L'OL vu d'ailleurs #3 : la Bretagne
Le 19.05.2020 par OL_ympiqueL'OL a des amoureux, des suiveurs, mais aussi des ennemis partout en France. Du nord au sud, de l'ouest à l'est, et même par-delà les mers, les points de vue divergent, et le nom même de l'Olympique Lyonnais sonne différemment. C'est parti pour la troisième étape de ce tour d'horizon : après Lille au nord et Strasbourg à l'est, nous nous sommes intéressés à l'OL vue de Bretagne, à l'ouest.
Degemer mat (bienvenue) en Bretagne ! Chapeaux ronds ou non, les Bretons aiment bien sûr le ballon rond, mais à condition d'y ajouter une dose de cidre brut, des crêpes au beurre salé, et un soupçon de la fraîcheur d'une mer sauvage battue par la pluie (bien qu'il ne pleuve là-bas que sur les cons, selon l'adage). Le but de cet article n'étant pas de vous faire découvrir la région et encore moins la recette du kouign-amann, parlons plutôt de l'OL, bien loin des terres rhodaniennes, en terre armoricaine.
Ils sont footeux, ces Bretons !
Entre le Stade Rennais récent vainqueur de la Coupe de France (une coupe, enfin !) et qualifié pour l'Europe la saison prochaine, le Stade Brestois récemment monté dans l'élite, et désormais le FC Lorient, la Ligue 1 sera « à l'aise Breizh » la saison prochaine. D'autant plus que si Nantes n'est pas bretonne administrativement, elle l'est dans les coeurs des Canaris : nous voilà avec 4 clubs bretons sur 20 clubs de Ligue 1.
Le grand représentant du football breton, c'est le S.R.F.C. Rennes, bien au-delà d'être la préfecture de Bretagne, est un (possible) participant de la Ligue des Champions 2020-21 et le nouveau club de Florian Maurice, ex-directeur de la cellule de recrutement de l'OL. Ces dernières années, les Rennais ont de plus en plus fait parler d'eux, avec à leur tête l'ambitieux coach Julien Stéphan, et sont devenus de véritables rivaux de l'Olympique Lyonnais. Or avec les Rennais, qui ont provoqué la chute de Bruno Genesio en éliminant l'OL en demi-finale de Coupe de France en 2019, mais aussi avec Lorient, Guingamp et Brest, les Lyonnais n'ont pas que de bons souvenirs récents. Il faut dire que globalement, Lyon a laissé des plumes un peu partout dans l'hexagone ces dernières années, à défaut de trouver une régularité synonyme de résultats. Les Nantais toutefois font presque exception à ce constat, parce qu'on serait tenté de se souvenir du match stratosphérique du jeune crack de l'Académie Rayan Cherki en janvier dernier, avant tout.
Lugdunum vu d'Armorique
Que peuvent bien penser les Armoricains du club de la capitale des Gaules ? Rien de bien méchant visiblement. Les Rennais, qui peuvent se vanter de jouer dans la cour des grands en visant dorénavant le haut de tableau de la première division française, savent bien qu'une rivalité n'existe que depuis récemment : « Historiquement, il n'y a pas de rivalité. Économiquement, l'OL est un club coté en bourse [...]. Sportivement aussi, il n'y a pas photo ; l'OL, c'est plusieurs titres de champion de France consécutifs alors que nous, on se faisait pas mal chambrer sur le palmarès avant notre victoire en Coupe de France l'an dernier. Maintenant, je dirais que la tendance est en train de s'inverser petit à petit » nous explique le supporter derrière le compte Twitter @ActuSRFC_.
Ce supporter poursuit en évoquant le cas de Florian Maurice, jusqu'alors à la tête du recrutement à l'OL, mais qui a décidé de quitter le Rhône pour s'installer dans le club de la capitale bretonne suite à cette saison marquée par la pandémie de Covid-19 : « On le ressent pas mal dans le discours du président Aulas : on sent que le départ de Florian Maurice lui reste en travers de la gorge ». En effet, ce départ reflète à la fois les ambitions rennaises et les difficultés que connaît l'OL dans une période qui devait pourtant être celle d'une montée en puissance avec l'arrivée de Juninho au poste de DS. Le Rennais n'est pas peu fier de comparer son club à l'institution de Jean-Michel Aulas, et selon lui, il existe une comparaison encore plus méliorative entre les deux entités : « Rennes et Lyon sont les clubs les plus performants en terme de formation de jeunes. Nombreux sont les exemples et aujourd'hui, qui ne voudrait pas d'un Camavinga ou d'un Cherki dans son équipe ? ». Reste à savoir si Rennes compte véritablement s'appuyer sur son jeune prodige comme l'OL avec Cherki, ou le laisser quitter d'ores et déjà la Bretagne cet été. Mais dans un cas comme dans l'autre, une évidence moins optimiste ressort : ces cracks, lyonnais comme bretons, sont de plus en plus destinés à rapporter de l'argent avant de donner du plaisir à leurs fans des premiers instants...
