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Pour se réconcilier... #VDT27

Le 07.11.2019 par tyfoun

Une soirée pour confirmer, une soirée pour oublier mais avant tout une soirée pour vibrer : voilà ce que devait l'OL à ses supporters, et c'est chose faite. Ensemble, il est désormais permis de croire en un avenir plus grand.

Ça fait un petit moment que ce frisson d’avant match nous avait quitté, un petit moment que l’on attendait les rencontres des Gones avec plus d’angoisse que d'impatience. Bien qu’encore friable, l’envie de revenir au stade et de voir l’OL jouer réapparaît petit à petit. Si avant ce OL-Benfica, Lyon a retrouvé la victoire à l'extérieur contre Toulouse, le jeu, lui, n’était pas au rendez-vous du dernier match à Decines face à Metz malgré la victoire. En revanche, on a retrouvé quelque chose d’emballant, une légère hausse d’envie, de solidarité qui a permis aux supporters de croire à une proche rémission, avec en ligne de mire la victoire en fin de semaine. 

Et finalement, quand on parle du match au coin café du bureau, on recommence à mentionner la victoire, à imaginer les scénarios pour se qualifier en huitième. Le supporter lyonnais relève un peu la tête et ce n’est pas pour lui déplaire tellement elle a été au fond du seau depuis mi-août.

C’est donc avec espoir que je me gare à Eurexpo pour aller rejoindre le stade. On voit très vite que les lisboètes seront nombreux : un parking leur est dédié et à 19h, les navettes se rendant au stade sont déjà pleines à craquer.

Dans ce bus qui nous emmène au Groupama Stadium, les mines déconfites d’il y a quelques semaines laissent place à de fragiles espoirs : l’équipe joue mieux, mais les supporters ont peur de s’emballer de nouveau avant de chuter comme ce fut le cas au mois d’août. On sent la prudence dans les propos de chacun des supporters avec qui l'on peut discuter... Il y a toujours un "mais..." pour venir calmer l’embellie de ces derniers jours, comme si y croire n'était plus permis. C’est cela que l’on vient chercher ce soir au stade : le droit de croire en une belle victoire méritée, le droit de s’emballer derrière onze joueurs qui produisent du vrai football.

Un stade Ligue des Champions

Même si en arrivant sur le parvis à 19h30 on est encore bien loin de l’affluence des grands soirs (fléau des matchs en semaine avec un public qui arrive à la dernière minute), l’échauffement se fait sous les chants des supporters lyonnais. Peut-être sont-ils un peu piqués au vif par le massif parcage portugais qui commence déjà à faire du bruit. Alors, pour montrer qu’on est chez nous, on couvre leurs chants de nos voix et finalement, nos cordes vocales montent en rythme en même temps que les joueurs. Une ambiance Ligue des Champions, une ambiance des matchs que l’OL doit gagner. L’alerte sur un coup pris par Anthony Lopes passerait presque inaperçue tant les supporters sont déjà dans leur match. Et quand vient enfin l’heure de l’hymne de l’OL, c’est tout un stade qui reprend cet air qui s’est imposé tout naturellement. La partie a cappella est terriblement vibrante et pousse tout un stade à chanter aussi fort que possible… magique.

Le match a tout juste le temps de commencer que l’OL ouvre le score d’une tête rageuse de Joachim Andersen, de quoi plonger directement le stade dans un élan de bonheur et de soulagement. On joue la quatrième minute et déjà le stade reprend un « qui ne saute pas n’est pas lyonnais » d’un volume incroyable. L'équipe va continuer de dominer. Dominer et se battre, à l’image d’un Memphis Depay qui n’en finit plus d’éblouir par son talent et surtout sa soif de vaincre. L’équipe joue haut, presse, se sort du pressing lisboète par un jeu de passes courtes et efficaces grâce à un Thiago Mendes retrouvé, aux lignes de passes très intelligentes. Andersen, mis en confiance par son but, livre un match de taulier. Logiquement, le public aime ce qu’il voit et le rend bien à ses joueurs. Je me souviens m’être arrêté de chanter un instant, regarder en tribune et voir des gens heureux, le sourire aux lèvres, chantant à gorge déployée, ivre de joie - et ivre tout court, surement. Quel contraste avec les mines sombres des dernières semaines. Ce soir le stade tout entier a pris un tournant et vit hors du temps. Un match, qui, petit à petit, réconcilie les supporters avec le football, avec son équipe.

