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L'OL, seulement un club formateur ?

Le 21.08.2019 par PandevantArnaud

Si la formation a été un des atouts majeurs de l’Olympique lyonnais au tournant des années 2010, cette stratégie a été partiellement remplacée ces dernières années par le recrutement de jeunes espoirs venus d’ailleurs. Le mercato actuel doit aussi être analysé à la lumière de ces stratégies et de la recherche d’un équilibre dans un effectif souvent décrit comme trop jeune et irrégulier.

L’OL, seulement un club formateur ?

Le cliché journalistique n’avait pas manqué d’être soulevé lors du débat autour de la prolongation de Bruno Génésio. Le technicien en fin de contrat était réputé auprès du grand public pour sa propension à lancer des jeunes en équipe première, probablement avec Houssem Aouar et Tanguy Ndombele en tête. L’OL est associé dans l’imaginaire collectif à la formation, et les dernières années n’ont pas changé cela. Pourtant, les fans reprochaient au contraire une certaine frilosité, par exemple lors du dernier match de la saison à Nîmes, où l’équipe-type avait été alignée malgré la totale absence d’enjeu.

Alors, qu’en est-il ? Cet article vise à analyser les temps de jeu de l’effectif 2018-2019, en partant d’un constat : l’Olympique lyonnais comptait “seulement” trois purs produits du club dans son onze-type, Anthony Lopes, Houssem Aouar et Nabil Fékir - s'est d'ailleurs engagé avec le Betis. Est-ce impressionnant par rapport à Marseille (Kamara et Lopez), Saint-Etienne (Saliba, Perrin, Nordin), ou même le PSG, où, au milieu des stars, des joueurs comme Aréola, Rabiot, Dagba… ont su trouver du temps de jeu ? 

Quatre ans en arrière, sous Hubert Fournier, on pouvait trouver des compositions lyonnaises avec huit ou neuf formés au club : Lopes, Samuel Umtiti, Corentin Tolisso, Maxime Gonalons, Clément Grenier, Jordan Ferri, Clinton Njié, Fékir, Alexandre Lacazette… alors, comment la nature de l’effectif a-t-elle évolué et comment expliquer ces changements ?

Revue d’effectif : une grande variété de profils

Il convient de définir les termes que nous utiliserons pour décrire les joueurs de l’OL. Certains sont formés au club, c’est-à-dire suivant les normes qu’ils ont passé 3 années au club entre leurs 15 ans et leurs 21 ans; c’est le cas des purs produits lyonnais, mais aussi de deux arrivés à 18 ans, Lucas Tousart et Maxwel Cornet. Quelques joueurs sont arrivés expérimentés, après de vraies expériences en pro dans d’autres bonnes équipes. Attardons-nous ici sur ce qu’on appellera la post-formation, parfaitement illustrée par les deux plus grosses ventes du club cet été, Ferland Mendy et Tanguy Ndombele. Il s’agit alors de miser sur des jeunes talents formés par des équipes de niveau plutôt inférieur, pas encore confirmés. On remarquera que beaucoup de joueurs sont arrivés entre 20 et 23 ans ces dernières années. On comptera également parmi eux les recrues ajacides de l’été 2017, Kenny Tete et Bertrand Traoré, car ils venaient d’un championnat réputé inférieur à la Ligue 1.

En revanche, malgré les similitudes, on n’y joindra pas les joueurs à relancer (nouvelle tradition inaugurée par Memphis Depay et poursuivie par exemple par Jason Denayer), en échec dans des grands clubs après de premiers signes encourageants, ou encore un Léo Dubois (déjà capitaine à Nantes, il n’était pas vraiment un pari)

On compterait alors, sur les 18 temps de jeu les plus élevés de la saison dernière - taille d’un groupe, cinq formés au club (Lopes, Aouar, Fékir, Tousart, Cornet, tous déjà intégrés au groupe il y a deux ans, à la seule exception peut-être d’Aouar), six “post-formés” (Ndombele, Mendy, Dembélé, Traoré, Martin Terrier, Tete) et seulement sept “autres” (Marcelo Guedes, Denayer, Memphis, Dubois, Marçal, Rafael da Silva et Jérémy Morel), loin d’être tous des joueurs expérimentés à leur arrivée.

Temps de jeu : la part belle aux post-formés

Temps de jeu toutes compétitions confondues en équipe première de l’effectif lyonnais sur la saison 2018-2019.

Légende: en gras, formés au club (FC); en italique, post-formés (PF); en rouge, jeunes joueurs formés au club ayant eu un temps de jeu décevant selon la majeure partie des fans; en orange, Lenny Pintor, dans le même cas mais arrivé cette année seulement; astérisque: joueur parti en cours de saison.

Légende : en gras, formés au club (FC); en italique, post-formés (PF); en rouge, jeunes joueurs formés au club ayant eu un temps de jeu décevant selon la majeure partie des fans; en orange, Lenny Pintor, dans le même cas mais arrivé cette année seulement; astérisque : joueur parti en cours de saison.