Les Rennais ne rougissent pas ou plus vraiment devant l'OL, certes. Mais le respect est toujours de mise, y compris ailleurs en Bretagne, comme à Lorient. Alors que d'après le propriétaire de @ActuSRFC_, « l'OL a l'image d'un club structuré avec un président qui aime son club (un peu trop ?), [...] et les relations entre le RCK (Kop Rennais) et les différentes associations de supporters Lyonnais sont plutôt saines», un supporter Lorientais nous offre une autre vision. Pour Lucas Le Texier (@FcLorient560), « ces dernières années, c'est avec Lyon qu'on vibre pour ce qui est des équipes françaises en Coupe d'Europe, où ils sont toujours au niveau ». Supporter d'un club qui ne peut rivaliser avec l'OL, il se souvient notamment d'un terrible match, en 2013 : « Demi-finale de la Coupe de la Ligue. On mène 2-1 à la 94e minute, mais Briand égalise au bout du temps additionnel. Un vrai coup de massue, et on perd 4-2 en prolongations. [...] Ce but de Briand, on s'en est rappelé longtemps... ». Les Lyonnais ont donc de quoi faire peur, comme n'importe quel gros club de football dont les moyens et l'ambition sont un minimum élevés.
Oui mais il y un mais : avant Rudi Garcia et sa série cataclysmique face aux gros poissons du championnat, l'ère Genesio a plutôt été celle des déceptions face aux petits clubs, dont celui de Lorient. Lucas se rappelle justement d'un épisode bien moins joyeux pour les Lyonnais : « L'année où l'ont descend [2017, ndlr], on est en mauvaise posture pour le maintien et Memphis Depay, en avant-match, mets un tweet où l'on voit un lion écraser un poisson. Sauf que l'on gagne 4-1, et que le CM du club répondra ensuite qu'il fallait faire attention aux arrêtes ». De quoi se souvenir du bon vieux temps, quand l'OL de Genesio perdait contre Lorient mais aussi Guingamp, Caen ou Saint-Étienne, mais finissait à une place européenne en fin de saison. À croire que la perfection n'est pas dans les moyens rhodaniens.
Ce même supporter de Lorient comprend d'ailleurs la frustration qui ne quitte plus les supporters lyonnais, depuis des années, même si le recul ne lui permet pas de comprendre les tensions qui ont gâché la relation entre l'ancien coach lyonnais et les supporters : « Ils ont été très frustrés ces dernières années, notamment par l'irrégularité en L1 et l'épisode Genesio, lors duquel je trouve que même si la déception était justifiée, c'est allé beaucoup trop loin. Ensuite ils se sont un peu enflammés avec l'arrivée de Sylvinho, à juste titre, mais n'ont toujours pas été satisfaits. C'est une communauté assez exigeante, et ce logiquement quand on voit le potentiel ». L'exigence, voilà une bien belle qualité ; force est de constater qu'elle ne s'applique pas à tous les niveaux du foot lyonnais.
À Nantes, on comprend aussi la douleur des Lyonnais face à certaines décisions, face à certaines réalités qui s'éternisent. Yann, supporter nantais, fait le rapprochement entre Waldemar Kita et Jean-Michel Aulas : « Les deux s'entendent très bien, et ça se voit avec l'arrivée de certains Nantais [Dubois ? Ndlr] à Lyon par exemple ». Il se montre toutefois très critique à l'égard du président nantais, comme la plupart des supporters de la Maison jaune, et estime que « ce n'est pas avec Kita qu'on va faire progresser nos joueurs les plus prometteurs, qui doivent jouer des compétitions européennes ». La défiance nantaise envers Kita est bien supérieure à celle de Jean-Michel Aulas à Lyon, mais le caractère et les agissements des deux hommes sont scrutés et font régulièrement débat dans les deux clubs. Actuellement, les critiques envers le président lyonnais sont cependant bien plus larges, et plus que jamais, il se fait des ennemis. JMA n'est pas un personnage qui se limite à être une une mascotte de l'OL, et comme bien des Français, les Bretons ont un avis précis sur ce personnage du football français.
Bref, il ne sera pas plus dangereux pour un gone en vadrouille de se déplacer (masqué, bien entendu) en Bretagne qu'à Strasbourg ou à Lille. Même à Rennes, la rivalité n'est que limitée. Les premiers épisodes de cette série montrent un détachement synonyme de respect envers l'OL. Ce ne sera pas toujours le cas...