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Tourner la page... #VDT14

Le 21.05.2018 par tyfoun

Vient l’heure du dernier VDT de la saison. L’heure du bilan, l’heure de repenser à toute une saison. On est parti ce samedi au stade avec de nombreux souvenirs, des bons comme des moins bons, mais aussi avec la motivation pour que cette grande “petite musique” résonne à nouveau au Groupama Stadium. Retour sur le dernier match de la saison, vue des tribunes.

L’envie d’avoir envie

Il fallait retrouver cette motivation. Le déplacement de Strasbourg encore gravé au fer rouge. Alors qu’est ce qui peut nous galvaniser dans ces moments là ? L’appel à l’union sacrée du club ? Sûrement pas. La communication a été trop mauvaise tout au long de l’année et cet appel le lendemain d’un match décevant à Strasbourg, était lancé bien trop tôt. Il a même eu tendance à créer chez moi l’effet inverse. Non ce qui m’a redonné l’envie, c’est cette idée que les hommes passent mais que le club reste. C’est ce club pour qui je chante en tribune, c’est ce club que j’ai envie d’aller encourager après avoir entendu l’hymne sacré. Et puis il y a ces déclarations, ces indices de notre capitaine qui semble de plus en plus sur le départ. Alors la dernière de Nabil Fekir pas question de la manquer, l'éventuelle dernière de Rafael également, ce latéral qui avait débarqué de Manchester United où il côtoyait de grands joueurs (Rooney, Di maria, Valdes, Nani,...) et qui semblait déjà à l’époque être le précurseur d’un retour de l’OL au premier plan sur le marché des transferts, cet amoureux du club qui pourrait nous quitter. C’est aussi pour ces moment là que l’on se rend au Groupama Stadium. Au départ à Part-Dieu, 2 heures avant le match, les navettes sont déjà bien pleines comparé à d’habitude. Le beau temps incite les gens à vouloir profiter du parvis, boire une dernière bière entre potes avant de clôturer la saison. Bientôt, on posera nos maillots de l’OL pour ceux de l’EDF, on tournera une page sur cette saison tumultueuse, alors on profite une dernière fois de la maison avant de la fermer le temps des vacances.

Sur le parvis, on entend parler de cette finale d’Europa League. De ces marseillais qui l’ont ouvert un peu trop grande, et que le karma a frappé, tout comme Toulon. On se dit que notre stade s’est protégé, le Groupama Stadium a une aura, il faut la respecter. Avant de monter en tribune, dernière bière, petit sandwich (au cours de la saison je suis passé de l’hamburger à l’andouillette, promis les gars c’est un gros coup du genre Memphis Depay).

Le discours des Bad Gones est plutôt clair, ce soir on a tous en tête le match de Strasbourg, on a tous en tête cette saison de promesses non tenues, mais il est hors de question qu’on puisse reprocher aux Bad Gones d’avoir lâché. Cela ne donnera que plus de force aux messages qui passeront en fin de match ! Ah, tiens des messages ? On a comme l’impression que certains pourraient directement être visés, du moins on l’espère.

L’envie, les joueurs vont l’avoir eux aussi. Comme rarement cette saison, l’OL attaque pied au plancher. Alors tactiquement, ce n'est pas ça, mais on occupe le terrain, on se projette vers l'avant et c'est déjà préférable à la bouillabaisse servie toute la saison (plat typiquement marseillais avec lequel ils pourront se consoler... ou pas). D’entrée de jeu, on voit Fekir se faire retenir le maillot dans la surface, l’arbitre ne bronche pas. Merci Monsieur Bastien pour ce surplus de motivation, mais au passage tu viens de te faire 57000 ennemis. On en revient encore à ces histoires d'ennemis communs mais pour une fois que Lyon joue, les niçois cassent le rythme avec de petites fautes et elles ne sont pas signalées. Déjà que sur un match sans enjeu cela agace mais je peux vous garantir que là, les tribunes bouillonnent de colère. Les chants redoublent de vigueur, les kapos au perroquet font lever le virage jusqu’en haut, entonnant un magnifique « Quand le virage se met à chanter... ». Quelles sont belles à vivre ces ambiances des grands soirs.

Quand revient la nuit

Et puis vient ce contre niçois, suite à un léger accrochage, les niçois ressortent le ballon rapidement. C’est beau le football quand c’est simple et efficace (hein Bruno ?). Pléa s’en va tromper Mathieu Gorgelin avant de célébrer son but (lui visiblement le respect du club formateur... enfin bref). Le jeu lyonnais s’éteint. les occasions se font plus rares même si au milieu de terrain, Houssem Aouar garde un rythme étincelant. Lyon patauge, n’y arrive plus. Les niçois prennent le pas tactiquement. Même si les lyonnais perforent plusieurs fois la défense, derrière on ne panique pas, les relances sont propres au sol et le jeu se reconstruit. En tribune on panique, on sait que Marseille mène 2 à 0. Même les quelques pétards lyonnais (sur le terrain, on n’est pas marseillais) ont du mal à nous réchauffer. On ne lâche pas mais que c’est dur, que c’est épuisant, en tribune les visages sont tendus. J’aperçois même un petit gone au bord des larmes qui hurle déjà, la rage au ventre... Vite que la mi-temps vienne, qu’on reprenne notre souffle et que quelque chose change, car à cette vitesse, on va s’asphyxier.