On dégage ici quelques points pour l’analyse : d’abord, ces chiffres confirment que les formés au club sont loin d’être omniprésents au club. Ensuite, on remarque leur nombre et leur importance, Ndombele, Mendy, Dembélé, Traoré, Terrier… D’ailleurs, cette stratégie de post-formation semble porter ses fruits. En effet, la majorité de ces recrues est arrivée pour moins de 10 millions d’euros et porte satisfaction. Moussa Dembélé a certes été recruté pour 22 millions, mais on ne doute pas que s’il est revendu, ce sera pour bien plus. Au rayon des - relatives - déceptions, on peut citer Tete (quelque peu disparu des radars malgré son talent), Pape Cheikh Diop (énigmatique et reparti au Celta Vigo, au moins pour un prêt), voire Traoré qui ne confirme pas toujours son grand potentiel mais semble sur les bons rails après son match à Monaco. Quant aux jeunes arrivés l’été dernier (Reo Griffiths, Lenny Pintor prêté à Troyes), on attendra un peu pour juger. Pourtant, une telle stratégie aurait pu conduire à des flops industriels. Il faut donc féliciter l’équipe de recrutement, et surtout Florian Maurice, pour ces succès. 

Comment expliquer ce changement de stratégie ? D’abord, les ressources financières du club se sont accrues. Au plus profond des années de crise, on n’aurait pas pu envisager de dépenser 16 millions pour un Memphis Depay ou, plus récemment, 24 millions pour Joachim Andersen ou encore 25M€ pour Jeff Reine-Adélaïde. La formation serait alors un pis-aller, une étape très transitoire, vouée à se raréfier et à ne voir percer qu’un ou deux joueurs de top niveau par génération. Des Christopher Martins Pereira, Timothée Cognat, Elisha Owusu… qui auraient pu jouer un rôle en équipe première il y a quelques années ont été vendus moyennant de jolies sommes. Ensuite, l’OL a su devenir plus attractif auprès de joueurs plus confirmés, qui voient des jeunes y réussir et sont inspirés par eux, comme l’a d’ailleurs dit Joachim Andersen lors de sa présentation. Enfin, il est peut-être devenu plus difficile de former des jeunes joueurs ces dernières années. Le feuilleton autour de Rayan Cherki, qui a finalement choisi de signer à l’OL, est symptomatique d’un football où les grands clubs pistent les pépites de plus en plus jeunes, quitte à mettre en péril l’équilibre des clubs formateurs, qui aimeraient garder leurs espoirs plus longtemps et en tirer des plus grosses sommes une fois qu’ils sont confirmés. Ainsi, l’OL avait perdu des Willem Geubbels, Myziane Maolida, Anthony Martial, et cet été Hamza Rafia, qui s’engage avec la Juventus.

Vers une accélération du mouvement ?

Dans cette perspective, comment voir l’avenir ? L’avis dominant au sein des fans était que le club avait besoin d’encadrer ce mélange de jeunes pousses d’ici et d’ailleurs par des joueurs d’expérience, confirmés au niveau C1. On espérait Hector Herrera, Filipe Luis… Finalement, on peut citer Ciprian Tatarusanu ou Thiago Mendes comme valeurs sûres de L1. Si ces joueurs ne sont pas forcément les leaders attendus, leur niveau est moins variable que celui des plus jeunes, et ils sauront être motivés dans les matches lambda de Ligue 1. Le club ne s’est pas tellement affaibli : on perd les 5ème, 6ème et 8ème temps de jeu de la saison dernière, soit trois joueurs importants mais pas omniprésents, contre trois arrivées majeures (Joachim Andersen, Thiago Mendes et Jeff Reine-Adélaïde, à des postes stratégiques). Anthony Lopes s’oriente vers une prolongation même si ses agents semblent jouer la montre. Concernant les jeunes formés au club, on devrait continuer dans la même direction : Oumar Solet (arrivé en 2018 et donc pas encore officiellement formé au club), même si ses qualités impliquent un bon temps de jeu, aura du mal à concurrencer sérieusement une charnière Andersen-Denayer à court terme, Maxence Caqueret a manqué une partie de la préparation à cause de l’Euro U19, Rayan Cherki semble trop jeune pour le moment… On attend peut-être tout de même Amine Gouiri, vrai numéro 9 revenu de blessure et en forme lors de l’Euro Espoirs. La préparation a fait briller des joueurs comme Ousseynou Ndiaye (milieu central dans le groupe l’an passé) ou Boubacar Fofana (ailier qui s’est illustré par un but). Enfin, Sylvinho a souligné tout récemment en conférence de presse les qualités de Melvin Bard, défenseur polyvalent qui pourrait avoir des minutes comme latéral gauche. 

Concernant les post-formés, Lenny Pintor est prêté à Troyes, où il tentera d’effacer les doutes sur son potentiel. On s’intéressera au jeune Héritier Deyonge, recruté pour 210 000€ au PSV Eindhoven, mais surtout à Jean Lucas, 21 ans à peine et à la dernière recrue Jeff Reine-Adélaïde, bien plus chère que les autres “post-formés” mais dans la même optique. Quant aux autres recrues, Youssouf Koné, Andersen, ils ont entre 23 et 24 ans, signe d’une nouvelle génération un poil plus expérimentée que les dernières vagues de recrues. Symbole d’un nouvel étage pour la fusée OL, d’un projet maîtrisé pour reconquérir progressivement les sommets ?

À propos de l'auteur

Cet article a été rédigé par PandevantArnaud, membre du Café du Commerce OL.