Page noire #VDT24
Le 16.03.2019 par tyfounIl y a des matchs qu'on attend avec impatience, des déplacement pour lesquels on trépigne d'impatience... Depuis le tirage au sort de la LDC, le déplacement à Barcelone était le rêve de 5000 Lyonnais. Aller lutter dans l'un des stades les plus mythiques d'Europe. Le rêve était préservé après le résultat de l'aller, mais tout a viré au cauchemar...
Il y a des matchs pour lesquels l’inspiration ne vient plus. Le VDT a connu ça quand l’OL enchainait les mauvais résultats fin 2018. La rubrique avait repris avec un OL qui brillait dans des matchs importants, le derby, Paris… Et puis il y a des matchs pour lesquels on part avec l’envie de marquer le coup, pour lesquels on veut créer de nouveaux concepts. Barcelone était de ceux-là. L’envie de créer un reportage vidéo en donnant la parole aux supporters présents aux déplacements, l’envie de communiquer sur ce qui anime ces gones qui avaient traversé l’Espagne avec cette folle envie d’y croire. Faire comprendre aux gens qu’au-delà du match, au-delà du parcage, il y a des histoires d’amoureux d’un club, d’une ville.
À 48h du départ seulement, l’OL ne sait pas si des consignes seront mises en place ou non, puis par le biais d’un twittos lyonnais bien connu pour sa surveillance aérienne, on apprend qu'aucune consigne ne sera appliquée, les supporters lyonnais étant trop nombreux (une excuse digne de la LFP). Alors je prends mon mal en patience et trouve un moyen de réaliser quand même ce reportage de la vie d’un gone à Barcelone. Premières images sur le parking avant le départ. Le P1 se remplit comme les jours de matchs, à minuit le bouchon remonte jusqu’au périphérique, OL Voyages à lui seul emmènera 10 cars en Catalogne.
En ville pour s’échauffer
Une fois à Barcelone, images dans les rues, dans les transports, devant la Sagrada. Au fur et à mesure de ma journée j’imagine comment vous faire vivre cette passion qui monte petit à petit. Petit Snack pour manger une Paella, avant de filer sur la place Artos où le regroupement lyonnais a été déplacé. La place est petite, presque trop pour éviter les incidents. Peu de bar sur place et aucune installation pour recevoir les supporters en nombre (WC extérieur, poubelles temporaires,etc…). Malgré cela les lyonnais sont motivés et déjà les chants fusent spontanément. Pendant quelques heures les lyonnais vont se chauffer la voix et visiblement cela n’est pas du goût des voisins qui préfèrent balancer des sceaux d’eaux sur les regroupements de supporters faisant monter la tension. Heureusement les capos Bad Gones arrivent à temps pour lancer les chants et faire oublier ces désagréments. Toute la volonté des supporters est concentrée sur une seule chose : chanter leur amour pour ce blason frappé du lion.
Le discours est plein de vérités, si on est ici à Barcelone c’est parce que même si l’exploit parait peu probable, dans le « peu » réside une chance à laquelle tous les lyonnais présents veulent croire. La force des lyonnais dans les gros matchs, il ne nous reste que cela pour rêver, que cela pour pousser un peuple à y croire. C’est dans un cortège dont les images ont déjà fait le tour de la twittosphère que les lyonnais se rendent au Camp Nou. Le chiffre de 500 lyonnais est aussi erroné que les chiffres de la manifestation, il vous suffira de regarder les vidéos pour comprendre pourquoi les barcelonais sont tous sortis filmer de leur fenêtre, cette foule se déplaçant en chantant avec fracas.
Une prise en charge indigne
La guardia se montre malheureusement fidèle à sa tradition assénant des coups de matraque au moindre lyonnais aillant le malheur de mettre un pied sur le trottoir même si c’est dans le simple but de ramasser ses lunettes tombées au sol. En arrivant au stade, quelques barcelonnais se mettent à chauffer le cortège bien à l’abri derrière le cordon de policiers, pas de quoi faire descendre la ferveur des chants bien au contraire. L’arrivée au stade est à l’image du parcage promis aux lyonnais, immonde. Plus d’une heure pour passer une fouille où la sécurité est en sous nombre, on est entassé comme des bêtes en attendant d’être fouillé et parfois séparé de force de son groupe d'amis sur l’injonction de plociers qui décident où vous faire passer sans rien vouloir entendre. On passera sur les buvettes qui ne proposent plus rien à manger une heure avant le match et sur l’interdiction de monter des bouteilles même débouchonnées en tribune.
Le parcage est chaud bouillant et il reste plus d’une heure trente avant le match. Les chants fusent dès la reconnaissance de la pelouse pour les joueurs. Perchés à une hauteur indécente, le kop lyonnais donne de la voix pour ses joueurs jusqu’au coup d’envoi.
Un match sans envie
La suite vous la connaissez : le stade sera une cathédrale jusqu’au 4ème but barcelonais et seul le kop lyonnais donnera de la voix pour alimenter l’ambiance, bien indigne d’un huitième de Ligue des Champions et à l’image d’un stade devenu un repère de touristes bien incapable de se lever pour pousser son équipe.
Vient le moment de vous expliquer la raison du non-reportage et du titre. Au-delà du résultat, c’est la manière qui a abattu le parcage. Jusqu’à la 70ème minute le parcage a disputé un match à l’extérieur d’un niveau Ligue des Champions. Ils étaient 5000 à avoir la hargne, l’envie que demande un match de ce niveau. Ils étaient 5000 à avoir la soif de victoire, la rage de vaincre transperçant leurs cordes vocales. Malheureusement nous n’étions pas 5025. Les 25 car pour moi, la rage de vaincre doit venir des 18 joueurs certes mais aussi du staff. Et quand, que ce soit en première mi-temps ou en deuxième les joueurs arrivent sur la pelouse avec une apathie digne d’un homme perdu, c’est que le staff et en particulier l’auteur de la causerie n’a pas eu suffisamment envie de vaincre pour le communiquer aux 11 qui débutent sur le terrain. Il est bien beau de faire de la communication sur les causeries d’avant match après une victoire, mais il faut aussi savoir se remettre en cause après une défaite.
Et quand en remontant dans le bus je lis que l’entraineur estime que les joueurs y ont cru et qu’ils ont soit disant fait trembler le Barça, je crois que c’est encore plus dur que le cinquième but et les signes d’« adios » des supporters Barcelonais. Depuis la tribune on a dû croire dix minutes à la qualification, et pourtant on s’est donné pendant 90 minutes. Mais honnêtement, comment peut-il estimer que le Barça a tremblé plus que les 5 minutes qui ont suivi le but ? Je ne me l’explique pas et personne autour de moi ne le comprend.
C’est cette manière de perdre, cette manière de jouer, de ne pas tomber les armes à la main avec autant d’envie que le parcage leur a transmis, qui me fait à nouveau renoncer à innover pour l’OL, à innover pour un groupe qui ne l’a pas mérité. Ils étaient 5000 comme moi à avoir pris de leurs temps pour les encourager, 5000 à rêver, à croire suffisamment en eux pour venir en Catalogne, ils sont 5000 à avoir été trompés, 5000 à rentrer dégoûtés.
Ce seront pourtant les mêmes qui reviendront au Stade de France si l’occasion se présente, et même à revenir chaque week-end les encourager. Car eux ne lâcheront rien, eux tomberont les armes à la main.