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John Textor... vu d'ailleurs – Episode 1 : Le Brésil

Le 29.06.2022 par AymericCdC

Ça y est, l’OL a été racheté (bon, pas vraiment, cela devra être confirmé au quatrième trimestre 2022, mais, par souci de simplicité, nous allons faire un petit raccourci) et l’heureux gagnant est John Textor. Dans cette série d’articles, nous n’allons pas parler de la future enveloppe mercato de l’OL découlant de l’arrivée de ce nouveau propriétaire, pas non plus de l’éventuelle utilisation de LBO pour financer l’achat de parts par ce gai-luron américain (principalement car nous n’avons aucune information sur le sujet) mais de comment est vu John Textor par les supporters et suiveurs des clubs qu’il a déjà rachetés, que ce soit partiellement ou quasi-entièrement.

Pour ce premier épisode nous allons nous arrêter au Brésil, plus particulièrement à Rio de Janeiro, la “Cidade Maravilhosa”, ville du club de Botafogo, le Botafogo FR, que John Textor vient de racheter à 90% au début de l’année 2022. Vamos là!

Vous pouvez accéder à la version en portugais brésilien de cet article en cliquant ici. Você pode acessar a versão deste artigo em português do Brasil clicando aqui.

La réforme de la CBF

Alors avant de commencer à parler de John Textor, nous allons remettre un peu en contexte l’achat de ce dernier. 

Rogério Caboclo, président de la CBF (Confederação brasileira de futebol - Fédération de Brésil de football) entre 2019 et 2021 vient d’être démis de ses fonctions, empêtré dans des affaires de harcèlement sexuel et moral. Celui-ci vient d’être remplacé par Ednaldo Rodrigues qui, dès le début de son mandat, est en prise avec un énorme dossier : la restructuration totale de la fédération brésilienne de football. 

Jusqu’à présent, les clubs brésiliens étaient obligatoirement des associations dont les directeurs étaient élus par les socios. Dorénavant, ce n’est plus le cas, grâce à la loi 14.193/2021 d’août 2021 qui crée le statut de Sociedade Anônima do Futebol (SAF), équivalent des ​​Sociétés anonymes sportives professionnelles en France. 

Cette réforme permet aux clubs de passer du statut d’association à celui d’entreprise et ainsi de se faire racheter par des investisseurs, notamment étrangers (mais aussi verser des dividendes, de rémunérer les dirigeants, voire même de coter le club en Bourse). Attention, et cette information aura de l’importance plus tard, avant que les nouveaux propriétaires ne se distribuent des dividendes, cette nouvelle loi stipule que les dettes doivent être honorées, grâce notamment aux potentiels bénéfices dégagés par la SAF. 

Depuis, c’est l'effervescence ! Ronaldo, Il Fenomeno, a racheté à la fin de l’année 2021 le club de Cruzeiro (qui venait de descendre en Serie B brésilienne), John Textor a lui acquis 90% des parts du club de Botafogo et 777 Partners - qui vient d’acquérir le club du Red Star et détient déjà le Genoa et des parts au Séville FC - serait sur le point d’acheter le club de Vasco de Gama, aussi en deuxième division brésilienne… tout comme Bahia qui devrait être racheté par le City Group, propriétaire notamment de Manchester City. C’est un énorme soulagement pour une grande quantité de clubs, tant ceux-ci étaient en proie à d’importantes difficultés financières - bien que beaucoup hésitent encore à sauter le pas. Ainsi, Vasco, Botafogo et Cruzeiro cumulaient à eux trois 442 millions de dollars de dette en 2020 d’après Sport Value. 

Un rachat ambitieux

En janvier 2022, John Textor, homme d’affaires américain ayant notamment fait fortune grâce aux effets spéciaux, la réalité virtuelle ou encore le streaming légal dans le football, a racheté 90% des parts en promettant l’investissement minimal de 400 millions de réais au cours des 10 premières années (environ 77 millions d’euros), dont 100 millions la première année, 100 millions la deuxième et 50 la troisième. 

