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Jeu de position et efficacité : les clefs tactiques d'OL - Angers

Le 20.08.2019 par MA_OL23

Porté par un public transcendé par le retour de « Juni », l’Olympique Lyonnais a étrillé le SCO d’Angers, ce vendredi, lors du premier match de la saison à domicile (6-0). Si le jeu de position instauré par Sylvinho se précise et se complexifie, certaines observations suscitent l'interrogation. Décryptage tactique.

Comme face à Monaco, les Lyonnais ont couplé leur rigueur tactique à un réalisme froid. Avec 9 tirs cadrés et 1.5 expected goal, ils ont réussi à marquer 6 buts. Mais ces statistiques ne disent pas tout, dans un sens comme dans l'autre. D'abord parce que dans l'animation offensive, certaines intentions sont palpables, comme la volonté de conserver le ballon en s'appuyant sur un jeu de position quasi scolaire. C'est une première rupture avec la partie à 11 contre 11 que l'on avait vu au stade Louis II, où l'OL laissait le ballon à l'adversaire. En revanche, une fois la première ligne de pression franchie, les Rhodaniens peinent à s'installer dans le camp adverse et donc à se créer des occasions. Une difficulté qui pose forcément question pour la suite. 

Ébauche de jeu de position

Pour mettre en place un jeu de position, la structure est essentielle. L'Olympique Lyonnais version Sylvinho s'organise en 4-3-3 et chaque position est respectée afin de contrôler l'espace. Les ailiers sont collés à la ligne pour apporter de l'amplitude au jeu, étirer le bloc adverse et favoriser ainsi l'apparition de couloir de passes à l'intérieur. Les 8 ont tendance à occuper les demi-espaces tandis que les latéraux restent derrière.

Structure

Cette structure est conservée, quels que soient les joueurs qui occupent chaque position. On a notamment pu observer des permutations offensives destinées à créer des espaces. Ces mouvements sont très intéressants puisqu'ils dénotent une volonté de former des séquences collectives répétées, essentielles pour déverrouiller des blocs bas. La permutation entre le relayeur et l'ailier par exemple était assez fréquente, des deux côtés du terrain, mais toujours dans l'idée de maintenir la structure.

ROtation1

On a aussi pu observer quelques rotations, plus rares, au milieu du terrain. 

rotation milieu

Contrairement aux trente premières minutes à 11 contre 11 face à Monaco, les Lyonnais ont l'ambition de garder le ballon au maximum. Pour ce faire, même sous pression, la relance se fait au sol, à base de passes courtes. 

De même sur les 6 mètres, les deux défenseurs centraux lyonnais profitent des nouvelles règles pour descendre à hauteur d'Anthony Lopes, afin de faciliter la sortie de balle. Une chose que l'on n'avait pas vu contre Monaco. Les circuits de relance devraient logiquement se complexifier avec le temps, mais un travail offensif a en tout cas été effectué cette semaine.

relance

Qui dit garder le ballon dit aussi le récupérer le plus vite possible. En cela, l'OL a perfectionné contre Angers le contre-pressing déjà observé à Monaco. Il est notamment à l'origine du premier but d'Houssem Aouar

Enfin, les prémices du jeu de position sont visibles à travers la volonté de générer une supériorité numérique derrière la ligne attaquée. Si la ligne de pression est franchie, alors les offensifs lyonnais sont en plus grand nombre que les défenseurs adverses, et un homme libre peut ainsi être trouvé. C'est une situation similaire qui amène le but du 3-0 de Memphis Depay

TDAB

Mercredi en conférence de presse, Sylvinho parlait de « l’idée d’un jeu codifié ». En voici donc l'ébauche, entre structure, permutations, et organisation avec ballon. Ce jeu de position est complexe à installer et demande du temps. 

Difficultés dans la jonction avec l’attaque

Le jeu de position se met en place, notamment dans les premiers circuits de relance. Généralement, le ballon suit l'itinéraire défenseurs centraux - milieu défensif - latéraux. Cependant, quand il faut franchir la seconde ligne de pression et toucher les relayeurs, l'OL a du mal. Ainsi les 66% de possession des Lyonnais sont concentrés majoritairement dans les passes entre les joueurs reculés. Les Rhodaniens peinent à s'installer dans le camp adverse et cela se vérifie statistiquement. Comme contre Monaco, les deux défenseurs centraux et le milieu défensif sont les trois joueurs qui touchent le plus de ballon (Jason Denayer, 122 ; Joachim Andersen, 124 ; Lucas Tousart, 124). Pire, Tousart n'a effectué que 8 passes dans les trente derniers mètres, alors que Thiago Mendes n'a touché que 43 fois le ballon durant toute la partie.

