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Le Derby, ce match hors du temps #VDT6

Le 26.02.2018 par tyfoun

Au moins deux fois par saison vient ce match à la saveur unique. Il n'est plus question des résultats car un derby ne se joue pas, il se gagne. Les joueurs doivent changer leur maillot pour une armure de guerrier, les supporters doivent laisser leur rengaine et se déchirer la voix, l'ambiance sera belle quoi qu'il advienne.

Un match qui vous prend bien avant

Tous les supporters, les joueurs actuels ou anciens le disent : quand le calendrier de L1 est dévoilé, il y a deux dates que l'on regarde en premier, le derby à Lyon puis le derby à Saint-Étienne. Ce match là on l'attend toute l'année. On scrute avec attention les performances des voisins quand le derby se rapproche. Il arrive que le derby soit précédé de matchs de coupe en semaine, il est alors dur de se concentrer sur ce match antérieur. Que ce soit pour les joueurs ou les supporters, on a ce match du week-end dans un coin de la tête.

Alors dès le coup de sifflet final du match précédent, on a plus qu'un mot à la bouche : "derby". La période "pré-derby" est longue et fait monter l'impatience. On choisit avec soin la tenue pour se rendre au match, visionne à nouveau les derbies précédents avec la bande son. Le matin du match on se lève plus tôt : le match du soir nous met déjà sous tension. On enfile son maillot qu'on va porter toute la journée et on trépigne d'impatience avant le départ au stade.

Un derby ça n'a pas de contexte

En ce début d'année, l'Olympique Lyonnais n'y arrive plus. Le dernier match au Groupama Stadium en L1 était une cinglante défaite, et on reste encore face à l'impression d'un match peu impressionnant face à Villarreal malgré la victoire et la qualification. Mais un derby ça ne doit pas se perdre, pour un derby on ne peut pas se permettre de faire une grève des encouragements ou d'y amener une quelconque protestation contre les résultats actuels car il faut pousser les joueurs à se transcender. On doit repartir épuisé comme si on avait joué ce match à leurs côtés. C'est avec cette rage au ventre qu'on part au stade, car aujourd'hui tout ce qui compte, c'est ça :

Malgré tout, le noyau a promis une mise au point sur la situation actuelle. L'occasion de faire la lumière sur ce qu'il pense de la situation et de s'exprimer sur les actions futures. Après cette déclaration, viendra le temps du combat et de laisser tout ça de côté.

Une foule des grands jours

15h30 le podium est déja plein

À peine arrivé aux abords du stade, on sent la différence avec les autres matchs : une heure et demi avant le match, le podium est plein à craquer. Beaucoup ont leur maillot sur les épaules, on parle derby et rien d'autre. Priorité aux vieux souvenirs, au retour sur le match aller. On ne veut pas jouer à se faire peur avec les derniers résultats, pas aujourd'hui ! Les joueurs doivent en faire de même, la tête au combat et c'est tout. À 16 heures, le kop est déjà plein. Prêt à accueillir comme il se doit nos voisins stéphanois, et bien sûr nos joueurs.

Pendant l’échauffement, on a le droit au discours promis par les dirigeants des Bad Gones. C’est bien par protestation que les Bad Gones ne se sont pas rendus au dernier entraînement. À la place ils se sont rendus au repas d’avant-match pour faire passer le message aux joueurs. D’après eux, le message est passé. Anthony Lopes, enfant du virage, vient lui-même confirmer que le message a été entendu et que les joueurs sont motivés comme jamais. Il nous demande d’enflammer le stade pour la rencontre. On oublie le contexte pour 2h et on enflamme le kop alors que les joueurs n’ont pas encore fini leur échauffement. Ils retournent aux vestiaires poussés par la ferveur des supporters pendant que le Virage Sud hisse un tifo issu d’un moment de légende :

Chassez le contexte, il revient au galop

« Ahou » d’avant match. Le public est prêt à s’embraser si l’équipe met le feu au terrain. Il suffit de montrer de l’envie, du jeu dès le début du match, et le stade pourrait virer dans une ambiance de folie. Mais l’OL -comme trop souvent ces derniers temps- nous offre un début de match trop brouillon, moribond. On a la possession mais on n’en fait rien, et les attaques stéphanoises nous semblent plus tranchantes. Alors quand Beric est proche d'ouvrir le score à la quinzième minute, un calme glacial envahit le virage, désabusé. L’impression d’un scénario trop vu ces derniers temps, comme si beaucoup d’entre nous avaient déjà trop été en colère ces derniers temps pour l’être à nouveau. Même quand l’arbitre annulera le but pour hors-jeu, l’ambiance aura du mal à repartir. Le contexte, on vient de le prendre en pleine face.