Plus précisément, John Textor a racheté l'entièreté de la section football de l’association qui, elle, détient toujours 10% des parts et la charge des sports olympiques ainsi que la gestion des infrastructures sociales et des espaces physiques. Le nouveau propriétaire s’est engagé à rester sur une durée minimale de 7 ans. Par ailleurs, il aura assuré les dettes du club jusqu’à 1 milliard de réais en se portant garant. En cas de dettes, il a 10 ans pour les éponger, sans quoi il ne pourrait vendre le club. 

Les 400 millions de réais ont déjà permis d’assainir la situation financière du club qui était en grande difficulté, mais pas seulement (remboursement de certaines dettes, plans rééchelonnement, etc.). Cet assainissement et l'afflux d’argent neuf ont permis d’investir dans le champ sportif en signant de nouveaux contrats pour les joueurs mais aussi en attirant des nouveaux joueurs durant le mercato. Ainsi, entre mars et avril 2022, Botafogo a dépensé environ 12 millions d’euros pour recruter de nouveaux talents, dont 6 millions d’euros pour le seul Patrick de Paula, transfuge de Palmeiras. Ces sommes sont colossales pour un club brésilien. Par ailleurs, il convainc l’entraîneur Luis Castro, ancien coach du Shakhtar Donetsk et du FC Porto, de le rejoindre. 

Durant les premiers mois, s’il a grandement amélioré l’effectif, il a aussi lancé un projet de nouveau centre d’entraînement, projet pour lequel il a déjà visité plusieurs terrains notamment, et un second visant à rénover en profondeur le stade olympique Nilton Santos, afin notamment d’augmenter l’affluence pour les matchs, et ainsi augmenter les résultats financiers du club. 

Mais John Textor ne souhaite pas s’arrêter en si bon chemin, comme nous le décrit André Gallindo, journaliste et reporter pour Globo :

"Si le contrat garantit une contribution minimale de 400 millions de réais, le nouveau propriétaire a garanti dans plusieurs interviews que, si nécessaire, il ferait plus d'investissements, en dehors des obligations contractuelles".

Un club historique à bout de souffle

Pour cet article, j’ai donné la parole à deux supporters de Botafogo et un journaliste sportif s’intéressant de près au club. Avant de retranscrire leurs impressions quant au rachat et au projet de Textor, il est nécessaire de se replonger dans l’histoire de l’Estrela Solitária. 

Comme expliqué par André Gallindo :

"Botafogo était l'un des principaux clubs brésiliens dans les années 1950 et 1960, rivalisant même avec le Santos de Pelé. Botafogo, pendant cette période, fournissait de nombreux joueurs à l'équipe nationale brésilienne (on peut penser à Didi, Garrincha ou encore Jairzinho), notamment pour la coupe du monde 1958".

Depuis, les moments de gloire arrivent au compte-gouttes, avec par exemple la conquête du championnat brésilien en 1995”. Botafogo remporte aussi une Copa CONMEBOL (ancêtre de la Copa Sudamericana, Europa League locale) en 1993 et est finaliste de la Coupe du Brésil en 1999. Cette même année, le club figure dans la liste FIFA des meilleurs clubs du xxe siècle, au 12e rang. 

Sauf que depuis, la situation sportive, financière mais aussi administrative du club est très complexe. Les salaires ne sont pas payés, la qualité de l’effectif baisse, n’arrivant plus à attirer de bons joueurs, et le stade se vide. Après avoir plusieurs fois flirté avec la relégation, Botafogo descend en deuxième division une première fois en 2002. Les dettes s’accumulent et la capacité d’investissement du club se détériore. 

Après une certaine période d’accalmie et quelques bons résultats au niveau de l’Etat de Rio de Janeiro, la situation sportive et économique se détériore de nouveau, comme nous le narre Igor Navarro, supporter de Botafogo :

"Nous avons vécu de très mauvais moments entre 2014 et 2021. Botafogo a été détruit par des administrations d’amateurs et de corrompus, ce qui a fini par générer deux relégations (en 2014 et 2020)".

