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Histoire d'un rêve brisé #VDT8

Le 17.03.2018 par tyfoun

On aurait pu dire que comme face à Villarreal, il s'agissait là d'un match hors du temps, un match européen avec une finale à aller chercher. La majorité du travail semblait accompli avec la victoire à Moscou. Mais cette année avec l'OL, rien n'est jamais simple. Retour sur une soirée qui a viré au cauchemar...

Se réconcilier avec le Groupama Stadium

On était parti de Caen sur une note amère malgré le résultat. Mais comme je vous le disais dans le précédent VDT, ce match européen représente le dernier combat pour une place européenne, pour une finale à la maison. Alors cela peut paraître naïf en voyant les équipes encore en course, mais une finale à domicile, on veut la vivre, qu’importe la manière pour y arriver. La différence avec l’année dernière c’est sûrement l’envie, ce petit vibrato qui vous tient toute la journée avant le match. Ce jour-là je ne l’ai pas, on sent qu’on attend le coup d’envoi et qu’on sera déçu ensuite.

On espère quand même dans un coin de notre tête que le rêve durera un peu plus, qu’on vibrera à nouveau pour une course européenne. Il y a besoin de se réconcilier avec ce stade qui petit à petit perd de sa magie. Dans cette arène quand vous y entrez, vous traversez le « Fan wall », ces amoureux de l’OL qui ont voulu graver leur nom à jamais auprès de leurs joueurs, et bien évidemment, j'en fais partie. En arrivant dans l'enceinte ce jour-là, je me dis que les joueurs aussi devraient arriver par là, leur rappeler ces gens qui sont derrière eux, ce qu’est le peuple lyonnais.

Un scénario trop souvent répété

Le stade est plein, bien plus que face à Caen. La preuve que les lyonnais savent que le dernier espoir de leur saison est là. Les gones sont venus pousser pour rêver. Les joueurs ne sont pas dans le tunnel que le virage se chauffe déjà. Il nous reste l’ambiance... Les joueurs rentrent et on lance le peu d’esprit combatif qu’il nous reste. Il va falloir que leur jeu nous recharge, la pelouse doit permettre aux tribunes de s’enflammer et pourtant très vite on va peiner. Oui, l’OL a des occasions, mais ils ne les mettent pas au fond. Non du fait d’une défense exceptionnelle, mais encore et toujours par excès d’individualisme. Et à force de manquer, se produit l'inévitable : Moscou ouvre le score, après que Maxwel Cornet ait oublié Mariano qui filait seul face au but. Dégoutés, dépités, on n’arrive même pas à être en colère. Le virage s’éteint de manière glaçante. L’OL n’est pas encore éliminé, mais la répétition des événements vient couper la motivation du virage. Le vent de ce match semble avoir définitivement tourné et l’élimination sembla alors inévitable...

L’ambiance ne parvient pas à repartir, le stade est sonné, c’est le coup de trop. Le virage ne réussit pas à repartir et la mi-temps vient s’inviter sous la bronca du public. L’occasion de recueillir les impressions d’un spectateur tout particulier : SeriousCharly himself. De passage dans la région il en a profité pour revenir au stade. Et comme beaucoup au virage, il m’explique ne plus vibrer, ne plus arriver à s’énerver sur les buts adverses. Ces propos montrent à quel point le stade a perdu en grandeur et émotion...

Enflammer le stade pour rêver

Les joueurs reviennent sur la pelouse, le public tente d’encourager l’équipe, puis on constate très vite que l’OL ne produit pas de jeu. Le schéma en U revient sans cesse, les joueurs n’ont pas de solutions et tournent en rond avant de faire les mauvais choix. Le ton monte, le public s’énerve, crie, siffle. Le fossé ne cesse de se creuser. Les capos vont tenter de remotiver les troupes une dernière fois. L’équipe et le jeu de l’OL ne nous enflamment pas alors on va tenter de faire l’inverse car après tout, tout est encore jouable. Et alors que le KVN lance un « quand le virage se met à chanter... » Jordan Ferri déborde, le ballon sort, l’arbitre ne voit rien et Cornet reprend un centre pour redonner espoir au public. Le stade explose :

Avant de prendre une douche froide. Les russes vont marquer deux fois coup sur coup. Je disais dimanche avoir lâché pour la première fois de la saison et ce soir-là j’en suis à m’asseoir en virage pour la toute première fois depuis que je m'y rend. Les capos nous demandent de tenir encore un quart d’heure si le score venait à ne plus changer, alors les 5 dernières minutes seraient libres d’expression. Comme par magie c’est ce moment que choisit Mariano pour ramener l’OL dans la partie. Les lyonnais vont alors tenter de prendre le jeu en main, mais comme en début de match, ils sont brouillons... Les images d’un Fernando Marçal en venant aux mains avec Bruno Genesio lors de sa sortie annoncent les signes d’une fracture qui ne se soignera plus. Mais on ne lâche pas car il ne manque qu’un but. Dans un coin de mon esprit, je me sens revenu un soir de mai 2017 et là encore tout va se jouer dans les dernières minutes. Les ambiances dans ces moments-là sont particulières. On alterne entre les chants ordonnés et les cris d’encouragement. Les quarts de virage se lèvent, tout le monde pousse, tout le monde veut y croire, le chrono semble filer trop vite. Le stade se vide de plus en plus vite, laissant les derniers rêveurs imaginer un possible exploit avec ce refus d’imaginer que le miracle ne viendra pas.

La chute de trop

La défaite de trop... les capos se taisent, le kop explose et pour la première fois des « Genesio Démission » sont repris par la majorité du kop. Les Bad Gones oscillent entre déception et colère. La tristesse monte. Oui le foot n’est peut-être que du foot, mais perdre l’illusion d’un moment historique dans notre stade est douloureux. La sentence a sonné pour des milliers de lyonnais, qui contrairement aux joueurs n’ont pas lâché jusqu’à finir K.O. Quelques joueurs se dirigent vers le Virage Sud qui les repousse par des sifflets et des gestes. Ils se tournent alors vers le Virage Nord :

Il y avait des limites à ne pas franchir et ce soir ils l’ont fait. L’Europa League était notre dernier rêve. Je vous l’avais dit dimanche : il ne s’agissait à l’époque déjà sûrement que d’un rêve. Contre d’autres équipes et d’une autre manière, cela aurait peut-être pu se pardonner. Mais Lyon n’avait jamais été éliminé en ayant gagné le match aller à l’extérieur, alors ce soir ils n’avaient pas le droit. Il y a dans cette défaite une espèce de nonchalance, comme si au final on l’attendait. La victoire illusoire contre Caen n’avait pas suffit à nous permettre de rêver et nous avait presque laissé présager les événements de cette sombre soirée. On repart déçus, brisés, comme nos rêves. Moi non plus Charly, je ne vibre plus au Parc OL.

À propos de l'auteur

Cet article a été rédigé par tyfoun, membre du Café du Commerce OL.