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Un pari presque raté

Le 08.10.2019 par OL_ympique

Dès le lendemain du derby perdu à Saint-Étienne, le comité de gestion a décidé de lancer une procédure visant à licencier Sylvinho. Il aura donc tenu à Lyon du 28 mai au 7 octobre 2019. La patience demandée à son arrivée a vite dépassé une ligne rouge...

Sylvinho aura été bien plus tactique que Genesio. Venu avec des idées fortes, il a tenté de les appliquer pour résoudre les maux des années passées. Malheureusement, trop de rigueur tue la rigueur : la flamme offensive lyonnaise s'est éteinte sous son coaching. Après une nette absence d'idée pendant plusieurs saisons, on ne peut pas reprocher au coach brésilien d'avoir essayé. En revanche, il n'aura pas trouvé les bonnes réponses. C'est maintenant à Juninho de rectifier le tir.

Qui ne tente rien n'a rien

Une large partie des supporters et suiveurs de l'Olympique Lyonnais avaient réclamé le départ de Genesio après 3 saisons et demi de déceptions malgré des objectifs atteints - ou presque - de justesse. Les résultats étaient satisfaisants, mais peu ambitieux. Dans le fond, il n'y avait pas d'idée, pas les moyens de trouver le Saint Graal de la régularité.

Dès lors, changer le coach mais aussi et surtout le fonctionnement du club au niveau sportif relevait du pari mais semblait nécessaire. Jean-Michel Aulas, d'abord prudent, a finalement décidé de le tenter. Plutôt que de stagner, il a choisi de passer à la vitesse supérieure : qui ne tente rien n'a rien, comme le veut l'adage. L'espoir en un très bel avenir a alors empli d'excitation tous les véritables supporters de l'OL.

Oui mais, parce qu'il y a bien un (gros) mais, l'espoir ne fait pas tout. Derrière, il y a les faits, des faits qui se sont vite montrés défavorables. On a beau vouloir, on a beau pouvoir, un pari est défini par son incertitude. C'est ce qui le rendait autant séduisant qu'inquiétant.

Chronique d'un échec

La première alerte s'est manifestée en préparation. Une seule victoire en 5 rencontres et 13 buts encaissés contre 7 marqués. Le travail tactique et physique que les réseaux sociaux lyonnais laissaient miroiter devait payer, mais il était encore trop tôt. Et puis, il y avait le vide laissé par Bruno Genesio, l'absence d'héritage tactique autrement dit. À ce moment-là, il fallait être patient.

Il aura fallu par la suite deux matchs pour faire perdre la tête à nombre de supporters. Les changements de l'intersaison avaient payé, Sylvinho avait transformé l'équipe en une machine de guerre, et l'OL allait produire du jeu de manière constante. C'était beau, bien trop beau pour être vrai. Pourtant, derrière deux résultats prometteurs en entame du championnat, il y avait déjà de quoi se méfier. Les statistiques démontraient un réalisme incroyable de l'attaque lyonnaise, et les analyses - même les moins poussées - mettaient en avant des décisions étonnantes comme le choix des latéraux si bas. 

Une fois l'entrée en fanfare passée, dur fut le retour à la réalité. Sylvinho n'a tout simplement plus gagné un seul match de Ligue 1 depuis le festival offensif contre Angers (6-0) le 16 août dernier. L'excuse des cartons rouges contre Montpellier (0-1) et Bordeaux (1-1) n'a pas permis d'expliquer le nul à Amiens (2-2), ni celui face au Zénith en C1 (1-1). La pauvreté du jeu offensif commençait à sauter aux yeux. Pour continuer à y croire, il fallait trouver du positif, en l'occurrence dans la maîtrise défensive lyonnaise. Le reste allait venir. À ce moment-là, il fallait encore et toujours être patient.