Botafogo n’est plus aux prises avec les cadors brésiliens pour lutter pour les titres ou encore pour se qualifier pour les coupes continentales.

Depuis, les supporters de Botafogo sont en attente d’un second souffle et nombreux sont ceux qui espèrent un rachat afin de redonner à leur club leur lustre d’antan. Si le précédent président, Nelson Mufarrej, s’opposait à un possible rachat et à la transformation du club en SAS (d’après lui, Botafogo ferait faillite en cas de transformation du club en entreprise), le président en place depuis 2020, Durcésio Mello, a pris ce dossier en main et a réussi à trouver un repreneur, après une première approche de la part du groupe Red Bull, repoussée comme nous l’explique Herbert Borges, fan de Botafogo :

"Le Botafogo attendait le rachat depuis plusieurs années. Ils ont demandé des garanties sportives et institutionnelles. Certains investisseurs (Red Bull notamment) ont parlé avec Botafogo mais personne ne voulait que le club soit un satellite d’un autre club".

Rendre sa fierté aux supporters de Fogo

Depuis l’arrivée de John Textor à la tête du club, les supporters sont enthousiastes. Bien qu’initialement méfiants, médias comme fans ne connaissant pas cet investisseur, John Textor a rapidement démontré qu’il souhaitait rendre le club plus compétitif grâce à des investissements importants, permettant notamment de solder les dettes, de moderniser les infrastructures sportives et de construire un effectif de qualité. En effet, dès les premières semaines, il s’est employé à associer les actes aux paroles en investissant massivement durant la fenêtre des transferts en début d’année.

André Gallindo nous raconte ainsi :

"C'est dans ce contexte qu'apparaît Textor. C'est le signe, la lumière... Il apporte de l'argent pour rendre aux supporters leur dignité, repositionner le club, puisque Botafogo n'était pas attractif pour les grands joueurs. Il veut rendre au club sa compétitivité et surtout l'espoir pour les fans".

John Textor, bien qu’ambitieux pour Botafogo, demeure réaliste : il souhaite stabiliser le club en première division dans un premier temps et faire de Botafogo un candidat aux places continentales (qualificatives pour la Copa Libertadores ou la Copa Sudamericana) d’ici 2 ou 3 ans. Dans ses propos, il annonce souhaiter s’inscrire pour la durée et continuer à investir, que ce soit dans les infrastructures (et notamment le centre de formation) ou durant les prochains mercatos, afin de faire de Botafogo un candidat au titre à moyen terme. Cependant, comme il l’a développé, cela dépendra des résultats sportifs et bien évidemment financiers du club. 

Si ses différents investissements rassurent les fans de Botafogo, ces derniers semblent aussi apprécier cette stratégie réfléchie et constructive, comme nous le raconte Igor Navarro :

"Malgré les problèmes, notre Ligue nationale est très difficile à jouer. Petit à petit, nous devons construire une équipe forte, jeune et prometteuse. Notre objectif est de revenir en Libertadores en 2024. Au fil du temps, nous voulons jouer des championnats de manière saine et durable et pas seulement mettre des millions et des millions sans avoir d'avenir".

Les supporters, tout comme ceux de l’OL, ont rapidement enquêté sur John Textor pour comprendre d’où venait son argent et se faire une idée de qui est cet homme qui souhaite redorer le blason de leur club :

"Personne ne connaissait Textor. Les gens ont commencé à enquêter à son propos par rapport à ses activités antérieures et son image a rapidement évolué. Ils se sont rendu compte que Textor n’était pas un mécène et qu’il connaissait le football, qu’il disposait d’expérience grâce à ses activités dans d’autres clubs. Il sait comment marche le football et souhaite apporter cette expérience avec lui" nous enseigne Herbert Borges. 

Un grand coup de ménage ? 

Une question que de nombreux Lyonnais se posent suite à l’annonce du rachat partiel de leur club par John Textor est : va-t-il faire le ménage au sein du club ? Qui va être gardé ? Va-t-il vouloir imposer sa patte ? 

