L'envie d'y croire #VDT23
Le 24.02.2019 par tyfounCela fait maintenant deux mois que tout un peuple attend ce rendez-vous et un mois que plus aucune place n'est disponible pour ce grand soir : Lyon va affronter l'ogre catalan, et pourtant les Gones frémissent à l'idée de cet exploit. Retour sur un OL - Barcelone dans ce VDT 23 un peu spécial, 23 comme un certain Samuel...
6h30. Le réveil sonne, et pourtant, comme pour les jours d’examens, les yeux sont déjà grands ouverts. Une journée nous sépare encore du rendez-vous de Décines. Mais j’embarque déjà dans mon petit sac le maillot du capitaine Nabil Fekir et l’écharpe « Combattre & Vaincre » pour le soir. Une bonne playlist dans les oreilles, celle des grands matchs où on retrouve en vrac chants de supporters et musiques de film, pour aider le temps à s’écouler. La journée passe, et aucun des collègues n’arrive à décrocher du match de ce soir. On le sent : chacun s’en préoccupe. Les grands matchs se respirent comme cela, du soir au matin. Au coin de la machine à café, même ceux qui n’y connaissent pas grand-chose savent que Lyon affronte un gros calibre. Très lentement, l’heure avance, et avec elle le ventre se noue toujours un peu plus. La cause ? Cette envie d’y croire…
Vient l’heure de quitter sa vie d’étudiant ou de salarié pour revêtir la tenue de supporter. Sept ans que l’on attend un huitième de Ligue des Champions. Certes, il y a eu la Ligue Europa, mais là, c’est le Barça. Dès 19h, les navettes sont pleines. Quelques espagnols ont visiblement eu le temps de faire le tour des pubs lyonnais mais n’ont sans doute pas compris par où ils devaient arriver au stade. En débarquant au stade, ils sont les premiers à s’émerveiller de ce stade qui trône dans la nuit. Les kops sont chauds bouillants, et les téléphones sont de sortie pour beaucoup des visiteurs.
Un échauffement dans les coursives avant un échauffement chaud bouillant
Le stade n’est pas encore ouvert mais je crois bien que je n’ai jamais vu autant de monde aussi tôt avant le match. La queue pour accéder au kop s’étire à perte de vue. Les portes ne sont pas ouvertes que déjà les chants s’élèvent de la foule. Notre échauffement a déjà démarré. On file directement au bloc 104. Avec nos vestes, on réserve les places pour les copains et on met en place une rotation tactique à la Diego Simeone pour aller chercher de quoi manger et boire. À 19h50, tout le monde (ou presque) est prêt et est déjà debout à chanter. En bas du virage et dans les coursives, l’ambiance des grands soirs commence.
Dès l’échauffement les supporters ont poussé, le mode « grand match » est activé en tribune. Les chants ont résonné comme jamais pour l’entrée des joueurs, reprenant même en préambule l’hymne lyonnais qui fait peu à peu son trou même au virage. Les supporters ont conscience du grand soir que cela représente, le superbe tifo déployé sur l'ensemble du stade en est le symbole.
Un match entre déception et soulagement
Le début de match est plutôt bon, même si Houssem Aouar offre dès l'entame un coup-franc très proche des cages d'Anthony Lopes à Lionel Messi, provoquant une piqûre de rappel chez les supporters qui n’en sortent que plus motivés à la vue du raté de l’argentin. Dans la foulée, c'est à nouveau Aouar qui, bien servi par Bertrand Traoré, se fait remarquer avec une frappe à ras de terre stoppée par Ter Stegen. Puis c’est au tour de Martin Terrier, titulaire surprise à la place de Maxwel Cornet, de motiver le stade sur une très belle frappe, permise par une remise dos au but de Moussa Dembélé après un long ballon de Ferland Mendy, et sortie de justesse par le portier allemand et sa barre transversale... Après 10 minutes, l'OL semble avoir enclenché comme en tribune son mode « grand match », mais force est de constater que cela n’est finalement pas le cas.
Une fois le début de partie relativement bon passé, il devient évident que l’OL a un problème. Effectivement, les gones paraissent un peu trop conscients de l'enjeu et de la difficulté, pas tous à leur meilleur niveau, et étonnamment rapidement fatigués. Mais surtout, l'animation offensive dans son ensemble se révèle catastrophique. À part en toute fin de première mi-temps, lorsque Martin Terrier (encore lui) frappait à côté pour conclure une belle action construite suite à une multitude de passes en une touche de balle, les locaux n'ont pas réussi à développer un minimum de jeu offensif après l’entame, et s’installent progressivement dans une posture défensive basse. Cette mi-temps lors de laquelle les Blaugranas occupent de plus en plus la partie de terrain lyonnaise s’avère étouffante pour les supporters du Virage Nord.
