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Nabil Fekir, l'art du coup franc

Le 25.01.2018 par NSOL31

Lyon a pendant près d'une décennie, par la grâce d'un artificier brésilien nommé Juninho, été la capitale mondiale du coup franc. Et si ces dernières années ont été plus compliquées sur phases arrêtées, l'OL a trouvé un nouveau héros : Nabil Fekir.

Naître, mourir

Quand Nabil Fekir débute sous le maillot lyonnais, il met quelques temps avant de s'imposer comme frappeur de coups francs. Et d'ailleurs, lors de sa première saison pleine sous le maillot lyonnais, il ne marque pas sur cet exercice. Cependant, il manifeste déjà des aptitudes au dessus du lot pour ce qui est de la frappe des coups-francs : souvenons-nous ainsi de son coup franc botté sur l'équerre contre Évian, dans un match où Clément Grenier marquera sur cet exercice.

Le coup franc de Fekir est à 2 minutes et 26 secondes sur la vidéo ci-dessous.

Il faut attendre quelques mois avant de voir Nabil Fekir s'illustrer. C'est lors de l'intersaison, à l'été 2015, qu'il surprend sur phase arrêtée un gardien. Lyon dispute alors un match amical de gala contre le Milan AC. En face, un jeune gardien fait sa première apparition avec l'équipe première : Gianluigi Donnarumma. Son coup franc est déjà botté avec une technique bien particulière : pas un ballon flottant à la Juninho, mais un ballon travaillé roulant sur l'intérieur. Admirez par vous-mêmes.

Excusez la faible qualité de la vidéo, mais il s'agit de la seule disponible sur internet.

Nabil Fekir conforte alors tout le bien que l'on dit de lui. Il a découvert quelques mois plus tôt l'équipe de France, inscrit son premier but, et tout le monde connaît son histoire atypique : exclu du centre de formation, puis récupéré quelques années plus tard. Entre temps, son passage à Vaulx-en-Velin avait déjà prouvé son talent pour les coups francs. Voilà ce que disait son président de l'époque, Mathias Galdeano :

L'OL ne pouvait pas laisser passer un joueur comme lui. Il a un pied gauche fantastique, il tire super bien les coups francs et il est selon moi meilleur en numéro dix.

Nabil Fekir est devenu en quelques mois un joueur essentiel de l'Olympique lyonnais. Mais son ascension sera gâchée par un tragique événement qu'aucun lyonnais n'aime se remémorer : sa blessure aux ligaments croisés contre le Portugal alors qu'il était le premier choix de Deschamps au poste de second attaquant, devant Antoine Griezmann !

Reconstruire

Fauché en plein vol, il mettra plusieurs mois à se remettre de sa sale blessure, et manquera l'Euro 2016. La saison suivante sera compliquée : Nabil alternera les séjours sur le banc, les entrées en fin de match et les titularisations. Si sur le plan statistique elle est très aboutie - 14 buts et 13 offrandes -, sur le plan du jeu, par contre, Fekir reste en sous-régime. Mais pour ce qui est des coups francs, Nabil trouve enfin la faille. Contre le SCO d'Angers, dans un match cadenassé, il envoie une frappe assez anodine, sur laquelle Alexandre Letellier commet une grosse faute de main.

Et au cours de la saison, Nabil Fekir envoie plusieurs coups francs relativement loin du cadre ou dans le mur. Pourquoi ? Eh bien, plusieurs raisons. Tout d'abord, le coup franc est quelque chose de particulièrement sujet à l'entraînement régulier. Comme dans tous les domaines, le travail paye avant toute chose. Et lorsque l'on revient d'une rupture des ligaments croisés, il s'agit avant tout d'effectuer un renforcement de fond, et les exercices "accessoires" - comprendre non-essentiels au jeu - sont mis de côté. Plus encore, les coups de pieds arrêtés sont un des objets de jeu dans lequel la confiance est essentielle. Avoir confiance en son pied, être bien dans sa tête, sentir le jeu, autant de facteurs que Nabil Fekir n'avait peut-être pas totalement l'an passé.

C'est aussi beaucoup de flair que le coup franc. C'est un duel entre le frappeur et le portier, comme l'est le face-à-face, un jeu de poker menteur. Le frappeur doit masquer sa trajectoire. Et Nabil Fekir usait l'an passé d'une technique coup-de-pied enveloppé, qui demande beaucoup de puissance, empêche de mettre trop d'effet et a peu de chances de surprendre un gardien. Le principal avantage de cette technique est qu'elle favorise les fautes de main et les relances involontaires dans la masse. Si cela n'a pas payé pour Fekir l'an passé, Benzia avait pu en profiter face à l'ETG sur un coup franc de Lacazette, ou encore Gourcuff face à Marseille sur une balle de Grenier.

Ressusciter

Et comme par hasard, c'est quand il se retrouve en pleine possession de ses moyens que Fekir se met à devenir une des terreurs européennes sur coup franc direct. Et d'ailleurs l'OL avec lui. Ainsi, Maxwel Cornet, Memphis Depay, Bertrand Traoré et Nabil Fekir ont scoré sur phase arrêtée cette saison. Et Mariano n'a pas été loin d'ajouter son nom à la liste. Pour revenir à Nabil, on voit le retour des qualités essentielles pour un frappeur de coup franc. Et ça tombe bien, comme Fekir a inscrit trois coups-francs, nous allons pouvoir illustrer chacun des aspects par un exemple.

D'abord, la puissance : contre Steve Mandanda, Nabil a inscrit un coup franc avec beaucoup de réussite. Mais si le gardien passé par Le Havre et Crystal Palace a commis une telle faute de main sur la frappe du numéro 18 de l'OL, c'est parce qu'elle est bottée violemment. Le ballon est fouetté, s'envole, prend de la vitesse et claque sur les gants du gardien marseillais.

Ensuite, la confiance en soi. C'est face au Paris Saint-Germain que le capitaine de l'OL a parfaitement illustré cela. Un ballon lointain (36m), un joueur en pleine forme, un gardien pas très bien placé, et Fekir peut ouvrir la marque pour l'Olympique lyonnais. Rien à dire d'autre, sinon qu'il faut un énorme culot pour tenter cela.

Et enfin, la précision. Danijel Subasic n'a rien pu faire face à Nabil Fekir, qui avait parfaitement masqué sa frappe. Le ballon est placé, le regard est acéré, et jamais Fekir ne montre où il va frapper. Et pourtant, la balle termine au fond. Pourquoi ? Parce que ce geste a été répété des dizaines de fois à l'entraînement. Un joueur en forme prend du plaisir à jouer, prend du plaisir à s'entraîner, et amorce un cercle vertueux. Espérons que celui de Nabil Fekir dure le plus longtemps possible pour l'Olympique lyonnais !

À propos de l'auteur

Cet article a été rédigé par NSOL31, membre du Café du Commerce OL.