Les supporters en tribune, un jeu de dupes ?
Le 23.07.2020 par tyfounL’OL disputera le 31 juillet la finale de la dernière édition de la Coupe de la Ligue. Si les places s’étaient arrachées comme des petits pains le jour de la mise en vente des places, trois mois et une crise sanitaire plus tard, le contexte a bien changé et les supporters semblent bien être les victimes collatérales.
Une reprise avec des supporters
Là où la France s’est évertuée à ne pas reprendre le championnat - cela représentant un trop gros risque selon notre ministre des sports -, elle est pourtant la première à accueillir de nouveau du public dans les stades. La jauge de 5000 supporters fixée par les autorités ne tient pas compte de l’importance du stade. Que celui-ci fasse 60000 places, 40000 ou 20000 places, elle reste la même bien que cela paraisse étrange.
Les tests effectués sur les matchs amicaux semblent avoir prouvé l’efficacité du protocole sanitaire que les Stadium Managers ont peaufinés avec leurs équipes (hormis le petit raté avec les supporters parisiens la semaine passée). Le port du masque lors des files d’attente et pour les déplacements dans les stades, le respect d’un siège de distance entre chaque « groupe » de supporters, la fouille à l’aide de barrette magnétique ou bien encore les vendeurs équipés de masque et visière semblent être un ensemble de mesures efficaces que nous pourrions voir rester dans nos stades jusqu’à l’arrivée d’un vaccin contre le coronavirus.
Puis, au cœur de tout cela, vient la discussion sur les deux finales à venir. Dès début juin, la ministre s’exprimait sur sa volonté de voir une capacité augmentée pour les finales de coupes nationales, évoquant même la problématique de la jauge qui restait la même pour une enceinte de 10000 places que pour le Stade de France sur RMC Sport. À cela s’ajoute le fait que la jauge devrait être augmentée pour la reprise de la Ligue 1. Mais étrangement, elle n’a visiblement pas eu la même force de persuasion que lorsqu’il s’agissait de stopper définitivement le championnat de France. On pourra donc accueillir plus de 5000 personnes à Francis le Blé le 22 août mais pas au stade de France le 31 juillet. Ainsi la jauge pour les deux finales à venir restait figée à 5000 places dans un stade de 80000 places : distanciation garantie !
La problématique de la répartition
Reste à savoir comment répartir ces 5000 places desquelles il faudra déjà déduire le personnel logistique et les journalistes. Si l’on prend la base des matchs amicaux au Groupama Stadium (enceinte légèrement plus petite) cela représente 1000 personnes. En prenant en compte une logistique plus importante au vu du stade et du protocole de la ligue, cela devrait représenter 1200 à 1500 personnes pour la finale de la Coupe de la Ligue.
Restent donc 3500 places environ. Et là rentre en jeu le petit calcul de la Ligue. Sur ces 3500 places, 1250 par club dont 350 invitations pour les accrédités comme le confirment nos confrères d'Olympique et Lyonnais. Cela représente donc au cumul des deux clubs 1800 supporters et 700 invités, une jauge qui peut paraître normale au vu de la situation sanitaire. Restent les 1000 places à disposition de la Ligue. Si ces places auraient pu revenir aux clubs permettant des contingents de supporters plus importants, la Ligue a finalement préféré les conserver. Pour les ouvrir au grand public ? Visiblement non. En effet, ces places devraient être réservées aux partenaires ainsi qu’aux VIP. Une jauge qui bascule donc de 1800 supporters pour 700 invités à 1800 supporters pour 1700 invités… la jauge juste dans le contexte actuel ? Chacun est libre d’en juger. Mais le foot aux supporters est un principe qui semble prendre un sacré plomb dans l’aile dans cet objectif de sortie de la crise sanitaire
La programmation TV règne en maître
C’est le premier élément qui est venu ternir le contexte de cette finale de la Coupe de la Ligue. En effet, France Télévisions a très vite annoncé vouloir programmer les deux finales nationales le vendredi et non le samedi. Et cela dans le seul but de ne pas déplacer la programmation de… Fort-Boyard. En France, pays champion du monde de football, Passepartout et le père Fouras ont donc plus d’influence que les coupes nationales, et ce alors que le foot français est à l’arrêt depuis quatre mois.
Mais au-delà de la simple date et de la simple priorité du jeu de France Télévisions sur le football, cela pose la question de la prise en compte de l’intérêt des supporters…encore une fois. En effet s’il est plus aisé de se rendre à une finale à Paris un samedi, en témoigne la forte demande de billets pour la finale dans sa programmation initiale, il en est une tout autre chose pour une finale ayant lieu un vendredi qui force les supporters à poser un jour de congé pour pouvoir se rendre au match. Un élément qui ne semble pas préoccuper l’organisation de finale de la coupe.
Le supporter semble petit à petit perdre son rôle d’acteur du football pour y jouer celui de figurant, de chauffeur de salle aux yeux des différentes instances. Une histoire de finale de coupe qui semble s’inscrire dans la lignée de la considération qui lui est apportée depuis des années, notamment dans le cadre des encadrements de ses déplacements.
Une façon de procéder qui a abouti au boycott de la finale par les différents groupes de supporters. Si les 1950 n’ont pas encore communiqué sur le sujet de façon publique à l'heure de la rédaction de cet article, les Bad Gones et les Hexagones ont chacun de leur côté publié un communiqué indiquant ne pas vouloir se rendre au Stade de France le 31 juillet. Au vu du nombre de places mises en vente ce mercredi par l’OL, les 1950 ne semblent pas non plus avoir pris leur quota de place.
Le point d’orgue de cette priorité du diffuseur sur le passionné est subtil mais néanmoins bien écœurant. De façon à améliorer le spectacle télévisuel, la Ligue a décidé de placer les supporters de façon asymétrique dans le virage de sorte à les exposer au maximum aux caméras.
Dans cette sortie de la crise de la COVID-19, la diffusion télévisuelle et les partenaires VIP l’emportent donc sur le passionné de foot qui vient de vivre une cure de sevrage conséquente. Pas sûr que cela calme les tensions entre les instances et les supporters, qui petit à petit ont le sentiment de ne plus être qu’un simple instrument au service des diffuseurs sans aucune considération…