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Mourons pour nos idées !

Le 29.05.2021 par MartinT

Après des années de tiédeur et des centaines de prestations pleines de vide, il est désormais plus que temps de mettre un terme à une phase bien trop longue. Une phase qui pour nous, Lyonnais, a réduit la Ligue 1 à une mièvre série, un enchaînement de saisons de 38 épisodes de 90 minutes, majoritairement soporifiques et au dénouement prévisible et décevant. Si cette série doit continuer, il faut impérativement qu'elle se réinvente. Il lui faut un scénario, des rebondissements, des envolées, des cliffhangers. Et pour réintroduire tout cela, il n'y a pas d'autre issue que de la confier à un "showrunner" avec des idées.

Avant de dérouler une argumentation enivrante et imparable, je tiens d'emblée à rassurer les mamans et/ou les papas de nos chers lecteurs, ainsi que ces derniers eux-mêmes : il n'est aucunement question ici de faire mourir qui que ce soit. Le titre de la présente production n'est qu'une métaphore, censée représenter l'état d'esprit qui nous anime, nous, supporters de l'Olympique Lyonnais, ou tout du moins une partie d'entre nous. 

A l'heure où ces lignes sont écrites, Christophe Galtier aurait donc choisi le soleil des Alpes-Maritimes et le doux clapotis des vagues méditerranéennes plutôt que la proximité d'une piscine à surf et la vie dans l'ombre parfois pesante du Président Jean-Michel Aulas. Avec lui s'en est allé le plan A sur lequel l'avenir immédiat de l'OL était censé reposer, celui pour lequel toutes les alternatives avaient été balayées avant même d'être considérées, tant il était certain qu'il incarnait LA solution et tant sa venue semblait inéluctable et actée.

Il est important de signaler que je n’ai strictement aucun ressentiment envers le désormais ex-technicien Lillois et actuel Champion de France. Christophe Galtier est selon toute vraisemblance quelqu’un d’infiniment plus intègre et droit que celui que nous appellerons désormais Voldemort (tant il est interdit de prononcer son nom). L’ancien adjoint d’Alain Perrin est également un technicien aux compétences affirmées, aux résultats plus que respectables et au franc-parler appréciable. Mais malgré toutes ces qualités indéniables, il n’incarne pas le changement dont l’Olympique Lyonnais a désespérément besoin, tant au niveau de l'état d'esprit que de la question purement footballistique du style de jeu. Ce changement, dont une première tentative de mise en place, un peu irréfléchie, un peu naïve mais bienvenue, avait eu lieu à l’été 2019 avec l’arrivée de Sylvinho. Cet essai initial avait évidemment été un échec patent mais il a malgré tout mis en évidence de manière spectaculaire la soif d’émotions qui était (et est toujours) celle du public lyonnais.

Ce rêve (rouge et) bleu

Car c’est bien d’émotions qu’il est ici question. Par opposition à l’école du « pragmatisme » représentée notamment par le sélectionneur Didier Deschamps, mais sans dédain aucun à son encontre, c’est bien d’émotions que se languit la frange de supporters lyonnais qui s’était enflammée comme rarement lors du retour de Juninho et de l’arrivée de Sylvinho. Sans vouloir manquer de respect aux apôtres du résultat à tout prix, le football, c'est d'abord un match, 90 minutes d'émotions qui donnent lieu à un résultat final. Si le score est la seule chose qu'on juge intéressante, autant le consulter froidement sur une application dédiée aussitôt le match terminé. Mais réduire tout ce que ce sport représente à deux chiffres de part et d'autre d'un tiret est d'une tristesse abyssale. Le football, c'est bien plus que ça. 

C'est bien là la philosophie du Néerlandais Peter Bosz. Le Batave semblant désormais tenir la corde pour devenir le nouveau patron de Karl Toko Ekambi et de Léo Dubois, il est par conséquent opportun d’évoquer la levée de boucliers ainsi que la méfiance qu'a suscité l'apparition de son nom auprès d’une autre partie de la tribu lyonnaise: celle qui se prévaut de l’absence de résultats au palmarès de Bosz, mais également de De Zerbi (autre piste rêvée des « émotionnistes », malheureusement partie faire rêver les fans du Chakhtior Donetsk) et de quelques autres, celle qui s'inquiète du manque de garanties que ces patronymes représentent pour l'avenir sportif de l'OL.

