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Toute l'Europe je traverserai... #VDT20

Le 06.11.2018 par tyfoun

Un déplacement européen, c'est toujours particulier. À l'heure où l'OL va mal, on le fait par passion, par amour pour notre club. Retour sur une journée loin de la ville lumière, où l'on s'en va porter haut et fort ce blason frappé du lion.

Réveil matinal

Tout commence le mardi 23 octobre à 03h15 du matin. Le réveil sonne, mais pas pour le travail. Ce matin, le réveil sonne à l’heure où certains rentrent de soirée car on a décidé de suivre l’OL jusqu’en Allemagne. Cela peut paraître étrange à l’heure où l’équipe n’est pas au mieux, mais on fait ce trajet pour la journée, entre supporters. Alors le temps de prendre une bonne douche pour se réveiller, de vérifier les vivres pour la journée, et on décolle pour attraper un Uber qui nous emmène jusqu’à Décines. Arrivée sur le parking P1 où l'on retrouve les courageux du jour. Pas mal de voitures sont garées et les gens discutent malgré le vent froid qui souffle sur le stade. Certains attaquent les premières bières, sûrement les dernières de la veille, pour se tenir chaud. Ce qui me surprend plus que tout c’est la diversité des gens présents : toutes les tranches d’âge sont présentes. Au moment où les bus arrivent, on voit même que certains membres des Rouges & Bleus sont équipés de tables de pique-niques et de gros thermos de cafés. On sent les habitués !

Avant même de monter dans le bus, nous sommes soumis à une première fouille de la part de la sécurité de l’OL qui interdit, dans la mesure de ce qu’elle trouve, de monter tout alcool à bord du bus. Une fois montés à bord, on se cale pour continuer la nuit comme possible. Après quelques rappels sur les règles de comportement pendant le déplacement, nous partons direction Sinsheim, quand certains enchaînent les derniers chants avant de s’endormir, d’autres sombrent déjà.

Sur la route

Chacun se réveille petit à petit, les éléments de petit-déjeuner sortent du sac, on somnole puis petit à petit on se réveille au son des chants qui émergent du fond du bus. On se met dans l’ambiance et on suit, ce soir c’est… match ! Chants et débats rythment la discussion jusqu’au franchissement de la frontière. Puis les heures s’écoulent plus rapidement au rythme des encouragements pour l’OL. On ne voit pas le temps passer et rapidement la ville de Sinsheim fait son apparition sur les panneaux d’autoroute puis sur le panneau de sortie. On se retrouve dès la sortie d’autoroute nez à nez avec le stade, le temps d’en faire le tour pour filer vers le centre ville. Là, notre fan zone nous attends. Comme il s’agit de mon premier déplacement européen, je ne sais pas vraiment ce qui nous attend. On se gare près de la gare routière et on rejoint le centre-ville à pied en groupe serré et en chantant. On traverse une rue piétonne préparée pour nous recevoir : des stands pour manger, des bars aux couleurs du match, et le plus important… des WC chimiques. Le QG pour l’après-midi est vite désigné. Un bar arbore les couleurs d'Hoffenheim et un drapeau de la ville de Lyon. On se pose en terrasse, et petit à petit les supporters lyonnais s’amassent. La pinte est à 3,70€ : autant dire que la bière coule à flot. Cerise sur le gâteau, le patron a eu la bonne idée de ne mettre que des serveuses derrière le bar.

On prend possession de la sono, et très vite la Marseillaise retentit avant de laisser place à un certain Vegedream. Chambreur ? Sûrement, mais même après trois mois, on aime rappeler que l'Équipe de France a gagné la Coupe du Monde. Les supporters affluent de plus en plus, les chants pour l’OL se multiplient et retentissent dans la ville. En terrasse on croise de tout. Des supporters venus de Lyon, mais aussi de toute la France. Des passionnés ont pris leur voiture et tracé leur route. L’occasion pour moi de mettre à l’honneur un groupe de supporters, les Hexagones. Ils ne font pas forcément beaucoup parler d’eux avec leur morceau de Virage Sud, mais en déplacement, national comme européen, il s’agit d’un des groupes les plus actifs. Ils traversent régulièrement le France et l’Europe en voiture et en mini-bus pour aller voir l’OL. Des amoureux du club qui se sont expatriés et qui continuent de l’aimer d'où qu’ils viennent.

