Road to Strasbourg, road to Champions League... or not #VDT13 hors-série
Le 18.05.2018 par tyfounIl m'a fallu 48h avant de pouvoir me mettre à écrire. Il a fallu laisser passer une partie de la déception avant de pouvoir faire ressortir du positif. Au final, un déplacement c'est avant tout un bon moment entre passionnés amoureux de l'OL. C'est 24h d'expérience et au milieu de tout ça un match particulier. Retour sur ce déplacement à Strasbourg en compagnie des Bad Gones.
Ce samedi matin diffère des autres : je prends la direction de Strasbourg ! Les déplacements vous mettent dans des dispositions différentes des matchs à la maison, on sent la tension monter bien avant, on prépare nos affaires, on choisit le maillot la veille du match. Vient le matin du match, on file au point de rendez-vous, les premiers arrivés sont sur place, ça tâte le ballon, ça discute foot, le raté marseillais est sur toutes les lèvres, la Ligue des Champions aussi. Personne ne croit à la défaite, on calcule seulement sur la base d'un nul ou d'une victoire. La forme du moment est trop belle pour ne pas y croire. On a là des amoureux de l'OL, des gens qui ne se satisfont pas des matchs à domicile. Ils respirent pour le club alors ils le suivent aux quatre coins de l'Europe, ce sont ces gens-là qui au Groupama Stadium tiennent le virage et ne lâchent jamais. Pas en soutien à tel ou tel coach ni à tel ou tel joueur mais en soutien à nos couleurs : « Les joueurs et coach passent, les supporters restent ».
À l'heure de l'embarquement on se dirige vers les cars, on apprend rapidement à connaitre nos futurs voisins, de longues heures de route nous attendent alors on arrose ça et on file vers Strasbourg. Les conversations n'ont qu'un seul sujet : l'OL. Anecdotes de déplacements, bilan de la saison, rumeurs de mercato, idées d'avenir... ça discute, ça s'hydrate (on ne précisera pas avec quoi), et il y a le match de ce soir. Les pronos fusent, quand certains voient un match serré d'autres voient une large victoire, pour ma part je sens que ce ne sera pas simple : en face ça joue le maintien en Ligue 1 et avec ce public qui semble posséder une ferveur digne des plus grands, ce ne sera pas facile.
Au moment du repas, une pause s'impose. Direction le lac de Belfort. Au menu : sandwichs, boissons et foot bien sûr. Maillot de l'OL sur les épaules, sans prétention on est là pour déconner entre fans et heureusement que ce ne sera pas nous sur le terrain... quoi que. On échange avec les locaux, ça discute ballon en toute tranquillité. Le temps de poser pour la photo traditionnelle puis on repart, direction le car et on trace vers Strasbourg et la Meinau.
À l'approche de Strasbourg, je me rends compte de quelque chose que je n'avais jamais imaginé pour les déplacements : l'escorte policière. On s'arrête sur une aire à 50 kilomètres de Strasbourg, les policiers nous indiquent où nous garer, plusieurs cars et minibus attendent déjà. L'aire est sécurisée par de nombreux policiers. Une fois tous les cars arrivés on repart pour le stade, voies ouvertes par les policiers et cars encadrés par les motos... impressionnant. Ils sont tout aussi nombreux à l'arrivée.
Fouilles serrées, puis dirigés vers la tribune, « bienvenue dans la cage » nous glisse un agent de sécurité. Et c'est vraiment ça, une cage. Une cage aux fauves, car les 800 lyonnais venus depuis Lyon ne sont pas là pour s'asseoir et regarder, non, hors de question de se manger près de 1000 kilomètres pour ne pas pousser, ne pas encourager !
Pousser pour la LDC
Qu'il est étrange de vivre une ambiance de façon inversée. À l'entrée des joueurs de l'OL, la Meinau siffle et malgré nos encouragements, on les entend, ces sifflets qui prédominent. Nous sommes en minorité, mais ce n'est pas pour autant qu'on va se taire. On fait la sourde oreille et comme si de rien était, on donne de la voix pour l'OL. L'ambiance de la Meinau nous pousse à forcer encore plus fort, que l'on puisse entendre nos chants pour l'OL. Ce soir le parcage est un morceau du Parc OL qui a voyagé jusqu'à Strasbourg.
Mais dès le coup d'envoi, on le sent : Les joueurs eux, n'ont visiblement pas apporté assez d'envie avec. Strasbourg pousse, les joueurs jouent leur survie en Ligue 1 et visiblement ça les motivent bien plus que la Ligue des Champions ne motive les nôtres. Les strasbourgeois font des fautes, sont toujours à la limite dans leurs interventions mais ils transpirent l'envie, la rage de vaincre.
Arrive ce qu'il devait arriver : sous la pression, Mouctar Diakhaby contrôle mal le ballon dans sa propre surface, Bahoken glisse la balle et ouvre le score devant le parcage. Au stade, cela aurait surement coupé les jambes du virage, mais on a fait 500 km, les plus fervents sont là en tribune et puis on sait qu'être menés au score n'est pas rédhibitoire. Alors on chante encore plus fort ! Le parcage n'est pas venu pour lâcher à la 23ème ! On redouble de voix, au milieu de la Meinau qui hurle sa joie on s'entend tout juste mais on ne lâche rien ! Mais Lyon ne produit toujours rien, Lyon n'y arrive pas. Malgré la fatigue, le parcage mouille plus le maillot que les joueurs. Et jusqu'à la mi-temps, l'OL ne montre rien sur le terrain. Il est là le mérite du parcage : ne pas fatiguer, ne rien laisser, pour ne rien regretter. On ne fait pas un déplacement pour rester assis en tribunes. Au retour au vestiaire on s'assoit, on récupère un peu pour avoir l'énergie nécessaire pour la deuxième mi-temps.
