Navigation

Toute l'Europe je traverserai #6 : souvenirs portugais de 2004

Le 09.03.2022 par tomabadie98

Cette saison, l’Olympique Lyonnais est de retour en Coupe d’Europe après une saison blanche. Pour célébrer l’occasion, le Café du Commerce vous présente les adversaires des Gones au cours de cette campagne avec une série d’articles historiques, tactiques et de témoignages qui sortiront à chaque semaine de matchs continentaux. Votre guide pour accompagner l’OL à la conquête de l’Europe. Cette semaine, en préparation du choc contre Porto, retour sur le dernier affrontement entre les clubs en matchs officiels, un quart de finale de Ligue des Champions en avril 2004.

Début de l’hégémonie nationale

Les Gones sont en 2004 double champions de France en titre avec l’un des tout meilleurs effectifs en Europe. Vainqueur 3-0 du Bayern Munich en 2001 lors de la première participation de l'histoire du club à la Ligue des Champions, l'OL est en plein essor au niveau continental. Il a encore du mal à passer aux stades plus avancés de la compétition, mais l’expérience européenne n’est pas acquise du jour au lendemain. Grâce à des joueurs tels que Sonny Anderson, Grégory Coupet, Juninho et Sidney Govou, le club entre un peu plus dans le cercle fermé des grands d’Europe au début du 21ème siècle.

Juninho buteur contre Munich

En 2003-2004, les Lyonnais sont reversés avec les Belges d’Anderlecht, les Écossais du Celtic Glasgow et l’ogre Allemand du Bayern Munich. Malgré un groupe pas simple, les Gones finissent premier de leur poule et invaincus contre les Munichois. Grâce notamment à un coup franc majestueux de Juninho en Allemagne, les Rhodaniens gagnent même le match à l’extérieur. Opposés ensuite à la Real Sociedad, deux victoires 1-0 permettent aux Gones de continuer l’aventure. Alors que Monaco - futur finaliste - fait également un beau parcours de son côté, le football français est dans l’une de ses plus belles périodes sur la scène européenne.

Sur la route du succès continental

De son côté, Porto n’est pas en reste. Dans une période quelque peu compliquée lorsque Mourinho arrive au club en janvier 2002, Porto a besoin d’un coup de boost. 5èmes en championnat, éliminés de la coupe nationale et derniers de leur second groupe de Ligue des Champions, les Portugais sont loin de leurs standards habituels. « The Special One » amène son exigence de travail et sa rigueur. Il qualifie le club pour la Coupe de l’UEFA et mène le club à une honorable troisième place. Son objectif est clair la saison suivante : gagner le titre de champion.

Mourinho porto

En 2002-2003, le tacticien met tout cela en place. S’appuyant sur une bonne défense et un Deco en très grande forme, Mourinho guide l’équipe vers un triplé historique. Record de points en championnat, vainqueur de la Taça de Portugal et vainqueur de la Coupe de l’UEFA grâce à sa victoire en finale contre le Celtic. Il veut faire mieux la saison suivante, avec un titre dans la plus grande des compétitions de club : la Ligue des Champions. Tirés dans un groupe avec le Real Madrid, Marseille et le Partizan Belgrade, les Portugais finissent 2èmes, ne perdant que le match à domicile contre le Real. Ce qui s'ensuit fait partie de la légende de Mourinho. Vainqueur 2-1 à domicile en huitième de finale contre Manchester United, un but à la dernière minute à Old Trafford de Costinha qualifie Porto pour les quarts. Exultant sa joie, Mourinho sprinte toute la longueur du terrain pour célébrer avec ses joueurs. L’Europe découvre un peu plus le tacticien portugais, qui trouve donc Lyon sur son chemin vers le sacre européen.

Avantage Mourinho

Entraînés par Paul Le Guen, les Lyonnais se déplacent pour le match aller dans la péninsule ibérique. Dans un Estadio do Dragāo presque plein et en totale ébullition, les champions de France se crispent et délivrent une triste première manche dans ce combat des titans. Défaits 2-0 à la suite d’un but de l’immense Deco et du central Ricardo Carvalho, les coéquipiers de Coupet rentrent bredouille en France. Malgré un 11 de départ au complet, avec Essien et Diarra au milieu, Luyindula et Govou en attaque et Juninho en chef d’orchestre, l’avantage tactique de Mourinho est pris grâce à une défense très solide. Il faudra donc se rattraper à Gerland, le 7 avril 2004.  

 

Le Guen tente donc un coup au retour. Puisqu'il faut au minimum marquer deux buts contre un bloc solide portugais, il aligne une défense à trois devant Grégory Coupet, avec Müller, Edmilson et le capitaine Berthod pour contenir les attaques adverses. Diarra et Dhorasoo sont associés au milieu, avec Malouda à gauche et Essien dans un rôle assez inédit en piston droit. Juninho accompagne Luyindula et Elber en attaque. Contrairement à l’aller, Govou et Éric Carrière sont eux absents du groupe. En face, Mourinho sort un 4-4-2 losange classique avec ses hommes forts. Baia dans les buts, Costa-Carvalho en axe central, Costinha, Deco, Maniche et Alenichev au milieu tandis que Carlos Alberto est associé au buteur Benni McCarthy. Un choc immense, commenté notamment par un certain Thierry Gilardi sur Canal+. Un grand soir de Coupe d’Europe, donc.