Le match face au PSG a marqué un tournant. L'espoir a commencé à véritablement laisser place aux doutes. Au-delà de la défaite (0-1), l'absence de jeu et la défense trop regroupée ont inquiété même les plus patients. Contre la grosse équipe du championnat, les supporters n'ont rien eu à se mettre sous la dent. Pas un soupçon d'émotion. L'équipe rhodanienne a passé presque l'intégralité du match à suivre des consignes très défensives ou du reste, trop peu ambitieuses. Et à ce moment-là, il devenait très difficile d'être patient, en l'absence de progrès notables. La défense avait tenu bon presque tout le match, certes, mais pour quel résultat et quel plaisir ?

Après ce triste OL - PSG, la dégringolade n'a pas été évitée car les problèmes des 7 premiers matchs n'ont pas été résolus. Sylvinho, tout en naviguant à vue sur certains points (dont le système à utiliser), est resté sur ses positions quant au contenu. La pauvreté du jeu lyonnais a encore fait des merveilles à Brest (2-2), avant un léger mieux finalement pas récompensé contre Nantes (0-1).

Plus récemment, il y a eu la victoire européenne - inespérée - à Leipzig (2-0). Les Allemands, juste derrière le Bayern en Bundesliga, ont plié face à des Lyonnais déterminés. Néanmoins, ce sursaut, à l'image des deux victoires du début de saison, n'était qu'un mirage. Ou du moins il n'était pas tactique, alors que certains ont alors parlé de match de référence. Dans le jeu, c'est avant tout le pressing de l'OL qui a permis d'obtenir des occasions dangereuses. Quant aux Lipsiens, ils ont été bien malheureux, Werner vendangeant comme rarement.

Après les 3 points européens, le Derby ne pouvait pas mieux arriver. Cela aurait dû être l'occasion en or pour se relancer, d'autant plus contre des Verts derniers de Ligue 1. Sauf que... sans surprise, l'OL n'a pas joué. La composition était trop défensive, Dembélé et Jeff Reine-Adélaïde n'étaient pas titulaires, Mendes a (selon les infos de l'Equipe) joué malade, et les 3 défenseurs centraux ont passé une bonne partie du match à se faire des passes entre-eux. Contrairement à ce qu'a laissé entendre Sylvinho une fois la défaite actée (0-1), celle-ci ne s'est pas véritablement jouée dans les ultimes secondes. Comme à Brest, à Amiens et face à Paris, le coach brésilien semble n'avoir été déçu que par un but encaissé au pire moment, et non par le contenu. Pas étonnant donc de voir l'OL perdre ce match si important - pour l'honneur et accessoirement pour le classement - avec un bilan quasi-identique à celui de bien trop de matchs disputés cette saison.

Pas d'échec et mat

L'erreur n'a certainement pas été de faire bouger les choses. L'arrivée d'un D.S. et la prise de recul d'Aulas sur l'aspect sportif sont des éléments qui doivent permettre de passer un cap et de gagner en ambition. Le pari Sylvinho est raté, mais le pari global dans lequel il était compris, lui, peut encore être gagnant. Un retour en arrière serait un aveu de faiblesse : l'OL ne peut plus se contenter des miettes laissées par le PSG et ne peut plus accepter ses faiblesses.

Désormais, au sommet de cette crise, Juninho peut prouver que les choix réalisés par le président depuis le départ de Genesio n'ont pas été mauvais. Il doit surtout assumer ses propres erreurs, et surtout les réparer pour démontrer que l'ambition est bel et bien de retour à Lyon malgré un faux départ évident. Sur ce point-là, il va (encore) falloir être patient.

L'avenir nous dira si le pari a réellement été un échec cuisant, ou si l'aventure Sylvinho n'aura été qu'une erreur de casting. L'OL est dans une grave crise, mais l'OL peut se relever. Le but étant, évidemment, de se relever plus fort qu'auparavant.

 

Photo principale : AFP

À propos de l'auteur

Cet article a été rédigé par OL_ympique, membre du Café du Commerce OL.