Bilan statistique et leçons à tirer de la saison 2021-2022
Le 28.07.2022 par PeterAvant d'embarquer dans quelques jours pour une nouvelle saison, retournons légèrement en arrière et voyons quels apprentissages retenir de la saison passée et qu'attendre de la nouvelle. Retour sur la saison 2022 en stats mais surtout en images, pour faciliter la lecture pendant ces chaudes journées d'été. Et si les images ne suffisent pas, pas d'inquiétude, comme Bilon j’te fais la description ! (Okis).
Style : La patte Peter Bosz ?
Si l’OL a finalement eu les résultats qu’on lui connaît, Peter Bosz avait annoncé en début de saison vouloir pratiquer un football attractif et offensif. Pour cela, il souhaitait mettre un place un pressing intense dès la perte de balle – un gegenpressing comme on dit en Allemagne où le coach néerlandais a officié pendant 4 saisons. Un pressing dont on a pu apprécier la mise en place en pré-saison sans jamais en profiter pleinement par la suite.
Voici ce qu’a donné le pressing de l’OL la saison dernière face aux autres équipes, et en perspective par rapport à la saison précédente.
Bien que Peter Bosz ne soit toujours pas satisfait du pressing de son équipe, l’OL a bien réalisé en moyenne un pressing plus important que la plupart de ses concurrents en Ligue 1, et se retrouve en progression par rapport à la dernière saison de Rudi Garcia.
On a donc pu voir une légère empreinte de la patte Peter Bosz sur l’intensité du pressing, avec moins de répit laissé à l’adversaire à la perte du ballon.
Pourtant, si le pressing était plus intense, il n’a pas été plus efficace pour créer directement des tirs puisque le nombre de tirs issus de récupérations hautes n’a pas augmenté entre la saison qui précède Peter Bosz et la saison dernière (62 vs 59).
Aussi, nous verrons par la suite (et vous l’avez vu toute la saison) que la légère hausse d’intensité dans le pressing n’a pas permis à l’OL d’être efficace défensivement.
Note sur l'interprétation : Il ne faut pas là en conclure qu’augmenter l’intensité du pressing déstabilise la défense puisque ce n’est pas le cas pour toutes les équipes.
Si déjà la stabilité défensive n’est pas corrélée au contre-pressing à lui seul, le nombre de récupération hautes et de passes octroyées à l’adversaire ne suffisent pas à attester de la qualité du pressing quant à la stabilité défensive mais juge seulement la capacité à étouffer l’adversaire (en prenant des risques ou non). On peut, s'il on presse bien, étouffer l’adversaire d’une meilleure manière que l’OL tout en défendant mieux également !
Offensivement, un jeu plus lent et intriqué
Après avoir vu que l’OL avait augmenté son pressing, observons maintenant l’utilisation du ballon.
L’OL de Peter Bosz a évolué vers un jeu profitant moins d’une potentielle force en contre-attaque, et jouant davantage de combinaisons de passes courtes.
En effet, le jeu des hommes de Peter Bosz fut moins direct que son prédécesseur, avec davantage de passes par possession et moins de verticalité. Pour corroborer, l’OL a obtenu seulement 7 xGoals sur attaque rapide cette saison pour 9 xGoals la saison précédente. Une baisse du nombre de contre-attaques qui peut être due à l’augmentation du pressing et des récupérations plus hautes ne permettant pas de partir de loin.
Comparé aux autres équipes, l’OL à un type d’utilisation du ballon qui correspond aux équipes dominantes des grands championnats, avec une forte possession, et donc des stats paraissant faibles en contres.
Note : Le style de jeu est propre à chaque équipe et n'est pas synonyme de modèle de réussite
L’impact sur les résultats
Malheureusement, le travail tactique de Peter Bosz et son équipe sur le pressing, pas à la hauteur des attentes de l'entraîneur, n’a pas permis à l’OL d’être plus dangereux offensivement ou défensivement par rapport à la saison dernière.