Ces questions, les fans de Botafogo se les sont posées aussi. Rapidement, ils ont eu des éléments de réponse. En effet, quelques semaines après son arrivée, Enderson Moreira, entraîneur de Fogo qui est parvenu à faire remonter le club en première division (Botafogo ayant remporté la série B en 2021), est remplacé par Luis Castro, technicien portugais provenant du championnat qatari que Textor a personnellement choisi et convaincu. Enderson Moreira est alors nommé entraîneur de l’équipe des U23. Il devrait rejoindre Bahia dans les prochains jours pour être l’entraîneur numéro 1. 

Si cette décision rapide (et un peu violente pour Enderson Moreira) peut inquiéter, John Textor a ensuite démontré une véritable volonté de professionnaliser le club et de le structurer. Botafogo ne peut plus être organisé et fonctionné comme une association.

Si certaines personnes impliquées dans l’association voient leur fonction décroître voire être poussées vers la sortie du fait de leur incompétence (voire de leurs malversations), la restructuration ne passe pas forcément par le départ de tous les cadres de l’association, comme nous le raconte Herbert Borges :

"Il a maintenu le Directeur Général du club, Jorge Braga (qui a joué un rôle fondamental dans le rachat du club par Textor). Il a fait des propositions à d’autres personnes compétentes dans l’association pour qu’ils prennent des charges au sein de la nouvelle structure, pour prendre d’autres responsabilités ou plus de responsabilités et ce, de manière professionnelle. Il souhaite rendre le club de Botafogo différent des autres clubs brésiliens, plus structuré, professionnel".

D’autres éléments extérieurs, comme André Mazzuco, nouveau Directeur du Football passé par Vasco et Cruzeiro, sont venus renforcer l’équipe en place.  

Cette volonté de professionnaliser le club mais aussi de garder certaines personnes compétentes a été très bien accueillie par les supporters. Il a renforcé (voire créé) plusieurs départements du club, et notamment celui des recruteurs, et s’implique au quotidien dans la gestion du club et ce, bien au-delà de simples apparitions en tribune, comme nous le narre Herbert Borges :

"Textor est toujours en contact avec le président, le directeur sportif, l’entraîneur mais aussi les scouts pour valider les profils lors des processus de recrutement. Il a mené les négociations pour le recrutement de plusieurs joueurs qui ne seraient pas venus à Botafogo sans lui. Il est aussi souvent en contact avec le département technologique, du fait de sa culture nord-américaine des datas, ces données étant maintenant utilisées de manière intense à Botafogo".

Espérons que John se penche aussi sur la cellule de recrutement de l’OL que l’utilisation des statistiques avancées pour cibler des profils de joueurs remplace la fainéantise ou le copinage avec certains agents… 

Une autre de ses volontés est d’améliorer l’utilisation des infrastructures sportives et notamment son stade pour augmenter à la fois l’affluence pour les matchs mais aussi les retombées financières et cela passe nécessairement par une modernisation du stade olympique Nilton-Santos. Les premiers résultats sont probants : depuis son arrivée, le nombre d’abonnés a quasi doublé (de 26 000 à 40 000 en trois mois) et il a fixé comme objectif d’atteindre de manière régulière une affluence entre 55 000 et 60 000 personnes, ce qui serait quasi inédit pour le club. 

Il souhaite aussi renégocier les droits TV pour le club qui ont été initialement très mal vendus. Son idée est de vendre collectivement ces droits et non plus club par club afin d’avoir un poids plus conséquent lors des négociations et obtenir un meilleur deal. 

Si John Textor s’est montré hyperactif dès les premiers mois, peut-on pour autant imaginer une telle activité de l’investisseur américain du côté de Décines ? Non, d’après André Gallindo :

"Malgré le rachat de Lyon, il a toujours dit que Botafogo était sa priorité. Aulas va rester à la tête de l’OL au moins 3 ans et Textor va se concentrer sur Botafogo, ce qui rassure les supporters".

