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Toute l'Europe je traverserai #1 : nuit glaciale à Glasgow

Le 16.09.2021 par tomabadie98

L’Olympique Lyonnais est de retour en Coupe d’Europe après une saison blanche. Pour célébrer l’occasion, le Café du Commerce vous propose une série d’articles historiques, tactiques et de témoignages, afin de présenter les adversaires des Gones au cours de cette campagne. Ils sortiront chaque semaine de matches continentaux. Votre guide pour accompagner l’OL à la conquête de l’Europe ! Aujourd’hui, retour sur le dernier affrontement en Coupe d’Europe entre l’Olympique Lyonnais et les Glasgow Rangers, lors d’un soir de décembre 2007.

Ce jeudi 16 septembre 2021, l’Olympique Lyonnais rejoue en Coupe d’Europe, l’ayant manquée la saison dernière pour la première fois en plus de deux décennies. L’élimination contre le Bayern Munich en demi-finale du Final 8 2020 à Lisbonne semble remonter à une éternité, mais il faut remettre le couvert pour à nouveau manger à la table des clubs européens.

Ratant la 3ème place de peu en fin de saison, les Gones se retrouvent donc en Ligue Europa, une compétition à laquelle ils n’ont plus participé depuis 2018. Ils avaient alors été éliminés en 8ème de finale par les Russes du CSKA Moscou, mais voudront réitérer la performance de la saison précédente, qui les avaient menés en demi-finale contre l’Ajax Amsterdam. Un certain Peter Bosz était sur le banc néerlandais, ce soir-là…

Dans leur groupe de Ligue Europa, ils retrouvent les Danois de Brøndby, les Tchèques du Sparta Prague et les Glasgow Rangers. Trois adversaires qu’ils ont déjà affrontés en Coupe d’Europe par le passé, et notamment les Ecossais lors d’un soir de décembre 2007… Retour sur cette nuit légendaire, au Ibrox Park de Glasgow.

Les jeunes Gones en plein essor

La saison 2007-2008 démarre un peu poussivement, avec notamment 4 défaites en championnat avant Noël. Les Lyonnais sont certes leaders de Ligue 1, mais leur couronne de champion de France est de plus en plus menacée. La situation est d’autant plus compliquée en Ligue des Champions ; reversés dans le groupe de Barcelone, Stuttgart et les Rangers, les Gones perdent leurs deux premiers matches de poule contre les Catalans et les Ecossais. La défaite 3-0 à Gerland contre les Rangers fait particulièrement mal à Alain Perrin et ses hommes. Mal en point, les Gones se ressaisissent en Allemagne, gagnant la double confrontation contre Stuttgart. Un doublé de Juninho à Gerland permet aux Lyonnais d’accrocher un nul contre la bande à Messi. Avant le déplacement à Glasgow, les Gones sont 3èmes et vont donc être reversés en Coupe de l’UEFA ; tout autre résultat qu’une victoire en Ecosse leur empêcherait d’aller chercher une qualification en 8ème de finale de la Ligue des Champions.

L’effectif est riche en talent, il est principalement constitué de joueurs qui ont grandement contribué aux six sacres de champions entre 2002 et 2007. Grégory Coupet, Sidney Govou et Juninho ont participé à chaque titre, alors que Cris et Patrick Müller ont engrangé quelques titres de leur côté. De nombreux champions ont quitté le club à l’été 2007 : Abidal, Wiltord, Malouda, Caçapa, Berthod, Alou Diarra et Tiago ont tous fait leurs valises pour se poser autre part. Jean-Michel Aulas et les responsables du recrutement sont en revanche allés chercher Kader Keita et Mathieu Bodmer à Lille, Cleber Anderson et le champion du monde Italien Fabio Grosso. Beaucoup de mouvements, qui laissent tout de même de la place aux nouvelles stars de l’académie lyonnaise : Hatem Ben Arfa et Karim Benzema. Champions d’Europe U17 en 2004 avec la France, les deux jeunes joueurs ont grandi ensemble et s’entendent très bien sur le terrain, une entente qui plait beaucoup à Perrin, qui les titularise très souvent ensemble sur le front de l’attaque. Admis dans le groupe pro en 2005 sous Paul Le Guen, Benzema prend réellement le contrôle de l’attaque lyonnaise lors de cette saison, qui le verra finir meilleur buteur de Ligue 1. Et ce soir de décembre 2007, avec l’absence sur blessure de Fred, la pression est forte sur le jeune homme de Bron.

That night in Glasgow…

Au-delà de Fred, les Gones arrivent en Ecosse sans Coupet ni Cris, tous deux blessés également. L’éternelle doublure Rémy Vercoutre démarre donc dans les buts. Devant lui, Clerc, Squillaci, Anderson et Grosso forment la défense, derrière un milieu de terrain formé de Juninho, Toulalan et Källström. Devant, un trio d’attaque Govou, Ben Arfa, Benzema devra se déployer pour marquer et récupérer les trois points essentiels à la qualification.

En face, les noms de McGregor dans les buts, Allan Hutton à droite et Daniel Cousin devant ne vous diront sûrement rien, mais Jean-Claude Darcheville, ancienne gloire de Lorient et Bordeaux, est de retour de blessure à temps pour être sur le banc. Le plus important cependant reste le public, le 12ème homme. Les supporters Ecossais sont réputés pour être bruyant, et ce soir-là, le stade Ibrox de Glasgow est définitivement en pleine ébullition, pour ce dernier match de poule. Malgré le froid de ce 12 décembre 2007, le stade est bouillant.