En effet, comme on peut le voir sur l’image ci-dessus, l’OL, qui a néanmoins toujours la 2ème attaque de Ligue 1 en xGoals, a régressé offensivement comme défensivement. Le point faible est d’ailleurs sans surprise en défense où l’équipe se situe à la 14ème place du championnat en xGoals concédés… Une faiblesse défensive notamment présente en première moitié de saison comme nous pouvons le voir ci-dissous :
*xG = expected Goals, xGA = expected Goals against (concédés)
Le passage en 343 trouvait sa cohérence offensive en raison du peu d’ailiers présents dans l’effectif en l’absence de Karl Toko Ekambi (disputant la CAN). Il aura surtout permis à l’OL de retrouver petit à petit une meilleure solidité défensive.
Le mauvais début de saison défensif est aussi marqué par un fait rare à l’OL qui n’a pas arrangé les affaires de Peter Bosz : la récolte de 5 cartons rouges entre la 2ème et la 11ème journée. Résultat de la première partie de saison, une défense désastreuse avec un passage de plusieurs matchs à plus de 2 xGoals concédés en moyenne, ce qui aura permis néanmoins de laisser de la place à l'une des rares satisfactions de la saison : l’éclosion de Castello Lukeba.
Le bilan offensif a quant à lui été constant sur la saison autour des 1.7 xGoal par match, et s’est amélioré en fin de saison et notamment avec la mise en place du 433 cher à Peter Bosz permis par l’arrivée du brésilien Tetê.
Note : L’OL a aussi profité d’un calendrier plus favorable lors du sprint final.
Malgré tout, le bilan défensif de la saison est globalement inquiétant et sera un axe de progression majeur avant le début de saison.
Le problème des fins de matchs
Aussi, vous l’aurez sûrement remarqué à la mi-saison, l’OL a été très tristement populaire pour ses nombreux points perdus en fin de rencontres. Sur ce sujet, voici où nous en sommes sur la totalité de la saison.
Si la force de certaines équipes est de gagner des points dans le money-time, L’OL n’a pas su être clutch dans le temps additionnel (ndlr : vous noterez le langage adapté au nouvel actionnaire majoritaire).
Pire encore, l’OL, qui compte sportivement 62 points en Ligue 1, (61 avec le retrait de points) en aurait compté 69 si les matchs s’arrêtaient tous au buzzer à la 90ème minute comme dans un sport très cher au pays de John Textor. Un scénario qui porterait l’OL à la 4ème place du championnat... L’OL a en effet concédé 7 buts dans le temps additionnel pour seulement 3 marqués.
Pour finir sur les résultats, si l'on a pu connaitre par le passé un OL bon contre les bons et faible contre les faibles, ce n'était pas le cas cette année. En effet, l'OL fit preuve de moins d'irrégularité par rapport au niveau des équipes affrontées que les saisons précédentes, mais remporta un nombre de points par match trop bas quel que soit l'adversaire.
- 1,42 point contre le haut du tableau.
- 1,44 point contre le milieu de tableau.
- 1,70 point contre les équipes se battant pour le maintien.
Les joueurs
Intéressons-nous maintenant aux joueurs et à leur utilisation dans le jeu de l'équipe.
Dans un premier temps, jetons un oeil à la répartition des passes dangereuses dans le jeu de l’OL. Pour cela, nous utiliserons une métrique nommée xThreat (xT) qui permet d’évaluer le danger issu d’une action (passe, conduite de balle).
Voir ici pour tout comprendre de cette relativement nouvelle notion d'expected Threats.
Sur la partie gauche du visuel, on peut voir la distribution des passes dangereuses lors de la saison 2021-2022 et remarquer que le jeu créatif a penché sur le coté droit. Sur la partie droite sont affichés les joueurs qui ont le meilleur cumul de xT par zone du jeu de position. Vous remarquerez sûrement la surprenante absence de Lucas Paquetá, pourtant deuxième au cumul des xThreat sur la totalité de la saison derrière le jeune Malo Gusto. Il a donc été très créatif mais moins cantonné à une zone spécifique qu’un Karl Toko Ekambi par exemple qui a joué son rôle sur l’aile gauche tandis qu’Houssem Aouar a été très productif entre les deux demi-espaces. On peut aussi remarquer par exemple qu'Emerson a été dangereux sur le coté gauche en rentrant dans la surface tandis qu’Henrique l’a été depuis le couloir.