Après la mi-temps, le constat est encore plus flagrant sur le terrain. Même en contre-attaque, l’OL n’arrive pas à ressortir. Le manque criant d'agressivité ne permet tout simplement plus d’exister autrement qu’en défense. Profitant des difficultés lyonnaises, le Barça se lance à l’assaut des cages d’Anthony Lopes, qui réalise des arrêts décisifs, surtout face à Messi puis face à Busquets en fin de match. Jason Denayer et Léo Dubois sont eux aussi extraordinaires, face à des attaquants réputés de classe mondiale. Il faut dire aussi que les Barcelonais se montrent maladroits et pas très inspirés face… à un bloc bas (tiens donc). Ils ne profitent pas des prises de risque de Mendy par exemple, pas plus que des pertes de balle angoissantes du début du match. Cependant, si Aouar est par exemple auteur de quelques bons retours, tandis que l'entrée de Tousart permet de solidifier un peu l'axe, la défense en général a vraiment chaud. Là encore, des failles tactiques apparaissent, à l’image d’un Bertrand Traoré pas assez impliqué et appliqué dans la tâche défensive pourtant essentielle dans cette physionomie.
Du côté de la tribune, le Virage Nord s’éveille. Bien loin de la pression exercée par le Barça, le virage retrouve sa voix. L’envie surement de leur montrer que malgré le fait d’être à l’autre bout du terrain on continue à les aider à tenir. Peut-être aussi que chacun réalise à quel point ce résultat pouvait être un bon résultat. Chacun retrouve sa niaque en tribune. L’envie aussi de ne pas passer à côté d’un grand rendez-vous européen, ce à quoi le public lyonnais n’a jamais failli. Ce qui était devenu rare à Lyon depuis le départ du policier, et l’éclosion du numéro 23 assis ce soir-là sur le banc adverse, les supporters lyonnais s’enflamment à chaque intervention d’un défenseur. Jason Denayer redonne de la voix au public par l’intensité et la justesse de ses interventions. Une volonté farouche de sortir le lion de son sommeil. Une intensité bestiale, la volonté de vaincre trahie par le geste défensif, il y a bien longtemps qu’on ne l’avait plus vu chez un défenseur et le public en redemande et va tenir jusqu’à la dernière minute de ce choc pourtant annoncé comme le tombeau lyonnais.
Sans courage, sans héroïsme, et sans un Barça décevant, Lyon n'aurait pas fait ce match nul. Il faut être honnête et ne pas se voiler la face : c'est un petit miracle de faire un clean sheet, même si il n’est pas des plus immérités non plus. L'OL ne s'en sort pas mal, c'est un fait, et tout n'est pas à jeter : défensivement, Lyon est allé chercher ce nul sans buts. Mais si on peut se satisfaire du score, il faut bien avoir conscience que le contenu proposé par l'OL aurait pu amener à un score tout autre, et est vraiment décevant.
Un bilan paradoxal, mais l'espoir est sauf...
Très attendue car désormais connue de tous pour sa faculté à faire des grosses performances dans les grands matchs, la formation lyonnaise a défailli tactiquement. Les pertes de balles agaçantes de la première mi-temps sont surtout les conséquences du manque de solutions, qui complexifie considérablement la tâche d'Aouar et de Ndombele, obligés de prendre des risques au milieu. En attaque, il est impossible de mettre tout le monde dans le même panier, même si le constat est finalement que les attaquants lyonnais ne fournissent pas assez de solutions. Terrier fait de très belles choses avant de disparaître, Traoré ne pèse pas, et Moussa Dembélé fait ce qu'il peut avec le peu de ballons qu'il a. Pour Memphis… certes, il fait un match décevant, n'apporte pas les solutions qu'il devrait apporter à son poste et ne réussit pas non plus à utiliser son talent individuellement. Mais il est difficile de le blâmer spécifiquement dans un scénario où l'OL se retrouve condensé très bas en défense… Il est l’exemple parfait qui confirme que les difficultés du match sont liées avant tout au collectif, et pour cela Bruno Genesio ne mérite cette fois-ci pas son titre de « Pep ».
Malgré le contenu, le résultat est là, et l'espoir est sauf après le match aller. Certains prédisaient une élimination actée dès ce match, il n'en est rien. Il faudra donc capitaliser sur le match aller et faire mieux pour se qualifier au match retour : Lyon est encore pleinement dans la course, et n'est pas « condamné à l'exploit ». L’enjeu sera magnifique, or on sait que la bande à Genesio adore quand il y a quelque chose de beau, de grand à faire. Avec Nabil Fekir, de la maîtrise et une bonne dose de folie en plus, l’OL doit le faire. Il reste 3 semaines pour y croire, et on le sait bien en trois semaines beaucoup de choses peuvent changer. Pratiquement 2000 Lyonnais ont déjà pris leur place pour un rendez-vous en Catalogne et ils seront nombreux après ce match à vouloir pousser leur joueur pour un exploit en terres barcelonaise. Si le capitaine lyonnais peut ramener la folie offensive qu’il manquait à cet OL ce soir et que la défense retrouve enfin une solidité constamment à ce niveau de prestation, la nuit pourrait être courte sur le chemin du retour pour les supporters qui ont cette envie d’y croire… Allez l’OL !