Navigation

L'OL au pays des fjords

Le 25.03.2020 par owaiog

La Norvège n’est pas le premier pays auquel on pense au moment d’évoquer l’histoire de l’Olympique Lyonnais. La relation entre OL et Norvège n’a jamais été particulièrement notable, bien qu’elle se soit matérialisée sous plusieurs aspects au cours des dernières années. Pour nous en rendre compte, petite plongée au pays des fjords et des aurores boréales…

Lorsque l’on parle de Norvège à Lyon, deux noms viennent spontanément en tête : John Carew et Ada Hegerberg. Les nostalgiques des grandes années lyonnaises se souviennent tous de l’attaquant au physique impressionnant, débarqué de Besiktas à l’été 2005. Pas forcément pour son style de jeu, qui lui n’est pas resté dans les mémoires, mais surtout pour ses prestations XXL face au Real Madrid en Ligue des Champions.

John Carew affronte en effet trois fois le club de la capitale espagnole au cours de sa carrière lyonnaise ; il marquera lors de chacun de ces trois matches. Après un bon début de saison 2005-06, qui le voit notamment planter six buts en quatre matches, il sera le premier buteur de la victoire 3-0 à Gerland face à au Real, devant 40.000 spectateurs. Un doublé face à l’Olympiakos plus tard, il inscrit à Santiago Bernabéu le seul but lyonnais du match d’une talonnade géniale en pleine surface. Un but dont tout le monde se souvient dans la capitale des Gaules…

La suite de sa saison 2005-06 sera plus compliquée, avec seulement cinq buts marqués en Ligue 1 et un talent qu’il ne parviendra que difficilement à montrer. Ses performances finiront même par le faire reculer derrière Fred et Karim Benzema dans la hiérarchie des attaquants à l’entame de la saison 2006-07. Pourtant, c’est lors d’une soirée étoilée de novembre 2006 que John Carew va signer sa plus belle prestation sous le maillot lyonnais.

Dans l’antre du Real Madrid, presque un an jour pour jour après son but du talon, l’attaquant norvégien réalise un match parfait, auréolé d’un but dès la 11e minute de jeu. Fabio Cannavaro, récent champion du monde et futur Ballon d’Or, ne peut rien ce soir-là face à la puissance et la technique du n°9 lyonnais.

Mais la rédemption ne sera que temporaire, et après deux buts en douze matches, son aventure lyonnaise se termine par un départ vers Aston Villa lors du mercato d’hiver. Le seul joueur norvégien de l’histoire de l’OL aura ainsi laissé l’image d’un joueur atypique, dont le style de jeu n’était pas adapté au club et capable du pire comme du meilleur.

Ada Hegerberg, parcours parfait

À l’inverse de ce passage en demi-teinte, Ada Hegerberg n’en finit plus de marquer l’OL féminin de son empreinte. Cinq titres de championne de France en autant de saisons, quatre Coupes de France et surtout quatre Ligue des Champions… et il ne s’agit que des récompenses collectives ! Une série impressionnante de distinctions individuelles est également venue garnir le palmarès d’Ada Hegerberg depuis son arrivée à Lyon. La plus importante à ses yeux restera probablement le Ballon d’Or féminin 2018, le premier de l’histoire à être décerné.

« C’était la plus belle soirée de ma vie. Pas simplement grâce au trophée, mais grâce à l’immense respect qu’on sentait dans la salle. C’est ce que j’avais toujours voulu. »

Et ces récompenses sont méritées, tant la jeune norvégienne fait tomber les records. 34 buts dès sa première saison à l’OL, puis 54 en seulement 35 matches la saison suivante ! Elle en marquera à nouveau 53 en 32 matches lors de la saison 2017-18, dont 15 unités en Ligue des Champions, soit le record de buts marqués sur une saison dans la compétition.

Ada Hegerberg Ballon d'Or 2018

Mais Ada Hegerberg n’est pas seulement une footballeuse incroyable. Elle est aussi une grande défenseure des droits des femmes, et particulièrement dans son sport. De sa petite ville de Sunndal à Lyon, elle n’a cessé de prôner un football égalitaire entre hommes et femmes.

« Je ne me suis jamais vue comme une joueuse de football féminin. […] Nous travaillons aussi dur que les hommes. Point barre. Nous vivons les mêmes expériences, les mêmes déchirements. Nous devons faire les mêmes sacrifices. »

En désaccord avec la Norges Fotballforbund, la Fédération norvégienne, Ada Hegerberg ira jusqu’à quitter la sélection en août 2017. Pour la lyonnaise, le manque de considération et de moyens alloués au football féminin par la Fédération sont les principales causes de l’échec de la Norvège à l’Euro cette année-là. Elle refusera également de participer à la Coupe du Monde 2019, en signe de protestation contre les inégalités salariales persistantes dans son pays.

