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Récit - Tout a changé, et pourtant...

Le 06.09.2023 par NSOL31

L'OL a changé, nous aussi. Le temps passe, trépasse. Au-delà des analyses et polémiques actuelles, notre rédacteur NSOL31 fait le récit de ces années qui filent, en parallèle des saisons qui défilent.

J'ai passé une large part de mon enfance devant les matchs de l'Olympique lyonnais. Toi aussi, probablement. Et puis, petit à petit, en grandissant, en vieillissant, l'OL est devenue une part de moi-même. Certains sont fumeurs, d'autres mariés, tatoués, alcooliques. Moi, toi, nous tous, nous sommes supporters de l'Olympique lyonnais. 

Le long chemin

J'aurai pu écrire ces mots, à quelque détails près, il y a vingt ou vingt-cinq ans, si la vie m'avait trouvé un quart de siècle plus tôt. Le club que je supportais durant toute mon enfance, mon adolescence, mes études, n'est plus celui qui se produit devant moi aujourd'hui. Pourtant, c'est bien le même club, le même nom, la même ville, presque le même blason frappé du lion invincible. Mais dans la substance, tout a changé. L'esprit est là, pas le corps. Ce n'est rien de nouveau : le grand philosophe juif séfarade néerlandais d'origine portugaise Baruch Spinoza, dès le dix-septième siècle - et c'était à l'époque une idée novatrice puisqu'elle allait à l'encontre de la pensée de René Descartes un demi-siècle plus tôt -, refusait d'appeler l'esprit substance. Mais pourtant, il convenait que, malgré l'intégral renouvellement des cellules du corps, l'individu « garde sa nature d'avant, sans changement de forme ». Il en va de même pour le club qui m'est cher. Tout a changé, mais pourtant, il s'agit bien du même, avec son histoire et sa richesse.

Depuis le premier match que j'ai regardé de l'Olympique lyonnais, un obscur trente-deuxième de finale de Coupe de France au cours d'un mois de janvier glacial, j'ai fait un long chemin. Au cours de ce chemin, j'ai intégré l'OL à mon identité. Ma compagne, mes amis, mes collègues, tout le monde sait qui je supporte. Mais pourtant, personne ne sait exactement quels sont les sentiments qui animent mon amour pour ce club. Et, à vrai dire, j'ignore aussi en grande partie quels sont ces sentiments. Ce n'est pas de l'amour, pas de l'amitié. Peut-être de l'attachement, mais aussi un sentiment d'appartenance. Et puis il y a toutes ces choses qu'un homme ne peut pas dire en public, sauf quand il s'agit de football. Il y a ces larmes que j'ai versé en Coupe d'Europe, il y a ces cris que j'ai lâché en Coupe de France, ces insultes en championnat...

Les doigts d'une main

Je m'acharne sur ce clavier comme si j'avais encore dix-huit ans, et parfois, je croise mes anciens camarades de jeu. Il y a peu, j'ai croisé un ami que j'ai perdu de vue, qui supporte le club rival et honni. Un ancien abonné en virage, là-bas, dans le Forez, un vrai, un dur. On était là, tous les deux, dans nos costards immaculés, une chemise bien repassée boutonnée presque jusqu'en haut. Bien sûr, les mots ont traînés sur ces peines et ces désespoirs, ces joies et ces excitations que nous avons partagé dans neuf mètres carrés alors que nous n'étions presque pas majeurs. Les flashs ont fusé dans ma tête. Combien de fois, dans ma vie, ai-je connu des choses aussi fortes que le football ? Cela se compte sans doute sur les doigts d'une main. Et pourtant, nous sommes là, bien habillés avec nos petites vies bien rangées. Si j'avais cru un jour que j'aurais plus de chemises dans ma penderie que de maillots de football...

Mais malgré l'éloignement, nos vies sont contigües. Oui, les adolescents inconscients sont devenu des adultes, mais le football est toujours dans un coin de notre esprit. Pour en arriver là, il a fallu faire des choix, jouer des coudes. On navigue, on chavire, on continue, on garde des habitudes et puis on en perd d'autre. Je garantis que j'attends toujours avec impatience l'Olympique lyonnais. Simplement, maintenant, les résultats suffisent alors que voir le match m'était auparavant indispensable. Mon existence côtoie toujours de très près celle du club longtemps présidé par Jean-Michel Aulas, mais au lieu de s'entrecroiser à tous les virages, nos routes sont désormais parallèles. Je peux jeter un regard quand je veux, mais la rambarde de sécurité est bien là, entre nous. Peut-être que je suis devenu un mécréant. Mais c'est ma vie, et je l'aime.

 

À propos de l'auteur

Cet article a été rédigé par NSOL31, membre du Café du Commerce OL.