Après avoir fait un petit tour dans le centre-ville pour visiter, on rejoint à nouveau le QG, où les WC ont désormais plus de surface de stickers aux couleurs des différents groupes de l’OL que de carrelage. Le patron le prend plutôt bien et nous explique, sourire aux lèvres, qu’il se vengera en débarquant avec 5000 stickers lors du match retour. L’heure du cortège se rapproche et cela s’accélère quand quelques échauffourées semblent se tramer en arrière plan de la rue principale. Les supporters lyonnais se groupent à l’entrée de la rue principale pour se diriger à pied jusqu’au stade. À la vue de la foule compacte qui se masse, autant dire que les navettes ne vont pas beaucoup être fréquentées.

Le cœur au bord des lèvres

Ce que je découvre avec ce cortège, c’est ce que j’étais venu chercher à Hoffenheim, loin de Décines : la passion à l’état brut. Quand vous vous rendez à Décines, les passionnés se mélangent aux moins habitués. Certes, les gens sont tous à fond derrière l’OL, mais leur amour du club et des couleurs ne les pousserait pas tous jusqu’en Allemagne. Ce jour là, à mes côtés dans le cortège je n’ai que des gens qui peuvent dire « Toute l’Europe je traverserai, l’OL avec toi toujours je serai... » . Fièrement, on entonne nos chants, ils nous habitent, on traverse la ville puis la zone industrielle sans cesser de chanter. Les gens sortent de leur maison puis de leur travail pour regarder ces 1000 amoureux de l’OL qui traversent leur ville, fumigène à la main et le cœur au bord des lèvres. On s’arrête de temps en temps pour reprendre d’autres chants, immortaliser ces instants ou tout simplement attendre les retardataires qui évacuent leur trop plein de bière dans un recoin le long du cortège - ce qui est illégal, mais nous n'en avons cure. Le trajet jusqu’au stade semble interminable, mais peu importe, car à ce moment ce n’est plus ce qui compte. Oui, ce qui passe avant tout, c’est la passion que nous sommes en train de vivre à travers ce cortège. C'est cette envie de chanter pour notre ville, car c’est elle notre fierté, pour elle que notre club doit briller.

Lorsque nous apercevons le stade, la vigueur des chants redouble. Nous marquons alors une pause dans un tunnel, nos chants résonnent, les fumigènes flambent. On fait la fête, on profite de cette ambiance extraordinaire. Pour tout vous dire, je n’étais pas parti pour écrire sur ce déplacement, je ne voulais pas avoir à réfléchir comment décrire ces moments, mais à cet instant je me suis dit que j’étais obligé de partager ce que représente un tel déplacement, la ferveur que l’on peut y vivre.

Entrée au parcage

À la sortie du tunnel on se dirige vers notre entrée du stade, l’entrée du parcage des lyonnais. On est alors soumis à une première fouille par les agents de sécurité missionnés par l’OL puis au contrôle des agents du stade. On peut alors franchir l’entrée du quart de virage où l'on sera installés pour les trois prochaines heures. Le parcage est configuré en tribune, debout comme le virage sud du stade où seront installés les supporters du club allemand.