Quand Marcelo adresse une longue transversale pour Mariano Diaz, auteur d’un enchaînement de niveau international, tout semble être enfin réuni pour enflammer le stade. On espère alors que comme au match aller, ce premier but un peu contre le cours du jeu va les faire repartir, relancer la machine. Alors le stade pousse, et saute, chantant d’une même voix, comme une prière pour retrouver cet OL qu’il aime tant. La ferveur va durer 5 minutes en tribune, 10 en virage, on a le nœud à l’estomac. Le jeu ne vient pas et on ne reconnait pas notre OL. Certains diraient que c’est le cas depuis longtemps, mais en tribune les buts et les victoires peuvent parfois masquer un jeu pauvre. Mais comme dirait Serious Charly, on ne pardonne pas le manque de résultat à ceux qui sacrifient le jeu au triste pragmatisme de la victoire. Ces derniers temps, on n’en a pas vu beaucoup des victoires en L1...

La frappe de Memphis Depay réveillera le stade juste avant la 42ème, juste à temps pour réveiller le kop et lui permettre d’entonner les chants en « hommage » à nos voisins stéphanois. Après tout, on est encore devant alors on a encore le droit de chambrer...

Une deuxième mi-temps en enfer…

On espère qu’ils vont revenir avec l’envie d’achever l’adversaire, que les fameuses causeries de Bruno Genesio auront eu un effet. On se berce d’illusion, mais ce sont les stéphanois qui reviennent la rage aux lèvres. Certes, ils cumulent les fautes d’anti-jeu, cassent le rythme, mais ils se battent avec leurs armes. L’OL bafouille, l’attaque est grippée, la dernière passe n’est jamais juste et en tribune l’ambiance commence à avoir du mal à repartir. Les chants laissent de plus en plus place à des cris d’encouragement ou de colère. Depuis le perroquet, on nous reprend, on se remet à chanter mais vient alors la 65ème minute : suite à un duel avec Perrin, Nabil Fekir reste au sol et se touche le genou, le droit... Comme conscient que toute la saison de l’OL tient à un fil (ou un ligament, au choix) le kop retient son souffle. On le regarde se relever, marcher, se rasseoir, se relever, accélérer, se coucher, tout le monde retient son souffle... on sait qu'il va sortir. Lucas Tousart est sorti à la mi-temps, alors qui mettre ? On réfléchit aux différentes solutions avec les joueurs offensifs qu’on a sur le banc. Sauf que Genesio a sa vision du foot bien à lui et fait entrer Mouctar Diakhaby à la place de Fekir.

À 5 derrière, sérieusement ? On a mal à notre OL. La tribune ne s’en remet pas, on ronge nos ongles, mordille nos vestes, le kop tremble. Il reste un peu plus de 20 minutes à jouer. L’OL va jouer à 5 derrière, il va falloir tenir. Une impression de déjà vu... et même vu trop souvent. Dans le virage les plus fervents s’égosillent, les autres commencent à craquer, sacrifier le football dans un derby, on n'a pas le droit ! Et croyez moi ou non, mais beaucoup l’annoncent alors : Saint-Etienne va marquer et on l’aura bien cherché. Le sauvetage de Marcelo sur la ligne ne fait que retarder l’échéance. Memphis ne convertit pas son coup-franc, on sent que ça ne va pas tenir. Lyon ne joue plus et sur leur seul tir cadré du match, les stéphanois nous punissent.

Désillusion. Colère. Le virage s’éteint, les plus motivés ne veulent pas lâcher. On ne doit pas faire comme nos joueurs, on doit tenir jusqu’au bout. On ne doit pas leur donner l’excuse d’un public qui a lâché, les regarder droit dans les yeux à la fin du match et leur dire qu’encore une fois, ils ont oublié ces milliers de lyonnais qui, pendant 90 minutes, les ont poussé.

Après le coup sifflet final, on en est là : 2 points sur 15 possibles. Si on fait un classement depuis l’exploit face au PSG, l’Olympique Lyonnais est dernier de Ligue 1. Sacré lendemain de soirée, n’est-ce pas Nathan ? Vite un Ibuprofène, s’il vous plaît ! Le Derby est peut-être un match hors du temps, mais quand vous le perdez (car oui, se faire remonter au score faute d'envie c'est une défaite), dans un contexte aussi désespérant que celui vécu par Lyon en ce moment, ça ne pardonne pas. En sortant du stade j’entendais un supporter résumer parfaitement la situation en un seul mot : honteux.

À propos de l'auteur

Cet article a été rédigé par tyfoun, membre du Café du Commerce OL.