Un peu d'envie…
Ils sont de retour, l’envie avec eux. On parle uniquement d’envie car côté jeu, ça ressemble à Strasbourg en première mi-temps. Décousu mais tourné vers l’avant, un jeu de passe compliqué, mais existant. Suffisant à entretenir la ferveur du parcage, à lui redonner de la voix. Sur une action individuelle Memphis Depay dribble une fois, deux fois dans la surface avant d’être fauché, face au parcage ! Penalty, libération ! Nabil Fekir le transforme, le kop se rebiffe et repart de plus belle. On est que 800 mais les chants résonnent fort ! Sud et Nord se répondent dans le parcage !
Lyon reprend la main sur le jeu et petit à petit s’affirme, le milieu récupère bien les ballons et chaque phase offensive remotive le parcage, fatigué, mais toujours là. Les strasbourgeois perdent un second joueur sur blessure, on se dit que le vent tourne et que les choses vont se décanter. Sur un jeu en une touche Houssem Aouar crée le décalage et le but s’ouvre. Aouar n’a plus qu’à remporter son duel face au gardien. L’OL mène, l’OL est qualifié pour la LDC à ce moment là du match, alors le stade explose, ah non le parcage pardon... Il n’y a alors plus de fatigue. Les heures de car sont oubliées, on chante, on danse, merci Houssem ! On ne sait alors pas que la soirée va tourner court.
K.O.
Mais les lyonnais reculent petit à petit, laissent le jeu aux strasbourgeois. Eux qui semblaient fatigués pendant toute la première demi-heure de la seconde mi-temps pointent le bout de leur nez. Memphis et Tanguy Ndombele laissent leur place à Maxwell Cornet et Jordan Ferri, étrange...
Et alors qu’au parcage on célèbre une victoire qui avec le nul de Monaco nous garantit la deuxième place, on a un œil sur le score, tout va tourner au cauchemar. Sur une action anodine, les strasbourgeois égalisent sur un centre sublime. Pas si grave à cette heure là, Monaco faisant match nul, mais le parfum de doute s’invite au parcage. On chante pour le chasser ! On tient à 800, on essaye d’envoyer notre énergie à la défense à l’autre bout du terrain pour qu’elle ne rompe pas une troisième fois. Et puis vient la 95ème minute. Coup franc sublime pour Strasbourg, le parcage se tait, silence glaciale, une cinquantaine de supporters continuent de donner de la voix à l’avant du parcage. Ils sont noyés dans un stade de la Meinau qui fête le maintien, impuissants. Quand l’arbitre siffle le coup de sifflet final, je tombe sur mon siège K.O. Un bruit sourd dans les oreilles, les bras ballants, plus rien ne me traverse, le vide. La fatigue revient d’un coup, le but de Monaco annoncé à côté de moi m’achève. Quand on perd à la maison, on perd à 50000, et seuls quelques centaines de supporters font la fête. Quand on perd en déplacement on se sent alors bien seul...
Il va me falloir dix bonnes minutes pour revenir à moi. Le parcage est silencieux au milieu d’un stade qui chante sa joie, les joueurs lyonnais sont quasiment tous rentrés au parcage sans avoir le courage de venir nous saluer. Seuls quelques-uns (Houssem Aouar, Lucas Tousart, Ferland Mendy ou Tanguy Ndombele il y a débat, et Mathieu Gorgelin) ont eu ce respect. C’est une blessure de plus ce soir. Certes on ne vient pas pour les joueurs mais pour nos couleurs, mais c’est une marque de respect que de venir saluer le parcage, et ce soir, soir de défaite mais soir ou le parcage ne les a jamais lâchés ils ne l’ont pas eu.
On va alors attendre que les Strasbourgeois quittent leur stade pour pouvoir sortir, et chaque minute va être très longue. Les Ultras Boys fêtent le maintien et ils n’ont pas envie de partir. Quelques supporters lyonnais venus dans le virage à côté du parcage viennent les saluer, et sont applaudis. On attend assis, abattus, l’ambiance est lourde. Les stadiers finissent par nous ouvrir la voie pour aller au bus encadrés par les CRS. Le tout se fait dans une ambiance silencieuse, triste. Chacun retourne à son bus. On y retrouve les collègues du trajet aller. Les langues se délient, la déception est énorme. On a du mal à se projeter vers Nice, il nous est impossible de parler du match alors on échange des anecdotes. Puis petit à petit on refait le match, on cherche à comprendre, on n'y arrive pas… Les heures de car semblent éternelles, on cogite bien trop pour trouver le sommeil. Celui-ci finira par me rattraper sur le coup des 4h du matin.
On avait quitté un Lyon sous le beau temps et la chaleur, on revient dans le froid et la pluie, à l’image de notre moral. Tout s’est bien dégradé. Je rentre chez moi, dormir pour oublier même si ce sera dur. Il faudra se remotiver une dernière fois contre Nice. Vite que la saison se termine, qu’on laisse ces déceptions derrière nous et qu’on passe à autre chose.
Merci à tous ces passionnés que j’ai côtoyé pendant ce voyage et qui m’ont aussi rappelé que l’on se déplace au Groupama Stadium et dans toute la France non-pas pour les joueurs mais pour les couleurs de notre club, de notre ville. Et cette année c’est une vérité essentielle.