Je ne vais pas vous parler du jeu car on a tous vu et revu ce match, les lyonnais dominer, puis le jeu se dégrader. Après tout, c’est le même match qu’on revit en boucle depuis le début de la saison. Non, j’ai envie de vous parler de ce parcage où j’ai pu voir des lyonnais en tout genre s'époumoner pendant 90 minutes. J’ai pu voir un couple d’un certain âge chanter tout le match à mes côtés, debout comme s'ils étaient au virage. J’ai pu voir un père avec ses enfants à qui il transmettait sa passion. Des potes qui avaient traversé la France puis l’Allemagne en voiture se retrouver pour pousser derrière le club d’une ville qu’ils n’habitent pas. Ce parcage a mis l’ambiance dans le stade, entraînant les regards admiratifs de certains allemands assis juste à côtés de nous. Quel que soit le score, la passion de ce parcage ne s’est jamais éteinte jusqu’au coup de massue porté par le laxisme de la défense d’une équipe qui tenait la victoire à quelques secondes près. Ce sont ces gens là qui permettent à un club comme l’OL de rester grand malgré des résultats qui s’étiolent. La hargne de vaincre a peut-être quitté le vestiaire lyonnais mais ces gens-là ne la perdront jamais. Ils étaient ce jour-là le porte-drapeau des gens qui aiment l’OL mais qui n’ont pas pu venir, de ceux qui aimeront l’OL à travers vents et marées. Ils n’ont pas été récompensés par une équipe qui semble peu à peu oublier ce qu’est l’OL et ce qu’il finira par redevenir un jour ou l’autre, un club qui n’aime que la victoire et qui jamais ne considèrera un nul comme un exploit mais comme un match où il aurait dû faire plus.

Groggy

Nous regagnons le bus, un peu groggy par le résultat, assommés par ce match qui nous a filé entre les doigts et par des lacunes qui ne font que se répéter. Il y a un dicton qui dit qu’il vaut mieux perdre 1 fois 5-0 que 5 fois 1-0, moi ce soir-là je me dis juste qu’il est moins difficile de perdre 5 fois de manière différente que de ne pas gagner 5 fois de la même manière. Vous le savez, ça fait bien plus de 5 fois que l’OL ne gagne pas pour les mêmes raisons.

Depuis le début de la saison, c'est devenu trop dur. Dans le car du retour j’ai pris une décision, le Vue des Tribunes ne sera plus systématique. Cela fait un an que je le publie match après match, que je vous raconte journée après journée comment le public a entraîné l’équipe plutôt que l’inverse. Je n’ai plus de synonymes, plus de métaphores pour tourner cette phrase de façon différente.

Ce déplacement m’a montré une chose : Lyon est devenue une ville de foot. Il y a ces milliers de lyonnais du virage Nord, ceux du virage Sud, les Rouges & Bleus qui connaissent l’OL depuis longtemps, les Hexagones qui continuent de l’aimer même s'ils ont du s’expatrier, ou encore les Gones Away qui continuent de se regrouper dans un bar parisien par amour pour leur club. On leur donne beaucoup de noms, supporters, ultras, amoureux, accrocs, mordus, gones. Ces gens-là ne cesseront jamais d’aimer l’OL, de l’encourager quels que soient les résultats car ils ont vu gagner l’OL et c’est pour ça que leur coeur bat rouge et bleu à jamais. Ce jeu ne m'empêchera pas de retourner au stade car Lyon, c’est ma ville, l’OL ma passion. Mais aujourd’hui, je ne trouve plus les mots pour vous retranscrire cette addiction à retourner au stade, tant les résultats sont décevants. Le Vue des Tribunes ne viendra plus que sur les matchs qui valent la peine d'avoir leur trace...

Allez au stade quand vous le pouvez. Traversez la France, l’Europe si vous en avez l’occasion. Faites-le non-pas pour le jeu, non-pas pour les onze sur le terrain, surtout pas pour l’homme assis sur le banc. Faites-le pour rencontrer ceux qui ont ce coeur qui comme le votre bat rouge et bleu.

À propos de l'auteur

Cet article a été rédigé par tyfoun, membre du Café du Commerce OL.