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Un Lyonnais à Porto #VDT29

Le 11.03.2022 par owaiog

Après avoir dominé son groupe de Ligue Europa à l’automne, l’OL a entamé son printemps européen par une victoire 1-0 à l’Estádio do Dragão, antre du FC Porto. Cette rencontre était pour moi l’occasion d’effectuer mon deuxième déplacement en Europe, après avoir accompagné nos Gones à Copenhague en novembre dernier. À peine rentré du Portugal, récit de cette expérience particulière qu’est un déplacement européen, du tirage au sort au coup de sifflet final.

Ma drogue c’est l’Olympique Lyonnais

Vendredi 25 février, tirage au sort des huitièmes de finale de Ligue Europa. L’OL a terminé premier de son groupe et s’est donc évité un « barrage » face à un reversé de Ligue des Champions. Il sait en revanche qu’il affrontera l’une des équipes victorieuses lors de ce tour précédent, ce qui peut le placer face au FC Barcelone, face au RB Leipzig ou encore face au Betis Séville de Nabil Fekir. Ce sera finalement le FC Porto, club historique au Portugal et leader de son championnat, vainqueur de la Ligue des Champions en 2004. Un gros morceau donc pour les hommes de Peter Bosz, qui auraient sans doute préféré tirer le SC Braga, adversaire de l’AS Monaco.

Quelques minutes après le tirage, la discussion du Café du Commerce s’anime, chacun évaluant la possibilité de se rendre au Portugal. Le délai est court, le match aller étant prévu le 9 mars, soit moins de deux semaines plus tard. N’habitant plus à Lyon depuis quelques années, j’ai rarement l’opportunité de voir jouer l’OL, et depuis les événements du Paris FC et l’interdiction de déplacement en France infligée aux supporters lyonnais, les matches de Coupe d’Europe sont de réelles occasions pour moi de retrouver le parcage.

Pas impressionné pas la distance, je me renseigne rapidement sur le prix des vols. Le match étant un mercredi, je peux revenir dès le jeudi soir et éviter les tarifs exorbitants du week-end. Tyfoun, que j’avais déjà retrouvé à Copenhague la fois précédente, annonce qu’il est du voyage. La décision est donc facile à prendre, le 9 mars, je ne me contenterai pas de regarder ce match sur RMC ; le soir même, mes congés sont posés et les vols sont réservés. Let’s go to Porto !

Toute l’Europe je traverserai

Quelques jours avant le départ, l’excitation monte. Tout se passe très vite, étant donné la proximité calendaire entre le tirage et le jour de la rencontre. Les infos nous arrivent, il y aura bien un parcage lyonnais à Porto. Les souvenirs de la victoire 3-1 à Brøndby me reviennent, et j’entends dans ma tête les voix de ces centaines de lyonnais résonnant dans le froid scandinave de novembre. La semaine passe en un rien de temps, et déjà, me voilà dans l’avion, écharpe et maillot frappés de notre blason dans mon sac à dos, direction le nord du Portugal.

Arrivé le mardi soir du fait de la disponibilité des vols, je retrouve Tyfoun le mercredi midi près de la station de métro principale de Porto. J’ai pu visiter le centre historique de la ville en matinée et récupérer mon billet définitif, en échange de la contremarque. Les dernières communications mentionnent un rendez-vous à 16h pour se rendre au stade, ainsi qu’une rame de métro dédiée.

Le temps se gâte et l’hypothèse d’un cortège, soit une marche de 45 minutes jusqu’au stade, prend du plomb dans l’aile. Nous tuons le peu de temps nous séparant de l’heure dite dans l’appartement, la pluie redoublant de vigueur au fur et à mesure de l’après-midi.

La distance nous séparant du métro, lieu du rendez-vous, n’étant pas énorme, nous décidons d’y aller à pied. Malheureusement, nous nous retrouvons intégralement trempés en quelques secondes… J’espérais un climat plus doux et surtout moins humide ici en mars qu’à Copenhague en novembre, ce ne sera pas pour cette fois. Porto ne nous aura pas épargnés sur ce point-là.

