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L'OL vu d'ailleurs #4 : en Gironde

Le 03.07.2020 par OL_ympique

L'OL a des amoureux, des suiveurs, mais aussi des ennemis partout en France. Du nord au sud, de l'ouest à l'est, et même par-delà les mers, les points de vue divergent, et le nom même de l'Olympique Lyonnais sonne différemment. Déjà passés par Lille au nord, Strasbourg à l'est, et après un tour en pays breton, nous voilà plus bas à l'ouest de la France, en Gironde, sur les terres bordelaises.

Entre Atlantique et Saint-Emilion, entre océan et vignoble, à plus de 400km de Lyon, Bordeaux connaît aussi l'ivresse du football. Les Girondins aiment le ballon rond, et le nom de l'Olympique Lyonnais leur rappelle une bien belle époque. Evoquer la relation entre ces deux clubs historiques du football français ne se fera pas sans un fort degré de nostalgie...

C'était le bon temps !

Même depuis la Gironde, lorsqu'on se (re)tourne vers la première décennie des années 2000, tout Lyonnais qui se respecte est touché par une soudaine nostalgie. 7 fois champions de France, l'OL a connu son apogée à cette belle époque. Or à Bordeaux aussi, on s'en rappelle comme du bon vieux temps. 6 fois vainqueurs de la Ligue 1 dans leur histoire, les Girondins ont remporté le dernier de ces titres à la fin de la saison 2008-2009. Le rapport avec le football lyonnais saute aux yeux : les Bordelais ont tout simplement mis fin à la fabuleuse série lyonnaise.

Vavasazzo (@Vavasazzo sur Twitter), supporter bordelais, se souvient : « L’OL, pour moi, c’est avant tout cette période 2006-2010 de rivalité, avec ce président imbuvable et des supporters pour le moins borderline ». À seulement 4 points de Juninho et cie au classement de la saison 2007-2008, le FC Girondins de Bordeaux aura finalement réussi à doubler l'OL l'année suivante. Dans ce cadre de rivalité aux accents relevés, Vavasazzo garde des souvenirs amers, à l'image de « matchs litigieux, comme en 2005 (avec 3 mains dans la surface dont aucune sifflée par l'arbitre Bruno Derrien, qui a vu sa carrière ruinée par ce match, ndlr) et la main de Chalmé en quart-de-finale de la Ligue des Champions en 2010. À l’époque de cette rivalité, Lyon était vraiment le club à faire tomber ».

Arbitre

En bon joueur, le Bordelais nous évoque également des souvenirs moins polémiques, plus fair-play : « Les fois où Bordeaux a fait chuter Lyon restent dans ma mémoire comme des moments géniaux. Il y a eu la victoire en Coupe de la Ligue (0-1 en 2007, ndlr), la victoire à Gerland avec le but de la tête de Jo Micoud ou même le trophée des champions gagné aux pénos (en 2008, ndlr) ». Comprenez dans ce discours que l'OL était en fait plus que respecté, et qu'une victoire contre les gones devait se déguster de par sa rareté.

L'OL et Bordeaux, en dehors du cadre de la Ligue 1, c'est aussi le souvenir d'un duel franco-français en quart de C1, en 2009-2010. Vainqueur 3-1 à domicile, l'OL ne perd que d'un but d'écart à Bordeaux au retour, après avoir déjà vaincu le Real Madrid en huitième. Les Bordelais sortent par la grande porte face à de très bons Lyonnais, mais resteront marqués par cette défaite : « Lyon nous porte un coup de grâce avec l'élimination en Ligue des Champions en 2010, explique Vavasazzo, puis en prenant quelques mois plus tard notre meneur de jeu (Yohann Gourcuff, transféré à l'OL en 2010 après deux excellentes saisons à Bordeaux, ndlr) ». Pour Enzo (@Bobbyscuit sur Twitter), la défaite européenne de 2010 est même « le pire souvenir que j'ai en tant que supporter bordelais ».

Malheureusement pour Lyon et le football français, l'OL ne parviendra pas à passer l'obstacle munichois en demi-finale (défaite 4-0 au score cumulé). Quant au changement de camp de Gourcuff dans les mois suivants, il ne sera pas plus heureux...

Cris OL

 

L'OL, un rival devenu un adversaire de (trop grande) taille ?

2010, c'est la porte d'entrée vers une nouvelle décennie qui ne sera pas à la hauteur des attentes. Le supporter bordelais Vavasazzo lui-même nous le dira, « ironiquement, c’est ce moment qui va sonner la fin du côté sportif de la rivalité OL-Bordeaux, puisque de notre côté le sportif va s’embourber, et vous n’allez plus réussir à récupérer un titre en Ligue 1 tandis que le joueur merveilleux qu’on vous a vendu s’est révélé friable ».

On ne pouvait pas éviter le sujet, le cas Yohann Gourcuff devait être abordé. Ce joueur « merveilleux » n'a pas laissé un excellent souvenir dans le Rhône, où il a été aussi peu décisif que souvent blessé lors de ses 5 années au club (ratant plus de 80 rencontres pour un forfait sur blessure selon Transfermarkt). Ce talent gâché incarne les déceptions qui se sont accumulées à l'OL depuis les 7 saisons dorées, tandis que les relations entre Lyonnais et Girondins ont depuis bien changées. La rivalité n'est plus vraiment à l'ordre du jour, même si les matchs entre les deux clubs réservent toujours certaines surprises.

