OL International Community
Le 29.03.2021 par tomabadie98Le centre de formation de l’Olympique Lyonnais est l’un des meilleurs de France, voire d'Europe. Caqueret, Aouar, Cherki ou Bard dans l’équipe actuelle ; Benzema, Lacazette, Umtiti, Fekir et Tolisso dans les joueurs qui ont pris leur envol ; nombreux sont les joueurs à être sortis de l’usine à succès des Gones. Par ailleurs, depuis quelques années, la stratégie de formation de l’OL s’est diversifiée.
L'OL s'exporte à l'international
Tandis que de nombreux clubs comme Manchester City ‘s’associent’ avec des clubs à travers le globe pour mieux gérer leur formation à l’étranger (City Football Group s’est attaché à Troyes ou à Vannes notamment), Lyon est plutôt parti sur les bases de partenariats. Au lieu d’imposer la politique du club, les Gones ont trouvé des clubs à l’étranger pour mettre en commun les centres de formation et permettre le mouvement de joueurs entre les clubs, facilitant le développement de joueurs.
Le club le plus récent à rejoindre le programme « OL International Community » ou l’OL Academy, est le club Sporting Clube de Farense au Portugal. Le club portuguais est le 8ème club à rejoindre la famille OL, signant un accord le 21 Juillet 2020. Il rejoint donc l’Athletico SC (Beyrouth, Liban), AS Dakar Sacré Cœur (Sénégal), Ho Chi Minh Football Federation (Vietnam), Beijing, Shanghai, Chengdu et Shenzen (Chine), Fath Union Sport (Maroc), Pelé Academia (Brésil) et OL Reign (USA), un club féminin.
Le partenariat avec la capitale vietnamienne a récemment été prolongé jusqu’en 2023, un projet qui englobe maintenant 80 jeunes talents locaux comme le précise Jean-Michel Aulas dans un communiqué du club.
Farense, un club de seconde division lorsque les discussions ont démarré en Janvier 2020, est monté en Liga NOS cet été après avoir fini deuxième du championnat avant l’arrêt de la compétition du à la pandémie. Ils sont actuellement 15ème de première division portugaise, possédant 1 point d'avance sur les relégables. Ils comptent notamment dans leurs rangs l’éternel espoir écossais Ryan Gauld et une jeune promesse de Benfica, Tomás Tavarez, en prêt pour la saison.
Lors de l’accord passé avec le club portugais, Lyon a bien précisé que l’intention n’était aucunement de reprendre en main la politique sportive du club ou de rentrer au capital du club. Selon le communiqué du club à ce sujet, « cette coopération va permettre de développer un lien privilégié entre les deux clubs, et se matérialiser au travers de synergies sur la formation, le football professionnel et les domaines extra-sportifs. » Le but est donc d’échanger des joueurs, en déplacer certains en prêt et pourquoi pas faire de la plus-value.
Le championnat portugais est particulièrement prisé des recruteurs, et pourra donc apporter plus de visibilité à certains joueurs bloqués dans la réserve de l’Olympique Lyonnais. On peut penser à Camilo par exemple, arrivé avec Bruno Guimarães en Janvier 2020, mais qui n’a pas encore joué une seule minute en match officiel avec l’équipe première (finalement actuellement prêté du côté du Brésil).
De plus, le contexte pourrait être plus favorable à certains joueurs. Avec Juninho en directeur sportif, il est fort possible de voir de nouveaux joueurs brésiliens arriver au club. L’accord avec Farense permettrait soit de les prêter avant même qu’ils ne jouent en France, soit de les faire directement arriver au Portugal, comme un sas de préparation à l’Europe. Maintes et maintes fois, des joueurs sud-américains arrivent en Europe et déçoivent les clubs qui les achètent. Ce processus permettrait aux joueurs de s’intégrer à une culture qui leur est plus familière, sans la barrière de la langue et donc de s’épanouir plus facilement. Benfica et Porto sont réputés pour avoir recruté de nombreux joueurs d’Amérique Latine avant de les revendre beaucoup plus cher en Europe.
Le LOSC, source d’inspiration ?
Un club en France use déjà de ce modèle, il s'agit du LOSC. Récemment acquéreur d'Angel Gomes, jeune promesse de la réserve de Manchester United, le club lillois l’a envoyé directement dans un club partenaire, Boavista. Rival de Farense pour rester dans l’élite du football portugais, le club de Porto a permis à Gomes de jouer régulièrement (19 matchs cette saison). Avec 4 buts et 6 passes décisives, le jeune anglais d’origine portugaise s’est parfaitement intégré au collectif. Il peut espérer revenir dans le nord de la France avec un nouveau statut et progressivement intégrer la rotation de Galtier. Au vu des problèmes engendrés par la crise sanitaire et les droits télévisuels, les clubs français vont devoir apprendre à modifier leurs politiques sportives pour survivre. En ajoutant les complications liées au Brexit, qui empêchera de nombreux clubs de vendre leurs jeunes pousses aux clubs richissimes de Premier League, les clubs français devront sûrement trouver des moyens plus intelligents de recrutement et devront exploiter le système de prêt au maximum.
