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Ode au 3-5-2 pour l'Olympique Lyonnais

Le 21.07.2017 par lokakilol

Le 3-5-2, c’est ce système devenu comme une insulte depuis son utilisation désastreuse par Laurent Blanc avec le PSG Contre Manchester City en quart de finale retour de Ligue des Champions en 2016. Pourtant, ce système a tout pour plaire sur le papier et semble également être parfaitement adapté à l’Olympique Lyonnais.

Les limites du 4-2-3-1

Avant d’aborder le 3-5-2, parlons du dispositif préféré (du moins, en ce moment) de Bruno Génésio, le 4-2-3-1. Cette disposition semble être à première vue d’école : une défense classique à 4, un 6, un relayeur, un 10, un buteur, deux ailiers… Tous les postes principaux du football moderne y sont représentés. Pourtant, ce dispositif, qui n’est autre qu’une légère métamorphose du 4-4-2 à plat, possède un énorme défaut inhérent : il est rigide et ne laisse que très peu de liberté aux milieux et aux attaquants. Dès lors, difficile de permettre aux maestros de l'OL de totalement s’exprimer, on pense notamment à Sergi Darder, Nabil Fekir ou encore Houssem Aouar.

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que le 4-2-3-1 est un choix de facilité car ses qualités sont également ses défauts : le dispositif étant intrinsèquement très cadré en phase offensive, le travail tactique nécessaire pour l’appréhender est bien moindre que pour un autre système. En phase défensive, cette disposition étant très proche du 4-4-2 à plat (privilégié en général par les entraîneurs en phase défensive), le repli est beaucoup plus simple à effectuer pour les joueurs car il se fait naturellement. Ce dispositif permet donc de ne pas prendre de risque, d’avoir un système potable défensivement et offensivement. Avec un 4-2-3-1, il n’y aura pas de catastrophe mais en contre-partie il n’y aura jamais de folie. C’est une méthode privilégiée par les entraîneurs réputés faibles tactiquement car elle permet de cacher le néant de fond d’une équipe. Cela vous semble familier ?

Attention cependant, même si le 4-2-3-1 n'est utilisé régulièrement que par entraîneurs en manque d'idées, ses limites peuvent être compensées par du travail tactique en amont et des grands coachs l'utilisent parfois. Cependant, contrairement à d'autres dispositifs, le 4-2-3-1 reste potable avec peu de travail tactique car il dépend plus des individualités que du collectif.

Les solutions classiques

Les deux alternatives principales qui répondent à ce soucis de sur-rigidité sont le classique 4-3-3 et le légèrement-moins-classique 4-4-2 en losange (ou en diamant comme disent les anglais qui sont plus riches, dédicace à Pierre Menes).Notre préférence pour ces deux dispositifs mise de côté, nous n'allons pas nous y étendre, l’Olympique Lyonnais ne possèdent pas les profils nécessaires et le mercato ayant été fait dans l’optique unique du 4-2-3-1. Il manque en fait un profil à la Corentin Tolisso, ou encore à la Olivier Kemen, un box-to-box capable d’amener autant de qualités techniques que d’impact physique. Car bien qu’une paire de relayeur Darder - Aouar (par exemple) semble, sur le papier, très alléchante, il apparait que ce milieu prendrait l’eau à la moindre grosse opposition, surtout s’ils ne sont pas aidés par les attaquants.

Une autre alternative

Quelle serait donc la solution idéale ? Changer d’entraîneur ? Admettons. Mais d'ici là, nous pourrions nous réconforter avec un OL en 3-5-2.

Une version possible de l'OL en 352

En phase offensive, il est clair que ce système est beaucoup moins rigide que le 4-2-3-1 : une seule personne occupant le couloir, le numéro 10 (ici Aouar) peut tout à fait exprimer sa créativité dans toute la largeur du terrain, Darder peut lui facilement monter d’un cran pour récupérer l’espace libéré par Aouar, les joueurs en pointe peuvent également « dézoner » soit en redescendant chercher le ballon plus bas, en prenant la place de Aouar, soit en allant dédoubler avec les latéraux sur le côté comme on le ferait dans un 4-4-2 en losange.

