Le problème Gorgelin
Le 18.05.2019 par NSOL31Mathieu Gorgelin est-il la doublure idéale pour l'Olympique lyonnais ? Il semble que non...
Il est huit heures du matin. En bon membre de la start-up nation, je sors de mon lit, tout guilleret, et j'allume mon ordinateur afin de regarder mes mails. En attendant que mon navigateur daigne ouvrir la page, je connecte mon téléphone à mon enceinte Bluetooth, et Georges Brassens se met à retentir dans mon appartement. Et, en entendant le natif de Sète chantonner dans mes oreilles, je suis pris d'une petite nostalgie. Ah, la nostalgie du temps passé, il n'y a rien de plus dangereux. Mon esprit vagabonde, et pense aux années 2000, à l'Olympique lyonnais qui roulait sur le championnat de France et où Grégory Coupet impressionnait tout le championnat. Derrière lui, il y avait un certain Rémy Vercoutre, qui ne faisait pas trembler les supporters quand il devait remplacer le numéro un. Et puis après, il y a eu Hugo Lloris, et toujours Vercoutre. Puis Anthony Lopes, et encore Rémy Vercoutre. Mais maintenant ? Anthony Lopes, et Mathieu Gorgelin. Si le standing du gardien titulaire reste très haut, celui du remplaçant, lui, semble s'être effondré. Alors, y-a-t-il un problème Gorgelin à Lyon ?
Loin des standards
Tout en dégustant mon thé vert bio équitable, je me mets à comparer mentalement les gardiens remplaçants dans les grands clubs de Ligue 1. À Paris, le niveau des deux portiers est extrêmement haut : Gianluigi Buffon et Alphonse Aréola. À Monaco, il y a un titulaire qui, malgré une baisse de niveau, est un très bon gardien, et derrière lui un portier expérimenté en la personne de Diego Benaglio. À Marseille, Steve Mandanda et Yohann Pelé sont d'un niveau que l'on jugera équivalent. Globalement, dans les trois autres clubs censés représenter le « big four » de Ligue 1, il y a une équivalence de niveau entre le titulaire et le remplaçant. Et l'on retrouve souvent le même schéma : un titulaire jeune, ou en tout cas dans la force de l'âge, et un remplaçant beaucoup plus expérimenté. C'est à Marseille que ce schéma est le moins respecté, et, hasard ou non, c'est à Marseille qu'il y a le plus de problèmes de gardiens de but.
Si l'on étend notre analyse aux grands clubs européens, on retrouve peu ou prou le même standard. En Angleterre par exemple, City possède Ederson et Bravo ; United De Gea et Romero ; Arsenal Leno et Cech ; ou encore Chelsea Kepa et Caballero. On trouve quelques fois une autre variante : un gardien dans la force de l'âge et un remplaçant jeune et prometteur. C'est le cas en France à Montpellier par exemple avec le duo formé par la valeur sûre Benjamin Lecomte et son jeune et talentueux remplaçant Dimitry Bertaud. À la Roma, le suédois Robin Olsen qui vient sur ses trente ans est doublé par le jeune Daniel Fuzato. Un troisième schéma, propre aux très grandes institutions, est la possession d'un excellent gardien titulaire et d'un remplaçant très bon, comme au Barça avec ter Stegen et Cilessen. Mais nous ôterons cette hypothèse de celles disponibles pour l'OL.
Un niveau en question
Tout cela ne serait pas un problème si Mathieu Gorgelin savait tenir son rang et était un gardien de très bon niveau. C'est vrai : l'âge n'est pas en soi un indicateur pertinent pour le niveau. Il n'est qu'élément d'analyse de situations différentes. Le seul problème, c'est que le niveau de Mathieu Gorgelin n'est pas du tout le même que celui de ses semblables. Et, comme souvent, un simple graphique vaut bien des explications. Comparons le nombre d'arrêts moyens par rencontre de Mathieu Gorgelin et de deux autres remplaçants, Alphonse Aréola et Diego Benaglio. En outre, on ajoutera Anthony Lopes pour clarifier la situation.
Mathieu Gorgelin réalise beaucoup moins d'arrêts qu'Anthony Lopes lorsqu'il est titulaire, et la différence est presque aussi sensible lorsqu'il s'agit des autres gardiens remplaçants de l'étude. Les performances de Mathieu Gorgelin sont donc assez inquiétantes de ce point de vue-là : car un gardien qui réalise moins d'arrêts, c'est un gardien qui laisse plus de frappes filer vers son but.
Les raisons du problème
Mais alors, pourquoi y-a-t-il une telle dissemblance entre le schéma prisé dans les grands d'Europe et celui mis en place par Lyon ? La raison évidente est inhérente au « copinage » et au « piston». Mathieu Gorgelin n'a pas le profil d'un gardien remplaçant, pas le niveau non plus. Les supporters lyonnais sont, très largement peu sereins lorsqu'une rencontre se dispute avec le natif d'Ambérieu-en-Bugey dans les cages lyonnaises. Et, si à vingt-huit ans, vingt-neuf en août, Mathieu Gorgelin compte moins de quarante matchs en professionnels malgré un prêt d'une saison en National sous le maillot du Red Star, c'est bien qu'il y a quelque chose qui cloche.
Mais voilà : Mathieu s'entend vraisemblablement très bien avec le staff du club où il a fait toutes ses classes. Il entretient, selon toutes les informations que nous avons pu recueillir, des excellentes relations avec la direction de l'Olympique lyonnais et avec son entraîneur. Suffisant, donc, pour attribuer sa place dans l'effectif quasiment indiscutable à ces facteurs.
Mais, fort heureusement pour les supporters lyonnais atteints de problèmes cardiaques et peu désireux de voir Mathieu Gorgelin titulaire lors d'une période où Anthony Lopes serait - on touche du bois - blessé de longue durée, l'Olympique lyonnais possède le deuxième meilleur centre de formation d'Europe, et le premier de France. Il se pourrait donc bien que dans les prochaines années, un jeune gardien vienne toquer à la porte de l'équipe première, et pousse Mathieu Gorgelin sur le départ. Et cela pourrait se faire plus vite que prévu : le nom de Malcolm Barcola résonne déjà dans les rassemblements de l'équipe nationale du Togo, lui qui se contente pour l'instant de la Youth League. Et, à plus court terme, on pourrait aussi compter sur Anthony Racioppi, le jeune portier suisse qui joue pour l'instant les triplures.