Screen passes

Il en résulte une création moindre d'occasion, d'où la statistique : 1.5 expected goal. On peut pointer du doigt plusieurs facteurs pour expliquer ces difficultés. 

  • Tout d'abord, Lucas Tousart. Si l'ancien valenciennois affiche un niveau supérieur à celui de la saison passée sur ces deux premiers matches, il y a fort à parier qu'il ne devienne jamais un meneur de jeu en retrait. Son corps est, à de rares exceptions près, toujours orienté dos au but, et il n'effectue pas particulièrement de scan de l'espace avant de recevoir le ballon. Il doit donc analyser la situation a posteriori, une fois le cuir en pied. Une situation qu'il analyse souvent mal, puisqu'il ne temporise jamais pour trouver des lignes de passes, favorisant des courses latérales avec le ballon. Dès qu'un joueur sort sur lui, il préfère généralement donner latéralement ou en retrait plutôt que de prendre un risque qu'il aurait anticipé s'il avait scanné l'espace avant. Pourtant, les solutions pour faire avancer le jeu existent face à lui, et en l'absence de pression, il lui arrive d'avoir le temps de se retourner et de donner le ballon devant. Les rares fois où il le fait, l'OL se montre dangereux. Sur le premier but de Memphis, Tousart réussit à trouver Aouar, qui est excellent ensuite avec le jeu en face. Mais pour amener le ballon dans cette zone et donc se créer plus d'occasions, il faudra sûrement un joueur plus organisateur. 

TDAB

  • Ensuite, le placement des latéraux interroge. Hormis les deux relayeurs, les Lyonnais disposent de peu de solutions pour faire avancer le jeu plus haut. Sylvinho avait expliqué qu'à l'OL « les joueurs avaient assez de talent devant pour trouver des cheminements de passes ». En d'autres termes, les joueurs doivent créer grâce à leur supériorité technique, des espaces plus hauts sur le terrain. La relance d'Andersen, le sens du jeu de Memphis et Aouar ou encore les appels de balles de Moussa Dembele suffisent pour l'entraîneur brésilien à exploiter les failles du bloc adverse. Si les faits lui donnent raison pour l'instant, il faudra voir comment il s'adaptera quand l'équipe retrouvera une efficacité normale, et ne se contentera plus de quelques bons ballons pour faire trembler les filets. 
  • Enfin, le rôle des défenseurs centraux. Si ceux-ci, comme expliqué ci-dessus, peuvent être amenés à exploiter les failles du bloc adverse, ils n'ont pas la tâche d'en créer. Ils restent ainsi bas sur le terrain et se contentent majoritairement de transmettre le ballon à Tousart ou aux latéraux. Leur travail dans la création d'occasions est minimisé, et les conséquences sont collectives. En l'absence de conduccion par exemple (action de porter le ballon pour fixer l'adversaire), le bloc de l'opposant reste intact, donc difficile à pénétrer. Une statistique comme celle ci-dessous est ainsi à relativiser. L'OL ne prend pas de risque, fait tourner le ballon derrière, et attend la faille à exploiter. 

Et maintenant ?

Sylvinho est en train d'installer un jeu de position à l'OL, qui se heurte à certaines contraintes. Que faut-il imaginer pour la suite ? Tout d'abord, on peut se satisfaire de voir une équipe en constante progression, tant offensivement que défensivement. À l'entraînement, des schémas d'attaques précis seront sûrement travaillés, puis perfectionnés, afin que les joueurs créent les espaces sans un apport constant des latéraux. On peut aussi deviner que certaines relations sur le terrain vont naître alors que le côté Youssouf Koné - Aouar - Memphis fonctionne déjà plutôt bien, favorisant la création d'occasions. L'arrivée de Jeff Reine-Adélaïde devrait rebattre les cartes au milieu, et permettre à Mendes de prendre la place de Tousart en milieu reculé. La jonction avec le haut du terrain pourrait ainsi gagner en fluidité. 

Le recul dont on dispose aujourd'hui est de toute manière trop court. Sylvinho n'a de cesse de répéter qu'il faudra quatre ou cinq matches pour que l'équipe soit prête. Pour l’instant seules des interrogations subsistent. Compte-t-il s'appuyer plus sur ses défenseurs sur attaques placées à l'avenir ? Si de mauvais résultats s'enchaînent, les joueurs auront-ils la patience de tenir leur position comme ils le font actuellement ? Quoi qu'il en soit, ces deux premières victoires permettent de travailler sereinement, et l'unité de pensée qui semble naître chez tous les acteurs du club est de bon augure pour la suite.

À propos de l'auteur

Cet article a été rédigé par MA_OL23, membre du Café du Commerce OL.