Si certains fans de Botafogo ont pu initialement s’inquiéter, Herbert Borges partage le point de vue du journaliste :

"Après l’achat de Lyon, les supporters se sont posé des questions, ils ont eu peur que cela viennent distendre les liens entre Textor et Botafogo. Mais pour autant, le grand projet de Textor c’est Botafogo, il a 90% des parts du club. Botafogo est un club géant. Le grand projet sportif c’est lui".

D'ailleurs, lui-même a expliqué qu'il ne gérerait pas de la même façon ses différents clubs lors d'une interview le 23 juin 2022 pour Globo TV :

"Je n'ai pas la même responsabilité avec Crystal Palace et même avec Lyon qu'avec Botafogo. Ce qui se passe à Botafogo est de mon entière responsabilité". 

Textor, le Aulas brésilien ?

Si les Lyonnais ont pu avoir un aperçu rapide de l’image renvoyée par John Textor lors de la conférence de presse (interminable) du 21 juin 2022, les Brésiliens ont quant à eux ont une vision plus claire du personnage :

"Il adore paraître, il adore parler, il adore Twitter. Il parlait aux journalistes et supporters durant les négociations pour qu’on le connaisse mieux", nous explique Herbert Borges.

Ah, ça ne vous rappelle personne ? Pour André Gallindo :

"Il sait jouer avec les émotions des gens et sait parler aux fans de Botafogo qui manquent de tout : de titre, d’argent, de joueurs, de résultats… Mais c’est un mec intelligent, il sait comment les supporters fonctionnent. Il se rend aux matchs, il prend le drapeau, il pleure, il rigole, il boit et mange de la nourriture brésilienne. Il montre qu’il s’investit, qu’il tient au club. Il a une bonne image. Pour l’instant il est très apprécié".

Tant apprécié qu’il a été nommé citoyen de l'État de Rio par l'assemblée législative.

Une ligne directe avec les supporters, une activité importante sur Twitter, beaucoup de storytelling, des interventions à rallonge et les arbitres comme cible principale. Nous ne devrions pas être trop dépaysés. 

La naissance de la famille Textor ? 

Est-ce que le rachat partiel de l’OL par Textor va faire entrer le club 7 fois champions de France dans une “galaxie de clubs” comme nous le laisseraient croire les encarts publicitaires du stade Nilton-Santos ? 

En tout cas, des premiers échanges ont déjà lieu entre Botafogo et les autres clubs de Textor. Ainsi, Sebastian Joffre, joueur bolivien de l’équipe U23 de Crystal Palace, vient de rejoindre Botafogo en prêt. Et si ce n’était qu’un début ? Le club brésilien pourrait même plus facilement attirer les talents brésiliens, Botafogo pouvant représenter pour eux une passerelle parfaite pour décoller vers l’Europe. C’est en tout cas ce que pense Herbert Borges :

"C’est tout à fait possible d’avoir des transferts entre les clubs. Mais on ne sait pas comment ça se passera (prêts, transferts à prix réduit, etc.). Les joueurs de Botafogo peuvent rêver d’Europe et il peut y avoir des liens de progression entre les joueurs et les clubs de Textor, il peut y avoir des préférences aussi".

Mais attention, car, comme celui-ci nous le précise, ce ne sont que des suppositions et Textor a bien dit que Botafogo ne devait pas alimenter d’autres clubs, que ce ne serait pas un satellite d’un autre club. Il ne compte pas imiter les modèles mis en place par les groupes City ou Red Bull. Le nouveau propriétaire de Botafogo a d’ailleurs précisé qu’il souhaitait que les joueurs brésiliens partent moins tôt du pays afin qu’ils continuent à progresser dans les clubs brésiliens et qu’in fine ils rapportent plus d’argent lors de leur transfert. 

