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Y’a-t-il un malaise Aouar ?

Le 18.02.2020 par ValentinChenard

À seulement 21 ans, Houssem Aouar est l’un des joueurs les plus en vue en Ligue 1. Pisté par la Juve et même le PSG, il fait pourtant un début de saison en demi-teinte. Pourquoi « HA8 » ne brille-t-il pas autant que l’année dernière ?

Que l’on pose les bases directement : Houssem Aouar est un diamant à polir, une vraie pépite qui fera le bonheur d’un très grand club dans le futur, comme ont pu le faire Karim Benzema, Corentin Tolisso ou même Ferland Mendy. Depuis qu’Aouar est titulaire indiscutable à Lyon, sa contribution collective a été une véritable bouffée d’air frais dans le jeu lyonnais. Sa vista (en combinaison avec des Alexandre Lacazette ou des Tanguy Ndombele par exemple) a permis à l’OL de s’extirper de bon nombre de pièges adverses.

Et pourtant depuis le début de la saison, Houssem n’est plus ce tueur à gage dans la passe. Pire encore, il fait preuve d’une irrégularité qui n’est pas à son habitude…. et les raisons d’une baisse de régime sont finalement nombreuses.

Les piliers du Jeu Lyonnais en vadrouille

Les départs ont été importants dans le mercato estival de 2019. Lyon a véritablement perdu 3 énormes joueurs, Tanguy Ndombele, Nabil Fekir et Ferland Mendy. Un manque indéniable dans la construction du jeu, dans les passes courtes et les recherches d’actions concrètes. Pour pallier à ces départs, si on n’espérait pas le même talent que Ferland pour Youssouf Koné, nous avions tout de même beaucoup d’espoirs en Thiago Mendes, auteur d’une saison pleine avec Lille la saison dernière. Or, l’ancien Lillois est complètement à la rue depuis le début de saison. Il n’est plus que l’ombre de lui-même, enchaînant les prestations plus insipides les unes que les autres.

Alors, lorsqu’on se retrouve avec un milieu composé au départ d’Houssem Aouar, de Lucas Tousart, dont la physionomie de jeu ne s’engage pas dans un collectif bien huilé et de Thiago Mendes, qui a donc perdu toute sa splendeur de la saison passée, on ne peut que s’alarmer. Le collectif, pourtant recherché, ne peut-être que dans un piteux état. Si les quelques minutes accordées à Jean Lucas et les titularisations de Maxence Caqueret apportent des espoirs plus probants, il n’en est pas moins vrai que l’irrégularité de leurs apparitions ne permettent pas de créer de vrais automatismes sur le terrain…

Pas d’équipe-type

... et les automatismes, ça ne s’invente pas. Houssem Aouar est clairement un titulaire indiscutable qui doit composer avec des joueurs différent chaque semaine. Alors oui, un grand joueur doit savoir s’adapter en fonction de ses coéquipiers me diriez-vous. Mais n’oubliez pas qu’Houssem a seulement 21 ans. À cet âge-là, devoir s’adapter à près de 5 milieux différents (sans compter les Martin Terrier, Moussa Dembele, Karl Toko- Ekambi, Maxwel Cornet et autre Rayan Cherki et Bertrand Traoré) dont les profils sont parfois diamétralement opposés, est un exercice très compliqué.  

L’emprise Rudi Garcia

Depuis les blessures de Memphis et de Jeff Reine-Adelaïde, Houssem Aouar n’a pas vraiment le choix d’endosser plus de responsabilités au sein de l’équipe. Rudi Garcia lors de sa conférence de presse du mardi 11 février avait d’ailleurs fait part de son envie de voir le numéro 8 plus performant :

« On attend d’un joueur de ce talent qu’il tire tout le temps l’équipe vers le haut. Il a passé des paliers à ce niveau, mais on attend tellement de lui. On veut qu’il soit plus régulier. Et c’est normal d’attendre beaucoup de lui, c’est normal d’être exigeant avec un joueur de sa classe ».

Sur le fond, l’entraîneur lyonnais n’a absolument pas tort, et depuis sa venue à Lyon, nous voyons Houssem évoluer sous un autre profil, celui du tueur comme pouvait l’être Nabil Fekir : le joueur qui irait planter le but de fin, le but qui permettra à Lyon de gagner. Et ce Aouar là, on le retrouve aujourd’hui contre Marseille, Lille ou même Nice en tirant le pénalty de la victoire. Malheureusement, c’est au détriment du collectif, là aussi.

Sur la forme, cela reste un choix très critiquable de demander à Aouar « de tirer l’équipe vers le haut ». Certes, en faire un leader technique est légitime, mais le cas Aouar devrait être combiné à un effort accru de combler les (immenses) lacunes des autres joueurs, sinon le travail aura été vain. Houssem n’est pas un dieu. En espérant que le travail de Rudi Garcia paiera sur le long terme, pour qu'enfin le jeune milieu puisse jouer sur les deux tableaux avec brio.

Une ambiance délétère 

11ème de Ligue 1 après 25 journées, seulement 9 victoires pour 7 nuls et  9 défaites, le bilan en Ligue 1 de l’OL est catastrophique. Déjà pisté par la Juve ou encore le PSG, il est légitime pour un joueur de son envergure de regarder plus loin. Et face à de tels résultats l’envie d’Houssem Aouar est peut-être en train de s’effriter petit à petit. Si les coupes réussissent à l'OL plus que le championnat actuellement, l'absence totale de jeu reste visible même après ces victoires à l'arraché. 

En parallèle à l'état catastrophique du jeu lyonnais, et s'il cela ne suffisait pas, l'ambiance lyonnaise n'est absolument pas au beau fixe. Entre l'éviction de Sylvinho, la venue du pourtant détesté Rudi Garcia ou encore les polémiques Marcelo et Thiago Mendes, l'équipe n'est pas vraiment une équipe. S'il fallait faire la comparaison, Marseille (qui ne brille pas forcément par son joga bonito) est aujourd'hui fier 2ème parce qu'(entre autre) il y a une vraie synergie entre les joueurs, qui se ressent sur le terrain par la suite. 

Houssem Aouar se retrouve donc dans une situation compliquée. Alors qu’il devient de plus en plus indispensable (capitaine contre Strasbourg), le joueur peine à créer le jeu, à faire changer de rythme offensivement et ne permet pas à Lyon d'être une équipe de haut de tableau. Pourtant, il a tout à gagner... puisqu'il est à la porte de l’équipe de France pour l’Euro 2020.

À propos de l'auteur

Cet article a été rédigé par ValentinChenard, membre du Café du Commerce OL.