Le coté droit est à la fois marqué par l'explosion et l'omniprésence de Malo Gusto mais aussi par l'absence d'ailier droit. Nous savons que l'absence d'ailier droit dans l'effectif et l'erreur de casting Shaqiri, qui n'avait pas le bon profil, n'ont pas permis à Bosz de mettre en place son 433 avec deux vrais ailiers avant l'arrivée de Romain Faivre, lui aussi joueur axial excentré à droite, mais surtout de Tetê. L'arrivée du Brésilien offre à l'entraineur néerlandais l'opportunité d'évoluer en 433 ce qui semble être l'idée travaillée lors de la préparation pour la saison 2022-2023.
Abordons enfin un sujet très important et ayant fait beaucoup parler : la réussite des joueurs face au but. L’image suivante compare les performances en buts et en buts attendus (xG) des Gones.
On constate immédiatement que face au but, personne n’a surperformé chez les offensifs lyonnais. Les deux milieux offensifs Paquetá et Aouar sont légèrement en dessous de la norme en termes de finition cette saison, quand Moussa Dembélé et Toko Ekambi sont autour de la norme. Les offensifs lyonnais n’ont pas su être plus tueurs que la moyenne devant le but.
Dembélé, qui a parfois été critiqué pour sa finition en milieu de saison, finit finalement la saison avec un bilan pas aussi catastrophique qu’on pouvait l’entendre. Cela peut se détailler en regardant ses stats en expected Goals plus en détail :
Moussa Dembélé a en effet eu un déficit de finition et une absence quasi totale de buts de buts dans le jeu entre la 15ème et la 29ème journée, avant d'améliorer son bilan en fin de saison avec une augmentation de la productivité (nombre de xGoals) face au but – en phase avec l’équipe comme vu précédemment – mais aussi de la finition (Buts - xGoals).
Pour finir, observons sur une dernière image quels les joueurs lyonnais ont été les plus créatifs lors de la dernière saison :
Les stats normalisées par 90 minutes permettent de regretter le départ de Bruno Guimarães en milieu de saison, qui était le plus gros créateur en volume d’actions et en qualité de passes.
Ce dernier graphique nous permet aussi d’apprécier l’explosion de Malo Gusto pour sa première saison avec un très haut total de passes décisives attendues par 90 minutes qui lui a permis de gagner sa place devant Léo Dubois, parti rejoindre Galatasaray la semaine dernière.
La compensation tardive du départ de Memphis par le retour d’Alexandre Lacazette permettra on l’espère d’aider l’équipe à rectifier la baisse de créativité offensive démontrée dans le 3ème graphique de l’article (expected Goals), Moussa Dembélé n’étant pas un 9 très créateur contrairement à l’attaquant néérlandais qui était toujours très bien placé dans ce genre de métrique. La présence d’un joueur créatif comme Lacazette pourrait permettre d’assurer la continuité créatrice entre les milieux et les attaquants, afin de voir moins d’actions mourir avant même la dernière passe.
Conclusion
Il n'y a pas de secret après une si mauvaise année : les espoirs d'amélioration cette saison seront portés sur tous les aspects du jeu. Offensivement, ils passeront par le retour d'une connexion entre milieux et attaquants à la création mais surtout d'une finition enfin au-dessus de la moyenne (ce qui n'a pas été le cas les dernières saisons, mais qu'on peut attendre de la part des attaquants de l'OL).
C'est défensivement que la marge de progression sera la plus grande. Peter Bosz semble avoir pour l'instant arrêté son choix sur une charnière centrale Thiago Mendes - Castello Lukeba et pourra compter sur l'arrivée de Nicolás Tagliafico pour renforcer le coté gauche. Si la charnière ne fait pas l'unanimité, elle aura peut-être au moins le mérite cette année d'obtenir une certaine stabilité en étant d'ores et déjà établie, permettant de créer des automatismes défensifs et des repères qui ne seront pas bouleversés en pleine saison sauf pépins physiques.
Les attentes seront donc placées sur une finition retrouvée et une friabilité défensive réparée. Les questions seront quant à elles centrées sur la mise en place ou non d'un style de jeu propre à ce qu'à pu montrer l'entraineur par le passé. Jusqu'ici, les matchs amicaux n'ont pas convaincu sur une évolution de style.
Image : Damien LG - OL