Gourcuff

Les Bordelais ne sont plus depuis plusieurs années dans la même cour que l'OL, car même si les critiques ne se sont rares à Lyon, les moyens et les ambitions (officielles) restent celles d'un grand club. Récemment, Bordeaux n'a au mieux atteint que la 6ème place de Ligue 1 (lors des 6 dernières saisons), et à la fin de l'exercice 2019-2020, le club du sud-ouest n'est qu'à une triste 12ème place (peut-être qu'en Gironde aussi, on aurait préféré reprendre le football après le confinement). Cela n'empêche pas quelques étincelles, à l'image d'une simulation grotesque en janvier 2018 qui a permis à Malcom (réputé depuis pour son amour mitigé pour le club du Rhône) d'obtenir un penalty injustifié (pour une victoire bordelaise 3-1 au final, naturellement).

Entre supporters : du respect, mais pas d'amitié

Que pense-t-on sincèrement de l'OL désormais ? À défaut d'être un rival direct, Vavasazzo estime que l'Olympique Lyonnais est respecté, car il « a su garder une stature de top club de Ligue 1, malgré les mauvaises passes, en s'appuyant sur un centre de formation performant même si, récemment, Lyon semble vendre bien trop vite ses jeunes. Le club est solide ». Enzo, lui, pense « qu'avec les finances de l'OL, le club peut viser bien plus haut et concurrencer un peu plus le PSG ». Voilà une marque de respect d'autant plus touchante qu'elle montre que les supporters lyonnais sont en droit de se montrer exigeants. Ah, et si vous demandez au hasard d'une discussion à ce même Bordelais de comparer l'OL avec Marseille, vous allez vous faire un ami : « Faire une comparaison avec ... ? » nous répondra-t-il le sourire aux lèvres. Il faut dire que les Girondins sont invaincus face aux Marseillais depuis... 1977 !

Après cette note positive (à noter que Vavasazzo souhaite même aux supporters lyonnais de voir très vite leur coach changer), Enzo ne manque surtout pas de citer celui qui fait jaser les Girondins comme les footeux de tout l'hexagone : « L'OL c'est bien évidement Aulas aussi. Autant croyez-moi je ne le porte pas dans mon cœur, autant je pense qu'il s'agit du meilleur président français. Il devrait prendre du recul mais ce qu'il fait et ce qu'il a fait à Lyon c'est monstrueux ». Clairement, il y a chez nos adversaires girondins un paradoxe entre respect et un soupçon d'animosité ; avec la figure de JMA, c'est particulièrement le cas.

Un soupçon d'animosité ? C'est peut-être un peu faible si on se concentre sur un autre aspect. Car, comme nous l'a bien fait comprendre Vavasazzo, « les ultras bordelais sont très amis avec les ultras stéphanois ». En bref, les ultras de l'OL et ceux de Bordeaux ne peuvent pas s'aimer. Ni même s'apprécier, en fait. Cela explique qu'en pleine polémique sur les chants de supporters jugés homophobes par notre chère et tendre LFP, les ultras lyonnais avaient fait un parallèle original entre le principal groupe de supporters bordelais et celui stéphanois (« UB 87 - MF 91 : preuve que l'homosexualité a sa place dans les stades »). 

Banderole des supporters OL

Il n'est donc pas question de parler de relations pleinement apaisées, même si ces tensions touchent avant tout les plus fervents supporters. Ceux du dimanche se contenteront quant à eux à la rigueur d'une bonne gueulante contre Jean-Michel Aulas, toujours aussi clivant vu de l'extérieur, ou encore contre l'arbitrage, fantasmé par bien des adversaires de l'OL. « C’est quelque chose d’inhérent à ce type de club, rationalise Vavasazzo. Inconsciemment, avec le passif de l’OL sur le sujet, je pense que ça joue sur les arbitres, mais en vérité je ne crois pas à un complot ou une histoire du type Marseille sous Tapie ». 

Enfin, les fervents supporters des Girondins de Bordeaux peuvent tout de même trouver un terrain d'entente avec les supporters de l'OL. Les uns comme les autres ont été amenés plus ou moins récemment à critiquer leur direction, et la situation est d'ailleurs particulièrement tendue actuellement à Bordeaux (les Ultramarines sont véritablement en guerre contre leur direction depuis quelques temps). Cette expérience fait dire à notre ami bordelais Vavasazzo que « même si votre président est vraiment insupportable, je vois beaucoup de supporters lyonnais vouloir la fin du cycle Aulas et je ne peux m’empêcher de comparer avec notre situation, et de penser que nous avons franchi le pas et pour le pire ». Les Bordelais aimeraient peut-être mieux se retrouver avec un président tel que JMA, malgré la défiance qu'il provoque un peu partout en France. Dans tous les cas, à Bordeaux comme à l'OL, les supporters tendent à rappeler à leurs dirigeants qu'il s'agit de respecter le club, le football, et les fans.

Voilà. C'en est fini de cette étape dans le sud-ouest français, où l'on respecte l'OL avec modération. Un bon verre de rouge (toujours avec modération), et nous reprendrons la route vers de nouveaux horizons, plus ou moins favorables pour un supporter lyonnais égaré.

À propos de l'auteur

Cet article a été rédigé par OL_ympique, membre du Café du Commerce OL.