Ses performances sur le terrain, son palmarès et ses positions engagées font ainsi d’elle l’une des toutes meilleures joueuses passées par l’Olympique Lyonnais. Incontestablement, c’est elle qui représente le mieux la Norvège à Lyon, et sa très belle année lui a d’ailleurs permis de recevoir le premier Fenotte d’Or du Café du Commerce !

Peu de représentants côté masculins

Si l’OL n’a compté qu’un seul joueur professionnel venu de Norvège, deux jeunes norvégiens sont en revanche passés par l’académie. Dans les années 2010, le club met en effet en place une politique de recrutement à l’international pour son centre de formation. C’est ainsi qu’Ulrik Yttergård Jenssen pose ses bagages à Lyon à l’hiver 2013, en provenance de Tromsø. Le défenseur central de formation joue d’abord avec les U19, et si les premiers mois sont difficiles, il sera tout de même capitaine de l’équipe finaliste de la Gambardella en 2015.

Dans la foulée de cette bonne saison, il participe à la présaison 2015-16 avec le groupe professionnel. Titulaire sur le côté gauche de la défense face au PSV Eindhoven puis Arsenal, lui et le reste de l’équipe sombrent à l’Emirates et s’inclinent 6-0. Jenssen ne fera pas d’autre apparition avec les pros, et lorsque son contrat s’achève à l’été 2016, il choisit de retourner dans son club formateur (bien que des rumeurs évoquaient à l’époque un intérêt du Real Madrid !).

Ulrik Jenssen 2015

Repéré lors d’un match de qualification à l’Euro U17, Tord Johnsen Salte rejoint lui l’OL à l’été 2015. Défenseur tout comme Jenssen et capitaine des U17 norvégiens, il ne reste cependant que deux ans et demi au club. Il retournera en Norvège à l’hiver 2018, au Viking Stavanger, d’abord pour un prêt de six mois avant d’y signer un contrat de trois ans à l’été.

Du mieux chez les filles

La filière norvégienne s’est en tout cas mieux développée chez les féminines, puisqu’outre Ada Hegerberg, cinq autres joueuses ont porté les couleurs de l’OL.

La gardienne Bente Nordby signe fin 2007 afin de suppléer Véronique Pons, victime d’une rupture des ligaments croisés. Elle prendra se retraite en juin 2009. Ingvild Stensland la rejoint en janvier de cette même année et ne quittera le club qu’à l’été 2011, après 41 matches, deux championnats de France et une Ligue des Champions. En 2010, Christine Colombo Nilsen et Isabell Herlovsen signent en même temps à l’OL. Doubles championnes de Norvège avec leur club de Kolbotn, elles resteront respectivement six mois et un an du côté de Gerland.

Notons enfin le passage de la jeune Andrea Norheim entre 2016 et fin 2017, qui ne joue qu’une fois avec les pros (pour un but !) mais participe à plusieurs matches de l’équipe réserve.

L’OL s’exporte même en Norvège

Formé au club et plusieurs fois champion avec l’OL, Jérémy Berthod s’engage en janvier 2013 avec Sarpsborg 08, où il arbore le numéro 69 en hommage au département du Rhône. Il y joue 41 matches en deux saisons. Loïc Abenzoar, également formé à Lyon, jouera lui pendant deux ans dans les divisions inférieures en Norvège, à Hønefoss d’abord puis Fredrikstad.

Jeremy Berthod Sarpsborg

Pour finir, l’évocation de la Norvège à Lyon rappelle forcément les confrontations face à Rosenborg en Ligue des Champions. La première interviendra en 2002.

L’Olympique Lyonnais vient de remporter son premier championnat de France, et trouve sur sa route européenne Rosenborg, fleuron du football norvégien avec à l’époque déjà 16 titres et 8 Coupes de Norvège à son actif. Sans trembler, l’OL s’impose 5-0 à Gerland lors de la première manche. Mais le match retour accouchera d’un nul 1-1 qui privera les lyonnais de la seconde place du groupe, au profit de l’Ajax Amsterdam.

Soir de premier but européen

Les deux clubs croisent à nouveau le fer trois ans plus tard, en 2005. Entre-temps, ils ont chacun ajouté trois championnats dans leurs escarcelles respectives, et Lyon vient de battre le Real Madrid 3-0 lorsqu’il se déplace à Trondheim. Un but de Cris donnera la victoire aux rhodaniens, mais c’est surtout du match retour que la plupart des supporters se souviennent.

Assuré de terminer premier du groupe, Gérard Houllier offre ce soir-là du temps de jeu à plusieurs jeunes du club, dont un certain Karim Benzema. Le prodige lyonnais, pas encore tout à fait 18 ans, marquera le premier de ses 64 buts en Ligue des Champions sur un service de… John Carew. La confirmation du talent du jeune gone, et le début de son émergence au club.

À propos de l'auteur

Cet article a été rédigé par owaiog, membre du Café du Commerce OL.