John Textor parle souvent de communauté et les dirigeants du RWD Molenbeek et de Crystal Palace ont déjà rendu visite au club de Botafogo. Au niveau plus technique et footballistique, des collaborations, des partages d’expériences et d’informations s’organisent notamment entre les départements de scouts, notamment de Crystal et de Botafogo. 

Des premiers échanges entre les groupes de supporters se mettent aussi en place aussi surtout de manière informelle, ce qui m’a notamment permis de discuter avec de nombreux fans de Botafogo que je remercie. Ces derniers m’ont d’ores et déjà glissé quelques noms de joueurs à surveiller chez eux, et notamment Matheus Nascimento, attaquant de 18 ans, qu’Igor Navarro m’a chaudement recommandé. 

 

Quoi qu’il en soit, tout est pour l’instant assez superficiel et nous devrions y voir plus clair cet été quant à des possibles transferts et/ou prêts de joueurs entre les quatre clubs de la “Famille Textor” et une plus grande synergie globale. 

Et les résultats ? 

L’arrivée de John Textor a permis un gros coup de projecteur sur Botafogo, tout le monde au Brésil regarde le club et le moins que l’on puisse dire c’est que les résultats sont en dents de scie : le club a enchaîné 6 matchs de suite invaincu en début du championnat puis 4 défaites, 2 victoires et une nouvelle défaite ce week-end contre Fluminense.

Botafogo se classe pour l’instant dixième, ce qui reste honorable pour un promu, bien qu’il soit difficile de ne considérer les noirs et blancs seulement comme des promus tant ils ont investi sur le marché des transferts. Outre le classement, ce qui est davantage alarmant est le niveau de jeu et l’ambition sur le terrain, notamment lors du match contre Fluminense. 

Et certains supporters ont déjà commencé à s’agacer, tant l’attente est grande chez les fans. En effet, La furia, une des torcidas organizadas (c’est le nom que se donnent eux-mêmes les ultras au Brésil) les plus importantes de Botafogo a fait irruption début juin dans le centre d’entraînement suite aux quatre défaites de rang pour mettre la pression sur les joueurs et sur l’entraîneur. 

Attention cependant à ne pas extrapoler cet événement, comme nous l’explique André Gallindo :

"Beaucoup d’autres fans n’ont pas compris ce geste. John Textor vient d’arriver et a rendu la fierté aux supporters".

De plus, ces méthodes sont assez fréquentes au Brésil, notamment à Botafogo lorsque le club n’était qu’une association. Les supporters étaient alors beaucoup plus impliqués dans la prise de décisions. Aujourd’hui, il est beaucoup plus difficile d’envisager et d’accepter ce genre d’intervention. 

Bien qu’il soit un peu tôt pour tirer des conclusions quant à son impact à Botafogo sur le moyen-long terme, on peut déjà affirmer que John Textor a profondément changé le club, que ce soit via sa professionnalisation ou grâce encore à la fierté rendue aux supporters. Mais pour combien de temps ? D’après les personnes avec qui j’ai pu parler, tout ça demeure encore flou et dépendra en grande partie des résultats sportifs et, forcément, des résultats économiques, intimement liés à la réussite sur le terrain de l’équipe de Botafogo.

Agit-il de la même façon à Crystal ? à Molenbeek ? Tente-t-il de tout révolutionner ? Vous aurez quelques éléments de réponse dans les prochains jours grâce à deux nouveaux articles portant sur l’image de Textor en Angleterre et en Belgique. 

Fonctionnera-t-il de la même façon à l’OL ? Va-t-il vouloir imposer son style à Décines ? Laissera-t-il les mains libres à Jean-Michel Aulas ? Pour avoir des éléments de réponse, cette fois, il est Textor pour se prononcer, il faudra être patient, très patient. Un nouveau défi attend l’Olympique Lyonnais et celui-ci est aussi excitant qu’inquiétant.

 

Merci infiniment à André Gallindo, Herbert Borges et Igor Navarro pour leur gentillesse, leur temps et leurs informations. Grande abraço.

À propos de l'auteur

Cet article a été rédigé par AymericCdC, membre du Café du Commerce OL.