Au delà de sa souplesse, le 3-5-2 apporte également quelque chose que même le 4-2-3-1 n'a pas : il correspond parfaitement aux joueurs.

Sergi Darder se retrouve en position idéale : dans un double-pivot (son poste préféré) mais avec la possibilité intrinsèque de se porter beaucoup vers l’avant. Nabil Fekir se retrouve quant à lui dans une pointe à 2, poste qui lui permet d’évoluer en 9 et demi, position dans laquelle il avait brillé en compagnie d’Alexandre Lacazette en double-pointe du losange il y a deux saisons. Les latéraux très offensifs que possède aujourd’hui l’OL (à part Kenny Tete) se voient également dans une position idéale pour s’exprimer avec un dispositif qui leur demande de se porter beaucoup vers l’avant tout en assurant a minima derrière. De plus, l’OL disposant à l’heure actuelle de 6 défenseurs centraux, la défense à trois permet entre autre de compenser cette surcharge au poste.

La seule véritable interrogation de ce dispositif est la capacité de Bertrand Traoré (qui peut être remplacé dans le XI par Memphis Depay, Mariano Diaz ou même Myziane Maolida) à se mettre dans la peau d’un Alexandre Lacazette, pas tant dans le style mais dans la capacité à marquer tout en étant assez complet pour pouvoir par exemple déborder avec les latéraux. Le joueur parmi les quatre cités qui semble être le plus à même pour ce poste est le jeune Myziane Maolida. Cependant, malgré son immense talent, il n'a pas encore les épaules d’un titulaire au contraire d'un Houssem Aouar. Sur les trois autres restants, c’est à première vue Bertrand Traoré, la nouvelle recrue lyonnaise, qui semble le plus à même d’apporter à la fois des débordements et des buts. Memphis semble moins buteur, même si il est vrai qu’on ne connait finalement que peu Bertrand Traoré à ce jour. Memphis à quant à lui le profil parfait de « supersub » : une capacité exceptionnelle à percer les défenses, surtout face à des défenseurs fatigués. Dans un profil différent mais dans la même idée, l’ancien madrilène Mariano Diaz a également tout du « supersub » renard des surfaces qui peut placer une tête sur un dernier corner ou une grosse frappe dans les dernières minutes. À l’heure actuelle, c’est donc en qualité de « supersub » que Mariano et Memphis peuvent le mieux s’exprimer et encore une fois, le 352 permet cela.

Cette disposition des joueurs a également l’avantage d’être assez flexible : Nabil Fekir peut également commencer le match un cran plus bas, en numéro 10, poste où il excelle, certes, un peu moins qu’en 9 et demi, mais où il excelle tout de même. Dans ce cas, Memphis, Mariano, Maolida et Traoré peuvent se partager les deux pointes. Le 3-5-2 montré ci-dessus est probablement le meilleur en terme de rapport profil / qualités mais les différentes associations que l’on peut faire devant peuvent permettre de faire tourner l'équipe ou encore de varier les profils selon le match le tout en gardant une équipe très compétitive.

Le 3-5-2 semble donc le remède à la majorité de nos problèmes tactiques et d'effectif. Mais semble seulement : en réalité, même si offensivement il répond bien sur le papier, il est beaucoup plus compliqué à maitriser que le 4-2-3-1 notamment en phase défensive. Le 3-5-2, tout comme le 4-4-2 en losange (qui sont dans l’idée des dispositifs frères) demande un gros travail tactique en amont. On peut se demander si ce travail est à la portée de Bruno Génésio. D'ailleurs, ce dernier n’a visiblement pas l’intention de nous contredire : son projet de jeu pour la saison à venir est, il l’a lui même annoncé, de faire du kick’n rush dans un 4-2-3-1 afin d’essayer de maximiser les capacités individuelles (très importantes) de nos joueurs tout en essayant de minimiser la faiblesse tactique de l'équipe. L’expression, très utilisée pour décrire le jeu de Mourinho, de « football pragmatique » peut être également employée dans ce contexte. En réalité, ce style de jeu peut être pragmatique... mais est-ce vraiment du football de haut niveau ?

À propos de l'auteur

Cet article a été rédigé par lokakilol, membre du Café du Commerce OL.