Juninho, un retour qui se fait attendre
Le 15.03.2018 par tyfounIl est parti un soir de mai. Juninho, c'est le joueur à la lyonnaise par excellence : simple, honnête, et qui ne triche pas avec les supporters. Et depuis qu'il est parti, les lyonnais réclament son retour. Depuis plus d'un an le Président Jean-Michel Aulas a ouvert la porte de façon claire. Un retour... oui, mais comment ?
Le départ d'une icône
Il y a des soirs que l'on garde gravé à jamais dans un coin de sa tête. Ces souvenirs que l'on chérit et qu'on ne laisserait partir pour rien au monde. Pour beaucoup de supporters lyonnais, le 23 mai 2009 en est un de ceux-ci. Tous ceux qui ont vécu ce moment, que ce soit au stade ou devant leur télévision, garderont cette soirée bien au chaud dans leur tête... et dans leur cœur.
Juninho est un de ces hommes qui ont marqué l'histoire du club par leur simplicité et leur envie. Il est le symbole de cette équipe : par sa rage de vaincre, son intelligence de jeu, il a guidé l'OL à travers ses plus belles années. Il dit jouer pour les supporters alors le public lui rend. Une histoire d'amour naît entre Rhône et Saône, sur la pelouse de Gerland le roi Juni la grave en lettres d'or. Juninho reste aussi dans l'histoire à travers ses fusées expédiées de son pied magique. Ses coups-francs qui faisaient taire tout un stade. Il aura fusillé les meilleurs gardiens du monde, offert à Lyon des moments sublimes en Ligue des Champions.
Juni c'était le roi, le dieu, un statut unique à Lyon. Une place unique dans le cœur de tous les lyonnais, des plus jeunes aux plus âgés. Alors ce 23 mai quand l'éternel numéro 8 sort du terrain, les larmes sont aussi nombreuses dans ses yeux que dans ceux de chaque lyonnais. Le match se termine, il se rend au virage Nord dire un dernier au revoir aux supporters, et le virage se met à genoux devant le maître et le supplie de rester pour un huitième titre, de finir à Lyon. Et Gerland chante une dernière fois "JU NI NHO la la la la la PERNAMBUCANO la la la la laa". Il part les larmes aux yeux, avant de céder son dernier maillot à un Bernard Lacombe lui-aussi en larmes. Le roi Lyon s'en est allé...
Après son départ, petit à petit, les langues se délient. Juni le dit : il aurait voulu finir à Lyon. Il le confie à l'Équipe TV : Lyon c'était sa ville, il devait s'arrêter là-bas. À l'époque Rémi Garde est en place et Juni vante tous les mérites de cet homme de la maison qui travaille sur de bonnes bases, les valeurs du club, contrairement à un Claude Puel qui avait préféré l'impact physique à la vista. À ces mots les supporters lyonnais le voient : Juni n'a rien perdu de son football, de son envie de la gagne. C'était un milieu intelligent avec une science tactique innée, alors pourquoi pas un grand coach ? L'idée commence à germer chez les supporters lyonnais...
Mais sous l'ère Rémi Garde, les gones sont heureux du visage affiché par l’équipe et l'idée ne presse pas encore. Puis en 2014 Rémi remet sa démission et dans le même temps, Juninho prend sa retraite en tant que joueur. Les supporters s'enflamment. Les idées les plus folles émergent dans les têtes.
Une arrivée qui se prépare en coulisse ?
Alors quand Edmilson y va de sa petite déclaration disant que le prochain coach doit être Juninho et que Cris dit dans le même temps vouloir venir s'installer dans le staff lyonnais, une idée vient affoler la toile. Et si ce duo venait prendre la tête de l'équipe première ? Joël Bats en prête-nom et les deux stars à la tête du staff lyonnais. Mais voilà, les anciens joueurs ne se disent pas prêt. Juni veut souffler et Cris souhaite passer ses diplômes. L'été 2015 ne viendra pas arranger les choses : le premier juillet la Fédération interdit l'usage de prête-nom. Le retour attendra. Au moment où les gones s’apprêtent à dire adieu à Gerland, Juninho se dit prêt à passer ses diplômes et à envisager de venir un jour s’asseoir sur le banc de l’OL. Ce premier retour devant le public lyonnais, ainsi que sa première mi-temps passée en tribune avec les BG87 après 8 ans d’absence, ravivent la flamme et montrent à quel point l’admiration des gones pour leur numéro 8 est éternelle.
Le départ d’Hubert Fournier intervient très peu de temps après mais la rumeur Juninho sera beaucoup moins insistante que lors du précédent changement de coach. L’interdiction des prêtes-noms imposant plus de mesure aux lyonnais qui ont bien compris que Juninho, ça ne serait pas pour tout de suite. Bruno Genesio prend alors la relève pour ce qui ressemble à un intérim en attendant le brésilien.
Quand les résultats viennent à manquer à Bruno Genesio en janvier 2017, les demandes de départ du coach s'accentuent sur les réseaux sociaux. Et les supporters lyonnais n'ont alors pas oublié que le brésilien n'est pas loin d'avoir fini de passer ses diplômes. Ils le réclament, et le peuple lyonnais se met à rêver d'un Juninho trônant sur le banc de l'équipe professionnelle.
Depuis un an sur le banc du Real Madrid, Zinedine Zidane a su démontrer qu'un coach n'était pas seulement quelqu'un d'expérimenté mais aussi quelqu'un avec une aura, une passion. Et ça, le numéro 8 en possède plus que tout autre lyonnais. Il symbolise cette envie de gagner, il a le respect de tout joueur passant par l'OL car il incarne l'OL qui gagne. De plus, son compère le Policier est entraîneur des jeunes depuis quelques temps à l'Académie, il pourrait lui transmettre son expérience. Caçapa a lui aussi pris place dans le staff pro depuis janvier 2016. Les lieutenants semblent en place et tout semble fait pour inviter Juninho à revenir entre Rhône et Saône.
