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Lucas Tousart, le jeu change

Le 13.11.2017 par NSOL31

Entre Houssem Aouar, Tanguy Ndombélé et même Jordan Ferri, auteur de bonnes entrées mais plus vieux que ses compères, Lucas Tousart voit du beau monde défiler à ses côtés dans le double-pivot qu'affectionne Bruno Génésio. Cependant, bien que le système soit le même que la saison passée, le rôle de Lucas Tousart a évolué. Explications.

Plus direct

La manière globale dont l'Olympique lyonnais pose son jeu a évolué. Avec le départ de membres importants de l'effectif comme Maxime Gonalons, Alexandre Lacazette et Corentin Tolisso, et l'acquisition de latéraux au profil offensif, Bruno Génésio a décidé de mettre en place un système offensif plus basé sur la contre-attaque que sur la possession. Un schéma de jeu qui force Lucas Tousart, un des rares survivants de l'équipe titulaire il y a un peu plus d'un an désormais, à faire évoluer son style dans un jeu plus direct. Ainsi, finies les longues séquences de possession parfois stérile, et place à un jeu plus tranchant, plus percutant. Cela se répercute dans les statistiques de passe de Lucas Tousart. En effet, le natif d'Arras réalise sensiblement moins de passe que la saison passée : 36 cette année en moyenne, contre presque 50 lors de l'exercice précédent. Mais cette diminution du nombre de passes n'affecte pas tant son jeu offensif qu'il n'y paraît. En effet, le numéro 29 des gones joue plus vers l'avant. Si le nombre brut de passes a baissé (de 30 à 24), cette baisse est proportionnellement plus faible que celle du nombre de passes vers l'arrière (de 20 à 12).

Lucas Tousart à la manoeuvre

Cependant, ce passage d'un jeu de possession à un jeu vers l'avant n'affecte pas la précision de ses passes. Car cette dernière reste à un très bon total de 86%, soit exactement le même que la saison passée. Ce n'est certes pas l'impressionnant 94% d'Adrien Rabiot, le milieu de terrain gaucher du Paris Saint-Germain, mais il est plus facile de réussir une passe pour Neymar ou Mbappé Lottin que pour Bertrand Traoré ou Memphis. Car l'analyse des statistiques ne peut être bonne qu'en prenant fortement en compte le contexte de l'équipe. Mais revenons à Lucas Tousart. Ce dernier prend surprenamment moins sa chance que l'an passé, où chaque match - ou presque - le voyait frapper. Cette saison il ne frappe qu'en moyenne une fois tous les trois matchs. Si l'on avait un reproche à faire au jeune et talentueux milieu de terrain défensif formé à Valenciennes, cela serait bien sa propension à préférer la passe à la frappe. D'autant qu'un milieu qui frappe, cela force le bloc adverse à se découvrir plus souvent, et offre de meilleures options de passe.

Moins physique

Autre statistique intéressante, Lucas Tousart tacle sensiblement moins que l'an passé. En effet, il réalise en moyenne 1.32 fois par match un tacle glissé, alors que l'an passé ce chiffre s'élevait à 2.09. Bien que supérieur aux 1.08 tacles glissés que réalise Adrien Rabiot en moyenne à chaque rencontre, ce chiffre questionne. Il ne semble pas que cela soit une agressivité plus faible du lyonnais, mais au contraire un meilleur placement, dû à l'acquisition d'expérience sur mais aussi en dehors du terrain. En apprenant l'an passé aux côtés du capitaine Maxime Gonalons, le jeune milieu international espoir a appris à mieux réagir aux situations du football professionnel. Cette statistique rappelle aussi qu'à leurs débuts, les jeunes joueurs ont plus tendance à se jeter que quand ils prennent de l'expérience. Et Lucas Tousart, malgré le fait qu'il ne soit pas encore majeur aux Etats-Unis, n'est plus un jeune joueur sans expérience. En effet, il enchaîne les titularisations et est même un des prétendants au brassard ! Au point également que certains le verraient bien en équipe de France.

Mais avant d'aller en équipe de France, il va falloir se polir dans les duels. En effet cette saison, c'est un des domaines où il semble un peu en-dedans. Seulement 34% de remportés, contre 54% l'an passé. Ce chiffre s'explique entre autres par le style de jeu lyonnais qui donne plus de situations compliquées à négocier pour Lucas Tousart. Ce sont bien des duels que le milieu doit négocier, mais pas les mêmes. Dans une situation de contre, cela n'est pas pareil que dans une situation où l'adversaire peut développer une attaque placée. Et le changement de style de jeu de l'OL entre cette saison et celle passée donne justement des duels un peu plus compliqués à négocier pour Lucas Tousart. Et pour preuve que ce n'est pas une baisse de niveau qui impacte les performances de Tousart, il crée cette saison sensiblement plus d'occasion (0.47 par match contre 0.29 l'an passé). Ce qui rappelle que le milieu de terrain, qui enchaîne les matchs et peut également être sujet à la fatigue, n'est pas dans une phase de régression mais d'évolution de son jeu.

Un vrai leader

C'est Fernando Marçal qui, à son arrivée, décrivait malgré son jeune âge Lucas Tousart comme un véritable patron.

"Il est jeune mais il est excellent. C'est un chien de garde. Cette semaine, Marcelo a dit que les matchs du Real étaient complètement différents quand Casemiro est sur le terrain, je dirais la même chose. Quand Lucas est là, on sait qu'on peut attaquer un peu plus car il est là, il surveille. C'est un vrai leader"

En bref, si l'apport de Lucas Tousart dans l'équipe est indéniable, son style de jeu en évolution laisse des faiblesses. Et puis, prendre la place d'un patron comme Maxime Gonalons, un des joueurs les plus capés de l'histoire du club, ce n'est jamais facile. Mais Lucas rappelle à chaque occasion que c'est à côté de grands joueurs que la progression est possible.

"Malgré ce qui peut se dire, on s'entendait très bien, il me donnait d'ailleurs plein de conseils. Je l'ai remercié de m'avoir appris beaucoup de choses"

Et le leader Lucas Tousart, jeune et prometteur, précis et expérimenté, pourra dans l'avenir devenir un des joueurs les plus importants de l'effectif. A moins qu'il ne le soit déjà...

À propos de l'auteur

Cet article a été rédigé par NSOL31, membre du Café du Commerce OL.