Et que dire du second but offert par Houssem Aouar à Memphis Depay suite à un effort collectif du bloc équipe. La double accélération magique d'HA8 laisse sur place celui qui a plus souvent titillé ses chevilles que le ballon ce soir-là - coucou Tomas Tavares - et bascule tout un peuple dans le bonheur : les 51.000 personnes présentes se lèvent, chantent et restent debout débordant d'allégresse. Même Memphis en oubliera de se boucher les oreilles pour célébrer comme il se doit avec son passeur. Jusqu’à la mi-temps les chants ne vont cesser de monter du Virage Nord : enfin les 6000 membres du Kop reprennent du plaisir à assister à voir Lyon dominer de la tête et des épaules.

Un seul être vous manque…

On dit souvent qu’on devine les grands joueurs par l’impact de leur absence. Pour Memphis cela s’est avéré criant ce soir-là. Quand Rudi Garcia fait rentrer Maxwel Cornet en lieu et place de Depay, tout le stade se pose la question...  blessure ou simple repos pour dimanche ? Moment de flottement en tribune, et mouvement de flottement sur le terrain. Les joueurs de Benfica ne jouent pas forcément plus haut mais on sent des Gones plus apathiques. Cornet qui semble avoir un profil plus dans la profondeur que Memphis produit bien moins de jeu. Et tout de suite, l’équipe semble manquer de hargne, de vivacité, ce qui rends le stade septique, comme pour rappeler que la rémission n’est pas totale. Les supporters se mettent à craindre la rechute. Seuls les virages continuent à pousser même si les mines se crispent petit à petit.

Les joueurs se mettent à lever le pied, les occasions se font rare des deux côtés. Les entraîneurs procèdent chacun à des changements : Rudi Garcia maintient son système de jeu quand Bruno Lage fait rentrer un attaquant au profit d’un milieu.

Bertrand Traoré semble lui rentrer sous les sifflets d’une majorité du stade (surtout en latéral) mais il est difficile de distinguer s’ils lui sont destinés puisque Pizzi fait son entrée au même moment. Si les sifflets sont pour le Burkinabé : ils sont bien la preuve que les plaies restent encore ouvertes. Je n’évoquerai pas le cas Marcelo, tant les versions sont différentes et tant il est difficile de se positionner sur le sujet.

Une chose est sûre : le choix audacieux de l’entraîneur portugais va s’avérer payant puisque, sur une passe lumineuse de l’attaquant entrant, Seferovic vient tromper Anthony Lopes qui ne peut malheureusement rien faire. Même si la VAR laisse place à quelques secondes d’espoir, la confirmation du but va plonger le stade dans un sombre silence. Le spectre des dernières semaines revient hanter les supporters présents en tribune, et la gorge, qui commençait à piquer tellement on a chanté, se noue.

Mais heureusement, l’OL réagit et repart de l’avant. Traoré une première fois puis ensuite Aouar s’incruste dans le camp portugais et Moussa Dembélé d’un superbe retourné redonne de l’allant aux supporters. Cette équipe se remet à haïr la défaite. Enfin, ils ne gèrent plus un but d’écart à 10 minutes de la fin. Enfin, la peur ne les paralyse plus mais les pousse à repartir de l’avant. Et il ne pouvait être autrement pour cette soirée qu’un final avec un but de Bertrand Traoré. LE joueur en difficulté, qui avait énormément à perdre, montre par les actes qu’il a compris. Quelle meilleure conclusion pour une soirée symbolique ? Un match référence dans tous les sens.

Enfin l’envie d’y revenir

Le coup de sifflet final tombe comme une délivrance joyeuse. Le stade exulte. Les joueurs remercient ses supporters et les travées du Groupama Stadium s’emplissent de chant. Il y a dans ce match un acte fondateur, une soirée où supporters et joueurs ont de nouveau réussi à œuvrer ensemble pour porter haut et fort le blason de l’OL. Les sourires sur les visages des gens qui quittent le Parc OL ne trompent pas. La pluie ? Ils ne la ressentent plus, il reste pour les gens que cette sensation d’avoir assisté à un moment important, cette envie de revenir très vite à Decines, cette flamme qui les illumine de nouveau. Aux joueurs désormais de faire en sorte qu’elle ne s’éteigne plus, pour que le stade des lumières redevienne la forteresse imprenable qu’elle fut à ses débuts.

À propos de l'auteur

Cet article a été rédigé par tyfoun, membre du Café du Commerce OL.