Dans un entretien accordé à l’équipe en avril 2017, Juninho ouvre la porte à un retour au poste d’entraineur « S’il y a un bon projet, oui (…) mais il faudrait un plan et avoir du temps pour travailler ». Faisant preuve de sagesse, il refuse de commenter la situation de Bruno Genesio. Alors que celui-ci est prolongé en mai 2017, Jean-Michel Aulas ouvre une toute autre porte : l'OL travaille au recrutement d'un Directeur Sportif, et il ne cache pas être allé au Brésil. Cette déclaration va raviver la passion de tous les lyonnais et va animer l'été. Tous veulent voir revenir Mr Juninho, peu importe le poste. Ils se disent que cet homme permettra à l'OL de retrouver sa hargne et sa rage de vaincre.
Le président a sorti cette histoire de Directeur Sportif après la déconvenue face à l'Ajax et quand il était sûr que l'OL ne terminerait pas sur le podium. Alors la fibre nostalgique, avec Juninho, était-elle un simple leurre médiatique ? Celle-ci a d’ailleurs été utilisée fréquemment en début d’année lorsque les résultats manquaient avant de partir aux oubliettes lorsque les résultats sont revenus. Aujourd'hui, alors qu’ils replongent, les lyonnais n'ont pas oublié et le retour de l'ancien capitaine apparaît comme un mirage agité pour calmer les supporters cet été, étouffant la prolongation de Bruno Genesio.
Et si c'était Juninho, finalement, qui bloquait les démarches ? Plusieurs hypothèses ont été avancées par les différents médias. On entend ainsi dire que le magicien des coups-francs garderait des mauvais souvenirs du fisc français. Il y a aussi le problème de son contrat en cours avec Globo, la chaîne brésilienne. Et enfin il y a peut-être la peur de perdre son aura auprès des supporters, la peur d'échouer et de décevoir le peuple lyonnais qui en attend peut être trop de lui.
Réussir son retour
Il bénéficie d'une image à Lyon comparable à celle de Zidane au Real. Mais le numéro 10 des bleus a pris le temps d'apprendre aux côtés de Carlo Ancelotti, passant un an et demi sur le banc auprès de l'italien avant de prendre les rênes de l'équipe professionnelle. À Lyon, donnera-t-on vraiment le temps à Juninho d'apprendre ?
Son retour est une rumeur depuis presque deux ans, et est évoqué par le président depuis cet été. Alors les supporters accepteront-ils vraiment de voir leur idole jouer les seconds rôles ? Sans compter que certains lyonnais ne l'imaginent pas vraiment au même poste que leur Président. Quand certains le verraient bien assis sur le banc, lui le voudrait en tant que Directeur Sportif.
Et pourtant aux deux postes, quel est l'expérience de Juninho ? Aucune. Nul ne doute de l'aura qu'aurait ce joueur assis sur le banc de l'équipe professionnelle et de l'inspiration qu'il fournirait aux joueurs. Mais il n'a aujourd’hui aucune expérience à un poste de tacticien ou de gestionnaire de groupe. La solution de l'OL n'est-elle pas de préparer Cris à devenir son adjoint pour l'aider sur les différents aspects où Juninho manquerait d'expérience ? Le Policier est installé depuis près de deux ans sur les bancs des équipes de jeunes et apprend petit à petit la vie de coach. Avec moyennement de réussite. Claudio Caçapa et Grégory Coupet installés sur le banc des pros ne sont-ils pas également un signe que l'OL fait tout pour mettre Juninho dans les meilleures conditions, pour lui donner envie de revenir ?
Quant au poste de Directeur Sportif, il faut savoir gérer une structure complète et là aussi le manque d'expérience pourrait être dangereux. Mais il y a un autre aspect sur lequel le brésilien pourrait tirer son épingle du jeu : le réseau. En effet l'ancien joueur de l'OL a eu tout le temps d'établir un réseau professionnel en Amérique du Sud depuis son retour à Vasco de Gama. Réseau qui pourrait permettre à l'OL de renouer avec ses premiers amours pour des joueurs Do Brasil. Jean-Michel Aulas évoquait même la possible ouverture d'une académie au Brésil en concertation avec Juninho lors de son passage à l'antenne de RMC en octobre dernier. Par ailleurs, Juninho le dit lui-même, au cours de ces « stages » pendant son diplômes il a pu voir des cellules de recrutement évoluées. Il disait : « certains clubs en Europe ont quarante ou cinquante personnes sous la responsabilité d’une seule » (L’équipe, 13 avril 2017). Un message pour Aulas ? Mais ce poste correspond-t-il aux envies du brésilien qui avait déjà dit que, lui, le coaching l'intéresserait ?
Malgré tout cela, les lyonnais qui ont connu Juninho et même les jeunes qui ne l'ont rencontré qu'à travers les récits de leurs ainés le savent : Juninho ne sera jamais rejeté en terres lyonnaises. Celui-ci a bien évidemment peur de perdre son statut d'icône, mais s'il venait à échouer à un poste il serait bien évidemment protégé par les supporters qui refuseraient de voir leur idole accusée de la faillite de leur équipe. Ils militeraient sûrement pour son maintien ou bien pour un nouveau poste pour l' ex-milieu de terrain. Juninho est et restera le symbole de l’identité lyonnaise. C’est pour cela que les lyonnais attendent si impatiemment son retour, et continueront de le réclamer tant qu’ils ne verront pas à nouveau le légendaire numéro 8, blason de l’OL sur le cœur.