Nabil Fekir, Overseas Telegram
Le 13.08.2019 par NSOL31Nabil Fekir a quitté l'Olympique Lyonnais. Le gamin qui avait éclos sous Rémi Garde, avait confirmé avec Hubert Fournier et a assumé son statut de patron avec Bruno Genesio mérite bien un dernier hommage lyonnais.
« J'aimerais que ce télégramme, soit le plus beau télégramme, de tous les télégrammes, que tu recevras jamais ».
Le départ de Nabil Fekir est de ces départs que l'on savait inéluctable. Mais pourtant, on aurait voulu le garder des dizaines d'années encore, Nabil Fekir. Alors que le maître de l'OL, celui qui a mis la Ligue 1 à sa botte la saison derniètr, s'en va, les mots sont durs à trouver.
Quand tu recevras ce télégramme...
Oui, Nabil, ce télégramme est le dernier télégramme que l'on rédige sans doute sur toi à l'Olympique Lyonnais. Tu t'en va en Espagne, amener tes services à Séville. Éblouir la Liga de ton talent, jouer des matchs de haut niveau, dans un club au public brillant. Affronter Karim Benzema dans un match où le sang dans les veines des supporters n'aura d'égal que la ferveur de notre amour pour vous.
C'était impossible de penser que tu resterais, Nabil, encore plusieurs saisons à l'Olympique Lyonnais. Mais chacun voulait s'en convaincre, comme une manière de refuser l'évidence. Bien sûr, tu aurais pu rester toute ta carrière à Lyon, remporter un championnat peut-être, t'affirmer indéniablement comme le meilleur faiseur de jeu français - place où seul l'avant-centre Karim Benzema peut rivaliser avec toi -, marquer à jamais le football hexagonal de ton empreinte. Mais c'eut été indigne de ton talent. Indigne des performances que tu as réalisé au cours de tes splendides années lyonnaises, avec en point d'orgue cette splendide et polémique célébration dans l'enfer vert immaculé de Geoffroy-Guichard.
Cette saison 2018-19 était un peu comme du bonus. Tu aurais pu partir de Lyon après t'être révélé lors de la saison 2014-15, mais tu as préféré rester pour l'Euro. Le destin est cruel pour toi, mais salvateur peut-être pour Lyon. Nul besoin de rappeler la terrible scène de ce match contre le Portugal. Tous les lyonnais en conviendront ; ce moment était plus cruel que la frappe d'Eder en finale. Mauvaises nouvelles des étoiles. Alors tu es resté encore un an pour te soigner, et un an pour revenir à ton meilleur niveau. Oui, en 2016-17, tu n'étais pas au sommet de ta forme malgré un double-double toutes compétitions confondues. 2017-18, c'était ton apogée, et peut-être que c'était le moment fatidique, le moment où partir. Mais voilà, tu nous as offert un peu de rab.
À la fin du télégramme...
À la fin du télégramme, tu te mets à pleurer. Ce match contre Nice, en fin de saison 2017-18, semblait comme une passation de pouvoir. Comme le roi Juninho s'en allant dans les bras de « Miré » Pjanic, tu as serré bien fort dans tes bras Houssem Aouar, la pépite de l'Olympique Lyonnais. Comme Juninho, tu as ôté une dernière fois le brassard de ton bras gauche, ce brassard rouge sur le maillot blanc, et tu as applaudi. Comme Juninho, le stade avait scandé ton nom pendant de nombreuses minutes.
Cette saison, elle tient tout autant du Juninho que du Ronaldo, d'ailleurs. Un peu du Lisandro, aussi, dans l'allure. La barbe, le crâne rasé en début de saison, l'allure brassard autour du bras, la force tranquille mais pourtant terriblement importante dans les vestiaires. Le capitaine, ce n'est pas forcément celui qui parle le plus fort, le plus haut. Le capitaine, ce n'est pas non plus celui qui joue le mieux au football - un point qui était pourtant sans doute le tien cette saison -, le capitaine, ce n'est pas celui qui est le meilleur ami du coach. Non, le capitaine, et tu en étais l'illustration parfaite, c'est celui qui sait trouver les mots justes, au bon moment. Le capitaine, c'est celui qui fait passer l'intérêt du club avant sa propre personne. Un joueur égocentrique aurait peut-être pris le ballon à Memphis lors de ce fameux match de Nice, qui reste pour beaucoup comme ton véritable adieu. Un buteur sans pitié n'aurait peut-être pas centré pour celui-ci. Mais toi, tu étais le capitaine. La joie qui était la tienne sur l'égalisation le prouve. Tu as l'amour du maillot, Nabil. Même si tu es parti.
Tu te mettes à pleurer...
C'est très dur, Nabil, de perdre un joueur que l'on aime autant et qui aime autant son club, surtout quand il a ton talent. N'ayons pas peur des mots, tu es sans doute le joueur le plus talentueux formé à l'Olympique Lyonnais depuis - encore lui - Karim Benzema. On te souhaite de réussir aussi bien en Andalousie que le natif de Bron l'a fait sur les rives du Manzanarès. Toi, le champion du monde, le premier joueur français de l'OL à le faire.
Bien sûr, on suivra avec attention tes performances, avec toujoursun peu de nostalgie, camarade. Et bien sûr, Nabil, on espérera que chaque match tu éclabousseras le pays de Sa Majesté le Roi d'Espagne de ton talent et de ton pied gauche, que tu deviendras à Séville ce que le Negusa Nagast est à l'Éthiopie. Mais on regrettera aussi dans ces instants que tu n'aies jamais eu la chance de gagner des titres avec l'OL, toi qui l'aurais tant mérité après les difficultés que tu as pu surmonter. On regrettera aussi que finalement, ce départ se fasse en demi-teinte, après une saison moins bonne qu'à l'accoutumée.
Alors c'est aussi nous qui pleurons, Nabil, au moment où tu pars au Real Bétis. En quatre ans, on perd Samuel Umtiti, on perd Alexandre Lacazette et on te perd toi. Une page se tourne, Nabil, en espérant qu'elle se rouvre avec l'OL dans quelques années.