11 de depart lyonnais

Après la qualification des rivaux du Celtic, les Rangers veulent rejoindre leurs voisins au prochain tour de la Ligue des Champions. Bien que le club ait été relégué en 4ème division pour des soucis financiers quelques saisons plus tard, les Rangers sont, en 2007, un club très difficile à battre en Coupe d’Europe et méritent d’arriver à ce stade de la C1. Le plan de jeu est clair : bien défendre, utiliser l’atmosphère menaçante à leur avantage en mettant de l’impact dans les duels, et maximiser chaque opportunité pour marquer en contre. Les Lyonnais sont prévenus, cela ne sera pas une tâche facile. Ce soir-là, sur Canal +, les commentaires sont assurés par Aimé Jacquet, Laurent Paganelli, et le natif de Lyon Grégoire Margotton.

Intensité, émotion et coup de pression

Les Gones démarrent bien le match, et bien qu’ils aient du mal à s’élever au défi physique des Rangers, ils ont tout de même de belles opportunités. Bien servi par Juninho, Sidney Govou rate un face à face sur le côté gauche, choisissant le côté fermé plutôt que le second poteau plus logique. Les Lyonnais sont meilleurs techniquement, mais les tacles appuyés des locaux les empêchent de dérouler leur football. Chaque contact est acclamé par le public, poussant les joueurs écossais au dépassement de soi. Le Gone qui arrive à se démarquer est évidement Benzema. Il touche peu de ballons, mais chaque contrôle orienté lui permet de se démarquer du pressing écossais. Les opportunités lyonnaises se multiplient, jusqu’à la 15ème minute…

Ben Arfa prend le ballon côté droit et adresse de son pied gauche un ballon sublime en profondeur, qui trouve Benzema dans la surface. Le Français tire, sa frappe est trop croisée, mais McGregor repousse tout de même le tir. L’arrêt remet la balle dans l’axe, idéal pour Govou qui tire un missile dans le but vide. 1-0 pour Lyon, qui prend une vraie option pour la qualification.

Sidney Govou celebrant le premier but

La suite cependant est moins glorieuse, les actions écossaises s’enchaînent, Vercoutre doit se déployer plusieurs fois pour garder l’avantage. Les Lyonnais font de leur mieux pour être solides défensivement, sans pour autant savoir quoi faire avec le ballon une fois qu’ils le récupèrent. Ben Arfa et Benzema tentent tant bien que mal de s’illustrer avec des gestes de grande classe, mais les occasions lyonnaises se font de plus en plus rares. La mi-temps permet aux joueurs de se reposer quelque peu après une mi-temps intense, sous la pression de l’Ibrox.

La cerise sur le gâteau

Bien que les attaquants aient été mis en lumière, il faut reconnaître l’importance du duo Källström – Toulalan, qui permet aux Gones de sauvegarder leur clean sheet. Ils grattent des ballons précieux avant de se projeter et de faire sortir le bloc. Le Français est même l'auteur d’une percée digne de Messi, dribblant 3 joueurs après une série de double-contacts. Il se fait finalement descendre par un défenseur qui en avait trop vu. Le coup franc à 25 mètres de Juninho finit malheureusement sur la barre, alors que McGregor était resté scotché sur sa ligne. Une nouvelle occasion manquée qu’il ne faudra pas regretter.

Baros et Kallstrom congratulant Benzema pour son but

Le dernier quart d’heure du match est complètement fou. Les actions s’enchaînent, les espaces s’ouvrent et les deux équipes se rapprochent petit à petit du second but du match. Thompson est très proche d’égaliser, avant que Govou rate un nouveau face à face avec le gardien adverse. Les équipes se rendent coup pour coup : d’abord un arrêt de Vercoutre, puis une percée de Benzema, qui dribble le gardien avant de voir un défenseur sauver son tir sur la ligne. Les nerfs sont à vif, et il faudra une tête froide pour égaliser ou prendre le large. Quelques secondes après l’occasion de Benzema, Darcheville, rentré en jeu quelques minutes plus tôt, rate une occasion en or. Il est à la réception d’un centre à ras de terre, presque dans les six mètres de Vercoutre, mais le ballon finit sur la barre. Un peu comme celui de Sterling lors du Final 8. Les Lyonnais ont eu chaud.

Ensuite vient la lumière ! Alors que l'Ibrox espère encore la qualification de son équipe, Benzema montre qu’il est déjà un grand joueur de Coupe d’Europe. Sur une passe lobée de Grosso, le ballon bondit au-dessus du défenseur et Benzema fusille le gardien entre les jambes. 2-0, il reste 5 minutes dans le temps réglementaire, le match est quasiment plié. L’atmosphère devient encore plus glaciale quand le buteur français installe la clim' à la 88ème minute. Il récupère le ballon à 40 mètres, danse entre deux défenseurs avant de finir sa chorégraphie par une frappe sublime à 25 mètres dans le soupirail du gardien écossais. 3-0, match fini, qualification de l’OL pour le prochain tour de la C1. Le club y sera d'ailleurs le seul représentant français, après que Marseille a été reversé en Coupe de l’UEFA la veille.

C’était il y a 14 ans, et tout ou presque a changé. Cependant, certains aspects rappellent cette nuit à Glasgow. Le retour la semaine dernière de Benzema à Lyon avec l'Equipe de France, le maillot avec les bandes verticales rouge et bleue, Juninho aux commandes, le même stade... beaucoup de similarités. On espère le même dénouement.

Tableau d'affiche de l'Ibrox Park a la fin du match

À propos de l'auteur

Cet article a été rédigé par tomabadie98, membre du Café du Commerce OL.