Allumer le jeu

La tribune est pleine pour le début de la seconde mi-temps, l’enjeu est trop important pour qu’il y ait des flottements. Dès le début, tout donner, dès le début, transmettre la rage de vaincre aux lyonnais. Mariano Diaz remplace Tanguy Ndombele pour un changement de système. Faire rentrer Mariano, cela on le comprend, sortir Ndombele on a un peu plus de mal. Mais ils ont visiblement autant la niaque que nous. Dès le début l’OL presse, est incisif et égalise par Memphis, décidément l’homme qui nous mène sur cette route pour la Ligue des Champions. Le stade est en fusion, les 57000 supporters présents exultent et sautent sur l’hymne de l’OL. Le doute se transforme en rage de vaincre, comme si tout le stade le pressentait, comme si tout un peuple savait ce qui allait se passer. Même le raté de Balotteli à 20m qui aurait pu passer pour un avertissement résonne comme un signe. La pression est folle, le Groupama Stadium chante de ses 57000 voix ! Et le magicien va de nouveau sortir de sa boite. Sur un coup-franc bien placé à l’entrée de la surface, Memphis glisse le ballon en douceur sous le mur, le filet tremble, les tribunes aussi ! Tout le stade est debout. À cette heure là, Lyon retrouve la Ligue des Champions qu’importe le résultat des autres. Aouar éclabousse le milieu de sa classe, du virage on le remarque par sa rapidité de prises de balle et de décisions, elles ne sont pas toujours justes mais l’âge peut l’expliquer.

On a quand même le syndrome Strasbourg quelque part en tête, mais ce soir on est chez nous, nous ne sommes plus 800 à les pousser, alors on donne de la voix. Le coeur tambourine dans la poitrine, le temps semble ne pas s’écouler assez rapidement. Et puis vient cette 83ème minute. Celle que les lyonnais redoutent tant, celle qui pourrait être la dernière de Nabil Fekir sous nos couleurs. Le stade fait silence avant de hurler le nom du capitaine de la saison de toutes ses forces. Tous les membres du KVN brandissent spontanément leur maillot chantant à la gloire de ce derby historique. Tout le virage a les larmes qui montent, Fekir aussi. La première accolade est pour Aouar, elle n’est pas sans rappeler celle de Juninho pour Pjanic en espérant que Houssem, lui, reste...

l'héritier

Et comme pour remercier son capitaine, Memphis va valider le ticket pour la LDC avec un triplé sur une petite balle lobée après une merveille d’ouverture de Bertrand Traoré. 4 jours après le piqué de Griezmann contre Marseille, joli clin d’oeil. Le stade exulte, il est debout et le restera jusqu’à la 95ème, même le but de Nice n’éteindra pas la ferveur lyonnaise.

L’heure des comptes

Au coup de sifflet final, le stade exulte, reprend le « qui ne saute pas n’est pas lyonnais » une dernière fois avant de s'asseoir. Le kop l’avait promis, c’est à la fin du bal qu’on paye les musiciens. La fête est finie et il est temps de dire ce qu’on a sur le coeur. Oui messieurs les journalistes, Lyon est en Ligue des Champions, mais c’est en partie grâce à l’Atletico Madrid et les déceptions en coupes ou en Europa League sont trop grandes pour être oubliées. Le virage n’oublie pas que Bruno Genesio est un homme du club, un amoureux de celui-ci. Mais il est temps pour l’OL de grandir, de changer de dimension : « Bruno ton amour pour l’OL t’honore, mais il est temps de tourner la page ». Le message a été passé en personne par les membres importants des Bad Gones mardi soir et cette banderole est là pour lui rappeler et lui montrer que le débat ne restera pas en interne, l'opinion est publique. Pour grandir, le virage souhaiterait aussi voir le président se concentrer sur le club plutôt qu’à ses frasques sur Twitter, le mug lui aussi n’a pas été oublié. Voici quelques unes des banderoles déployées ce soir par le Virage Nord et le Virage Sud :

La communication suite à ces banderole ne vaut pas la peine d’être décortiquée : le club feint la découverte alors que depuis mardi, ils sont au courant. Rien que cela pousse à ne pas faire plus de commentaires. Wait and see. Ce qui est sûr, c'est que l'an prochain au stade, on va se régaler en entendant cette petite musique :

À l’heure de clore cette saison de Vue des Tribunes, j’aimerais remercier un Bad Gones en particulier, Yohann, présent depuis de longues, très longues années sur le perroquet, qui vivait lors de ce Lyon - Nice, son dernier match sur celui-ci. J’ai appris les chants du Virage à travers sa voix dans les travées de Gerland. Depuis que je me rends au virage, je l’y ai toujours vu. Une passion sans limite pour un mec qui a inspiré de nombreuses générations. Le Kop a repris son nom à travers un chant simple « Merci Yohann, merci ». Ce sont des gens comme ça qui font vibrer un virage, un stade, alors si l’an prochain vous ne voulez plus vivre uniquement cette ferveur par mes papiers, prenez le temps de prendre une place et rejoignez nous au stade. Vous le verrez, un match c’est beaucoup mieux « vu des tribunes ».

À propos de l'auteur

Cet article a été rédigé par tyfoun, membre du Café du Commerce OL.