Qui es-tu, Jean Lucas ?
Le 25.06.2019 par MatthiasTFraichement débarqué de Flamengo pour quelques huit millions d’euros, Jean Lucas est un grand inconnu du public européen. Tentons d’en savoir plus…
Symbole
En la personne de Jean Lucas, l’Olympique Lyonnais tient là son premier prince d’une dynastie de Brésiliens que l’on espère longue et fructueuse sous l’égide de son nouveau directeur sportif, Juninho. Le natif de Rio est actuellement titulaire à Santos, où il est prêté par son club formateur Flamengo afin de gagner de la valeur en vue d’un transfert. C’est donc pendant la trêve liée à la Copa America (le Brasileiro se jouant de mai à décembre) que notre milieu relayeur âgé de 20 ans rejoint l’Olympique Lyonnais.
Les nombreuses rumeurs de transferts, parmi lesquelles figurent Ismaël Bennacer, Thiago Mendes ou encore Djibril Sow, rendent flou son futur rôle au sein du club. Et l’incertitude qui plane autour de l’avenir de Tanguy Ndombele n’arrange rien. En outre, Sylvinho ne s’est pas exprimé sur les cas Pape Cheikh Diop et Maxence Caqueret, si peu utilisés par son prédécesseur. Nous ne savons donc pas si Jean Lucas vient pour occuper ou non le poste de titulaire. Mais nous pouvons déjà en dresser un premier portrait par ses matchs de Brasileiro.
Une belle première expérience
En manque de temps de jeu à Flamengo, le néo-Lyonnais a pris part à neuf matchs, c’est-à-dire la totalité des rencontres, sous les couleurs de Santos, actuel deuxième du championnat. Jean Lucas s’est en effet rapidement attiré les faveurs de Jorge Sampaoli, l’entraîneur de Santos. En témoigne son amertume en apprenant le départ de Jean Lucas, lequel s’ajoute à la vente de Rodrygo. L’ancien sélectionneur argentin espérait effectivement faire venir Jean Lucas par le biais d’un transfert définitif. Et avant que Juninho ne frappe à la porte, l’intérêt semblait réciproque.
Il faut dire que Jean Lucas a trouvé en Jorge Sampaoli l’attention et le temps de jeu qu’il n’avait à Flamengo, club qui l’avait pourtant repéré en 2015. Dans des propos relayés par RMC Sport, il déclarait : « Sampaoli m'aide plus que cela n'était le cas à Flamengo. Il accorde beaucoup plus d'attention aux joueurs. Je lui demande beaucoup d'aide pour voir ce que je fais mal et comment je peux m'améliorer pour aider l'équipe. »
Un joueur complet...
Présenté comme un joueur prometteur, Jean Lucas montre d’ores et déjà une belle complétude dans les domaines techniques, physiques et tactiques. Dans le 4-2-3-1 de Sampaoli, il a plutôt vocation à être positionné dans le double pivot, mais il compte aussi quelques piges en tant qu’ailier droit, tant sa capacité à déborder l’adversaire est bonne. Toutefois, il s’illustre davantage comme milieu relayeur dans un milieu à trois, devant la sentinelle. Un premier point à noter est donc sa polyvalence.
Dans son rôle de numéro 8, c’est d’abord ses qualités athlétiques qui frappent. Sa force, ses appuis solides et son sens de l’orientation du corps lui confèrent une très bonne protection de balle et une capacité à se sortir des petits périmètres. C’est peut-être là, dans cette intensité tout en précision, qu’il se rapproche le plus du profil de Ndombele. D’autre part, Jean Lucas se montre endurant et peut ainsi exploiter les espaces laissés libres et percuter vers l’avant tout au long du match.
Mais ce serait lui faire offense que de le réduire à son aspect physique. En effet, Jean Lucas se distingue également par son toucher de balle. Aussi bien dans le cassage de ligne que dans les changements d’ailes en passant par des touches plus basiques, il est une pièce maîtresse de l’organisation du jeu de Santos. Par ailleurs, il n’est pas en reste sur un plan plus individuel, puisque ses dribbles et contrôles sont très satisfaisants, lui offrant un avantage dans les un-contre-un.
…au sens tactique développé
Si sa polyvalence montrait déjà une précocité en termes de sens tactique, sa vista et son jeu entre les lignes, par ses dribbles ou par ses passes finissent de peindre ce tableau. À l’aise avec son jeu court comme avec son jeu long, Jean Lucas constitue une véritable menace pour son adversaire. Il montre constamment qu’il aime le jeu. Il y participe, il l’organise. De fait, il s’insère très bien dans les actions offensives, quand il n’en est pas tout bonnement à l’initiative.
Défensivement, son sens tactique s’illustre moins, même si son positionnement est en général adéquat et que ses quelques jaillissements par match ravissent Sampaoli. Jean Lucas se montre davantage frénétique à récupérer le ballon directement dans les pieds de son adversaire. Toutefois, son calme et sa volonté d’organiser le jeu proprement demeurent dans les phases de récupération.
Lourde tâche
Alors vaut-il son prix ? Difficile à dire tant la différence de niveau et de style subsiste entre le Brasileiro et la Ligue 1. Il n’a évidemment pas le niveau de Tanguy Ndombele, du moins pas encore, même si l’OL ne pourra de toute façon pas avoir ces prétentions sur le marché des transferts. Au rayon des imperfections, on note une certaine précipitation dans la décision de la frappe et quelques errements de concentration.
Par exemple, Jean Lucas cherche souvent la faute et s’arrête de jouer quand il croit en obtenir une. Mais parfois, l’arbitre ne siffle pas, à tort ou à raison, et le jeu continue sans lui. Un comportement très dangereux au milieu du terrain qu’il faudra vite gommer. Enfin, là où Jean Lucas brille par ses ouvertures qui cassent des lignes, une autre interrogation réside dans sa capacité à exécuter le même type de passe dans un championnat où la pression sur le porteur de balle est plus forte.
Néanmoins, huit millions ne représentent pas un énorme risque pour l’OL. Et compte tenu de ses qualités, Jean Lucas représente une opportunité, qui, comme pour les deux autres récentes ventes de Flamengo, Lucas Paqueta et Vinicius Junior, obtiendra ou non l’approbation du temps et de la progression.