Les erreurs se payent cash

En Coupe d’Europe, les largesses défensives se payent cher. Très cher. Alors que Lyon croit marquer en premier, avant de voir le but de Luyindula annulé pour un hors-jeu évident, les Gones se font punir très rapidement. Suite à un bon travail côté gauche, le meneur de jeu Deco délivre une passe lumineuse de l’extérieur du pied droit pour trouver Maniche seul à droite. Sans contrôler, le milieu décoche une frappe dans la lucarne droite de Coupet, qui ne peut rien faire. 1-0 Porto, 3-0 sur les deux matchs avec un but à l’extérieur. La tâche se complique pour les Gones.

Porto Lyon

Pas abattus, les Lyonnais reviennent à la marque 8 minutes plus tard. Après un excellent débordement de Florent Malouda côté gauche, il centre en retrait pour Luyindula. Malgré un contrôle approximatif de la cuisse, l’attaquant français est plus rapide que son vis-à-vis et le gardien portugais et frappe à bout portant dans le but. 1-1 à la mi-temps, Le Guen doit certainement se dire qu’il faut attaquer encore plus. Il faut maintenant 3 buts pour se qualifier.

Simplement trop fort

Le discours ne passe sûrement pas dans les vestiaires. Deux minutes après la reprise, c’est à nouveau Maniche qui marque pour redonner l’avantage à Porto, dans un Gerland qui tombe silencieux. Le stade se rend compte qu’ils ont à faire à une très grande équipe. Servi à nouveau sur un extérieur du pied majestueux de Deco, Maniche termine une superbe action avec une volée parfaitement placée sous la barre de Coupet. Une défense solide et une attaque efficace, tel est le secret de Mourinho.

Maniche

Malgré quelques incursions dans les 30 derniers mètres de Porto, les locaux sont souvent stoppés par Carvalho ou par des grandes parades de Baia, décidément l’un des hommes forts des deux matchs. À 4-1, l’espoir est infime, et malgré un but en toute fin de match d’Elber sur un service de Malouda, les Lyonnais sortent de la compétition à domicile. L’exclusion du champion du monde brésilien Edmilson n’aura aucunement aidé. La déception est grande, mais Le Guen et ses hommes se rendent bien compte que l’opposition était simplement trop forte ce soir-là. Sans trembler, Mourinho et les siens continuent l’épopée européenne.

Une suite historique

La suite de l’histoire, vous la connaissez certainement. En demi-finale, Porto rencontre l’une des belles équipes du début du siècle, le Deportivo la Corogne. Après un nul décevant à domicile devant 50 000 personnes, les Portugais vont chercher la qualification en Espagne grâce à un penalty de Derlei à l’heure de jeu. Direction la finale à Gelsenkirchen contre Monaco, auteur d’un très beau parcours. Menés par Deschamps sur le banc, Evra, Rothen, Giuly et Morientes sur le terrain, les Monégasques ont le soutien de tout l’Hexagone dans cette finale.

Malheureusement, à nouveau c’est Mourinho qui gagne à la fin. Après avoir bien tenu en première période, l’intensité du jeu portugais épuise les Monégasques qui craquent peu avant la mi-temps sur un but de Carlos Alberto, puis successivement à la 71ème et 75ème minutes de jeu. À nouveau grâce à un Deco décisif puis le Russe Alenichev, certains des hommes clés du succès de Porto, couronné champion d’Europe, seulement un an après avoir gagné la Coupe de l’UEFA. Alors que la Grèce crée la surprise lors de l’Euro quelques semaines plus tard, cette année 2004 a marqué les esprits. Porto est le dernier club à avoir remporté la Ligue des Champions sans être issu du top 4 européen (Angleterre, Espagne, Allemagne, Italie), et au vu des performances, notamment contre les clubs français, c’était amplement mérité.

Porto 2004

Lyon et Porto se sont depuis rejoués en matchs amicaux, notamment cet été, match qui s’était soldé par une défaite 5-3 des Gones lors des matchs de préparation. Les Lyonnais ont engrangé de la confiance grâce à la large victoire à Lorient vendredi, mais Porto est un très grand club européen qu’il ne faut pas sous-estimer. Lorsque l’on regarde en arrière, et notamment ces matchs de 2004, il faut absolument faire attention à prendre la mesure de l’occasion et se présenter avec un plein de motivation. Autrement, gare à une nouvelle élimination au profit des Dragons de Porto.

À propos de l'auteur

Cet article a été rédigé par tomabadie98, membre du Café du Commerce OL.