Navigation

Yves Chauveau, le gardien volant

Le 08.08.2018 par NSOL31

Qui est le meilleur gardien de l'histoire de l'Olympique Lyonnais ? Le surhomme Grégory Coupet ? L'extraterrestre Hugo Lloris ? L'enfant du club Anthony Lopes ? Les plus anciens d'entre vous ont sans doute un autre nom en bouche : Yves Chauveau. Portrait du « gardien volant ».

Du ballon ovale au ballon rond

Né le 14 avril 1945 à Bourg-en-Bresse, Yves Chauveau se met au sport assez jeune. Et dans une France encore marquée par l'hygiénisme du régime de Vichy qui voyait d'un mauvais œil le football et qui au contraire favorisait le rugby, Yves Chauveau commence à taquiner la balle ovale. Demi d'ouverture, il impressionne par ses qualités physiques et son agilité balle à la main. Mais un beau jour de 1960, Yves décide de changer du tout au tout, et de rentrer dans la légende (mais ça, il ne le sait pas encore). Il prend sa première licence de football dans le club du coin, le FC Bourg-Péronnas. Jusque là, rien d'exceptionnel. Sauf que son passé de joueur de rugby le prédestine à la cage. Et dans les bois, sa capacité à capter absolument tous les ballons fait fureur. Alors l'Olympique Lyonnais, qui a déjà un regard acéré dans la région, le fait signer son premier contrat dans ses équipes de jeunes en 1963.

Son passage en jeunes ne dure pas longtemps. Dès l'année suivante, il est intégré dans l'effectif pro. Remplaçant de l'immense Marcel Aubour, il dispute deux matchs de Coupe Charles Drago. Compétition aujourd'hui défunte, la Charles Drago - qui durera de 1953 à 1965 - était la consolante de la Coupe de France. En effet, tous les clubs éliminés avant les quarts de finale de la Vieille Dame étaient reversés en Charles Drago. Mais revenons à Yves Chauveau. Après une première saison d'adaptation, il connaît un nouveau club dans la région. En prêt, il rejoint le deuxième club de Rhône-Alpes (quelqu'un en connaît un autre ?), le Football Club de Grenoble... qui n'est pas encore un club de rugby. Enfin bref, dans cette deuxième division, entraîné par l'ancienne légende du Stade de Reims Albert Batteux, Yves Chauveau est titulaire indiscutable. Il joue 37 matchs sur la saison et revient à l'OL bien décidé à s'imposer. Cela tombe bien, Marcel Aubour quitte Lyon pour Nice à l'été 1966.

"Tonton"

Yves Chauveau n'est cependant pas tout de suite titulaire avec l'OL. La faute à la concurrence de Michel Zewulko. Avec le natif de Chemnitz, en Allemagne, ils se partagent les matchs de championnat (dix-neuf pour Chauveau). En Coupe de France, c'est le portier d'origine polonaise qui dispute la finale remportée contre Sochaux. Mais Zewulko va très vite tomber dans l'oubli. Jugez-en par vous-même : 35 matchs entre 1966 et 1968 avec Lyon, puis 15 la saison suivante avez Béziers. Et c'est tout pour le joueur formé au FC La Mure. Installé titulaire en 1967-68, Chauveau dispute le Challenge des Champions - ancêtre du Trophée des Champions - et le perd contre un club de la région qui a connu ses heures de gloire au millénaire précédent, 3-0. Cependant, il réalise un bon match et est confirmé titulaire.

Mais c'est en Coupe d'Europe que Chauveau va écrire sa légende. Lyon affronte Tottenham, à White Hart Lane. Les lyonnais s'inclinent 4-3, mais se qualifient pour les quarts. Ce match sera la consécration pour Chauveau. Malgré les quatre buts encaissés, il est impérial sur sa ligne, dans les airs, au pied, à la main, à la relance, pour commander sa défense. Ses claquettes aériennes font forte impression Outre-Manche. La presse britannique salue le « flying goalkeeper », le gardien volant. Malgré une douzième place en championnat avec Lyon, il est même appelé en bleus par Dugauguez. Remplaçant à nouveau d'Aubour, il ne joue pas. Idem quelques mois plus tard alors que Carnus est titularisé. C'est finalement dans un match des Espoirs face aux jeunes de l'Italie qu'il porte pour la première fois le maillot bleu. Une sélection en espoirs, suivie d'une en A quelques mois plus tard lors une victoire 3-0 contre la Suède. L'éclosion de Jean-Michel Fouché le poussera hors du groupe France par la suite.

Légende

Sa carrière en bleu connaîtra un dernier rebondissement en 1970, avec les Bleus B. Il joue quarante-cinq minutes en amical contre le Luxembourg (défaite 1-0). La saison suivante, il remporte sa deuxième Coupe de France lyonnaise, en battant Nantes en finale. Auréolé de ces deux titres, plus deux troisièmes places en championnat, Chauveau sent qu'il est temps de partir. Il s'en va à Monaco, avec lequel il connaît la relégation puis la montée. Mais dans sa troisième saison monégasque, il se fait piquer sa place par Jean-Luc Ettori, la faute à une blessure. Il est malgré tout Champion de France avec Monaco, et peut repartir à Lyon sereinement.

C'est cependant avec un contrat amateur qu'il revient au club. Mais Gilles de Rocco ne donne pas satisfaction dans la cage, et Chauveau revient en tant que titulaire. Grâce à de belles performances, il sauve en barrage l'OL de la relégation en 1979-80. En 1980-81, il connaît à nouveau le haut de tableau avec une sixième place. Mais la saison suivante sera de trop. L'OL est relégué en D2, et Chauveau est doublé par Slobodan Topalović. Cette saison marquera la fin de la carrière d'Yves Chauveau. Avec 421 matchs sous le maillot lyonnais, il est parmi les joueurs les plus capés de l'histoire de l'OL. ll sort de sa retraite deux ans après, pour aider le FC Villefranche à se maintenir en D2. Mais à nouveau, il connaît la relégation. Yves Chauveau met définitivement un terme à sa carrière la fin de l'année 1983.

Aujourd'hui encore dans la région lyonnaise, le gardien aux 626 matchs en pro prend une retraite tranquille, après avoir quitté définitivement le monde du football pour ouvrir un cabinet d'assurances.

À propos de l'auteur

Cet article a été rédigé par NSOL31, membre du Café du Commerce OL.