Il faudrait donc, pour entraîner l’Olympique Lyonnais, avoir fait ses preuves auparavant, avec des titres, si possible. Mais n’était-ce pas déjà le cas de Claude Puel, Champion de France avec Monaco en l’an 2000 ? N’était-ce pas également celui de Rudi Garcia – pardon, de Voldemort -, auteur d’un beau doublé avec Lille en 2011 ? Or, les séjours de ces deux techniciens à l’Olympique Lyonnais sont très clairement à ranger dans le tiroir étiqueté « heures sombres » de l’armoire de nos souvenirs footballistiques communs, et ce malgré deux demi-finales européennes qui auront au moins eu le mérite de nous sortir l’espace d’un court instant de la torpeur dans laquelle les deux hommes nous ont plongés. Ils sont des preuves irréfutables, s’il en fallait, qu’on peut très bien ne plus être après avoir été, et que des succès passés ne sont jamais la garantie de réussites à venir.

Voilà pour l’argument « mais il n’a rien gagné ! ». Quant au deuxième axe d’incompréhension qui interpelle l’auteur de ces mots, il s’agit de la peur du changement. Car c’est bien de peur qu’il s’agit, ne nous leurrons pas. Le conservatisme patent dont l’Olympique Lyonnais fait preuve au moment du recrutement de ses techniciens depuis des décennies, les sempiternels critères franchouillards retenus, identiques d’une année sur l’autre, sont les résultantes de cette frousse. Pourtant, elle n’a absolument aucune raison d’être. La peur se justifie lorsqu’il y a quelque chose à perdre, lorsqu’un palier a été atteint, quand il y a un statut à défendre, un trésor de guerre à protéger. Malheureusement, l’Olympique Lyonnais, depuis une bonne dizaine d’années, n’a plus de statut à défendre, pas de trésor de guerre à protéger et n’a par conséquent strictement rien à perdre.

Rien à perdre, beaucoup à gagner

Que risquons-nous ? De ne pas être un prétendant au titre de Champion de France ? Nous ne le sommes plus depuis bien longtemps. De ne pas nous qualifier pour la Champions League ? C’est le cas depuis maintenant deux ans, et c'est sans évoquer les quelques qualifications précédentes, totalement miraculeuses et dues uniquement à des concours de circonstances extrêmement favorables à l'OL. De ne pas prendre de plaisir en regardant notre équipe évoluer ? Le dernier groupe lyonnais nous ayant offert ce genre de luxe sur la durée était celui de Rémi Garde, il y a plus de sept ans. Et c’est donc cette situation hautement réjouissante que nous sommes censés choyer en misant une fois de plus sur une solution au mieux rassurante ? C’est ce statut que nous sommes censés protéger en raisonnant une nouvelle fois en bons pères de famille ? Non, le constat est évident : nous n’avons (presque) rien à perdre.

Au contraire, nous avons énormément à gagner. À condition de prendre des risques (mesurés, évidemment), de faire preuve d’un peu de témérité, d’oser – si les choses ne se passent pas comme nous l'espérons, nous ne serons pas Champions de France, nous ne nous qualifierons pas pour la Ligue des Champions, nous ne vibrerons pas. Mais ça, c’est déjà le cas. Pendant des années, nous avons tant bien que mal accepté de sacrifier les idées sur l’autel des résultats, qui ne viennent désormais plus. Afin d’espérer les retrouver, il est temps d’avoir de nouveau des idées, et s’il le faut, de mourir pour elles. Nous ne réussirons peut-être pas, mais au moins, nous aurons la satisfaction d'avoir essayé. Le mot de la fin appartient par conséquent à Sofiane :

 

Credit Photo - Icon Sport

 

À propos de l'auteur

Cet article a été rédigé par MartinT, membre du Café du Commerce OL.