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Mapou, un cœur en or

Le 28.10.2017 par NSOL31

Cette saison, l’Olympique lyonnais dispute la majorité de ses matchs avec une association Jérémy Morel-Marcelo en charnière centrale. Et Mapou Yanga-Mbiwa, lui, reste dans l'attente. Retour sur la situation particulière du central international français.

Mapou, l’art de la passe

Il est un fait que la stabilité défensive de l’Olympique lyonnais n’est pas assurée actuellement. Et il est fort probable également que ce n’est pas simplement une question d’hommes mais un mélange de confiance, de travail à l’entraînement et de style de jeu de l’équipe qui en est la cause. Cependant, on peut assez bien définir les axes majeurs que la défense se doit de respecter : bien tacler, ne pas commettre d’erreurs et bien relancer. Abordons d’abord ce premier aspect.

Car au niveau de la relance, Mapou Yanga-Mbiwa est un défenseur moderne par excellence. En effet, il possède une assez belle relance. Ainsi, lors du match contre l’AS Monaco – le seul disputé par celui qui compte quatre sélections en bleu cette saison –, Mapou a effectué 70 passes. 46 de celles-ci ont été réalisées vers l’avant. Par comparaison, Marcelo, au cours de ses 765 minutes de jeu, en a réalisé en moyenne 37 par match, Jérémy Morel 40 et Mouctar Diakhaby seulement 27. Et cette domination se retrouve également sur les passes vers l’arrière. 24 pour Mapou, 12 pour Marcelo, 10 pour Morel et 6 pour Mouctar Diakhaby. Si les chiffres bruts ne sont pas signifiants par eux-mêmes, cela dénote quand même d’une volonté de Mapou de mettre du rythme dans le match en multipliant les relances, souvent précises. En effet, il pointe à 91% de réussite, contre 85% pour Marcelo, 91% également pour Morel et 88% pour Mouctar Diakhaby.

Mapou sous le maillot de l'OL l'an passé face au Dijon FCO

Cependant, cette précision s’explique aussi par le fait qu’il cherche plus la passe courte – 19 mètres en moyenne – que Marcelo notamment, qui arrive à près de 23 mètres de distance moyenne. Les deux autres centraux ont une longueur moyenne de passe égale à Mapou Yanga-Mbiwa. Il est donc indéniable que le natif de Bangui (Centrafrique) possède la meilleure relance de l’effectif – ou au moins est celui qui s’en sert le mieux. Surtout, Mapou peut tout à fait évoluer axe droit et axe gauche, ce qui peut permettre de l’aligner avec Marcelo comme avec Morel ou Diakhaby. Notons aussi une certaine régularité de Mapou : l’an passé, il avait quasiment les mêmes statistiques au cours de ses 26 apparitions. Son match contre Monaco n’est donc pas dans ce domaine une anomalie.

Faiblesses et forces

Cependant, si Mapou possède la meilleure relance de l’effectif, ce n’est pas assez pour pouvoir le définir en tant que meilleur défenseur de l’équipe. En effet, il a des lacunes sur certains points. D’abord, sur les tacles, il est certainement le plus gros tacleur de l’effectif : 2.2 tacles glissés par match l’an passé, contre une moyenne de 1.6 cette saison pour chacun des trois autres centraux. Forcément, le fait d’être le plus gros tacleur en fait le meilleur tacleur numériquement, avec un tacle réussi par match, contre 0.87 pour Diakhaby, second au classement, 0.6 pour Morel et 0.71 pour Marcelo. Mais cela en fait aussi le moins bon tacleur ! Il en ratait 1.2 l’an passé en moyenne, un chiffre équivalent à celui de Morel cette saison. Marcelo et Diakhaby, eux, semblent beaucoup plus précis (respectivement 0.82 et 0.87). De ces chiffres qui paraissent quelques peu contradictoires, l’on peut tirer que Mapou n’a pas un style de défense comparable aux autres centraux, en cela qu’il se jette beaucoup plus.

Mais la plus grosse faiblesse de Mapou Yanga-Mbiwa se situe probablement dans le domaine aérien. En effet, l’an passé toujours, il gagnait moins de la moitié de ses duels aériens (48%). Embêtant quand on sait que l’Olympique lyonnais connaît une certaine faiblesse sur coups de pieds arrêtés… Et contrairement aux apparences, ce n’est pas Diakhaby le meilleur de l’effectif dans ce domaine : ce dernier pointe à seulement 57% de duels gagnés, exactement le même total que Jérémy Morel. Et ce malgré vingt centimètres de différence ! Non, le plus fiable semble décidément être Marcelo : 73% de duels aériens gagnés ! Une faiblesse de Mapou qui se vérifie aussi sur les duels en général : 59% de victoires pour Marcelo, 45% pour lui seulement, comparable au 47% de Jérémy Morel mais bien loin de 67% de Mouctar Diakhaby !

Et Mapou ne semble heureusement pas compenser ce déficit par une agressivité déplacée : il commet en moyenne une faute par match, tout comme Marcelo ou Morel, mais sensiblement plus que Diakhaby. Cependant, il a l’an passé été beaucoup plus sujet aux erreurs défensives : 0.13 par match, ce qui est élevé. Morel pointe ainsi à 0.12 cette saison, mais ni Marcelo, ni Diakhaby n’en ont commises. Redorons cependant le blason de Mapou par sa supériorité sur les interceptions : près de deux par match, quand les trois autres sont compris entre 1.6 et 1.7.

Passé, présent, futur…

Cependant, dans l’esprit de Bruno Génésio, les défauts semblent l’emporter sur les qualités dans l’évaluation de Mapou. L’anomalie ne semble pas avoir été la période d’un an durant laquelle il n’a pas réussi à convaincre (ses six premiers mois et la première partie de saison passée) mais plutôt ses six excellents mois associés dans l’axe à Samuel Umtiti. Cependant, Mapou ne semble pas « blacklisté » mais davantage laissé sur le côté pour des raisons de niveau. Voyant Marcelo et Morel lui manquer contre Monaco, Génésio n’a pas hésité à le titulariser en duo avec Diakhaby plutôt que de tenter par exemple Kenny Tete dans l’axe.

Et rappelons aussi que Mapou est doté d’une grande générosité. Jamais il ne s’est plaint de ne jouer qu’en National 2. Et il semble à chaque entraînement se donner à fond avec l’équipe. Et surtout, ce dont on peut lui être reconnaissant, c’est d’avoir réussi à convaincre Houssem Aouar en fin de mercato de rester à l’OL et de ne pas aller s’exiler ailleurs pour glaner du temps de jeu.

Mais l’avenir semble bouché pour le numéro 2 des gones. Sous contrat jusqu’en juin 2019, à moins d’un extraordinaire retournement de situation, il ne devrait pas avoir beaucoup de temps de jeu dans les prochains mois. Alors, que faire ? Rester à jouer en équipe réserve et accompagner – avec brio – les jeunes pendant encore près de deux ans ? Ou aller dans un club moins huppé glaner du temps de jeu, comme a pu le faire Nkoulou au Torino ? Seul l’avenir nous le dira. Mais l’on peut être reconnaissant à Mapou de garder une mentalité de vrai professionnel.

À propos de l'auteur

Cet article a été rédigé par NSOL31, membre du Café du Commerce OL.