Nous sommes les Lyonnais

450 lyonnais sont attendus à l’Estádio do Dragão, et en arrivant à la station de métro nous les retrouvons bien tous. Il y aura du monde pour pousser Lucas Paquetá et consorts ce soir. La police est présente et nous guide vers un train. Les premiers chants résonnent, repris par l’ensemble du groupe sous les yeux interrogateurs des Portuans présents autour de nous. Nous montons dans la rame, qui ne nous semble finalement pas si réservée que ça puisque certains locaux s’y trouvent toujours ! Les chants ne se sont pas arrêtés et se succèdent tout au long du trajet jusqu’au stade. Je me sens déjà dans mon élément, donnant de la voix sans m’arrêter.

Les déplacements européens ont cette saveur particulière de se savoir à l’étranger, au cœur des terres de l’équipe adverse. Nous sommes en territoire « hostile », et nous chantons pour montrer que nous sommes là, que nous ne lâcherons rien jusqu’au coup de sifflet final. Le sentiment d’appartenance est exacerbé en déplacement, et je trouve l’intensité des chants n’en être que plus belle. On sent qu’ici ne se trouvent que de véritables passionnés, capables de suivre l’OL partout, y compris hors des frontières.

Rouge et bleu sont nos couleurs

Le métro nous dépose directement au pied du stade, ce qui contraste avec Brøndby ou nous avions ensuite dû marcher 45 minutes sous importante escorte policière avant d’atteindre l’enceinte. Le match étant programmé à 17h45, il est encore tôt, et les supporters portugais peu nombreux. Nous attendons dans une volée d’escaliers, avant de pouvoir accéder à la fouille puis à notre parcage.

Nous sommes situés tout en haut, dans le dernier anneau, à l’extrémité de la tribune et près du virage opposé à celui qui semble accueillir le principal groupe de supporters adverses. On est loin de la taille d’un virage entier mais c’est largement suffisant pour accueillir les 450 lyonnais venus jusqu’ici.

L’entrée se fait relativement calmement, tout le monde étant quelque peu refroidi par le temps, au sens propre comme au figuré. L’entrée de nos gardiens puis des joueurs de champ pour l’échauffement nous réveille un peu, avec des encouragements dirigés vers Anthony Lopes qui comme à son habitude vient nous saluer. Le stade commence à se remplir alors que le coup d’envoi se rapproche, mais les tribunes restent clairsemées, horaire avancé oblige.

Pour ce blason frappé du lion

17h40, les joueurs entrent sur la pelouse tandis que la sono du stade crache bruyamment l’hymne du FC Porto. Profitant de son interruption, nous nous lançons immédiatement et à pleine voix, drapeaux et écharpes tendus au-dessus de nos têtes : « aller, aller l’OL, aller, aller l’OL aller, aller lyonnais, lyonnais, lyonnais, lyonnais ». Le parcage rugit comme un seul homme, à tel point que je me dis que la ville entière pourrait nous entendre.

Le début de match est à l’avantage des Lyonnais, ce qui nous pousse à ne rien lâcher et chanter toujours plus fort. Le capo lance les chants uns à uns, chacun repris avec une intensité incroyable, les mains claquant ensemble et les voix toutes à l’unisson pour clamer notre amour de l’OL.