Alors que de nombreux clubs riches développent leur système de clubs satellites, comme l’empire Red Bull qui s’impose de plus en plus, il est important de se distinguer dans l’organisation d’un tel système. En établissant de réelles stratégies en interne et en envoyant des représentants du club sur place, l’Olympique Lyonnais semble sur la bonne voie. Le succès du l’OL International Community est moindre pour le moment, avec seulement Ousseynou Ndiaye (22 ans) arrivé à Lyon depuis Dakar comme joyaux du programme international de Lyon. Le joueur sénégalais, passé par la réserve pendant trois saisons, a dû partir en prêt au club local de Bourg-en-Bresse pour une nouvelle expérience. Son contrat à tout de même été prolongé l’an passé jusqu’en 2023, lui permettant encore d’espérer une chance en équipe première, comme son benjamin au poste Florent Da Silva cette saison.
Globalisation de l’académie, mais toujours la formation locale en pôle !
Avec des personnes comme Juninho à la tête de ce genre de programme, il est espéré que la stratégie se développe et rapporte plus de jeunes joueurs de l’étranger au centre de formation. Le directeur sportif, très impliqué dans cette partie du club, peut s’appuyer sur une équipe de spécialistes, et souvent d’anciens joueurs. Actuel entraîneur de la réserve, Gueïda Fofana a passé 5 ans au club en tant que joueur, de même pour son assistant Jérémie Bréchet, lui-même formé au club. Alors que Éric Hély manœuvre le groupe U19 depuis 2 ans, le travail de détection et d’organisation de Jean-François Vulliez, directeur du centre de formation, est primordial.
Ce dernier précise récemment dans une interview avec Le Dauphine que « Notre recrutement est à 80 % régional et nous souhaitons poursuivre dans cette voie. Nous regardons d’autres régions, comme le bassin parisien, gros pourvoyeur de talents. Mais on a aussi la chance autour de Lyon d’avoir un gros bassin de population, à fort potentiel. Donc on aime que les jeunes viennent de notre territoire. Ça leur permet de baigner très rapidement dans la culture OL. Quand on est petit, qu’on a 8 ou 12 ans et qu’on joue des tournois avec le logo OL sur la poitrine, on s’attache à une aventure humaine, à une identité. C’est là qu’on construit la culture du club et l’amour du maillot ». Étant donné la qualité du bassin lyonnais en termes de talents, il est difficile de voir un changement radical dans le recrutement dans les années à venir. Cependant, une ouverture au monde permet de faire grandir l’image du club à l’international et par la même occasion le développement de certains territoires footballistiques.
L’axe OL – Vietnam en développement
Pendant 4 ans, ce fut justement la mission de Julien Negri. Éducateur des jeunes à l’OL (U10/11/12) pendant 3 ans, il est envoyé en 2016 au Vietnam travailler avec la Ho Chi Minh Football Federation en tant que directeur technique de l’académie. Alors qu’il y passe 4 ans, il aide le développent de jeunes joueurs afin de les aider à rejoindre l’Europe avec une formation aux normes de celles sur le Vieux continent. Les joueurs asiatiques arrivent souvent en Europe à 18 ans avec un déficit en formation par rapport aux autres joueurs européens de leur âge. L’idée était donc non seulement d’investir massivement dans les infrastructures pour arriver à des terrains et matériel les plus proches du niveau de Lyon, mais également d'avoir les éducateurs en place et les bonnes méthodes infusées dans le système. Ceci permettrait aux jeunes joueurs locaux de se développer pour atteindre les normes européennes.
Julien Negri raconte à Soccer Populaire son expérience. Il parle de l’expérience tout d’abord humaine, qui lui a beaucoup apporté avec une toute nouvelle culture. Il dit avoir été fier de représenter son club à l’international, mais l’important est le projet sportif qui était super intéressant. Il dit « l’idée de suivre une génération pendant 4 années était un challenge motivant. Avec beaucoup d’avantages comme avoir le temps d’apprendre à connaitre parfaitement ses joueurs et les accompagner dans leur progression, avoir le temps de mettre un projet de jeu en place. Mais il faut rester vigilant à ce que les joueurs ne soient pas formatés à une philosophie unique. On veut former des joueurs capables de s’adapter, ce qui implique d’être capable de changer de système de jeu par exemple ». Suivant quelque peu le modèle des grandes années de la Masia de Barcelone, l’idée de d’inculquer les valeurs de l’Olympique Lyonnais, certains plans de jeux qui pourraient servir et bien évidement la tactique, la technique et l’intelligence de jeu, qui sont primordiaux à l’OL.
L’OL, importateur de la culture foot à l’étranger
En plus de développer, voire améliorer l’image du club à l’étranger, ces projets internationaux permettent évidement de développer le football dans des régions qui sont dominées par d’autres sports. Le Da Cau, le Volley et le Badminton sont les sports nationaux au Vietnam par exemple, alors que des millions d’habitants regardent la Premier League toutes les semaines. Le projet de OL International Community permet donc aux jeunes d’apprendre à jouer et pourquoi pas s’exporter en Europe, où le football est bien plus regardé et bien mieux payé que dans des pays en développement.
La Ligue des Champions est le rêve de tous les enfants qui commencent à regarder le football, où qu’ils habitent dans le monde. Lyon s’installe donc un peu partout dans le monde, pour aider les communautés à l’étranger et espère qu’à la fin, ils puissent récupérer de nombreux joueurs prometteurs, de l’international comme dans le bassin lyonnais en France. De jeunes joueurs ou joueuses du Sénégal, Portugal, États-Unis ou Vietnam pourraient donc un jour jouer aux côtés de la nouvelle génération de Cherki, Aouar ou Caqueret, permettant à Lyon de rester dans l’élite en termes de formation de jeunes joueurs.