce moment : il y avait pénalty pour Lyon. Larqué et Gilardi réclament la sanction à corps et à cris.

« Oh pénalty ! Accroché ! Oui ! pénalty ! Qu’est-ce qu’il dit monsieur Nielsen ? Oh ? Il dit sortie de but ? Monsieur Nielsen, qui était à 30 mètres de l’action ! Ah, ohlalalala... Alors on va revoir ça. Mais oui, il y a penalty ! Il n’y a pas de doute, monsieur Nielsen... »

Et rien. Rien, si ce n'est ce visage arrogant et sûr de lui, d'un arbitre qui d'un coup de sifflet anéantit les espoirs les plus fous des supporters lyonnais. Juninho vient voir l'arbitre, le prie, le supplie de revenir sur sa décision. D'arrêter cette injustice si violente. Mais rien n'y fera. Anéantis mentalement après cette centième minute de jeu, les lyonnais ne parviendront pas à marquer ce deuxième but libérateur. La séance de tirs-au-but sera comme un mauvais clin d'œil au pénalty qui aurait dû revenir à l'Olympique Lyonnais. Et comme souvent dans ces moments si angoissants, l'Olympique Lyonnais craque. Les séances de tir-au-but gagnées ces vingt dernières années par les lyonnais se comptent sur les doigts d'une seul main : très peu de Besiktas ou de Montpellier pour tant de Guingamp, Monaco, Epinal, et donc Eindhoven. 

L'année d'après, l'Olympique lyonnais se vengera en éliminant le club de Phillips, mais rien n'y fera, toujours, encore, ce souvenir sanglant d'un pénalty non sifflé. Ne le disons pas trop fort, mais disons le quand même : cela ressemble vaguement aux poteaux carrés de mai 1976. À la grande différence qu'il ne s'agit pas d'un ballon mal dosé, mais bien d'une faute d'arbitrage grossière. Une faute d'arbitrage qui à elle seule empêchera peut-être l'Olympique lyonnais de ramener enfin une Coupe d'Europe dans la capitale française du football à l'époque.

La dépression

Mais l'injustice la plus grande est peut-être - sans doute - pour Nilmar. Nilmar qui peinait avec le maillot lyonnais à être réellement décisif, notamment en Ligue 1 où il n'avait marqué qu'à deux reprises - un doublé pour son premier match - et pour qui la Ligue des Champions était un véritable exutoire : quatre buts en neuf apparitions cette saison là. Et l'on se plaît à imaginer quelle aurait pu être la carrière lyonnaise de Nilmar si ce pénalty avait été sifflé, si Lyon s'était qualifié. Peut-être aurait-il été le grand attaquant qui a tant manqué entre Sonny Anderson et Karim Benzema.

Mais le destin n'a pas été cruel qu'à une seule reprise pour Nilmar. Sa carrière lyonnaise ne s'est jamais vraiment lancée. Et après un retour au Brésil, c'est à Villarreal (!) qu'il connaîtra deux très belles saisons plus une assez moyenne, près de cinq ans après avoir été floué par l'arbitre. Ses performances en Espagne lui permettront de disputer le mondial 2010 en Afrique du Sud, dans une sélection brésilienne dont le troisième gardien était... Gomes. Un Gomes d'ailleurs dont le départ de Tottenham a été principalement motivé par l'arrivée d'Hugo Lloris dans la cage. La vengeance a été indirecte ! Et après cette parenthèse espagnole, la carrière de Nilmar a battu de l'aile, entre passages plus ou moins ratés au Brésil et saisons dans le golfe arabique. Jusqu'à ce qu'une dépression vienne le forcer à mettre sa carrière entre parenthèse... on lui souhaite beaucoup de courage.

Peut-être cependant n'aurait-il pas eu cette résonance qu'il a dans les têtes lyonnaises. Car aujourd'hui, le pénalty non sifflé sur Nilmar est, comme l'avait dit Jérémy Berthod, quelque chose d'ancré dans les mémoires, dans les têtes lyonnaises. Il représente un symbole et exprime une part de ce que certains nomment l'identité lyonnaise. L'âme lyonnaise s'exprime par les injustices, et ce pénalty en fait partie. Comme la France a souffert dans ce duel hautement célèbre entre Schumacher et Battiston, Lyon a souffert dans celui entre Gomes et Nilmar.

Le complot

Et dans cet épisode tragique du pénalty non sifflé par monsieur Nielsen, beaucoup ont voulu y voir un complot, une explication rationnelle. À commencer par Nicolas Puydebois, qui s'était exprimé dans les colonnes du Libéro Lyon à ce sujet :

« Je suis certain qu’il y a faute, comme tous mes partenaires. On se lève du banc. Après il y a cette séance de tirs au but perdue et le retour aux vestiaires. C’est là qu’on voit quasiment tous les joueurs du PSV sortir du vestiaire de l’arbitre (Kim Milton Nielsen). Ils étaient entrés avec leur maillot à la main et en sortent sans… Ce sont des choses assez bizarres. C’est la double peine car tu te fais éliminer suite à une erreur d’arbitrage et après avoir vu ça, la suspicion n’en est que plus grande »

On ne saura jamais exactement ce qui s'est passé. Et monsieur Nielsen, l'ennemi numéro un de nombre de lyonnais, ne sera pas là pour éclairer notre lanterne, refusant absolument de s'exprimer sur ce sujet. Ce qui ne fait qu'ajouter au doute entretenu. Car malgré le fait que désormais deux anciens joueurs du PSV évoluent sous le maillot lyonnais - Memphis, qui a reconnu qu'il y avait bien pénalty ; et Marcelo -, ce terrible soir d'avril 2005 reste encore douloureux pour nous tous.

Mais surtout, cette histoire de pénalty non sifflé sur Nilmar paraît être comme un prologue à la polémique des pénaltys - justifiés la plupart du temps - pour Lyon. Car on donnerait bien tous les pénaltys de ces dix dernières années pour voir Juninho emmener l'Olympique lyonnais en demi-finales, pour voir l'Olympique lyonnais réaliser son rêve, pour voir le ballon rouler lentement au fond des filets d'Heurelho da Silva Gomes.

À propos de l'auteur

Cet article a été rédigé par NSOL31, membre du Café du Commerce OL.