Enivré par l’adrénaline, je ne vois pas le temps passer et déjà la mi-temps est sifflée sur un score vierge. J’en profite pour terminer ma bière, et je remarque que derrière moi se trouve le groupe des Lyondoners, des supporters lyonnais expatriés à Londres et ayant fait le déplacement. Je ne peux m’empêcher d’être admiratif devant la passion de ces personnes vivant loin de Lyon mais qui portent toujours le club dans leur cœur, au point d’être prêts à le rejoindre dans un troisième pays.

estadio do dragao

C’est d’ailleurs cette passion qui nous anime tous dans ce parcage, et que je recherchais en décidant de traverser l’Europe ainsi. A la différence du public du stade, qui peut parfois être plus spectateur que supporter, la passion du blason et des couleurs est capable de nous pousser à nous rendre jusqu’au Portugal. A mon sens, c’est cette passion qui fait que nous chantons plus fort, plus longtemps, plus ensembles, que nous donnons tout jusqu’à ne plus pouvoir et même parfois encore après. Certaines personnes ne comprendront jamais ça, mais pour nous c’est une véritable flamme qui nous anime.

Au bout de quinze minutes en deuxième période, Lucas Paquetá ouvre la marque et le parcage explose. L’arbitre de touche nous refroidit très vite en indiquant un hors-jeu, avant que la VAR n’intervienne : le but est validé, et nous pouvons laisser libre cours à notre joie une seconde fois. Dans la foulée, la même VAR annule un penalty pour Porto dans une ambiance hystérique. Pour une fois que les éléments sont en notre faveur dans cette saison galère ! Les chants ne se sont pas arrêtés, nous continuons d’encourager nos joueurs afin de leur transmettre ce supplément d’âme et les pousser à garder cet excellent résultat. Je n’entends pas vraiment les Portistas, totalement couverts par le bruit que nous faisons.

Alors que la fin du match approche, je sens la tension monter sur le terrain, les Portugais contestant chaque décision arbitrale et étouffant de plus en plus l’OL qui joue en contre. Et, deux minutes avant la fin du temps additionnel, l’inévitable se produit : Porto égalise, le stade se déchaîne enfin et la musique de but se lance.

Oui, mais… pour la troisième fois de la soirée, l’action est vérifiée, et le but est finalement refusé pour un hors-jeu assez large. Coup de froid dans les travées, tandis que notre parcage se délecte de la situation et célèbre comme un but, à l’instar de nos adversaires quelques secondes plus tôt. Ce sera le dernier sursaut d’un match qui s’achèvera sur la victoire de notre équipe. Ma voix m’a abandonné depuis la 80e environ, mais j’aurais continué de chanter jusqu’à la 96e minute, sans hésitation.

Écoutez le peuple lyonnais

Sans doute frustrés par la défaite et la tournure des événements, les Portugais ne s’attardent pas et le stade se vide rapidement. Nous patientons, attendant l’autorisation de la police pour quitter la tribune. Mes pieds mouillés et gelés se rappellent à mon bon souvenir, même si le reste a heureusement à peu près séché. Lorsque nous pouvons enfin descendre, on sent bien que tout le monde est lessivé après avoir autant donné. La journée a été longue pour ceux venus de Lyon par le vol de 8h, et la débauche d’énergie cumulée à la pluie a sans doute laissé des traces.

Nous puisons malgré tout dans nos ressources pour lancer encore quelques chants en route vers le métro, particulièrement au moment de passer devant des supporters portugais retardataires obligés d’attendre derrière le cordon policier que nous prenions notre train.

La fin d’après-midi a été belle, j’ai trouvé ce que j’étais venu chercher ici sur les rives du Douro et je sais que les souvenirs resteront longtemps. Abonné en Virage Nord il y a 5 ans, je me souviens avoir beaucoup chanté lorsque je fréquentais le Kop, mais je pense l’avoir rarement autant fait que ce soir, à l’Estádio do Dragão.

Se déplacer pour suivre son club, particulièrement en Europe, impose des contraintes et nécessite beaucoup de volonté ; mais la ferveur, la passion à l’état brut qui se dégage vaut largement n’importe quelle ambiance. Si vous avez l’occasion de vous déplacer, faites-le, ne serait-ce que pour ressentir cette ferveur, celle de tout un peuple derrière son équipe.

parcage lyonnais

À propos de l'auteur

Cet article a été rédigé par owaiog, membre du Café du Commerce OL.