Toute l'Europe je traverserai #7 : l'Estádio do Dragão
Le 17.03.2022 par owaiogL’Olympique Lyonnais est de retour en Coupe d’Europe et le Café du Commerce continue de vous présenter les adversaires des Gones au cours de cette campagne. Une semaine après avoir battu le FC Porto (1-0), l’OL va tenter de décrocher sa qualification en quarts de finale au match retour. Mais pourquoi s’attarder sur l'histoire d’un adversaire renommé, champion d’Europe en 2004, lorsque l’on peut parler de son stade, enceinte toute aussi mythique au Portugal?
Architecture unique
En arrivant à l’Estádio do Dragão par le métro de Porto, ce n’est pas forcément la beauté du site qui frappe tout de suite le visiteur. Les murs semblent hauts, gris, construits d’un béton dur, parfaitement lambda. Selon la météo, la pluie peut rendre cette première vision carrément maussade. Mais à l’intérieur, au plus proche du terrain, le stade du FC Porto se sublime.
Construit en vue de l’Euro 2004 disputé au Portugal, l’Estádio do Dragão et ses rangées de sièges bleus - bleus comme les azulejos, symboles de la ville - impressionne par son architecture. L’anneau inférieur est continu, mais seules les tribunes latérales accueillent des placements supérieurs. De part et d’autre du stade, surplombant les virages ouverts, la ville semble être directement collée à l’arène, se nourrissant de la ferveur dégagée par les Portistas les soirs de match.
Cette impression de proximité, sans doute dégagée par le relief et les perspectives proposées par la ville de Porto, ne reste évidemment qu’une impression. N’importe quelle vue aérienne du stade confirmera que le parvis entourant l’enceinte agit comme une douve. Néanmoins, l’impression reste tenace pour le supporteur visiteur, confiné tout en haut de sa tribune.
Ce qui frappe également, c’est le toit, sculpté d’une unique silhouette ondulée, surmonté des arches caractéristiques du football et des stades portugais. Un design certainement novateur lors de sa conception par l’architecte Manuel Salgado et de sa construction, entre 2001 et 2003.
Dragon force
Pensionnaire de l’Estádio das Antas depuis 1952, le club décide de construire un nouveau stade à la suite de l’attribution de l’Euro au Portugal, en 1999. Malgré de nombreuses difficultés, tant sur le plan technique que politique, le président Jorge Nuno Pinto da Costa inaugure finalement ce nouvel écrin le 16 novembre 2003. Plus moderne, fonctionnel et confortable, le nouveau stade n'est pourtant distant que de quelques mètres de l'ancien !
Alors que la question du nom se pose avant l’inauguration, la direction envisage différentes alternatives, dont la conservation de l’ancien nom ou celui d’anciennes gloires du club. Finalement, le nom Estádio do Dragão est choisi. Selon le président Pinto da Costa, « le Dragon étant présent à la fois dans le blason du club et dans les armoiries de la ville, il n’y avait pas de meilleure manière de symboliser la force et la vitalité du FC Porto ».
Depuis, l’hymne des Bleus et Blancs y résonne lors de chaque avant-match, rappelant les innombrables victoires du club portuan, ainsi que la gloire apportée par celui-ci à sa ville.
« Oh, mon Porto, où l'éternelle jeunesse
Enseigne au peuple ce que c'est d'être noble et loyal
Ton blason porte le bouclier de la ville
Qui dans l'histoire a donné le nom au Portugal. »« Oh, champion, ton passé
Est un livre d'honneur de victoires sans équivalent
Ton blason bénit
A Porto un arc de triomphe
Porto ! »« Lorsque quelqu'un tentera de suffoquer
Le cri audacieux de ta voix ardente
Oh Porto alors tu verras vibrer
La foule dans un cri de nous tous. »
Théâtre privilégié
Depuis son inauguration, l’Estádio do Dragão a vu défiler de nombreuses équipes, de nombreux joueurs, entraîneurs, supporters. La première star qui a foulé sa pelouse ne l'était même pas encore lorsqu’elle fit son baptême du feu à Porto. En effet, le match amical d’inauguration en 2003 vit le club portugais battre le FC Barcelone 2-0, avec la toute première apparition en pro d’un certain Lionel Messi, qui ne se doutait certainement pas encore qu’il gagnerait par la suite sept Ballons d’Or.
Au début du XXIème siècle, certains des meilleurs joueurs portugais de l’époque comme Deco, Maniche ou Ricardo Carvalho font les beaux jours du FC Porto. Plus tard, une doublette bien connue en France, composée de Lisandro López et de Lucho González, fera se lever le Dragão à de très nombreuses reprises. L’on pourra également citer Radamel Falcao, joueur du FC Porto de 2009 à 2011, João Moutinho, James Rodriguez, sans oublier les Brésiliens Danilo et Alex Sandro au milieu des années 2010, jusqu’à l’icône Iker Casillas de 2015 à 2019.
Hôte du FC Porto, le Dragão accueille aussi certains matches de la sélection portugaise, tout comme des événements internationaux : le match d’ouverture de l’Euro 2004 s’y est déroulé, le Portugal y connaissant la première de ses deux défaites du tournoi face à la Grèce, ainsi qu’un quart et une demi-finale de cette compétition. Plus récemment, la Ligue des Nations y a posé ses valises en 2019, ainsi que la finale 2021 de la Ligue des Champions, remportée par Chelsea.
Du côté de l’OL, outre le huitième de finale aller d'Europa League de la semaine dernière, on se souvient de deux passages dans l'arène de Porto, en 2012 et en 2021, au début de cette saison. Pour l’un de ses premiers matches sur le banc de l’OL, Peter Bosz s’y était vu infliger une défaite 5-3 par les Dragons. Le coach néerlandais est probablement heureux d’avoir renversé le rapport de force mercredi dernier, dans un match autrement plus important.
Après avoir passé l’épreuve de l’Estádio do Dragão, dans lequel aucune équipe française ne s’était imposée depuis 1971, l’OL aurait bon goût de terminer le travail ce soir, afin d’honorer sa victoire dans ce stade mythique.
Photo principale : FC Porto ©