Edmilson, l'élégance en défense
Le 23.05.2018 par NSOL31Au poste de défenseur central, l'Olympique Lyonnais a eu quelques pointures. Les capitaines brésiliens Cris et Claudio Caçapa en font partie. Mais un autre brésilien est sans doute le plus élégant des défenseurs de l'histoire de l'OL. Retour sur l'élégance incarnée qu'était Edmilson.
Le brésilien
Lorsqu'Edmilson débarque à l'Olympique Lyonnais à l'été 2000, il n'a pas encore beaucoup d'expérience internationale, mais déjà un beau passé au Brésil. Né José Edmílson Gomes de Moraes le 10 juillet 1976 à Taquaritinga, dans la région de São Paulo, il commence à dix-huit ans sa carrière professionnelle sous le maillot du São Paulo FC. Avec le club pauliste, il découvrira les joutes continentales, avec notamment une Copa CONMEBOL remportée dès sa première saison en professionnel, plus deux Recopa Sudamericana - l'équivalent de la Supercoupe d'Europe en Amérique du Sud - pour ses deux premiers exercices professionnels. Parfois milieu récupérateur, mais souvent défenseur central, le tournant de sa carrière arrive lorsqu'après deux victoires dans le championnat de São Paulo, il rencontre un certain Marcelo Dijan.
Marcelo vient de rentrer de quatre saisons en France, à l'Olympique Lyonnais, et incite Edmilson à tenter sa chance outre-Atlantique. Et, forcément, marqué par l'ambition affichée par l'OL du président Jean-Michel Aulas, il parle avec amour du club rhôdanien à Edmilson. Et, le hasard faisant bien les choses, les recruteurs du club lyonnais s'intéressent à ce jeune défenseur qui vient d'honorer sa première cape avec la sélection brésilienne. Edmilson repousse les avances d'Arsenal, et s'engage à l'OL au cours du mercato estival. Quelques semaines plus tard, l'OL tente le pari d'une charnière centrale totalement brésilienne en recrutant un autre milieu de formation reculé sur le tard, Claudio Caçapa.
Pas tout de suite titulaire, Edmilson connaît pour la première fois les joies du terrain dans un match tout à fait particulier ; le derby. Titularisé dans l'axe, il réalise une grande partie, et permet à l'OL d'arracher un match nul deux partout à Geoffroy-Guichard. Après cet belle prestation dans l'enfer vert immaculé, il ne quitte plus sa place de titulaire et s'impose comme un des éléments clés du dispositif lyonnais. À la fin de la saison, l'OL connaît même un sacre, certes mineur mais ô combien symbolique, avec la victoire en Coupe de la Ligue contre l'AS Monaco.
L'international
Les performances d'Edmilson sous le maillot lyonnais attirent bien des regards. Le plus insistant vient de Luiz Felipe Scolari, le sélectionneur brésilien, qui retient le lyonnais pour la Coupe du Monde 2002. Aligné dans l'axe d'une défense à trois, il fait son trou dans un effectif pléthorique qui compte en défense Cafu, Lùcio, Roque Junior ou encore Roberto Carlos. Edmilson dispute presque toutes les rencontres de la compétition, et surtout marque un but... à la Edmilson. D'un superbe retourné acrobatique, il marque son seul et unique but en sélection brésilienne, contre le Costa Rica. Edmilson est donc un des membres majeurs du dernier sacre brésilien en date.
Et après cette Coupe du Monde réussie en Corée et au Japon, Edmilson revient à Lyon auréolé d'un titre de champion du monde. Il brille par son talent balle au pied, par ses montées rageuses et ses dégagements en coup du foulard dans sa propre surface de réparation. Edmilson connaît aussi une réussite sur le plan des titres, puisqu'il remporte avec Lyon trois titres de champion de France.
Mais surtout, Edmilson réalise quelque chose de rare : il frappe et marque sur coup-franc alors que Juninho est sur la pelouse. Un coup-franc qui ne restera pas forcément dans les compilations des plus beaux buts de l'histoire de l'OL, mais qui ce soir-là avait le mérite de permettre à Lyon de revenir au score contre le FC Sochaux-Montbéliard. Un match que l'OL remportera 2-1 grâce au but d'un autre brésilien, la légende du Bayern Munich Giovane Elber.
Le but d'Edmilson est à une minute quarante-neuf.
La rupture
Edmilson brille avec Lyon, et c'est un Barça en reconstruction qui parvient à s'attacher les services du défenseur à l'été 2004. Déboursant dix millions d'euros hors bonus, Rijkaard souhaite faire d'Edmilson sa pointe basse du milieu de terrain. C'est à cette position qu'il remporte un championnat d'Espagne et une Ligue des Champions lors de sa deuxième saison espagnole. Seulement, le physique fragile d'Edmilson reprendra le dessus sur le talent énorme du brésilien. La saison 2006-07 est sans doute la pire de sa carrière. À l'exception de rares apparitions avec le maillot catalan, il ne joue pas. Dans le même temps, il fait ses adieux à la sélection brésilienne lors d'un triste match nul 0-0 contre la Turquie à Dortmund, après quarante apparitions sous le maillot du pays qu'il a contribué à faire quintuple champion du monde.
Edmilson quitte Barcelone en 2008 avec un goût d'inachevé : un peu moins de cent match sous les couleurs des azulgranas, soit près de cinquante de moins qu'avec Lyon dans le même laps de temps, et surtout aucun but. Il signe alors à Villareal, un club qui entre Sonny Anderson et Nilmar aura vu passer quelques anciens brésiliens de l'OL. Là aussi, sa saison sera compliquée, avec seulement douze apparitions.
L'ancien lyonnais revient donc au Brésil : une saison accomplie avec Palmeiras, et le voilà reparti, avec son talent dans les pieds, en Espagne et au Real Saragosse. Sa saison espagnole sera d'assez bonne facture - une trentaine de matchs -, mais son physique de plus en plus amoindri et sa famille l'incitent à retourner au Brésil. Après une saison assez moyenne avec Ceara, il met un terme en décembre 2011 à ses dix-sept ans de carrière professionnelle. Aujourd'hui, il fait partie de la myriade d'ambassadeurs du FC Barcelone. Un geste élégant de la part du Barça, pour un joueur dont l'élégance a toujours été le maître mot.